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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« États Généraux de l'Alimentation : l'exploitation agricole est oubliée ! » : une tribune dans les Échos

4 Août 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #États Généraux de l'Alimentation, #critique de l'information

« États Généraux de l'Alimentation : l'exploitation agricole est oubliée ! » : une tribune dans les Échos

 

Glané sur la toile 163

 

 

L'ouvrage est aux éditions Quae

 

 

M. Jean-Marie Séronie, agroéconomiste indépendant, a publié « États Généraux de l'Alimentation : l'exploitation agricole est oubliée ! » dans les Échos du 24 juillet 2017.

 

C'est une tribune qui couvre un vaste territoire et dont la lecture se recommande vivement.

 

Un point fort dès le départ :

 

« C'est pourtant par l'entreprise que se crée le revenu des agriculteurs. »

 

Un scepticisme qui aurait pu être exprimé avec plus de vigueur :

 

« À cette idée s'ajoute la conviction qu'il est possible, sous quelques conditions, d'augmenter certains prix alimentaires. Avec en arrière-pensée, semble-t-il, l'idée de plus en plus répandue que les consommateurs seraient prêts à payer un peu plus cher, s'ils ont la certitude que les agriculteurs en seront les bénéficiaires. »

 

Oui, il y a des sondages... Mais la réalité n'est pas ce que la bouche des sondés exprime... mais ce que leur main met dans le caddy. La bien-pensance des (relativement pour certains) bien-lotis – et encore plus celle des mal-lotis qui se font discrets sur leur situation – s'arrête quelque temps avant d'engager la carte de crédit dans la fente à la caisse. Et même si des consommateurs se disent prêts à payer un peu plus cher – ce qu'ils peuvent du reste déjà faire maintenant – cela ne répondra sans doute pas au problème agricole dans toute son ampleur. Notons aussi qu'ils ont « la certitude que les agriculteurs en seront les bénéficiaires »... quand ils choisissent un produit d'origine France de préférence à l'importé.

 

Sous « Une priorité affirmée de santé publique », l'auteur est aussi un peu elliptique :

 

« Une seconde phase, à l'automne, sera centrée sur la recherche d'une alimentation saine, durable et accessible à tous, faisant l'hypothèse implicite que ce n'est pas le cas actuellement ! »

 

Le point d'exclamation sera-t-il compris ? Qu'importe ! Cela pourrait être là un grand chantier, mais pas d'élaboration et d'imposition de règles et de normes supplémentaires, péjorant encore plus la situation et la compétitivité de l'agriculture et de l'agroalimentaire français : du déminage des discours actuels fondés sur l'émotion, la peur et l'irrationalité (et, dans le cas de certains acteurs économiques, l'accaparement de parts de marché par le dénigrement de la concurrence). Y parviendra-t-on ? Le dispositif mis en place n'y est guère favorable, mais ce n'est pas une excuse pour ne pas tenter de verser aux débats et aux travaux du bon sens et de la raison.

 

Mais :

 

« Il est à noter que le mot agroécologie, fer de lance de l'action et du véritable virage stratégique engagés par Stéphane Le Foll, est totalement absent du vocabulaire. »

 

C'est en effet remarquable. Ce mot – dont on cherchait la signification exacte dans le discours ministériel sous le quinquennat précédent – passera peut-être au second plan : le lobby de l'agriculture biologique se fera entendre fort et clair, sans utiliser d'euphémismes et autres faux-nez. En fait, c'est déjà en cours, soit ouvertement, soit sous le déguisement du « citoyen ».

 

La conclusion de M. Séronie :

 

« Ces EGA sont une opportunité. Pour qu'ils ne ressemblent pas aux "conférences agricoles annuelles" d'antan, souhaitons simplement deux choses. D'une part, que le solde entre l'augmentation de la valeur perçue par les agriculteurs et des conditions plus coûteuses de production leur soit durablement favorable. Mais aussi que l'exploitation agricole et son évolution ne restent pas dans les coulisses des EGA. Nous avons un besoin urgent de clarifier notre vision et de construire un programme d'actions sur l'adaptation des exploitations agricoles familiales "à la française" à l'économie de marché afin de les rendre saines et durables. »

 

On ne peut qu'approuver. On rappellera aussi que qui dit « exploitation agricole familiale » entend un projet d'activité supporté par un ou plusieurs individus qui, compte tenu de l'importance des capitaux immobilisés et des moyens mis en œuvre, a besoin d'une visibilité au loin.

 

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