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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Eaux, Que Choisir et le Monde : la qualité de l'information se dégrade encore en France

24 Octobre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Activisme

Eaux, Que Choisir et le Monde : la qualité de l'information se dégrade encore en France

 

 

Et si l'UFC Que Choisir appliquait ce slogan à sa propre politique ?

 

 

Il y a des moments où la lecture de la désinformation journalière vous fout un sacré coup de blues.

 

Ce fut le cas avec « La qualité de l’eau se dégrade encore en France », du Monde Planète, sous rubrique « Pollutions », de Mme Martine Valo.

 

C'est certes, a priori, de l'information :

 

« Alors que débute la deuxième phase des Etats généraux de l’alimentation, l’UFC-Que choisir dénonce la responsabilité de l’agriculture intensive, qui répand massivement des pesticides. »

 

Mais de l'information sur une gesticulation à connotation de lobbyisme et de pression de l'UFC-Que-Choisir dans le contexte des États Généraux de l'Alimentation. Une gesticulation répercutée sans recul ni esprit critique. Normal, direz-vous... elle est conforme à l'idéologie et à l'activisme du Monde Planète... Non, ce n'est pas normal ; c'est indigne d'un journal qui aspire à la réputation.

 

Tout ou presque est dit dans le chapô – ci-dessus – et le premier paragraphe :

 

« La qualité de l’eau continue de se dégrader en France et les responsables sont connus. Alors que débute la deuxième phase des Etats généraux de l’alimentation, censée promouvoir des produits sains et des pratiques durables, l’UFC-Que choisir lance mardi 17 octobre une campagne d’alerte intitulée "S. Eau S.". Dans sa ligne de mire : l’agriculture intensive. »

 

Très franchement, je suis navré de voir qu'une organisation de défense des consommateurs se fasse ainsi l'idiot utile du biobusiness et de son activisme forcené pour faire croître ses parts de marché par des moyens déloyaux, notamment le dénigrement de l'agriculture dite « intensive »*.

 

Certes, les Français qui vivent dans la zone de l'insécurité alimentaire (6 millions) ou qui recourent à l'aide alimentaire (4 millions) n'achètent probablement pas Que Choisir (tirant à 590.000 exemplaires, diffusé à 470.000 exemplaires) ; et la revue se fait son chiffre d'affaires grâce aux gens plutôt aisés, chez qui le message bobo-écolo élitiste est bien reçu. Mais c'est à notre sens de la putasserie et de l'indigence éthique et morale.

 

Mais nous nous égarons... enfin, pas vraiment.

 

« La qualité de l’eau continue de se dégrader en France » ? C'est faux ! Nous l'avons relaté – preuves à l'appui – dans « Mauvaise nouvelle : la pollution des cours d'eau par les pesticides baisse ! »

 

Rappelons donc que, le 18 juillet 2017, Eaufrance, le service public d'information sur l'eau, a publié « Pesticides : une baisse de la pollution des cours d’eau en métropole ». En résumé :

 

« L’observatoire national de la biodiversité (ONB), qui s’intéresse de près aux indicateurs de biodiversité, a mis à jour sa fiche concernant l’évolution de la pollution des cours d’eau par les pesticides en métropole. Le taux d’évolution a subi une baisse de - 10 % sur la période 2008-2014. La diminution de cet indicateur aura probablement des conséquences positives sur la biodiversité... »

 

Nous avions notamment publié une carte – reprise ci-dessous – que nous avions trouvée sur une page de l'Observatoire National de la Biodiversité.

 

 

 

 

On retrouve la carte dans le Monde, mais référencée : « Source UFC-Que Choisir », ce qui est de l'appropriation – au mieux inélégante – du travail d'autrui. Vous constaterez que c'est bien la même carte.

 

 

 

 

Mais ce qui doit nous interpeller, c'est la légende. Ce qui est présenté par l'UFC-Que Choisir comme une « norme de potabilité » est en fait une norme de qualité. Les eaux distribuées peuvent contenir des quantités de pesticides à des taux supérieurs à la norme de qualité de 0,1 microgramme par litre. La norme applicable, variable selon les substances est la valeur sanitaire maximale ou Vmax. Ainsi, pour la somme AMPA (qui provient pour partie des détergents ménagers) + Glyphosate, la Vmax est de 900 µg/L, soit 9.000 fois plus élevée que la norme de qualité.

 

D'autre part, la norme de qualité, s'agissant de la somme des pesticides, n'est pas de 0,1 µg/L, mais de 0,5 µg/L. Cette norme est tellement bien connue qu'il n'y a qu'une explication possible : une intention de tromper.

 

À cela s'ajoute évidemment le fait qu'une norme de potabilité – la vraie, pas celle qui est inventée – s'applique à l'eau qui coule de votre robinet et qui aura été traitée le cas échéant, pas seulement pour la débarrasser de pesticides qui seraient en quantité excessive dans l'eau brute.

 

Le Monde reproduit aussi une carte sur les nitrates.

 

 

 

 

Que disent les données officielles ? Par exemple :

 

« En 2015, plus de 99% de la population, soit 64,8 millions d’habitants, a été alimentée en permanence par de l’eau conforme vis-à-vis du paramètre nitrates (concentration maximale inférieure ou égale à 50 mg/l). »

 

Comment faire alors ? Car, rapporte le Monde :

 

« "Nous voulons lancer plus qu’un coup de gueule, une mobilisation citoyenne, prévient Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir. Nos réseaux sont très remontés : malgré les promesses, rien ne bouge dans la politique agricole qui est privilégiée par les pouvoirs publics, au contraire. La qualité de l’eau se dégrade et, si le public ne s’en rend pas vraiment compte, c’est que celle qui lui est servie au robinet reste acceptable, mais au prix de coûts toujours plus importants.»

 

C'est de la gesticulation d'un incroyable cynisme. Car ce sont d'autres coûts qui alourdissent la facture.

 

 

(Source)

 

 

Que faire donc ? Et bien on invente une teneur qui serait « recommandé[e] pour l'eau potable », à 25 milligrammes/litre ! Et, mieux encore, ce qui est au-dessus devient un « dépassement du seuil admissible pour l'eau potable ». En réalité, le chiffre généralement articulé, rappelé ci-dessus est 50 mg/L (en nitrates). La consommation d'une eau présentant une concentration de nitrates supérieure à 50 mg/L mais inférieure à 100 mg/L est considérée comme temporairement acceptable, sauf pour les nourrissons et les femmes enceintes ou allaitantes. Au-delà de 100 mg/L, l'eau ne doit être ni bue ni utilisée pour préparer les aliments.

 

Là encore, on ne peut qu'être choqué par le manque patent de scrupules. Car la norme de 50 mg/L est archi-connue.

 

La FNSEA a dénoncé un rapport « caricatural » et « à charge », manipulant les chiffres « quitte à dire des contre-vérités ». Plusieurs journaux ont répercuté cette prise de position ; c'est le cas par exemple de LCI qui ajoute :

 

« Selon des données du ministère de l'Environnement de 2016, "il y a une baisse de 10% des pesticides dans les cours d'eau entre 2008 et 2013", a déclaré à l'AFP Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA et président de sa commission environnement. De même, "il y a une baisse de 14% des teneurs en nitrates entre 2006 et 2014 dans les cours d'eau", a-t-il ajouté. »

 

Le lecteur du Monde (comme de La Croix) en a été privé.

 

_____________

 

Voici l'une des propositions de l'UFC Que Choisir dans le cadre des États Généraux de l'Alimentation :

 

« Réorienter les aides en faveur des produits issus de l’agriculture biologique

 

Afin d’inciter les agriculteurs à produire une alimentation de qualité, il est nécessaire de réorienter l’ensemble des aides leur étant dédiées vers des modes de production respectueux de l’environnement et promettant une qualité sanitaire adéquate. A ce titre, l’agriculture biologique et l’agriculture intégrée devraient bénéficier de plus d’aides afin d’inciter les agriculteurs à se tourner vers ces modes de productions plus responsables qui de fait devraient induire des modes de consommation similaires. »

 

Amalgames d'un bout à l'autre.

 

 

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A
j'aime me promener sur votre blog. un bel univers. vous pouvez visiter mon blog (cliquez sur pseudo) à bientôt.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> J'irai musarder sur le vôtre.