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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Se lever pour l'agriculture moderne

29 Août 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #critique de l'information, #Glyphosate (Roundup), #Santé publique

Se lever pour l'agriculture moderne

 

Joanna Lidback*

 

 

 

 

Deux polémiques ont éclaté ces dernières semaines à propos de l'alimentation ; dans les deux cas, certains ont préféré rapporter dans les médias des fausses nouvelles sur des faits concrets en couvrant les controverses autour de Chipotle [une chaîne de fast food américaine, spécialisée dans la restauration mexicaine] et Ben & Jerry's [une marque américaine de crèmes glacées et de sorbets].

 

 

Une annonce à l'entrée d'un restaurant Chipotle. (AP Photo/Don Ryan)

 

 

Plus de 135 personnes sont tombées malades à cause du norovirus le mois dernier [en juillet 2017] après avoir mangé dans un restaurant de Chipotle en Virginie, ce qui a ravivé des souvenirs pénibles des épidémies impliquant E. coli ou la salmonelle et survenues chez les clients de la chaîne de restauration mexicaine il y a juste deux ans.

 

Les nouvelles révélations semblent offrir de nouvelles preuves que Chipotle souffre toujours de problèmes de sécurité alimentaire, même si la chaîne se vante de servir de « la nourriture avec de l'intégrité » et continue sa croisade ignorante contre les ingrédients GM.

 

Voilà pour les faits. Pourtant, Bloomberg News a servi une théorie de la conspiration en publiant un article sur « la possibilité qu'un sabotage de l'entreprise soit derrière les problèmes de Chipotle ». L'agence de presse a suggéré que des vendeurs à découvert de Wall Street empoisonnaient en quelque sorte les plats de Chipotle. D'autres sources de nouvelles ont emboîté le pas et l'idée fausse s'est propagée sur les réseaux sociaux.

 

Il n'y a absolument aucune preuve à l'appui de ces affirmations, mais cela permet à Chipotle, qui rend ses clients malades, de prétendre qu'elle est une victime.

 

Si les gens veulent déterrer une véritable conspiration, plutôt qu'une simple théorie de la conspiration, ils devraient se pencher sur une attaque récente sur Ben & Jerry's, la marque qui a donné des noms exquis à ses parfums de glace, comme « Cherry Garcia » et « Chunky Monkey ».

 

La semaine dernière, le New York Times a signalé que les crèmes glacées de Ben & Jerry's « ont été testées positives pour le glyphosate », un herbicide largement utilisé.

 

À première vue, c'est une déclaration choquante. Cependant, les lecteurs qui sont allés au-delà du titre sensationnaliste et du paragraphe d'ouverture de l'article ont découvert que la quantité de glyphosate était tellement infime qu'elle devait être mesurée en parties par milliard.

 

Voici une autre manière de voir selon le Times : « Un enfant de 34 kilos devrait consommer 145.000 portions de huit onces [225 grammes] par jour de la glace Brownie Fudge au chocolat de Ben & Jerry's pour atteindre la limite fixée par l'Agence de Protection de l'Environnement, l'agence du gouvernement chargée d'établir un plafond pour la quantité de glyphosate autorisée dans les aliments. »

 

Soyons clairs : si vous mangez beaucoup de crème glacée, votre plus grand problème de santé n'est pas un résidu infinitésimal laissé par le glyphosate, qui est un outil de protection des cultures courant dont l'utilisation normale, souvent associée à des plantes GM, ne pose pas de problème de sécurité alimentaire ou de soucis environnementaux.

 

L'auteur de ce faux scandale est l'Organic Consumers Association. Elle a financé les tests non évalués par les pairs et a donné les résultats au Times, qui a fait comme s'il s'agissait d'une information méritant d'être publiée et a présentét Ben & Jerry's comme étant pris d'une certaine manière en défaut.

 

Malgré son nom qui respire l'innocence, l'OCA est un groupe radical qui méprise l'agriculture traditionnelle, y compris les pratiques de nombreux agriculteurs biologiques qui tentent de répondre à une demande du marché. Son programme consiste en partie à intimider des entreprises telles que Ben & Jerry's pour qu'elles abandonnent tous les aspects de l'agriculture moderne – et elle poursuit ses objectifs en diffusant des demi-vérités à travers les médias.

 

Rob Michalak

 

La réponse de Ben & Jerry's a en fait aggravé les choses. Rob Michalak, directeur mondial de la mission sociale de l'entreprise (quelle que soit la fonction réelle derrière ce titre), s'est essentiellement excusé : « Nous travaillons à la transition hors des [OGM], aussi loin que possible », a-t-il déclaré au Times.

 

Michalak a joué dans la main de l'OCA, suggèrant essentiellement que les OGM sont dangereux – et que les entreprises agroalimentaires devraient s'efforcer d'éviter les produits sur lesquels comptent de nombreux producteurs laitiers conventionnels.

 

Je suis l'un de ces producteurs laitiers conventionnels, et notre ferme est même située dans les collines du Vermont, tout comme le siège de Ben & Jerry's (qui appartient en fait à Unilever, une entreprise transnationale basée à Rotterdam et à Londres).

 

Nous ne cultivons pas d'OGM sur notre ferme, et la plus grande partie de notre production laitière est transformée en fromage et non en glaces. Mais nous comptons sur les cultures GM parce qu'elles fournissent beaucoup de ce que nous donnons à nos vaches. Les fermes biologiques ne peuvent pas produire suffisamment pour satisfaire les besoins des producteurs laitiers du Vermont – ou, incidemment, les desiderata des législateurs – sans parler du reste de la demande alimentaire du pays. [Ma note : le Vermont avait adopté une législation sur l'étiquetage obligatoire des OGM.] Ils sont bien trop inefficaces.

 

 

 

 

Pourtant, au lieu de défendre les agriculteurs ordinaires contre un ennemi commun, Ben & Jerry's a de nouveau choisi de critiquer un outil sûr et judicieux de l'agriculture moderne.

 

Et pour ce qui est des choix éclairés, les consommateurs méritent mieux que des théories sur des conspirations imaginaires et des fausses nouvelles. Ils méritent des faits et de la rationalité.

 

______________

 

* Joanna Lidback exploite avec son mari la Ferme de Wheeler Mountain, une ferme laitière diversifiée située dans le nord-est du Vermont, où ils traient des Jersiaises et des Holsteins inscrites au Herdbook, gèrent un programme de cultures et de pâturages à base d'herbe et gèrent une entreprise de vente directe de viande de Jersiaises. Elle a été distinguée par un Young Jersey Breeder Award (prix du jeune éleveur de Jersiaises) en 2016. Joanna est membre bénévole du conseil d'administration du Réseau Mondial des Agriculteurs (Global Farmer Network) et a témoigné devant le Congrès des États-Unis sur le sujet des avantages sociétaux de la biotechnologie. Titulaire d'un diplôme d'économie et de gestion appliquées de l'Université Cornell et d'un MBA du Babson College, elle est consultante commerciale chez Yankee Farm Credit.

 

Source : http://globalfarmernetwork.org/2017/08/standing-modern-agriculture/

 

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