« Interdiction du glyphosate par Macron: vraiment si facile à faire? » dans France Soir
Glané sur la toile 212
Ce n'est peut-être qu'une impression : maintenant que les décisions ont été prises au niveau européen (renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour cinq ans) et au niveau français (sortie du glyphosate dans trois ans, quelles qu'en soient les conséquences), on trouve des voix dans les médias généralistes qu'on ne pouvait pas entendre auparavant. Auparavant, quand il était encore temps, en France, de prendre une décision rationnelle, de bon sens.
Un bon sens que le Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Stéphane Travert s'efforce de propager avec un louable zèle missionnaire. « Regardons dans trois ans où nous en serons »...
Petite digression à partir d'une dépêche de l'AFP reprise par exemple par le Point le 14 décembre 2017 :
« Enfin, sur la proposition du ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot d'instaurer un repas hebdomadaire végétarien dans les cantines scolaires, le ministre s'est montré plutôt tiède, en privilégiant plutôt "l'équilibre" d'une nourriture "saine et de qualité", et en affirmant que certains élèves ne mangent ni poisson ni viande chez eux car les familles n'en ont pas les moyens. »
Merci, M. Travert, d'avoir rappelé que la France n'est pas seulement peuplée de bobos-écolos et que les cantines scolaires ont une mission implicite de santé publique qui ne réside pas dans l'endoctrinement nutritionnel des nantis et le recrutement de futurs miliciens du manger correct, mais bien davantage vers la satisfaction des besoins nutritionnels des défavorisés.
Mais revenons au glyphosate et à France Soir. Le titre, « Interdiction du glyphosate par Macron: vraiment si facile à faire? » aurait pu être plus percutant. M. Jean-Philippe Morel, avocat au barreau de Dijon, rappelle en effet qu'une décision d'interdiction (ou de retrait des produits formulés) peut être attaquée en justice.
« Cette interdiction peut être techniquement possible si l’on se fonde sur le principe de précaution pour interdire sur notre territoire l’usage de produits contenant cette substance active. »
M. Morel rappelle les termes de ce fameux principe de précaution inscrit dans la Constitution, à l’article 5 de la Charte de l’Environnement :
« Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »
Dommage qu'il n'insiste pas sur la gageure que pose l'application raisonnée et raisonnable de cette disposition et se lance dans la description des acteurs politiques et économiques qui pourraient contester la décision. Tous les mots comptent !
Allez donc démontrer – pour un glyphosate en service depuis 40 ans, examiné sous toutes les coutures et par des chercheurs militants qui en veulent vraiment à sa peau – qu'il existe un « dommage » non encore identifié qui « pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement... » Et qu'une interdiction généralisée et permanente constituerait une « mesure[...] provisoire[...] et proportionnée[...] ».
M. Morel aura tout au moins ouvert avec pédagogie, dans un journal à grand lectorat, une fenêtre sur une réalité qu'on ne saurait ignorer.
Nul doute qu'on est conscient en haut lieu de cette réalité. C'est ce qui rend la posture macrono-hulotique encore plus odieuse.
Il est beaucoup question de glyphosate sur ce blog... n'est-il pas essentiellement consacré à l'agriculture et l'alimentation ?
Mais cette affaire du glyphosate a une autre dimension tout aussi importante, sinon plus : celle du respect, par nos gouvernants, de l'État de droit et, en dernière analyse, des Français.
Il n'est pas de bonne politique fondée sur le mensonge – et, dans le cas présent, la démagogie et l'opportunisme politicien. Merci à M. Morel et à France Soir de l'avoir rappelé, même si on aurait pu écrire sur une copie d'examen contenant ce texte : « peut mieux faire ».