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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Quand la plaquette de beurre coûte 2 euros

29 Décembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

Quand la plaquette de beurre coûte 2 euros

 

Willi l'Agriculteur*

 

 

 

 

Quand une plaquette de beurre coûte deux euros (plus précisément 1,99 €) chez le discompteur, il n'y a pas que les médias qui le remarquent. Mais beaucoup se demandent pourquoi le prix du lait a augmenté bien moins et pourquoi le prix du beurre augmente si vite.

 

Il y a environ un an, le producteur de lait ne recevait que 22 centimes pour un litre de lait, contre environ 36 centimes en juillet 2017, alors que le prix du beurre a presque doublé au cours de la même période. L'explication est, en principe, relativement simple : en raison du faible prix du lait, de nombreux agriculteurs ont réduit leur production ou abandonné leur activité. Cela a réduit la quantité produite. Et selon la loi de l'offre et de la demande, le prix du lait a augmenté.

 

 

L'explication est dans la combinaison

 

Le lait contient – pour rester très simple – deux composants essentiels : de la matière grasse et des protéines (et bien sûr de l'eau). La matière grasse devient du beurre, pour lequel il y a actuellement une forte demande parce que les habitudes alimentaires ont changé ces derniers temps. Le « bon beurre » n'est pas seulement un vecteur de goût, mais est maintenant mieux classé du point de vue diététique qu'il ne l'était il y a quelques années. Ainsi, lorsque la demande de beurre est plus forte, les laiteries produisent plus de beurre en proportion, ce qui augmente le prix du lait pour le producteur. Mais la demande pour les protéines du lait n'est pas aussi forte et elles ne peuvent donc pas être commercialisées facilement. Elles sont encore stockées en partie sous forme de poudre. Depuis la crise du lait (2015-2016), il y a des stocks qui doivent encore être écoulés. Puisque l'agriculteur fournit avec le lait de vache (cru) un mélange de matière grasse et de protéines (d'ailleurs, les deux font partie du contrat de livraison), son revenu augmente, mais pas dans la même proportion que l'augmentation du prix du beurre. Le prix qu'il touche pour son lait est un mélange de prix élevé pour la matière grasse et de prix bas pour les protéines.

 

Une autre raison de l'augmentation rapide du prix du beurre réside dans la durée des contrats des laiteries avec le commerce alimentaire. Elle est plus courte pour le beurre que pour les autres produits laitiers, de sorte que le prix en magasin peut également être ajusté plus rapidement. (Par expérience, d'ailleurs, plus rapidement vers le haut que vers bas.)

 

 

Comment cela évoluera-t-il ?

 

L'évolution future des prix dépend aussi des changements dans l'offre. En Irlande et aux Pays-Bas, la production reprend déjà. Ils veulent probablement conquérir les parts de marché abandonnés par les pays qui ont réduit la production de manière significative, et prendre les bénéfices. Ce n'est pas vraiment faire preuve de solidarité, mais c'est un autre sujet. Du reste, personne ne peut le leur interdire. Les laiteries et les agriculteurs devraient toutefois utiliser la possibilité d'assurer leurs prix à l'avenir au moyen de contrats préalables. Il n'y a certes pas de « contrat de prix du lait », mais des contrats préalables sont offerts pour la matière grasse et les protéines du lait. Les agriculteurs les utilisent depuis de nombreuses années pour les céréales et le colza. Les contrats préalables ne sont pas non plus « spéculatifs », car à chaque contrat correspond un produit. La spéculation, à mon avis, c'est seulement quand on échange du papier (c'est-à-dire le contrat préalable en tant que tel). Cela se produit, naturellement, et c'est hautement spéculatif.

 

Comment le consommateur réagit-il ?

 

Comme toujours, lorsque les prix augmentent fortement, les consommateurs réfléchissent à des alternatives. Ceci s'applique surtout aux gros utilisateurs tels que la restauration collective, les cantines, mais aussi les transformateurs de beurre. Il y a maintenant une tendance à passer aux « graisses mixtes », qui sont faites à partir d'un mélange de beurre et de graisses végétales (huile de colza, huile de palme). Elles sont à peine discernables du beurre du point de vue de la consistance et du goût, mais sont moins chères parce que la graisse végétale est moins chère. Et comme personne ne voit l'emballage chez les utilisateurs en gros, presque personne ne le remarque. En tout cas, ce n'est pas interdit, c'est juste une « tromperie normale ».

 

Votre,

 

Willi l'Agriculteur

 

 

Et voici quelques liens:

 

http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/unternehmen/aldi-erhoeht-schon-wieder-die-butterpreise-15184362.html

 

https://www.welt.de/wirtschaft/article168343264/Das-Raetsel-um-die-astronomischen-Butterpreise.html

 

http://www.zeit.de/wirtschaft/2017-09/discounter-butter-preis-erhoehung

 

http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/butter-warum-der-butterpreis-in-die-hoehe-schnellt-1.3653662

 

http://www.dw.com/de/discounter-höchster-preis-für-butter-seit-euro-einführung-2002/a-40362264

 

http://www.faz.net/agenturmeldungen/dpa/landwirtschaftsminister-schmidt-begruesst-hohe-butterpreise-15185571.html

 

http://www.bauernverband.de/schulung-preisabsicherung-milch

 

 

Post scriptum

 

Le premier commentaire nous paraît très pertinent :

 

« "Le beurre aussi cher que lors de l'introduction de l'euro"... gros titre, mais l'article passe à côté du sujet.

 

Premièrement, il n'y a nulle part (sauf chez un intervenant précédent) mention du fait que le beurre a été manifestement beaucoup moins cher pendant quinze ans et, deuxièmement, le pouvoir d'achat des consommateurs n'est pas du tout pris en compte:

 

Pour 250 grammes de beurre, un travailleur moyen devait travailler 39 minutes [en 1960 ?]. En 2014, c'était 4 minutes. Le prix du beurre a maintenant augmenté ? Ok, c'est juste 8 minutes maintenant. Mais encore 1/5 par rapport à 1960 si on le mesure en termes de pouvoir d'achat.

 

Quiconque souhaite revenir aux méthodes de production des années 60 (pas d'élevage "industriel", trop de grosses machines dans les champs aujourd'hui, etc.) doit aussi vivre avec les prix des années 60. Et non seulement pour le beurre, mais pour TOUS (!) les produits alimentaires. Cela ne dérange pas vraiment les agriculteurs, ils sont – sous réserve d'un préavis approprié – tout à fait disposés à s'adapter. »

 

 

Un autre commentaire :

 

 

En 2002, un litre de super coûtait 1,04 euro, le gazole 0,84 euro, et le beurre 1,99 euro.

En 2017, le super coûte 1,35 euro, le gazole 1,15 euro et le beurre 1,99 euro.

C'est clair : investissez plutôt dans les carburants !

 

_______________

 

* Willi l'Agriculteur (Bauer Willi) exploite 40 hectares en grandes cultures (betterave sucrière, colza, céréales) en coopération opérationnelle. Il a été double-actif jusqu'à l'automne 2014. Son deuxième métier a été le suivi et le conseil aux agriculteurs pour une entreprise familiale (sucrerie). Depuis lors, il continue d'exploiter son domaine en tant que pré-retraité et a du temps pour écrire et partager son expérience.

 

Il contribue aussi bénévolement à l'association (fondation) des habitants de sa commune et à une coopérative agricole.

 

Source : http://www.bauerwilli.com/wenn-die-butter-zwei-euro-kostet/

 

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