Oh ! C'est beau ! De l'eau... bio !
Que ne ferait-on pas pour se faire de la thune ? En Allemagne, on peut acheter de l'eau... bio !
Voici la déclaration d'amour de Christinen pour les gogos hypocondriaques prêts à acheter, quasiment au prix du carburant (de 0,79 à 1,32 € le litre selon une analyse du magazyne Ökotest), du monoxyde de dihydrogène – oh nooon ! Pas un produit chimique ! Un produit plus que naturel... un produit bio :
« Seulement 0,3 pour cent des réserves d'eau du monde est disponible pour la boisson. Donc, nous traitons de façon responsable nos ressources.
L'eau minérale naturelle en qualité bio est d'une qualité rare et unique, car elle est pure et exempte de toute influence néfaste de l'environnement. De nombreuses sources d'eaux minérales classiques ne peuvent pas revendiquer cela pleinement, mais l'eau minérale Christinen en qualité bio provient d'un réservoir naturel situé à plus de 400 m de profondeur et est additionnée de gaz carbonique de source naturel, de haute qualité. Elle répond aux critères de qualité et de pureté de la Qualitätsgemeinschaft Biomineralwasser e.V. [Communauté de Qualité des Eaux Biominérales, une association] pour les eaux bio qui sont encore plus strictes que les limites applicables à l'eau minérale naturelle classique. L'eau minérale Christinen en qualité bio est donc un pur trésor de la nature. »
Une plongée dans les arguments de vente réserve des surprises.
On peut penser que la mention « bio » serait interdite dans l'Union Européenne pour ce qui est une ressource, et pas un produit de l'agriculture. C'est ce qu'explique Nestlé Waters. Mais voici ce que dit la Communauté de Qualité des Eaux Biominérales :
« Un aliment alimentaire peut-il être bio si le logo de l'UE ne lui est pas applicable ?
Pas de confusion entre les deux selon la Cour Suprême Fédérale...
La dénomination "eau minérale bio" est autorisée car elle est plus pure et plus respectueux de l'environnement.
Ce qui, comme l'eau minérale, n'est pas encore inclus dans la législation de l'UE sur le bio,ne peut certes pas porter le logo du bio de l'UE. Mais la Cour Suprême Fédérale a jugé en 2012 que le terme "biologique" reste autorisé pour ces produits, s'ils se distinguent clairement des produits conventionnels du point de vue de l'absence de substances nocives et de la production plus écologique. Que ce soit le cas de l'eau minérale bio, selon les critères de la Communauté de Qualité des Eaux Biominérales, a déjà été confirmé par le tribunal régional supérieur de Nuremberg-Fuerth. »
C'est étonnant, mais vrai... L'arrêt est ici ; un communiqué de presse résume les points essentiels.
On peut donc boire de l'eau... de l'eau minérale... de l'eau minérale naturelle... et même de l'eau minérale naturelle « bio ».
Et même de l'eau minérale naturelle « bio » « additionnée de gaz carbonique de source naturel, de haute qualité ». Sachant que le gaz carbonique qui n'est ni de source, ni naturel (quoique...), ni de haute qualité est... beurkh ! Un gaz à effet de serre.
On n'arrête pas le progrès. Surtout de la bêtise et du charlatanisme.
Oh ! Eau ! Le magazine Ökotest a trouvé à redire à propos de l'eau Christinen : des traces de contamination par des germes, et un embouteillage en PET, pas très écologique (y aurait-il aussi des perturbateurs endocriniens actuellement si perturbants ?).
D'où sort le chiffre de « 0,3 pour cent des réserves d'eau du monde est disponible pour la boisson » ? No lo sé !
97,7 % de l'eau serait salée. Sur les 2,83 % d'eau douce, les trois quarts (76 %) seraient dans les glaciers...
On ne se lassera jamais des petites vidéos sur le canular du monoxyde de dihydrogène.