Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate : le Monde persiste dans les mensonges

4 Juin 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Activisme, #Glyphosate (Roundup), #Monsanto

Glyphosate : le Monde persiste dans les mensonges
 

 

Résultat de recherche d'images pour "postjournalisme" Il serait étonnant que « "Monsanto Papers" : les leçons d’une enquête » soit la fin d'un extraordinaire feu d'artifice. Neuf articles en l'espace de six jours (si nous avons bien compté).

 

Mais c'est un éditorial et, à ce titre, il confirme la ligne militante, nullement journalistique, du quotidien.

 

En chapô :

 

« Editorial. Attaqué par Monsanto, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) devrait, a contrario, servir de modèle à une refonte en profondeur de l’expertise européenne. »

 

Pour ceux qui ont suivi cette saga, cela ne signifie rien moins que : l'expertise européenne est corrompue.

 

Résultat de recherche d'images pour "La vérité est tellement obscure en ces temps" On croit rêver :

 

  • D'un côté le prétendument vertueux CIRC, qui a déclaré le glyphosate « "cancérogène probable" pour l'homme » ;

     

  • De l'autre... tous les autres : FAO et OMS – la maison-mère du CIRC – dans le cadre du JMPR, un organe conjoint ; BfR allemand ; ANSES française ; EFSA et ECHA européennes ; EPA états-unienne ; Santé-Canada ; APVMA australienne ; EPA néo-zélandaise ; FSC japonaise ; OFAG et OSAV, et même Conseil National suisses.

 

On croit rêver encore davantage quand on connaît les circonstances – largement médiatisées, y compris en partie par... le Monde (dans le cas des lettres ouvertes par exemple) – dans lesquelles le CIRC est parvenu à sa conclusion :

 

Résultat de recherche d'images pour "junk science monsanto"

  • la cooptation d'un lobbyiste de l'environnementalisme, M. Christopher Portier, dont le conflit d'intérêts – il est salarié par l'Environmental Defense Fund états-unien , était nécessairement connu des gens du CIRC et n'a été dévoilé que rétrospectivement dans la documentation officielle et qui a manifestement joué un rôle essentiel dans le massage de données statistiques pour leur faire produire des « preuves limitées » de cancérogénicité pour l'homme ;

     

 

  • la participation d'agents du CIRC dans l'activisme anti-glyphosate ;

     

  • l'activisme subséquent de M. Portier, y compris comme représentant de HEAL, un consortium d'organisations européennes (en France, Phytovictimes et l'Association Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse (ARTAC) de ce bon Pr Dominique Belpomme), dans une réunion de concertation organisée par l'ECHA ;

     

  • la participation – par la signature d'une lettre ouverte datée du 27 novembre 2015 – de près de la moitié des membres du groupe de travail du CIRC qui à conclu à la cancérogénicité probable du glyphosate à une tentative, orchestrée par M. Portier, d'inciter la Commission Européenne à rejeter l'avis de l'EFSA ;

 

On peut, certes, alléguer que le CIRC n'est pas responsable des agissements subséquents des experts auxquels elle a fait appel. Au-delà de ses propres lacunes, voire fautes, il est néanmoins inadmissible qu'il n'ait même pas fait l'effort de se dédouaner et de contribuer utilement aux débats par l'explication de sa décision. Et pour cause : difficile de ne pas conclure à la lumière des faits indiscutables que le CIRC est partie prenante dans les manœuvres pour « dégommer » le glyphosate.

 

Alors, on s'ébaubit quand on lit dans l'éditorial, à propos du CIRC :

 

« Son tort ? Avoir accompli le travail qui lui a été confié il y a près de cinquante ans par les Nations unies : identifier les substances cancérogènes et en dresser l’inventaire. »

 

Monsanto défend-il ce qui fut son produit (il est dans le domaine public depuis 2000) et son activité génétique et semencière fondée sur les variétés HT, tolérant le glyphosate ? Ose-t-il évoquer « la "science pourrie" ("junk science") du CIRC » ? L'éditorialiste épouse sans recul et sans critique les thèses militantes et complotistes anti-pesticides, anti-OGM et anti-Monsanto – celles de ses journalistes militants :

 

« [Monsanto] use de tous ses relais pour alimenter une campagne d’une brutalité inouïe, d’une ampleur inédite. Son objectif est d’entacher gravement la crédibilité et la réputation, non seulement de l’organisation internationale de référence en matière de cancer, mais aussi de tous les scientifiques qui, de près ou de loin, collaborent à un travail de recherche indépendant sur les causes de cette maladie. »

 

On croît rêver disions-nous ? Quel intérêt pour Monsanto de – osons l'expression – faire la peau du CIRC ? De se lancer dans une querelle et une vendetta de cour d'école ?

 

La stupéfaction grandit encore quand on voit l'éditorialiste se référer aux « Monsanto Papers ». Visiblement, il n'a pas capté que ces documents – des courriels de Monsanto – ont été remis par décision de justice aux avocats des plaignants qui accusent le glyphosate de Monsanto – notamment sur la base du classement du CIRC – d'être la cause de leur lymphome non-hodgkinien ou de celui de leurs proches décédés ; que ces documents ont immédiatement alimenté l'activisme anti-pesticides, notamment par le biais de l'US Right to Know et... le Monde ; qu'il est parfaitement normal que, dans le cadre de sa défense, Monsanto cherche à démontrer que les travaux du CIRC ont été affectés de vices rédhibitoires.

 

Et la stupéfaction est à son comble (quoique... elle peut encore grandir) quand on constate que l'éditorialiste considère que toutes les actions de Monsanto, réelles ou imaginaires, sont frappées d'indignité, sans accorder la moindre considération pour – nous reprenons ses termes en les détournant – les « campagne[s] d’une brutalité inouïe, d’une ampleur inédite » dont l'« objectif est d’entacher gravement la crédibilité et la réputation » de Monsanto et du glyphosate.

 

Il est certes vrai – et navrant – qu'il couvre les agissements de ses propres militants journalistes...

 

Résultat de recherche d'images pour "junk science monsanto"

 

Un exemple suffit : Christopher Portier...

 

L'éditorialiste nous sert aussi le bobard du vertueux CIRC qui :

 

« ne se fie qu’à des recherches publiées dans la littérature scientifique et s’appuie sur des experts internationalement reconnus, sélectionnés sur leur compétence et leur absence stricte de conflits d’intérêts. »

 

et de ces agences réglementaires qui :

 

« accordent un poids déterminant aux études industrielles confidentielles évaluées par des experts parfois anonymes – études dont l’interprétation et les données demeurent, sauf exception, inaccessibles à la communauté scientifique. »

 

Depuis le temps que les procédures des agences d'évaluation européennes – codifiées au niveau européen ainsi qu'au niveau international dans le cadre notamment de l'OCDE – ont été expliquées, on aurait pu s'attendre à mieux.

 

Mais peut-être que l'éditorialiste n'a lu que les articles de ses militants journalistes et leurs notes...

 

Non, la différence essentielle est dans le fait que le CIRC évalue un danger et les agences d'évaluation un risque, en tenant compte de l'exposition ; et que le CIRC conclut sur la base d'un nombre limité de documents établissant une cancérogénicité, alors que les agences d'évaluation utilisent l'approche du poids de la preuve, tenant compte de l'ensemble des documents et des circonstances pertinentes.

 

Mais l'éditorialiste ne défend-il pas la ligne activiste de son journal censé être d'information (et de qualité) ?

 

L'éditorial débouche évidemment sur une conclusion grandiloquente et péremptoire :

 

« Ainsi, non seulement le Centre international de recherche sur le cancer ne doit pas disparaître, comme le souhaite Monsanto, mais il doit, à l’évidence, servir de modèle à une refonte en profondeur de l’expertise européenne. C’est à ce prix que cesseront les interminables polémiques sanitaires ou environnementales qui minent la confiance dans l’Europe et alimentent une suspicion que différents scandales sanitaires récents n’aident pas à dissiper. »

 

L'auteur serait bien en peine de trouver une preuve du souhait de Monsanto... on me dit que c'est un complot de Monsanto, qu'il n'y a évidemment pas de preuve puisque c'est un complot, et que c'est bien l'absence de preuve qui prouve les sinistres intentions de cette entreprise qui, soit dit en passant, défend plutôt mollement le glyphosate.

 

Quant à la confiance dans l'Europe, nous proposerons une autre conclusion au Monde : qu'il cesse d'alimenter la suspicion et les coups bas.

 

En bref : qu'il redevienne un journal.

 

 

Résultat de recherche d'images pour "La vérité est tellement obscure en ces temps"

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Voir aussi https://geneticliteracyproject.org/2017/06/16/whos-iarc-fire-ignoring-exculpatory-data-glyphosate-reformed-abolished/<br /> Il se fait que je connais un des auteurs de l'article qui m'a dit récemment qu'il avait reçu les pires insultes et injures après la publication, insultes venant pour l'immense majorité de personnes n'ayant aucune espèce de connaissance en la matière, ça va de soi.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour le commentaire.<br /> <br /> C'est un article ancien republié. Dommage que cet article implique deux auteurs – Alan Boobis et Angelo Moretto – qui ont siégé au JMPR (Boobis de surcroît en tant que président). Il n'est pas bon que des arbitres participent aux controverses.<br /> <br /> Quant aux insultes, ça ne m'étonne pas.