Glyphosate : le point de vue de Kokopelli
Tout arrive ! Nous avons lu avec une part d'intérêt et une part d'amusement « À qui profitera vraiment l’interdiction du glyphosate ? À Monsanto ! » sur le blog de Kokopelli.
Rappelons que Kokopelli vend surtout des semences et milite accessoirement« pour la libération de la semence et de l'humus » (parce que, comme chacun sait, les semences et l'humus sont captifs). C'est en partie à titre d'argument de vente : achetez des semences Kokopelli et vous luttez contre l'emprise des puissants et des méchants.
On trouvera dans cette analyse une série d'arguments qui font la singularité de Kokopelli, dont la capacité de débusquer des complots est remarquable. Cela s'illustre par la conclusion :
« Mais qui, au juste, a initié cette campagne mondiale pour l’interdiction du glyphosate ? La question a désormais le mérite d’être posée… »
Si vous ne répondez pas Monsanto, vous avez besoin d'un cours de rattrapage. Cette analyse n'est cependant pas dénuée de pertinence.
Ce n'est pas tous les jours que l'on voit une entité à tendance alter et anti décrire la réalité agricole sans détours :
« Pour de nombreuses ONG et associations environnementales, la non reconduction de son autorisation sonnerait le glas de l’agriculture chimique. Une vaine illusion. En effet, les agriculteurs sont particulièrement dépendants de cette substance. Une enquête menée par l’IPSOS entre le 17 et le 21 Juin 2016 auprès de plus de 670 agriculteurs a ainsi démontré les inquiétudes de ces derniers face à une possible interdiction du glyphosate : 3 agriculteurs sur 4 considèrent les herbicides à base de glyphosate comme indispensables et 90% d’entre eux les remplaceraient par d’autres produits chimiques. Les organisations agricoles appellent ainsi à sauver le "soldat glyphosate", qu’elles considèrent comme l’herbicide le plus sûr et le moins cher (0,72€ HT/litre) et militent pour la reconduction de son autorisation. Dans le cas d’une interdiction totale, les milieux agricoles se tourneraient alors vers d’autres substances plus coûteuses et vraisemblablement plus dangereuses. »
L'article se penche aussi sur la question de la propriété intellectuelle et constate que les brevets de Monsanto ont expiré ou sont en voie de l'être pour la matière active glyphosate et les OGM tolérant le glyphosate. Les sources de profits se tariraient donc :
« L’expiration de ses brevets a donc mis à mal la croissance et les profits de Monsanto. Un coup dur pour la multinationale et ses actionnaires, mais surtout un événement capital dans le débat sur le glyphosate, qui devrait faire l’objet de toute l’attention de ses détracteurs. »
« ...ses détracteurs » ? Lire : les activistes qui s'imaginent porter un coup fatal à l'objet de leur attention haineuse. Car, selon Kokopelli, Monsanto a trouvé la parade avec les semences – couvertes par des brevets – tolérant le dicamba :
« Ainsi, grâce aux brevets déposés sur ses semences de soja résistantes au Dicamba, ainsi que sur sa technologie "Vaporgrip", "un paquet" tout aussi indissociable que le Roundup et les semences "Roundup Ready", Monsanto sécurise ses ventes et la perception de royalties pour au moins les deux prochaines décennies. Mais il convient pour cela que les semences et molécules chimiques tombées dans le domaine public soient évincées du marché. Quel meilleur coup de pouce, pour cela, que l’interdiction du glyphosate, qui rendra automatiquement inutilisables ou sans intérêt les semences résistantes au glyphosate, désormais libres de droits ? »
La théorie est plutôt élégante. Les faiblesses en sont, d'une part, les problèmes posés par la volatilité du dicamba qui aurait tendance, malgré le « vaporgrip » à endommager les cultures voisines – des cabinets d'avocats prédateurs sont déjà sur le coup, et c'est fou le nombre d'agriculteurs lésés dans l'Arkansas (le dicamba doit être plus volatile dans cet État que dans les autres...). Il faudrait, d'autre part, que le glyphosate soit aussi interdit dans les pays qui ne cultivent pas une opposition hystérique aux OGM. Mais nous sommes sensibles aux thèses de M. David Zaruk (Risk-monger) qui trouvent que des carpetbaggers contribuent à au brol « bruxellois » dans l'espoir d'obtenir aussi une interdiction du glyphosate à Washington (quoique... avec Donald et ses amis, les perspectives soient maintenant minces).
Kokopelli a déjà prodigué un conseil d'ami :
« Dans ce contexte, plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, il serait judicieux de prendre le Dicamba pour cible et de demander, avec de fort bonnes raisons, à ce que son autorisation ne soit pas renouvelée. »
Les « amis » n'ont certainement pas besoin de ce conseil : lorsque le sort du glyphosate sera scellé, dans un sens ou un autre, il faudra bien un nouveau sujet de polémiques capable d'assurer la pérennité de leurs fonds de commerce.