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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate : l'Agricultural Health Study a enfin parlé ! Messieurs du CIRC, à vous...

9 Novembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Article scientifique

Glyphosate : l'Agricultural Health Study a enfin parlé ! Messieurs du CIRC, à vous...

 

Nous avons appris par les « Monsanto Papers » que les résultats de l'Agricultural Health Study (AHS) en ce qui concerne les effets des herbicides et plus particulièrement du glyphosate n'avaient pas été publiés en temps et en heure « faute de place » ; qu'il y avait eu au moins deux projets, lesquels ont été mis en ligne par l'US Right to Know ; que M. Aaron Blair, président du groupe de travail du CIRC qui avait classé le glyphosate en « cancérogène probable » était au courant de ces résultats ; que M. Blair a choisi de ne pas les évoquer dans le groupe de travail ; que le classement aurait été vraisemblablement différent s'ils avaient été pris en compte.

 

Les résultats viennent d'être publiés pour le glyphosate dans le Journal of the National Cancer Institute (JNCI). C'est « Glyphosate Use and Cancer Incidence in the Agricultural Health Study » (utilisation du glyphosate et incidence du cancer dans l'étude sur la santé en milieu agricole), de Gabriella Andreotti, Stella Koutros, Jonathan N Hofmann, Dale P Sandler, Jay H Lubin, Charles F Lynch, Catherine C Lerro, Anneclaire J De Roos, Christine G Parcs, Michael C Alavanja, Debra T Silverman, Laura E Beane Freeman.

 

C'est derrière un péage [Mise à jour du 11 novembre 2017 : l'article a été mis en ligne dans son intégralité]. En voici le résumé :

 

Contexte

 

Le glyphosate est l'herbicide le plus couramment utilisé dans le monde, avec des utilisations résidentielles et agricoles. En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer a classé le glyphosate comme "probablement cancérogène pour l'homme", en relevant de fortes preuves mécanistes et des associations positives pour le lymphome non hodgkinien (LNH) dans certaines études épidémiologiques. Une évaluation antérieure réalisée dans le cadre de l'Étude sur la Santé en Milieu Agricole (AHS), avec un suivi jusqu'en 2001, n'avait trouvé aucune association statistiquement significative entre l'utilisation du glyphosate et le cancer sur un site quelconque.

 

Méthodes

 

L'AHS est une cohorte prospective d'applicateurs de pesticides autorisés de Caroline du Nord et de l'Iowa. Ici, nous avons mis à jour l'évaluation précédente du glyphosate pour l'incidence du cancer à partir des liens issus des registres jusqu'en 2012 (Caroline du Nord)/2013 (Iowa). Les jours de vie et les jours de vie pondérés en fonction de l'intensité de l'utilisation du glyphosate ont été fondés sur des renseignements autodéclarés lors des inscriptions (1993-1997) et dans les questionnaires de suivi (1999-2005). Nous avons estimé les rapports de taux d'incidence (RR) et les intervalles de confiance à 95% (IC) en utilisant la régression de Poisson, en contrôlant les facteurs de confusion potentiels, y compris l'utilisation d'autres pesticides. Tous les tests statistiques étaient à deux faces.

 

Résultats

 

Parmi 54.251 applicateurs, 44.932 (82,8 %) ont utilisé du glyphosate, dont 5.779 cas de cancer (79,3 % de l'ensemble des cas). Dans les analyses non différées [unlagged statistics], le glyphosate n'a pas été significativement associé au cancer pour tous les sites. Cependant, parmi les applicateurs dans le quartile d'exposition le plus élevé, il y avait un risque accru de leucémie myéloïde aiguë (LMA) par rapport aux non-utilisateurs (RR = 2,44 : IC 95% = 0,94 à 6,32 : Ptrend = 0,11), bien que cette association ne fût pas statistiquement significative. Les résultats pour la LMA étaient similaires pour un délai de cinq ans après exposition (RRQuartile 4 = 2,32 ; IC 95% = 0,98 à 5,51 ; Ptrend = 0,07) et un délai de 20 ans (RRTertile 3 = 2,04 ; IC 95% = 1,05 à 3,97 ; Ptrend = 0,04).

 

Conclusions

 

Dans cette vaste étude de cohorte prospective, aucune association n'était apparente entre le glyphosate et les tumeurs solides ou les affections lymphoïdes malignes dans leur ensemble, y compris le LNH et ses sous-types. Il y avait des preuves d'un risque accru de LMA pour le groupe le plus exposé qui nécessitent une confirmation. »

 

Jusqu'à présent, l'équipe dirigeante du CIRC s'est toujours retranchée derrière une règle qui veut qu'on ne peut rouvrir un de ses classements que s'il y a des études nouvelles. Une étude nouvelle, spécifique, eh bien elle est là...

 

Nous attendons par ailleurs avec impatience l'article des deux Stéphane dans le Monde...

 

 

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U
L'article est disponible : https://academic.oup.com/jnci/article/doi/10.1093/jnci/djx233/4590280<br /> D'ailleurs le liende Seppi y conduit maintenant.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour l'alerte.<br />
B
Merci pour cet article, qui, comme d'autres, met à jour des "légèretés" scientifiques de la part des anti on ne sait plus trop quoi d'ailleurs (OGM, Glyphosates, changement climatique…)<br /> L'inconvénient c'est qu'on aimerait que votre conclusion, demandant expressément au CIRC de revoir sa copie, figure en bonne place dans un journal à grand tirage, comme ce fut le cas pour les "recherches" de Séralini & al publiées dans le NouvelsObs !!<br /> Allez, continuez, on est avec vous !<br /> FB
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire et vos encouragements.<br /> <br /> On aimerait... Oui... mais... hélas...<br />
U
Merci de cette info qui ne fait pas la une des média.<br /> L'article, financé par les contribuables américains est en libre accès aux USA. Il serait honnête que la CE paye ce qu'il faut pour que les européens puissent le lire ...<br /> Le résumé est un peu court pour une analyse détaillée. Néanmoins je peux faire deux remarques :<br /> Le taux de cancer est plus faible chez les applicateurs. Environ 300 cancers auraient pu être évités si les non applicateurs avaient le même taux que les applicateurs.<br /> La LMA est une maladie rare, sa prévalence est de l'ordre de 3/100 000 et varie beaucoup avec l'age. On en attendrait donc 1 ou 2 cas dans l'étude. Une augmentation du risque telle qu'indiquée concernerait quelques unités. On comprend que cela demande confirmation.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Curieusement, les auteurs n'ont pas donné les chiffres des LAM dans leur tableau 2. Dommage.<br />
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Comme vous avez pu le voir par ailleurs, l'article a été mis en accès libre.<br />
J
C'est d'autant moins significatif que ce n'est que sur une portion de la cohorte que l'augmentation de la prévalence de la LAM est constatée. On est clairement dans l'effet râteau. Dans n'importe quel petit groupe de personne prise au hasard on pourra relever une hausse de la prévalence d'une maladie rare particulière. Et c'est vrai qu'il serait intéressant de consulter l'étude en entier.