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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Monsanto Papers » et les rats de Séralini : la farce continue !

4 Septembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Activisme, #Monsanto, #Gilles-Éric Séralini

« Monsanto Papers » et les rats de Séralini : la farce continue !

 

 

 

 

Les procédures engagées par des cabinets d'avocats contre Monsanto pour le compte d'agriculteurs victimes de lymphome non Hodgkinien, ou de leurs ayants droit, sur la base de l'allégation que le lymphome a été causé par le glyphosate se poursuivent, notamment devant le juge Vince Chhabria, du Tribunal de District pour le District Nord de la Californie. Rappelons que peu de temps après la publication de la décision du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de classer le glyphosate en « probablement cancérigène », des avocats spécialistes des actions de groupe, au comportement que l'on peut qualifier de prédateur, se sont mis en chasse pour trouver des plaignants. Dans le système judiciaire états-unien, les avocats peuvent se rémunérer au pourcentage des indemnités allouées par le tribunal... les actions en justice sont donc des paris sur l'avenir, avec des perspectives de gains juteux.

 

 

Un cabinet d'avocats publie des documents...

Dans le cadre d'une manœuvre dont nous n'analyserons pas les tenants et les aboutissants, le Cabinet Baum, Hedlund, Aristei & Goldman a publié – le 1er août 2017 – quelque 80 documents obtenus de Monsanto dans le cadre d'une ordonnance de confidentialité. Le Cabinet a estimé que cette ordonnance était devenue caduque et s'est donc précipité dans une opération de comm' :

 

« Ces documents racontent une histoire alarmante d'écriture pour autrui, de manipulation scientifique, de collusion avec l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) et d'informations précédemment non divulguées sur la façon dont le corps humain absorbe le glyphosate. Les documents secrets suivants nous aident à mieux comprendre les graves conséquences pour la santé publique de la conduite de Monsanto dans la commercialisation de l'herbicide Roundup»

 

 

Monsanto, mais aussi le juge se fâchent

 

Monsanto n'a évidemment pas été content. Le juge non plus ; et cela permet de comprendre que la manœuvre a été déloyale, voire frauduleuse. Voici par exemple ce qu'a déclaré le juge lors d'une audience, le 24 août 2017 :

 

« LA COUR : À la lumière de l'échange qui a eu lieu entre les avocats des plaignants et Monsanto, et compte tenu du fait qu'il y avait un différend en cours sur la façon de résoudre ce problème, il [M. Wisner, un des avocats du cabinet Baum et associés] avait absolument l'obligation de le faire.

 

M. ZITRIN [avocat de Baumet et associés] : Eh bien, Monsieur le Président -

 

LA COUR : C'était son obligation de régler le différend avant d'aller de l'avant et de publier les documents ; mais le problème, c'est qu'il n'était pas dans son optique d'être un avocat. Il était concentré sur le fait d'être un homme de relations publiques. Il était davantage intéressé à faire publier ces documents, et à les faire publier rapidement, qu'à être un avocat et à veiller à ce que le différend en cours entre les deux parties au litige soit résolu avant qu'il n'aille de l'avant. Ce n'est pas ainsi que vous faites du droit. C'est peut-être la façon dont vous menez des relations publiques. »

 

 

Monsanto et la fameuse étude sur les rats de Séralini

 

Dans le lot de documents (des courriels, des messages, des rapports internes et des mémoranda), de quoi prouver, prétendument, que – pour employer une terminologie percutante – Monsanto a orchestré la critique et la rétraction de « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » (toxicité à long terme d’un herbicide Roundup et d’un maïs génétiquement modifié tolérant le Roundup) de Gilles-Éric Séralini, Émilie Clair, Robin Mesnage, Steeve Gress, Nicolas Defarge, Manuela Malatesta, Didier Hennequin et Joël Spiroux de Vendômois. C'est la fameuse étude sur les rats.

 

 

 

 

Tapage militant limité...

 

Curieusement – en fait pas vraiment – ces « révélations » n'ont pas fait l'objet d'une exploitation médiatique majeure.

 

GM Watch ne pouvait évidemment pas l'ignorer. Cela a donné : « Uncovered: Monsanto campaign to get Séralini study retracted » (la campagne de Monsanto pour faire rétracter l'étude de Séralini dévoilée). Pour GMOSéralini.org, c'est « Monsanto Secret Documents Show Massive Attack on Séralini Study » (des documents secrets de Monsanto montrent une attaque massive sur l'étude de Séralini) ; mais c'est service minimum, même si le titre fait dans l'emphase, le site se contentant de recopier un article de Sustainable Pulse qui s'est lui-même contenté de recopier du site de Baum et associés.

 

 

...et écho médiatique quasi nul

 

Dans « Monsanto Emails Raise Issue of Influencing Research on Roundup Weed Killer » (des courriels de Monsanto posent la question de l'influence sur la recherche sur l'herbicide Roundup), M. Danny Hakim – qui est un peu au New York Times ce que M. Stéphane Foucart est au Monde – évoque à peine la question.

 

Silence aussi du côté de Mme Carey Gillam, pourtant lobbyiste de US Right to Know (USRTK), dans le Huffington Post (« New ‘Monsanto Papers’ Add To Questions Of Regulatory Collusion, Scientific Mischief » – de nouveaux « Monsanto Papers » posent de nouvelles questions sur la collusion en matière de réglementation et les méfaits scientifiques).

 

Même le CRIIGEN est resté silencieux... tout comme le Monde des deux Stéphane.

 

Mais Libération a publié le 22 août un « Monsanto : les dessous d’un lobbying » plutôt fouillé et pas odieusement à charge (Mme Ariane Debernardi y évoque aussi le problème de la non-prise en compte des derniers résultats épidémiologiques par le CIRC). Ajoutons qu'il n'y a eu que trois commentaires...

 

 

Retraction Watch publie une analyse...

 

Le site Retraction Watch – qui suit l'actualité scientifique du point de vue des articles qui sont rétractés – a quant à lui publié une analyse, « Unearthed emails: Monsanto connected to campaign to retract GMO paper » (courriels déterrés : Monsanto lié à la campagne pour faire rétracter un article sur les OGM). Nous la publions ci-dessous en traduction, dans son intégralité.

 

 

...mais pas de quoi fouetter un chat

 

Chacun pourra donc se faire une opinion. Les plus intéressés (et courageux) pourront comparer cette analyse avec les documents publiés – sans nul doute soigneusement sélectionnés pour étayer l'opération de comm' du cabinet Baum et associés), et surtout avec l'incroyable « Conflicts of interests, confidentiality and censorship in health risk assessment: the example of an herbicide and a GMO » (conflits d'intérêts, confidentialité et censure dans l'évaluation des risques pour la santé : l'exemple d'un herbicide et d'un OGM) de Gilles-Éric Séralini, Robin Mesnage, Nicolas Defarge et Joël Spiroux de Vendômois – traduction française ici – une chose publiée dans une revue qui se réclame de la science).

 

Le peu d'empressement des mouvances militantes, le désintérêt des médias (Libération excepté en France) et le silence du CRIIGEN sont éloquents : il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

 

L'analyse de Retraction Watch

 

Une série de documents internes de Monsanto, récemment déclassés dans un procès contre le géant de la biotechnologie agricole, a révélé le rôle de l'entreprise dans l'histoire tortueuse d'un article du laboratoire d'un scientifique connu pour sa position contre les organismes génétiquement modifiés (OGM).

 

Cet article, c'est « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » (toxicité à long terme d’un herbicide Roundup et d’un maïs génétiquement modifié tolérant le Roundup), publié en septembre 2012 dans la revue Food and Chemical Toxicology (FCT) et rétracté en janvier 2014. Gilles Séralini, un scientifique connu pour son attitude d'opposition aux OGM, en était le premier auteur. Les documents ont également entraîné le retrait de plusieurs articles pro-OGM sur Forbes.com, rédigés par Henry Miller, un membre de la Hoover Institution, un groupe de réflexion conservateur à l'Université de Stanford. Des courriels ont montré que l'un des articles, qui ne portait pas sur l'article de Séralini, avait été écrit par Monsanto.

 

Les documents, publiés la semaine dernière par le cabinet d'avocats Baum, Hedlund, Aristei et Goldman, montrent que Monsanto a correspondu avec un réseau de scientifiques et d'autres commentateurs pour diffuser le message que l'article de Séralini était de la mauvaise science et devait être rétracté. Séralini a déclaré à Retraction Watch que cela prouve ce qu'il a dit tout au long, et que Monsanto a mené un effort concentré pour discréditer sa science et protéger ses résultats financiers. Il a dit:

 

"J'ai déduit dès le début que cela était organisé..."

 

Mais l'effort pour contrer le travail de Séralini n'était pas unilatéral. Bruce Chassy, à l'époque professeur à l'Université de l'Illinois, maintenant à la retraite, nous a dit qu'il a pris contact avec Monsanto pour lui demander s'ils agiraient comme des alliés "dans la lutte contre l'abus de la science" sous la forme d'une recherche anti-OGM qu'il croyait être de piètre qualité. Il a déclaré qu'il avait critiqué les pratiques commerciales de Monsanto, mais pense que l'entreprise emploie de bons scientifiques et constitue donc une bonne source d'information sur les OGM :

 

« Si je peux utiliser Monsanto pour que la science soit équitablement entendue, je le ferai. Comme ce sont des gens qui en savent plus à ce sujet que quiconque, c'est à eux qu'il faut s'adresser. »

 

Monsanto a essayé de s'assurer que la campagne en vue de faire rétracter l'article de 2012 ne soit pas liée à l'entreprise. Le 26 septembre 2012 – une semaine après la parution de l'article, Eric Sachs, un cadre de Monsanto, a écrit à plusieurs collègues pour souligner :

 

"Nous avons fait notre part. Il est temps que le secteur public et surtout notre réseau d'experts fassent la leur...

 

Monsanto ne doit pas être mis dans la position de fournir une analyse critique qui conduit les éditeurs à rétracter l'article... Il y a une différence entre la défense de la science et la participation à un processus formel en vue de la rétractation d'une publication qui remet en question la sécurité de nos produits."

 

Dans ce but, Monsanto a coordonné avec les scientifiques mentionnés dans les documents ce qu'il y avait lieu de dire en réponse et comment maximiser l'impact de la réponse. Sur la base des documents obtenus, cela a pris la forme d'articles publiés, y compris de lettres au rédacteur en chef de FCT, dont au moins une a appelé au retrait.

 

 

Un article litigieux

 

Séralini ne devrait pas être étranger à nos lecteurs réguliers – la controverse a poursuivi l'article de 2012 presque à chaque instant, des méthodes irrégulières utilisées par Séralini pour le promouvoir auprès des médias (comme demander à certains journalistes de signer un accord de non-divulgation pour le voir avant la publication) à la publication initiale dans FCT. Même après son retrait, il a été republié en 2014 – par une revue qui ne l'a pas soumis à un examen par les pairs. La version FCT a été citée 54 fois depuis son retrait, et 95 fois au total, selon Clarivate Analytics' Web of Science, ce qui lui a valu d'être désigné par Clarivate d'"article hautement cité".

 

Dans un communiqué publié après la rétractation, Séralini a accusé Monsanto de promouvoir les critiques de l'article et d'avoir placé un ancien employé au comité de rédaction de FCT.

 

Alors que les documents soulignent les liens étroits entre Monsanto et au moins quatre personnes qui ont critiqué l'étude, de nombreux scientifiques ont critiqué les mérites scientifiques de l'article dans la presse grand public et universitaire. Néanmoins, la décision de retrait a été aussi controversée que la décision de publier. Une enquête du FCT n'a révélé aucune preuve de fraude, d'inconduite ou d'erreur grossière, comme l'exigent les lignes directrices du Committee on Publication Ethics (COPE) en matière de rétractation ; mais le FCT a tout de même cité les lignes directrices du COPE dans son avis de rétractation.

 

Comme notre co-fondateur Ivan Oransky l'a dit à CBS News en 2014, après la republication de l'article dans une autre revue :

 

"Tout cet épisode nous a éloignés de la vérité...

 

C'est un bon exemple de ce qui se passe quand des gens avec des croyances solidement enracinées manipulent un système pour obtenir le résultat qu'ils veulent..."

 

 

"Nous sommes en contact, mais nous n'avons pas écrit la lettre."

 

Les documents montrent que Monsanto a été en contact avec Chassy, qui a écrit plusieurs articles attaquant celui de Séralini. Le 25 septembre 2012, Chassy est co-auteur d'un article avec Henry Miller, le membre du groupe de réflexion conservateur, que ce dernier a publié en sa qualité de contributeur de Forbes.com. L'article laissait entendre que Séralini était allé au-delà de la "mauvaise science" et qu'il était passé à la fraude. Cet article et deux autres articles de Miller relatifs aux OGM ont depuis lors été supprimés de Forbes.com, mais sont disponibles dans les archives Internet (l'un, co-écrit avec Chassy, a critiqué un précédent article de Séralini de 2012 ; l'autre a été écrit par Monsanto lui-même en 2015).

 

Mia Carbonell, vice-présidente principale des communications mondiales de Forbes, a déclaré à Retraction Watch que tous les articles de Miller ont été retirés de son site parce qu'il avait violé les termes de son contrat :

 

"Tous les contributeurs à Forbes.com signent un contrat les obligeant à divulguer tout conflit d'intérêts potentiel et à publier uniquement du contenu qui est de leur propre écriture originale. Lorsqu'il nous a été signalé que M. Miller avait violé ces conditions, nous avons retiré tous ses articles de Forbes.com et mis fin à nos relations."

 

Miller et Chassy ont dit qu'ils n'étaient pas impliqués dans la décision de dépublier les articles de Forbes et qu'ils étaient en désaccord avec la décision. Miller nous a dit que, comme Chassy, il "avai[t] demandé des informations à [Monsanto] ... sur des questions scientifiques quand [il] pensai[t] qu'ils avaient de l'information de valeur ", mais qu'il n'avait pas de liens financiers avec Monsanto. Chassy a dit qu'il n'a jamais personnellement accepté de l'argent de Monsanto, bien que son université l'ait fait [voir mise à jour].

 

Un jour après la parution de l'article de Forbes.com, Chassy a envoyé à A. Wallace "Wally" Hayes, rédacteur en chef de la FCT, un courriel rédigé en termes fermes dans lequel il déclarait que le journal avait une "obligation éthique" de retirer l'article.

 

M. Chassy a également été l'un des 25 co-auteurs d'une lettre formelle adressée au rédacteur en chef de la FCT, dans laquelle il était demandé que l'article soit rétracté. (La lettre n'a pas été citée.) En septembre 2012, alors que la lettre était en cours d'élaboration, un membre du personnel de Monsanto s'est enquis de l'implication de l'entreprise dans la lettre et a exprimé des doutes quant à savoir si l'entreprise devait même divulguer sa connaissance de la lettre aux investisseurs. Sachs a écrit :

 

"Nous sommes 'connectés', mais nous n'avons pas écrit la lettre ni encouragé quiconque à la signer."

 

Comme l'a rapporté le New York Times, Hayes lui-même avait une "relation contractuelle" avec Monsanto alors qu'il était rédacteur en chef de FCT. Hayes, maintenant professeur auxiliaire à l'Université du Massachusetts, a déclaré au Times qu'il n'était pas sous contrat avec Monsanto lorsque l'article a été rétracté et que sa relation n'a joué "aucun rôle dans cette décision". Cependant, Hayes a été en contact avec les dirigeants de Monsanto peu après la parution de l'article, offrant des conseils sur ce qu'ils pourraient rassembler en vue de le lui soumettre comme réfutation.

 

Les documents révèlent également des liens entre Monsanto et Colin Berry, un toxicologue britannique, qui a publié sa propre lettre dans FCT critiquant l'article de Séralini et al. Le 20 septembre 2012, le lendemain de la publication de l'article de Séralini par la FCT, Berry a envoyé un courriel à David Saltmiras, son contact chez Monsanto, pour lui demander :

 

"Vous avez vu ça ? On m'a demandé de commenter dès que possible – avez-vous des choses à dire [?]"

 

Saltmiras répondit :

 

"J'espère que des scientifiques de votre calibre et de votre réputation envisageront peut-être d'écrire une lettre conjointe à l'éditeur, mettant l'accent sur les lacunes scientifiques et le processus boiteux d'examen scientifique par les pairs."

 

Un troisième scientifique, Andrew Cockburn, consultant en toxicologie qui était alors professeur invité à l'Université de Newcastle, était également dans la chaîne de courriels et a déclaré :

 

"... si vous pouvez me fournir les munitions, je serais heureux de répondre..."

 

Monsanto n'a pas répondu à la demande de commentaires de Retraction Watch.

 

Sachs, le directeur exécutif de Monsanto, a pris conscience des risques de s'attaquer à la décision de publier l'article et d'appeler à la rétractation. Le 26 septembre, comme il insistait pour que ce ne soit pas Monsanto qui manie la hache, il écrivait :

 

"Nous ne devrions pas fournir de munitions à Séralini, aux critiques [du génie génétique] et aux médias et leur permettre d'accuser Monsanto d'avoir utilisé sa force pour faire rétracter cet article."

 

 

Mise à jour du 11 août 2017 UTC 14:30 :

 

Bruce Chassy nous a dit qu'il n'avait jamais personnellement reçu d'argent de Monsanto ; cependant, plusieurs lecteurs ont fait remarquer qu'il a en fait accepté des milliers de dollars de Monsanto, acheminés par l'intermédiaire de la University of Illinois Foundation et affectés en théorie à "la vulgarisation" pour éviter les contrôles. Une enquête de la radio publique de Chicago de mars 2016 a montré que :

 

"Monsanto a envoyé plus de 140 000 $ pour la 'recherche biotechnologique et la vulgarisation' par l'intermédiaire de la University of Illinois Foundation entre 2006 et juin 2012, le mois où Chassy a pris sa retraite. D'autres documents confirment qu'au moins 57 000 $ ont été acheminés à Chassy sur une période de 23 mois."

 

Et un article du New York Times de septembre 2015 dit qu'en 2011, Monsanto a accordé à Chassy une subvention pour un montant non divulgué "pour soutenir les activités de sensibilisation et d'éducation". »

 

 

Et pour finir, quelques petits rappels

L'étude de Séralini et al. avait été financée par une association, spécialement conçue pour servir d'écran, regroupant notamment des grands de la grande distribution et des entreprises de la filière du « bio » et du « bien-être » ainsi que par la Fondation Charles Leopold Mayer pour le Progrès de l'Homme, laquelle finance par ailleurs plusieurs entités anti-OGM et anti-pesticides. Sa médiatisation est digne de figurer au Livre Guinness des Records.

 

Et l'étude a été invalidée par de nombreuses agences d'évaluation, dont l'EFSA en Europe (voir notamment ici et ici) et l'ANSES et le HCB en France ; critiquée par de nombreux scientifiques (non « cornaqués » par Monsanto) à titre individuel ou agissant collectivement dans le cadre d'académies, d'associations, de tribunes ou de pétitions (les académies scientifiques et techniques françaises ont ainsi pris l'initiative inédite de produire un communiqué commun) ; critiquée également par des journalistes scientifiques, des blogueurs expérimentés ; critiquée par des institutions compétentes en matière d'éthique de l'expérimentation animale ; etc.

 

 

 

 

Retraction Watch a bien pu titrer : « Monsanto lié à la campagne pour faire rétracter un papier sur les OGM ». Comment aurait-il pu en être autrement ?

 

Les complotistes trouveront que Monsanto a ourdi le grand complot et, semble-t-il, écrit un article pour autrui (sur un autre sujet). Les réalistes et rationalistes trouveront dans les « révélations » essentiellement les tâtonnements d'une entreprise confrontée à un problème de taille et, singulièrement, bricolant des éléments de réponse au fur et à mesure des événements.

 

Cela n'enlève rien au jugement formulé sur l'étude Séralini par le toxicologue Gérard Pascal dans le Figaro du 20 septembre 2012, le lendemain de la mise en ligne de l'étude et le surlendemain du début du formidable battage médiatique : « Cela ne vaut pas un clou ».

 

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