Farm Babe : les tactiques de marketing contraires à l'éthique des sociétés d'alimentation biologique

Farm Babe : les tactiques de marketing contraires à l'éthique des sociétés d'alimentation biologique

Michelle Miller*

Les aliments génétiquement modifiés ne sont pas terrifiants, comme tant d'images (telles que celle-ci) induisent le public à le croire.

Je n'ai pas toujours été agricultrice. Loin de là, en fait. Quand j'étais dans ma vingtaine, j'habitais en dans des grandes villes comme Los Angeles et Chicago. En dépit de mon enfance dans un milieu agricole, j'ai traversé une période de ma vie où j'ai été facilement influencée par le marketing alimentaire, comme beaucoup de gens éloignés de l'agriculture et perdus devant toutes les étiquettes.

Cela étant dit, j'ai une confession à faire : j'ai été une fille qui ne faisait ses courses que chez Whole Foods et qui n'achetait que des produits bio.

Maintenant, si quelqu'un veut acheter des produits bio, c'est sa décision. Et si un agriculteur veut se convertir au bio, c'est son choix. Il n'est pas facile ni pas cher de se faire certifier, et il y a certainement une demande pour les produits biologiques. Plus de pouvoir pour l'agriculteur qui choisit cette voie parce que tous les agriculteurs méritent notre respect – nous avons besoin de toutes les filières pour alimenter la population à venir de 9 milliards de personnes.

Le problème est le suivant : les sociétés de l'alimentation biologiques dépensent des milliards de dollars par an pour vous mentir.

Oui, vous avez bien lu. Ils vous mentent, carrément.

Pourquoi, tout en agissant comme le « petit gars » luttant contre « le méchant big ag » et la cupidité des entreprises, ne disent-elles pas que leurs campagnes de lutte contre l'agriculture conventionnelle, l'agriculture « industrielle » et les OGM sont également menées par des sociétés pesant plusieurs milliards de dollars ? Le « bio » et le « naturel » est une industrie de 350 milliards de dollars, alors ne pensez pas une seconde qu'il n'y a pas de corruption, d'agendas politiques et de milliards de dollars utilisés pour influencer les consommateurs, les entreprises et les décideurs politiques. Jetez un coup d'œil à cet article que j'ai écrit l'année dernière, intitulé « The fat lies and fatter wallets of anti-GMO lobbyists » (les gros mensonges et les portefeuilles encore plus gros des lobbyistes anti-OGM) pour voir comment l'industrie du bio dépense plusieurs milliards de dollars par an grâce à 330 organisations différentes qui déploient la peur en tant qu'argument de vente pour leurs produits. La peur se vend bien, et ils le savent.

Les images ci-dessous proviennent d'une société de viande bio :

Ahhhh oui ! La bonne vieille ficelle des «  animaux bourrés d'hormones » ! Mais le fait est qu'on n'utilise pas d'hormones ou de stéroïdes sur la volaille (ou le porc). L'argument n'a donc aucune pertinence car cela n'existe pas. Les entreprises alimentaires auraient-elles l'obligeance de bien vouloir arrêter d'étiqueter leurs poulets comme « sans hormones ou stéroïdes ajoutées » ? Cela revient à dire : achetez notre produit, nous obéissons à la loi. La belle affaire !

En outre, les hormones de croissance sont (parfois) utilisées dans la production de viande bovine [ma note : aux États-Unis d'Amérique], mais pas sur les vaches laitières. Réfléchissez une minute : les vaches laitières sont utilisées pour produire des veaux et du lait, et non de la viande. Pourquoi voudriez-vous engraisser une vache pour la reproduction ? Vous ne le feriez pas. La rBST est une hormone qui est rarement administrée aux vaches pour les aider à produire plus de lait, mais c'est la même hormone que celle qu'elles possèdent déjà et le lait est équivalent sur le plan nutritionnel. Comme je l'ai déjà mentionné, il est parfaitement correct de donner du maïs aux vaches.

Mais qu'en est-il des antibiotiques ?

Ils disent que vous êtes ce que vous mangez. Donc si vous mangez de la viande d'un animal qui a reçu des médicaments, en prenez-vous également ?

Depuis le 1er janvier de cette année, une grande majorité des antibiotiques ne sont plus autorisés pour le bétail, à moins d'être absolument nécessaire sur le plan médical – auquel cas l'éleveur doit avoir une ordonnance d'un vétérinaire. Si des antibiotiques sont utilisés, l'animal doit subir une période de retrait avant de pouvoir être légalement commercialisé, ce qui signifie que toutes les viandes et tous les produits laitiers sont exempts d'antibiotiques. Non, vous ne mangez pas de médicaments en mangeant de la viande.

OK... mais il faut qu'il y ait des avantages comme l'absence de pesticides chimiques, n'est-ce pas ?

FAUX. Organic Valley ? Vraiment ? Utilisant des adjectifs laids comme « toxiques », « confinés », « injectés », « malsain » ? La peur se vend bien, mais cela ne confère pas un brevet d'exactitude. Oui, le bétail peut être élevé à l'intérieur en bio, sans exigences d'espace, et il y a des centaines de produits chimiques et de pesticides approuvés pour l'agriculture biologique. Que leur concurrent n'ait pas d'étiquetage attractif ne signifie pas que ses modes de production soient incorrects. Prendre soin de son bétail est la priorité absolue de tous les producteurs : leur entreprise dépend de la santé et du bien-être des animaux. Bourrer les animaux d'hormones ou d'antibiotiques, arroser les plantes de pesticides, etc. – tous ces produits coûtent de l'argent à l'agriculteur. Faire cela les mènerait rapidement à la faillite. Voici un exemple parfait :

Je pense que nous devons revoir notre langage. Je veux appeler mes carottes bio « carottes » et laisser [les autres agriculteurs] appeler les leurs « carottes chimiques ». Et ils peuvent énumérer tous les ingrédients qu'ils ont utilisés plutôt que de m'obliger à être certifiée. C'est à nous de prouver quelque chose. Qu'ils prouvent qu'ils ont utilisé 30 produits chimiques plutôt que 50 pour produire une pomme.

Mary Jane Butters, agricultrice bio

La dernière fois que j'ai vérifié, les pommes et les carottes sont plutôt bon marché en magasin. Trente et 50 produits chimiques ? Tout en cachant le fait que les agriculteurs biologiques utilisent également des produits chimiques ? Allons donc ! Si quelqu'un croit qu'il faut 50 produits chimiques pour faire pousser une pomme, j'ai une propriété en bord de mer au Kansas à vous vendre. Et il me faudrait l'argent... pour faire un don à l'agriculteur qui vient de faire faillite et perdre son exploitation en traitant ses champs avec 30 à 50 produits chimiques tous les jours !

OK, OK... mais qu'en est-il du sol et de l'environnement ?

Les sols en bio ont plus de matière organique, de biodiversité.

Faire une généralisation est habituellement un signal d'alarme. Le fait est que la santé du sol est liée à la gestion de l'exploitation, et non à l'étiquette. Tout agriculteur peut pratiquer les principes conduisant à une bonne santé du sol – les efforts de conservation comme les cultures de couverture, la rotation des cultures et l'agriculture sans labour. Le sol est vivant. Vous ne pouvez pas avoir de bons rendements si vous n'avez pas de bons sols, et les agriculteurs le savent bien. Sols sains = moins d'intrants = économie d'argent = meilleurs rendements = plus d'argent. Le bon sens, business 1.01.

Pour les sociétés alimentaires qui ont un agenda à vendre, l'appel à la nature est aussi une manière douce et efficace de remplir ses poches. Heu ! Heu ! Projet non-OGM ! Heu ! 19 milliards de dollars ! Heu !... Les trois lettres « OGM » évoquent des images effrayantes de mutations étranges, aux conséquences abominables, que nous ne devrions pas mettre dans notre corps. Pourtant, tout ce que nous mangeons a vu ses gènes modifiés par les humains, y compris les produits bio. Elles augmentent leurs ventes en couplant l'évocation d'images effrayantes comme celle-ci avec des théories de la conspiration, de la science folle qui injecte dans notre nourriture des gènes de poisson ou de tomates, ou des toxines, ou des Frankenstein, ou encore autre chose ! Bouh ! Beurkh !

Psst ! Il n'y a pas de poulet GM !

Combinaisons de protection ! Masques à gaz ! Injections ! Modifications ! Produits chimiques !

Quoi ? Oh regardez, je peux faire ça aussi :

C'est bio ! Tout est fait de produits chimiques, mais à un moment de ma vie, j'ai été dupée comme beaucoup d'autres personnes bien intentionnées. J'ai été la victime de mensonges et j'ai consacré beaucoup trop d'argent à la nourriture, en raison uniquement de la désinformation. Est-il juste de mentir aux gens ? Est-ce éthique que de susciter une peur bleue chez les gens pour vendre votre produit ?

La guerre de la nourriture ne cessera jamais. Mais, s'il vous plaît, la prochaine fois que vous envisagerez de payer votre nourriture à trois fois son prix (un problème de monde développé), n'oubliez pas de demander aux personnes qui consacrent leur vie et leur carrière à faire en sorte que votre nourriture soit saine. Les agriculteurs sont généralement des personnes formidables, quelle que soit la taille de leur exploitation ou leur étiquette, et nous sommes fatigués de la confusion qui règne sur notre carrière. Les agriculteurs, les scientifiques, les inspecteurs des aliments, les inspecteurs, les éleveurs, les vétérinaires et bien d'autres sont de vraies gens. Vérifiez les faits et assurez-vous que vous achetez des aliments en fonction de la science et des faits, et non des affirmations hyperboliques et de la peur.

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* Michelle Miller, Farm Babe (@thefarmbabe), élève des moutons et des bovins de boucherie, tout en aidant son compagnon sur 800 hectares de cultures dans le nord-est de l'Iowa. Elle est une « agvocate » passionnée et croit qu'il est important de combler le fossé entre les agriculteurs et les consommateurs. En plus d'alimenter son blog, www.facebook.com/IowaFarmBabe, elle fait des piges et donne des conférences.

Source : https://www.agdaily.com/insights/farm-babe-unethical-sales-tactics-organic-food-corporations/