Six choses sur les tendances actuelles du marketing agroalimentaire qui me font peur
Amanda Zaluckyj*
Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas avec les tendances actuelles du marketing agroalimentaire. Du non-OGM au sans gluten, il crée la confusion chez les consommateurs et la frustration chez les producteurs. Mais il y a quelques éléments que je trouve inquiétants, terribles et, pour tout dire, effrayants.
1 Décourager l'innovation et la technologie permettant de lutter contre des problèmes importants
Savez-vous que les producteurs d'agrumes de Floride sont en difficulté à cause d'une maladie appelée Citrus greening (verdissement des agrumes) ? Les plantes génétiquement modifiées pourraient apporter une solution, mais le populaire étiquetage « sans OGM » pourrait dissuader les agriculteurs de les adopter. Dans d'autres parties du monde, les agriculteurs ont vu des solutions à des problèmes dévastateurs se manifester sous la forme d'OGM, mais le sentiment anti-OGM a empêché leur adoption. Dites-le aux enfants qui sont devenus aveugles à cause des carences en vitamine A, alors que le Riz Doré aurait pu leur sauver la vue. Il y a tellement de problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, et auxquels nous serons confrontés à l'avenir, pour lesquels la biotechnologie pourrait apporter des réponses... si seulement nous ne laissions pas les campagnes de marketing nous convaincre du contraire.
2. Dénigrer la bonne nourriture
Qu'un produit alimentaire ne vienne pas avec une étiquette fantaisiste ne signifie pas qu'il n'est pas bon pour vous. Par exemple, les aliments conventionnels sont tout aussi sains et nutritifs que les aliments bio. Mais en l'absence d'étiquette bio, les gens pensent qu'il doit y avoir quelque chose de mal avec les aliments conventionnels. En réalité, les agriculteurs bio utilisent des pesticides et les aliments bio sont tout aussi sensibles aux pathogènes portés par les aliments. C'est vrai aussi pour l'étiquette « sans OGM ». Les gens pensent que la nourriture sans cette étiquette doit être en quelque sorte mauvaise pour eux, même si les scientifiques ont conclu que les OGM sont tout aussi sûrs que leurs homologues non GM. Mais le marketing est conçu pour faire peur sur ces produits conventionnels. Le résultat final est que la qualité, les produits nutritifs, est méprisée sans aucune raison.
3. Créer des impacts négatifs sur les consommateurs à faibles revenus
Bien que nous soyons tous influencés par les tendances du marketing, celles de la commercialisation des aliments fondées sur la peur touchent le plus les consommateurs à faibles revenus. Les aliments bio sont généralement chers. En fait, lorsque les consommateurs à faibles revenus ne peuvent pas acheter ces articles à prix élevé, ils ont tendance à n'en acheter aucun. Ils optent pour plus d'aliments transformés plus riches en sel et en calories. Malheureusement, le marketing basé sur la peur détourne ces consommateurs de la consommation de fruits et légumes simplement parce qu'ils ne sont pas bio.
4. Promouvoir les troubles issus d'une alimentation malsaine
L'orthorexie est un trouble alimentaire dans lequel une personne s'attache à manger « sainement ». Malheureusement, cela peut devenir une obsession. Quand on dit constamment aux gens qu'ils doivent manger des produits bio, non-OGM, naturels, et tout le reste... cela peut déraper. Les tendances alimentaires « saines » se nourrissent d'une nourriture idyllique qui n'a vraiment rien à voir avec une alimentation vraiment saine. Tout comme les autres troubles de l'alimentation, l'orthorexie peut nuire gravement à la santé des personnes qui en sont atteintes.
5. Promouvoir une production agricole moins respectueuse de l'environnement
L'étiquetage « sans OGM » est particulièrement populaire en ce moment, mais en s'en prenant aux biotechnologies, on ignore en fait leurs avantages importants pour l'environnement. Les OGM ont réduit l'utilisation des pesticides, augmenté les rendements et rendu les pratiques comme le sans labour plus disponibles. D'autre part, les rendements du bio sont généralement très inférieurs aux rendements du conventionnel, ce qui signifie que l'ont produit moins sur la même surface de terre. Les consommateurs sont amenés à croire, à tort, que certaines étiquettes correspondent à de meilleures pratiques environnementales.
6. Faire des agriculteurs familiaux les « méchants »
En règle générale, les agriculteurs se soucient de l'environnement, de la qualité et de la salubrité de leurs produits, et de la santé de leurs animaux. Mais vous ne le saurez pas à cause de certaines allégations de marketing. Nous sommes représentés comme de grandes entreprises à la recherche de profits supplémentaires. On dit aux consommateurs que les produits sont bourrés de pesticides et que les OGM sont des Frankenfoods effrayants. N'oublions pas tous ces animaux de ferme maltraités. Ces messages entraînent un écart encore plus grand entre les agriculteurs et les consommateurs, ce qui fait que les premiers passent pour des « méchants ». Croyez-moi, nous ne le sommes pas.
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Amanda Zaluckyj blogue sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.
Source : http://www.thefarmersdaughterusa.com/2017/10/6-things-current-food-marketing-trends-scares.html