CIRC-gate : comme Christopher Portier, Charles Jameson palpe aussi !
Nos « amis » de l'US Right to Know (USRTK) ont sans nul doute fait une boulette quand ils ont décidé de répondre au « Special Report: Cancer agency left in the dark over glyphosate evidence » (rapport spécial : l'Agence du cancer laissée dans le noir sur des preuves pour le glyphosate) de Mme Judy Kelland, sur Reuters (14 juin 2017). La réponse, c'était « Monsanto Spin Doctors Target Cancer Scientist In Flawed Reuters Story » (les communicants de Monsanto ciblent un chercheur du cancer dans un article biaisé de Reuters) dans le Huffington Post du 18 juin 2017... Décidément, elle ne se refusera aucune outrance, Mme Carey Gillam – celle qui s'est présentée devant le Parlement Européen le 11 octobre 2017 (aux frais des contribuables européens) en ayant « oublié » de préciser qu'elle travaillait aussi pour les avocats prédateurs qui espèrent extorquer des millions de dommages-intérêts de Monsanto).
On peut aussi penser qu'ils ont été mis en Zugszwang, Mme Kelland ayant montré qu'elle pouvait aussi avoir accès à des pièces des dossiers liés aux plaintes. L'USRTK a donc inondé son site de documents... une stratégie pour dissimuler les pièces compromettantes aux lecteurs moyens.
Mais pour qui suit le dossier... Tiens, il y a dans la liste de pièces un certain Charles William Jameson... un membre du groupe de travail du CIRC sur la monographie 112 qui a classé le glyphosate en cancérogène probable. M. Jameson apparaît sur la liste des participants du CIRC comme affilié à CWJ Consulting – en fait une entreprise unipersonnelle qu'il a constituée après son départ à la retraite – et comme président du sous groupe sur les cancers chez les animaux de laboratoire.
Tiens ! Tiens ! Nous avons relaté dans « "Monsanto Papers" : les scandaleux bidouillages de dernière minute du CIRC pour condamner le glyphosate » que les éléments disponibles à mi-réunion étaient « limités à inadéquats » pour les cancers des animaux de laboratoire. L'avant dernier jour, ils étaient encore « limités ». Et au final, ils devinrent « suffisants » ou « convaincants » ce qui... ouf !... permit de classer le glyphosate en probablement cancérogène.
Que penser d'une procédure – dont la qualité, l'intégrité et la transparence sont régulièrement cités en exemple par les gens du CIRC, notamment Mme Kate Guyton et le monde alter et anti – qui inclut un consultant vendant ses services à ... patience... ? Une procédure qui lui confie même les rênes d'un sous-groupe ?
Les « Monsanto Papers » montrent maintenant que M. Jameson a produit un rapport d'expert de 74 pages le 12 mai 2017 à l'appui des plaintes. Pour un taux horaire de 400 $US.
L'audition de M. Jameson du 3 mai 2017 a été, disons, un peu sportive. L'avocate de M. Jameson et celle des plaignants – Mme Kathryn Forgie, du reste aérotransportée par les Verts du Parlement Européen pour une conférence de presse le 27 septembre 2017, en toute hypothèse aux frais du contribuable européen – ayant tenté de s'opposer à nombre de questions gênantes. On ne saura donc pas si M. Jameson a travaillé dans le passé, comme consultant, pour des industriels et/ou des ONG comme le Natural Resources Defense Council (NRDC). Mais comme ce nom a été évoqué par l'avocat de Monsanto, on peut penser qu'il ne l'a pas fait innocemment, sans quelques éléments à sa disposition.
En revanche, il a été révélé que M. Jameson avait été retenu comme expert par les avocats des plaignants.
La déposition a aussi porté sur l'évolution de l'évaluation de la puissance des preuves s'agissant de la cancérogénicité chez les animaux. Ce n'est pas d'une clarté limpide, mais M. Jameson a semble-t-il penché pour « limitée », d'autres membres du sous-groupe les estimant suffisantes.
M. Jameson a aussi été évoqué dans Politico, « Monsanto attempts takedown of agency linking its weedkiller to cancer » (Monsanto tente d'abattre l'agence liant son herbicide au cancer) le 17 août 2017. En bref, il n'aurait pas reçu à temps deux documents, « Evaluation of carcinogenic potential of the herbicide glyphosate, drawing on tumor incidence data from fourteen chronic/carcinogenicity rodent studies » (évaluation du potentiel cancérogène de l'herbicide glyphosate, en se fondant sur les données sur l'incidence des tumeurs de quatorze études sur les rongeurs chroniques/de cancérogénicité) et une étude de lInstitut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR).
Nous ne saurons pas s'il y a eu un « simple » oubli administratif ou une volonté de soustraire un document important à la sagacité des membres du groupe de travail. M. Ivan Ruzyn, consulté sur l'article de Greim et al. l'a jugé « polémique »... étonnant, surtout pour un scientifique.
Mais le plus étonnant encore est de voir qu'à l'ouverture de la réunion du groupe de travail, on ait pu discuter de la question de savoir si l'on examinera ou non l'article au regard d'une règle de date limite de soumission de documents. Le CIRC, pour résumer, est donc capable de condamner une substance comme cancérigène en écartant des données importantes, susceptibles de bouleverser l'évaluation pour un simple motif administratif...
L'article de Greim et al. sera finalement évoqué dans la monographie, mais le groupe de travail s'est déclaré incapable d'évaluer les études mentionnées dans cet article faute d'informations sur certains points. Dans sa déposition, M. Jameson évoque quant à lui... le volume important de données !
Qui a dit que les procédures du CIRC sont transparentes ?