Comment des pérégrinations sur Facebook ont fait changer d'opinion une critique des OGM

10 Juin 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Monsanto

Comment des pérégrinations sur Facebook ont fait changer d'opinion une critique des OGM

Julie Mellor-Trupp*

Comment ai-je pu être tant trompée pendant tant d'années ?

J'étais obsédée par la santé et la nutrition depuis l'adolescence. En tant que jeune maman, j'ai fait tout mon possible pour assurer une bonne santé à mes enfants. Les produits biologiques, naturels, les remèdes naturels, les pesticides et les produits de nettoyage – rien que le meilleur. Mes guides étaient la myriade de documents fournis par les gourous de la santé, des célébrités et des instructeurs de yoga.

Puis j'ai découvert Facebook, rejoint des groupes de santé et appris sur les sociétés maléfiques comme Monsanto et ses dangereux pesticides et organismes génétiquement modifiés (OGM).

Ma mission était claire : je devais informer le monde sur ces choses terribles.

J'étais bien impliquée dans cet engagement quand un nouveau membre d'un groupe anti-Monsanto m'a soudainement choisie comme son mentor, me demandant tout ce que je savais.

Il m'a questionnée sans fin, et j'ai répondu. Il m'interrogeait sur mes réponses. Il m'a forcée à chercher toujours plus d'informations.

Cela devenait fatiguant et j'ai commencé à balancer des liens sans même les lire. Je savais juste que c'étaient de bons liens : les titres correspondaient tous à mon point de vue. Il les lut tous – et me questionna sur chaque phrase. J'ai donc dû lire tout ce que j'avais partagé – et j'ai trouvé à ma grande surprise que la moitié des liens que j'avais fournis allaient contre tout ce que je croyais.

J'ai commencé à poser beaucoup de questions sur mes forums favoris, demandant des preuves pour des affirmations que, quelques jours auparavant, j'avais gobées et prises pour des faits.

J'ai vite découvert que toute contestation d'une affirmation sur les sites anti-OGM me faisait traiter de vendue à Monsanto et interdire d'accès au site. Je me suis rendu compte qu'en étouffant toutes les contestations et en baîllonnant la dissidence, les membres du groupe obligeaient les autres à rentrer dans le rang, sans poser de questions ni émettre de doutes. J'ai été choquée de voir que mes mois en tant que « bon membre » ne signifiaient rien pour les gens qui s'étaient retournés contre moi, simplement parce que j'avais osé demander des preuves pour leurs affirmations.

Heureusement, j'ai trouvé des forums de Facebook où on ne m'insultait pas chaque fois que je posais une question au sujet de l'alimentation et des OGM. J'ai même rejoint des sites qui n'étaient pas anti-OGM, voulant savoir comment ils pouvaient croire à cette terrible technologie non naturelle.

J'ai appris à respecter les opinions des personnes éduquées sur les sujets qui me préoccupaient – par exemple d'agriculteurs, de biotechnologistes et, oui, même de ceux qui travaillent pour Monsanto. J'ai compris qu'une célébrité du show bizz ne s'y connaît pas plus en science que moi – et qu'elle ne devrait pas avoir autant d'influence sur l'opinion publique qu'un professionnel formé à l'université.

J'ai même trouvé des agriculteurs bios qui soutiennent les OGM pour un avenir durable.

Je me suis rendu compte que les biotechnologistes et les agriculteurs ne sont pas méchants, corrompus ou malavisés. Ils embrassent leurs enfants avant de partir au travail et s'efforcent de construire un monde meilleur comme nous autres.

Je me suis rendu compte que l'on fait du tort en manquant d'esprit critique. Que ceux qui parlent sans pouvoir se prévaloir de connaissances ou d'éducation peuvent nuire à ma famille – en m'incitant à ne pas vacciner les enfants, à contrôler ce qui est enseigné dans les écoles et à pousser les gouvernements à prendre de mauvaises décisions.

À titre de compensation, je tiens maintenant plusieurs sites Facebook fondés sur les faits. J'essaie d'aider d'autres personnes qui sont désorientées ou inquiètes à propos des pratiques agricoles, ainsi que de sujets controversés comme les vaccins, les pesticides, les produits chimiques et la mauvaise image que l'on donne de la recherche scientifique.

Je suis tout aussi engagée dans la bonne santé que lorsque j'étais adolescente et jeune maman, mais j'ai beaucoup appris sur ce qui constitue vraiment la vérité et ce qui constitue une propagande déformée à l'appui d'autres agendas.

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* Une première version de cet article a été publiée dans le Waterloo Region Record sous le titre : « How Facebook led me to the truth about GMOs » et a été reproduit par le Genetic Literacy Project avec la permission de l'auteur.

Résultat de recherche d'images pour "julie Mellor-Trupp" Julie Mellor-Trupp écrit sur la science et l'agriculture ; elle vit avec son mari et ses deux enfants près de Toronto, au Canada. Suivez-la sur Twitter @ JulieM_273.