Glyphosate : la désinformation selon le journal de 13 heures de France 2
En ces temps de folie – que dis-je, d'hystérie – antiglyphosate, le journal de 13 heures de France 2 du 8 novembre 2017 a cru bon d'apporter une pierre pour la lapidation qui aura peut-être lieu aujourd'hui à Bruxelles.
Sur la toile, cela donne « Témoignages : des agriculteurs victimes du glyphosate se livrent », avec en chapô : « France 2 a recueilli de douloureux témoignages d'agriculteurs ayant subi les effets des pesticides. »
De douloureux témoignages, il y en a eu... deux.
Le procédé est classique : agriculteur + cancer (ici un lymphome) = victime des pesticides (ici, du glyphosate).
Ce procédé a un corollaire : un agriculteur ne saurait être victime d'un cancer par fatalité, comme toute autre personne (quoique, avec l'hystérie actuelle, la fatalité cède aussi la place aux pesticides, enfin ceux utilisés par les agriculteurs).
Le texte sur la toile est étonnant.
« Armel Richomme souffre d'un lymphome, un cancer de la lymphe. Pendant des années, cet agriculteur a pulvérisé des pesticides dans ses champs. "Ça nous venait sur la peau et on en absorbe autant par la peau que par le nez", assure-t-il. »
Pulvériser sans protection ? Pas tout à fait :
« Dans les années 90, Armel Richomme a utilisé un masque à gaz quand il pulvérisait du glyphosate sur ses parcelles. Une protection insuffisante. Il a répandu 300 litres de glyphosate en trois ans [dans la vidéo, c'est... quinze ans, ce qui est tout de même plus réaliste]. Le désherbant était vendu comme un produit miracle. »
« ...masque à gaz » ? Les mots ont un sens. Ça s'appelle « masque respiratoire », et c'est du reste un moyen de protection utilisé par d'autres professions comme les peintres.
Et, bien sûr, l'agriculteur est une victime de « l'appât du gain » (en intertitre) :
« "On nous disait : 'Avec ça, tu peux espérer cinq ou dix quintaux de plus.' C'est l'appât du gain qui nous faisait avancer", explique-t-il. Les pesticides ont empoisonné son sang, comme ils ont tué le papa d'Élise Aucouturier, qui évoque "un gâchis". »
Ce serait surprenant que l'on ait tenu ce genre de discours, chez les vendeurs, pour le glyphosate, un herbicide total utilisé pour la préparation du lit de semence dans le cas des plantes de grande culture.
Mais c'est de l'« information » pour le grand public...
À 0:34 de la vidéo, c'est : « deux victimes qui témoignent du danger du glyphosate ». La réalité est que ces témoignages sont incapables d'établir un lien de cause à effet entre lymphome et pesticides, et encore moins entre lymphome et glyphosate.
Pourtant, à 1:20, c'est : « Les pesticides ont empoisonné son sang. Comme ils ont tué cet autre agriculteur en Auvergne. » Pour ce deuxième cas, la commentatrice n'hésite pas à évoquer (à partir de 1:55) un « cancer dû au glyphosate, reconnu maladie professionnelle ». Déclarations fort étonnantes et téméraires. Et inacceptables.
On nous montre deux prises partielles d'un (ou de deux courriers).
Mais les prises de vues sont telles qu'il est impossible de savoir de quoi il en retourne précisément. La deuxième n'a qu'un seul objet : montrer le mot « glyphosate ».
Ce genre de montage est tout simplement abominable et indigne. L'information postmoderne, c'est la sinistre résurgence des méthodes de propagande qui ont contribué à plonger le monde dans le malheur et la dévastation.
Mais si vous voulez vérifier que FranceTVInfo est bien devenue une chaîne de propagande, vous pouvez aussi visiter ça et ça. Notez bien les appels à commenter... les commentaires sont fermés...