OGM et techniques modernes : une tribune de M. Gérard Kafadaroff sur le Figaro
Glané sur la toile 175
« En France, le politiquement correct et la bien-pensance ont rejeté les OGM sans débat » n'est peut-être pas le meilleur titre pour une tribune bien mieux résumée par le chapô :
« Gérard Kafadaroff, ingénieur agronome, invite le nouveau chef de l'État à s'affranchir de la "paranoïa sécuritaire" liée aux OGM. »
Mais qu'importe le titre, pourvu que l'on ait le message. Voici la conclusion, qui est précédée par l'évocation des nouvelles techniques d'amélioration des plantes :
« Si les décideurs politiques se fourvoient à nouveau dans les tribulations délétères qu'ont connues les OGM, il est à craindre que les agriculteurs français soient à nouveau privés des progrès significatifs en amélioration génétique des plantes et gravement pénalisés face à leurs concurrents.
Le nouveau chef d'État "progressiste" s'affranchira-t-il de la paranoïa sécuritaire et de l'écologie technophobe qui handicapent la France?
Va-t-il s'appuyer sur la Science et convaincre le pays que les technologies bien maîtrisées sont sources de progrès pour tous, y compris en agriculture? »
Va-t-il acter dans sa réflexion et sa politique le fait que les « OGM » sont maintenant cultivés sur quelque 180 millions d'hectares dans le monde par quelque 18 millions d'agriculteurs ? Que nous utilisons en France des graines et tourteaux de soja dans l'alimentation animale (d'autres pays européens utilisent aussi du maïs GM – et l'Espagne en cultive sur plus de 100.000 hectares) ? Que les catastrophes annoncées par les marchands de peurs, leurs alliés (dont certains faisant prospérer de formidables intérêts lucratifs) et leurs idiots utiles ne se sont pas réalisées, bien au contraire ?
L'auteur a noté dans son texte, repris en pavé, que :
« Contrairement à sa mission, la recherche agronomique française interdit à ses chercheurs tous travaux sur les OGM à vocation agronomique et choisit de se tenir hors du débat sur ce sujet polémique. »
Un premier pas – plutôt facile à faire en ces temps d'États Généraux de l'Alimentation – serait de remettre l'INRA sur les rails, d'orienter la recherche-développement vers les vrais défis de l'agriculture, de l'alimentation, de la production de matières premières et de la production de services socio-économiques et environnementaux ; de mettre un bémol aux programmes et activités consistant à flatter et satisfaire – voire créer et entretenir – des lubies bobo-écologiques.
À l'heure où nous écrivons, il y a plus de 300 commentaires sous la tribune. Ils ne forment certes qu'une image très imparfaite de l'opinion, mais ils illustrent bien l'ampleur du défi qui reste à relever – sur ce plan comme sur d'autres : rétablir objectivité et rationalité.
Nous ajouterons à l'intention de tous ces commentateurs qui, au lieu de regarder la lune, regardent le doigt et dissertent ou éructent sur l'ancien emploi de M. Kafadaroff qu'il a pris sa retraite en 2001. S'il était vraiment le porte-voix de Monsanto, il se réjouirait de la politique étriquée et économiquement délétère de la recherche agronomique française : quand par exemple MM. Bourguet et Guillemaud, éventuellement accompagnés de M. Lombaert, dissertent sur les conflits d'intérêts (allégués) dans des publications scientifiques (voir par exemple ici, avec liens vers les billets antérieurs) ou sur les coûts-bénéfices des pesticides (voir par exemple ici), les moyens de l'INRA ne sont pas mis en œuvre dans des domaines potentiellement lucratifs ; c'est tout bénéfice pour l'industrie, particulièrement celle qui peut s'appuyer sur un marché dynamique dans son pays d'origine (si Florimond Desprez ou Limagrain veulent rester dans la course au progrès, ils ont présentement intérêt à... expatrier leur recherche-développement).
Monsanto (et les autres entreprises incorporées à l'étranger) se satisfait sans grands problèmes du marché des semences non GM en France et plus généralement dans l'Europe frileuse et hypocondriaque. Pénaliser les agriculteurs français en leur refusant l'accès à la génétique et la chimie modernes, c'est favoriser, notamment, le farmer états-unien...