Ah mais non ! « Zéro résidu de pesticide », c'est pas bio !
Dans un billet précédent, nous avons vu qu'un nouvel acteur a investi le marché de la peur des pesticides, le collectif commercial d’entreprises françaises du secteur des fruits et légumes, « Nouveaux Champs » qui s'est constitué « autour de la promesse “Zéro Résidu de Pesticides” ».
Reporterre en a rendu compte le 2 mars 2018 avec « Le label "Zéro résidu de pesticides" : du mieux, mais pas bio ».
Pour notre part, nous avions souscrit à la conclusion de Forumphyto :
« Même engagées dans leur démarche individuelle, les entreprises du collectif "Zéro Résidu" peuvent et doivent s’engager dans une autre démarche, collective, claire, s’appuyant sur les faits et la science, montrant la sécurité des aliments. A terme, c’est la seule issue pour sortir de la confusion entretenue par les marchands de peur et pour (re-)donner confiance au public. »
Est-ce vraiment judicieux pour des producteurs de « démissionner » parce que des substances actives sont « décriées » ?
Si nous n'avons guère apprécié, pour d'autres c'est pas du tout. Un collectif d'« organisations » – France Nature Environnement, Greenpeace, Générations Futures, LPO, FNH, MABD, WWF, Eau et Rivières de Bretagne, Justice Pesticides, OGM Dangers, MIRAMAP, WECF, Attac France, Bio Consom’acteurs, Commerce Equitable France – a ainsi signé une tribune « Pesticides : ces labels trompeurs » que l'on trouvera par exemple sur le site de Générations Futures.
Une tribune qui n'a pas vraiment trouvé preneur... peut-être que les médias ont trouvé que le titre était trompeur en ce qu'il qualifiait de trompeurs des labels qui ne sont pas du tout trompeurs... Mais on ne se refuse rien dans le milieu du militantisme...
L'argumentation est intéressante :
« Cet affichage est inexact, car pour trouver une molécule, il faut la chercher. Il est donc impossible de garantir qu’un aliment ne contient aucun résidu ; il est seulement possible de préciser qu’aucun des pesticides cherchés n’a été trouvé. Et le glissement de l’un à l’autre est beaucoup trop fréquent. Il faut donc être vigilant : quand on lit "zéro résidu", il faut en déduire "zéro résidu parmi les X qui ont été recherchés…". De plus, les résultats d’analyse peuvent varier jusqu’à 50 % en fonction du laboratoire et des méthodes utilisées. »
Faisons un peu de pédagogie... pas pour les co-signataires car il serait étonnant qu'ils n'aient pas déjà compris : le producteur sait quels produits il a utilisés... il suffit donc de vérifier qu'il n'y a pas de résidus de ces produits.
Mais avez-vous bien lu ? « Cet affichage est inexact, car pour trouver une molécule, il faut la chercher » ?
Combien de « rapports » de Générations Futures (et d'autres) dans lesquels on a bien pris soin de ne pas chercher les molécules employées en agriculture biologique ou, mieux encore, de ne pas tester de produits « bio » ?
Mais encore, avez-vous bien lu ? « [Q]uand on lit "zéro résidu", il faut en déduire "zéro résidu parmi les X qui ont été recherchés…" » ?
Combien de « rapports » de Générations Futures (et d'autres) dans lesquels on annonce que les produits « bio » testés sont annoncés comme exempts de résidus de pesticides sans qu'on ait « précis[é] qu’aucun des pesticides cherchés n’a été trouvé » ?
Et que penser quand on lit « Zéro phyto – 100 % bio » sur l'affiche d'un film sponsorisé par Générations Futures, mais aussi Biocoop, Botanic, Léa Nature... ?
L'envolée finale vaut aussi son pesant de double langage. Il faut que « le gouvernement et la grande distribution prennent leurs responsabilités [...] en s’engageant, envers les consommateurs, à ce que l’information (origine des produits, pesticides utilisés, etc.) soit transparente. »
Y compris la grande distribution du bio ?
Ne soyons pas dupes... Il y a des intérêts économiques en jeu...