Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Consommer local », une aberration, dans Contrepoints – un argument fallacieux de revendication pour Biocoop

8 Septembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Alimentation

« Consommer local », une aberration, dans Contrepoints – un argument fallacieux de revendication pour Biocoop

 

Glané sur la toile 178

 

 

 

 

 

Sur Contrepoints

 

En ces temps d'États Généraux de l'Alimentation, Contrepoints a eu la bonne idée de republier « Le vrai danger du "consommer local" » de M. Philippe Silberzahn.

 

C'est une analyse économique à la mode du « Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas » écrit par Frédéric Bastiat en 1850 et illustre dans la mouvance économique libérale, mais trop peu connu par ailleurs, surtout dans les sphères des politiques et des décideurs.

 

En chapô :

 

« L’enfer est pavé de bonnes intentions : le localisme est une aberration économique et écologique, et ignorer les principes de la division du travail, c’est s’exposer à de graves déconvenues. »

 

En voici un extrait :

 

« Pourquoi tout le monde est-il perdant ? Au début nous avons Sophie, qui produit ses 40 tonnes à l’hectare. Mais le développement de la préférence locale lui ferme peu à peu des marchés, et ses ventes diminuent. D’un autre côté, la préférence locale permet bien sûr à d’autres producteurs de la remplacer. Mais elle les empêche en même temps de grandir en vendant dans d’autres villes. À l’extrême, chaque ville a son producteur de pommes, solidement soutenu localement, mais minuscule et incapable de grandir car les autres marchés locaux leur sont fermés. Au lieu d’avoir quelques gros producteurs économiquement efficaces, ce qui permet d’abaisser le prix des pommes pour le consommateur final, on se retrouve avec une myriade de tout petits producteurs, dont beaucoup ne sont pas viables tout simplement parce qu’ils n’ont pas la taille critique nécessaire, sauf s’ils augmentent leurs prix.

 

[…]

 

Ce risque de passer d’un petit nombre de producteurs de taille critique amortissant leurs coûts sur un gros volume à une myriade de petits producteurs non rentables n’est pas illusoire : le verger français moyen fait en effet seulement 12 ha contre… 200 ha en Argentine.

 

La préférence locale, loin de favoriser les producteurs de pommes, mine donc leur rentabilité et sacrifie la filière française face aux concurrents étrangers. On ne s’étonnera pas que peu après de développement des politiques de préférence locale, les institutions publiques commencent à faire face à des demandes… de subventions, poursuivant un cycle infernal bien connu en France où l’État, par ses subventions, essaie d’être la solution aux problèmes qu’il crée. À la pénalisation du consommateur s’ajoute donc la pénalisation du contribuable, qui n’avait rien demandé. On a donc trois perdants de la préférence locale : les producteurs, les consommateurs, et les contribuables. Beau résultat. »

 

Il faut cependant lire l'argumentation en entier (la pomme est prise comme exemple tout à fait théorique). Elle reste à un niveau simple – certains diront : superficiel – et n'est donc pas à l'abri de la critique... à condition de faire mieux que l'auteur.

 

L'intérêt de ce texte est qu'il suscite la réflexion chez le lecteur intéressé, qui n'est pas fermé comme une huître.

 

En fait, nous trouvons que l'auteur est bien optimiste quand il écrit : «  On ne s’étonnera pas que peu après de développement des politiques de préférence locale... » C'est déjà avant !

 

 

Pour Biocoop...

 

Comment faut-il, en effet, comprendre la proposition suivante faite par... Biocoop : « Pour une baisse de la TVA pour les produits bio et locaux ». Voici la chose dans son intégralité :

 

« Le circuit-court est une formidable opportunité de redynamiser l’économie locale en achetant aux producteurs de la région des produits bio de saison et de réduire considérablement les transports de notre alimentation. À l’aide de mesures incitatives pour les entreprises, les collectivités et le consommateur, nous pourrions ainsi pérenniser la vie de nos fermes et de nos campagnes.

 

Dans un 1er temps, il faut créer les structures nécessaires pour accueillir cette économie locale en facilitant la mise en place de "régies agricoles" à l’échelle des communes. Elles permettront de répondre aux besoins des collectivités locales (écoles, hôpitaux, etc.), et d’autre part, de fédérer les producteurs. De plus, on peut équiper ou rééquiper les villes de marchés couverts permanents. Ceci permettra de limiter l’attrait des supermarchés et de favoriser le tissu économique local.

 

Dans un 2ème temps, il faut faire de l’outil fiscal une arme redoutable au service du développement de la bio et du circuit-court.

 

Pour le consommateur, une baisse de la TVA pour les produits bio et locaux (< à 200km) et de saison.

 

Pour les entreprises, des crédits d’impôts pour un certain % d’achats de matières premières faits en local.

 

Enfin, il faut imposer à chaque enseigne de grande distribution un % de produits issus du circuit-court, pour les produits frais par exemple. Même règle dans les établissements publics pour rendre obligatoire les approvisionnements en produits bio locaux. »

 

À l'évidence, le circuit court n'est ici qu'un argument fallacieux pour faire avancer les intérêts de Biocoop. Le « local »... un faux-nez pour le « bio »...

 

Des « régies agricoles » ? Et des tickets de rationnement à l'envers, tant qu'on y est... obliger les consommateurs à acheter local leur quota hebdomadaire de rutabagas par exemple...

 

Figurez-vous qu'un certain Claude Gruffat – inscrit comme « citoyen » et dans le civil président de... Biocoop – a « voté » en faveur de la proposition de Biocoop. On n'est jamais mieux servi que par soi-même...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article