Histoire d'un agriculteur : de l'obscurité à la technologie moderne
Md. Ali Hossain*
Je suis un agriculteur du Bangladesh marginal, de niveau intermédiaire, impliqué depuis mon enfance dans la profession agricole, une activité que j'ai menée parallèlement à mon éducation formelle parce que mon père a rendu son dernier soupir quand j'avais tout juste cinq ans.
J'ai lutté tout au long de ma vie contre les difficultés et la misère. J'ai vu de mes propres yeux que notre village rural, le plus éloigné du district de Mymensing, était privé de routes et de communications, sans aucun moyen d'irrigation et dépendant de la seule eau de pluie. Il n'y avait pas d'électricité à moins de 30 km, pas de traitements médicaux, pas d'infrastructures éducatives suffisantes ; cette vaste zone était sombre et non civilisée.
Nous avons connu une faible productivité de nos cultures, et des coûts de production élevés, avec le fardeau de l'impossibilité de rembourser un prêt du mohajon local (prêteur), ce qui entraînait souvent le suicide d'un agriculteur et de toute sa famille par ingestion de pesticides. Ces incidents malheureux ont eu lieu régulièrement avant la guerre de libération de 1971.
Puis j'ai vu le changement rapide des moyens de subsistance des paysans pauvres de notre village à la suite de l'adoption des technologies des variétés à haut rendement (HYV – high yielding varieties), de la fertilisation, de l'irrigation et de l'utilisant d'instruments mécaniques au lieu de la vieille pratique consistant à labourer avec une vache. Notre nouveau gouvernement a pris des mesures rapides et des décisions qui ont répondu aux objectifs de nos courageux agriculteurs et aux défis de leur activité. Après avoir répondu à la demande locale, nous exportons maintenant des aliments comme le riz, le paddy, des poissons et des légumes vers d'autres pays, grâce à l'adoption d'innovations scientifiques.
Je suis ravi de raconter qu'il y a quelques années, notre gouvernement a pris l'initiative de cultiver des plantes génétiquement modifiées (OGM) comme le brinjal (aubergine) Bt, en enrôlant des agriculteurs marginaux dans tout le pays avec la collaboration de l'Institut de Recherche Agronomique du Bangladesh (BARI) et la Cornell Alliance for Science des États-Unis. Plus de 6.000 agriculteurs cultivent maintenant avec succès du brinjal Bt, génétiquement modifié, résistant à des insectes, améliorant ainsi leur statut économique de marginal à moyen, voire riche.
Les variétés traditionnelles locales doivent être traitées au moins deux fois par semaine, et les agriculteurs sont toujours en alerte et stressés, surveillant les insectes foreurs des fruits et des tiges qui peuvent faire s'étioler la plante en très peu de temps. Ils devaient louer des pulvérisateurs ainsi que les services de chauffeurs et acheter des pesticides coûteux. De plus, la pulvérisation de pesticides est dangereuse pour la santé et nuisible aux agriculteurs pauvres. Mais maintenant, le brinjal Bt peut combattre les insectes foreurs de la tige sans recours à des pesticides. Le brinjal Bt donne des résultats étonnants aux producteurs de brinjal, qui se passent le mot des résultats positifs des essais d'OGM et de biotechnologie.
Maintenant, le Bangladesh est un pays de technologies avancées. Merci beaucoup.
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* Md. Ali Hossain est un agriculteur respecté, un leader d'opinion, un travailleur social et un ancien fonctionnaire ayant plus de 45 ans d'expérience en agriculture au Bangladesh. Il possède 4 hectares de terres agricoles et supervise les agriculteurs sur 40 autres hectares de terres dans sa région. Il cultive des variétés de riz modernes à haut rendement, des fruits et des légumes, et élève des poissons. Il a lancé un système d'irrigation moderne dans sa région et a aidé des centaines d'agriculteurs à adopter des technologies et des pratiques agricoles avancées, y compris la lutte intégrée contre les ravageurs (IPM).
Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/farmer%E2%80%99s-story-dark-ages-modern-technology