Perturbateurs endocriniens : jour de deuil et de désolation
avec mise à jour
Mise à jour du 8 novembre 2017 :
L'édition provisoire du texte adopté ne contient plus les points 5 et 6 de la proposition :
« 5. demande à la Commission de veiller à ce que le document d’orientation sur l’application des critères fondés sur le danger pour identifier les perturbateurs endocriniens dans le cadre des règlements (CE) n° 1107/2009 et (UE) n° 528/2012 soit pleinement cohérent avec les critères scientifiques de détermination des propriétés perturbant le système endocrinien, et notamment l’approche fondée sur la force probante des données définie dans le règlement (CE) n° 1272/2008;
6. demande à la Commission de garantir que ce même document d’orientation précise qu’aucune hiérarchie ne donne la priorité aux données scientifiques générées conformément à des protocoles d’études convenus au niveau international par rapport aux autres données scientifiques; »
Aucune proposition d'amendement n'avait été déposée en vue de leur suppression. Et selon le site VoteWatch, il n'y a pas eu de vote en vue de leur suppression.
Le Parlement Européen a rejeté le 4 octobre 2017 le texte du « projet de règlement de la Commission modifiant l’annexe II du règlement (CE) nº 1107/2009 en établissant des critères scientifiques pour la détermination des propriétés perturbant le système endocrinien ». Ce texte est nominalement de la Commission et invariablement présenté dans les médias comme « de la Commission » alors qu'il avait été adopté par les États membres ; cela contribue à alimenter ce que l'on a coutume d'appeler l'euroscepticisme.
La résolution a été adoptée par 389 voix – essentiellement une alliance de la gauche et des verts, du centre, et de la droite bien à droite – contre 235 et 70 abstentions.
L'altermonde jubile. Il a obtenu non seulement la peau d'un texte qu'il abhorrait, mais aussi la pérennité d'une fructueux fond de commerce : les affaires vont encore rouler pendant un certain temps, voire des années ; l'argernt va entrer ; les lobbyistes de la contestation vont être occupés (et payés)... Il a aussi montré la puissance de son influence au Parlement Européen.
Dans le Monde, l'activiste-journaliste Stéphane Horel a produit un : « Perturbateurs endocriniens : le vote camouflet du Parlement européen » avec un formidable effet cocktail : une petite dose d'information, une forte dose de propagande... il faut bien veiller aux intérêts de ses amis.
La réaction du Commissaire Vytenis Andriukaitis se résume chez Mme Horel à un mot :
« Le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, "regrette" le vote du Parlement, a-t-il fait savoir dans un communiqué. Le Lituanien, cardiologue de métier, porte à bout de bras le projet de réglementation, sous le feu des critiques depuis le moment même de son annonce le 15 juin 2016.
Malgré les amendements apportés au fil des mois, la communauté scientifique et la société civile jugeaient la proposition beaucoup trop laxiste. »
Nous vous livrons donc sa déclaration complète (notre traduction) :
« Le commissaire Andriukaitis regrette le vote d'aujourd'hui au Parlement Européen. Il croit fermement que, dans ce cas, l'absence d'accord est une mauvaise affaire pour les citoyens de l'UE. Le Parlement a décidé de stopper l'adoption des critères scientifiques qui auraient permis une meilleure protection de la santé humaine et de l'environnement et servi de tremplin pour une stratégie plus vaste sur les perturbateurs endocriniens.
Le vote d'aujourd'hui signifie que les critères scientifiques qui ont été proposés par la Commission et soutenus par les États membres au début du mois de juillet, après des mois de discussions approfondies, ne peuvent pas être adoptés.
La Commission devra maintenant réfléchir aux prochaines mesures à prendre. »
Ajoutons à propos de l'article du Monde qu'attribuer les oppositions au texte à « la communauté scientifique et la société civile » – lire : l'intégralité de ces entités – reflète un réel laxisme dans la relation avec la déontologie journalistique. Mais c'est le Monde Planète...
Nous ne verserons pas de larme sur le texte « de la Commission » qui a été rejeté (voir ici et ici).
En revanche, nous devons nous pencher sur la demande suivante du Parlement Européen :
« demande à la Commission de garantir que ce même document d’orientation précise qu’aucune hiérarchie ne donne la priorité aux données scientifiques générées conformément à des protocoles d’études convenus au niveau international par rapport aux autres données scientifiques; »
Avez-vous bien lu ? Lorsqu'on sera confronté à une étude scientifique solidement étayée, réalisée conformément aux bonnes pratiques de laboratoire, et à un chef-d'œuvre de « science » poubelle ou de « science » militante, ou encore de « science » militante poubelle, il sera interdit de donner la priorité à la première sur la base des qualités respectives.
Il s'est trouvé deux eurodéputés pour accepter de mettre ça dans un projet de résolution et 389 eurodéputés pour l'adopter. La politique postmoderne non seulement cautionne la « science » postmoderne, mais la promeut !
Ajoutez à cela l'insistance sur une réglementation fondée sur le danger plutôt que sur le risque (rappel : risque = danger x exposition) :
« demande à la Commission de veiller à ce que le document d’orientation sur l’application des critères fondés sur le danger pour identifier les perturbateurs endocriniens dans le cadre des règlements (CE) n° 1107/2009 et (UE) n° 528/2012 soit pleinement cohérent avec les critères scientifiques de détermination des propriétés perturbant le système endocrinien, et notamment l’approche fondée sur la force probante des données définie dans le règlement (CE) n° 1272/2008; »
L'obscurantisme règne et a de beaux jours devant lui !