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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le Bangladesh, un pays démuni est devenu un innovateur mondial en matière d'OGM fortifiés sur le plan nutritionnel et résistants aux ravageurs

4 Mai 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Activisme

Le Bangladesh, un pays démuni est devenu un innovateur mondial en matière d'OGM fortifiés sur le plan nutritionnel et résistants aux ravageurs

Steven Cerier*

 

 

« La technologie agricole est essentielle pour rendre le pays autosuffisant dans la production alimentaire », a déclaré la ministre de l'Agriculture du Bangladesh, Matia Chowdhurry.

 

Le pays a commencé à adopter des semences hybrides au milieu des années 1990 ; en 2013, il est devenu la première nation à commercialiser du brinjal (aubergine) Bt résistant à des insectes. À l'heure actuelle, environ 6.000 agriculteurs en cultivent quatre variétés. Son adoption a entraîné une réduction de 80 % à 90 % de l'utilisation d'insecticides par les agriculteurs qui le plantent.

 

L'innovation est cruciale, disent les experts agricoles, pour nourrir une population croissante qui devrait passer de 164,8 millions à 265,4 millions d'ici 2050.

 

Le succès du brinjal Bt, qui a été développé dans le cadre d'un partenariat entre le Département de l'Alliance pour la Science de l'Université de Cornell et l'Institut de Recherche Agricole du Bangladesh (BARI), a incité le gouvernement à autoriser des essais sur le terrain d'une pomme de terre GM résistant à une maladie, du cotonnier Bt et du Riz Doré.

 

Des recherches sont aussi activement menées sur d'autres cultures GM. Le BARI travaille sur une tomate GM résistante au virus des feuilles jaunes en cuillère de la tomate. Le Département de biochimie et de biologie moléculaire de l'Université de Dhaka procède à un essai confiné en serre dans une station du BARI pour développer un riz tolérant au sel, et le Département de botanique de l'Université de Dhaka effectue des recherches sur les arachides, les lentilles et les pois chiches résistant à des champignons, tous GM, ainsi que sur un haricot mungo résistant au virus de la mosaïque jaune.

 

 

La pomme de terre GM, une culture clé

Les essais sur le terrain d'une pomme de terre GM résistante au mildiou, développée par le BARI, ont été couronnés de succès, au point que l'institut a demandé au gouvernement d'autoriser la commercialisation encore en 2017. Le mildiou avait décimé les cultures de pommes de terre en Irlande au 19e siècle, entraînant plus d'un million de morts dus à la famine.

 

La pomme de terre revêt une importance particulière car le Bangladesh en est le septième producteur mondial, avec environ 9 millions de tonnes par an. Chaque année, les agriculteurs épandent quelque 500 tonnes de fongicides pour protéger la culture. La maladie affecte plus de 3 millions d'hectares de pommes de terre à l'échelle mondiale et entraîne des pertes de 2,75 milliards de dollars par an. L'introduction de la pomme de terre RB devrait réduire la nécessité de traiter, réduisant l'un des coûts les plus importants pour les petits agriculteurs.

 

La culture du cotonnier Bt pourrait avoir un impact significatif sur l'économie, car le coton est le poste d'importation le plus important. Il est utilisé dans l'industrie du vêtement qui fournit la majeure partie des exportations du pays. Le Bangladesh est le deuxième exportateur d'habillement et de vêtements après la Chine.

 

En 2015, lorsque les essais du cotonnier Bt ont débuté, le directeur exécutif du Cotton Development Board (CDB), Farid Uddin, avait prédit que le cotonnier GM serait entre les mains des agriculteurs dans un délai de trois ans. « Le cotonnier Bt peut augmenter les rendements jusqu'à 20 pour cent et améliorer la qualité de la fibre », avait-il déclaré.

 

Le CDB espère produire un million de balles de coton d'ici 2020, en grande partie grâce à l'introduction du cotonnier Bt. À l'heure actuelle, le Bangladesh ne produit que 150.000 balles et en importe plus de 5 millions.

 

La commercialisation du riz enrichi de vitamine A, qui a fait l'objet d'essais sur le terrain depuis 2013, pourrait avoir un impact énorme en freinant les effets préjudiciables sur la santé de la carence en vitamine A. Selon un article du Daily Star :

 

« La consommation de seulement 150 grammes de Riz Doré par jour devrait fournir la moitié de l'apport quotidien recommandé de vitamine A chez un adulte. Les habitants du Bangladesh dépendent du riz pour 70 pour cent de leurs apports quotidiens en calories. Selon la base de données mondiale de l'Organisation Mondiale de la Santé sur la carence en vitamine A (VAD), un enfant d'âge préscolaire sur cinq est carencé en vitamine A au Bangladesh. Chez les femmes enceintes, 23,7 % souffrent de carence. L'Institut International de Recherche sur le Riz affirme que la VAD est la principale cause de cécité évitable chez les enfants et que, dans le monde, quelque 6,7 millions d'enfants meurent chaque année et 3,5 millions deviennent aveugles du fait de la carence en vitamine A. »

 

Les résultats des premiers essais pour le Riz Doré se sont révélés très prometteurs. Les essais se poursuivent et, s'ils sont positifs, le Riz Doré pourrait être approuvé pour la commercialisation en 2018, le Bangladesh devenant ainsi le premier pays à le cultiver. Des essais sur le terrain sont également en cours aux Philippines.

 

 

Les manœuvres des anti-OGM

L'introduction et les essais sur le terrain des cultures génétiquement modifiées ne se sont pas faits sans controverses. Beaucoup d'ONG ont essayé de bloquer la culture et ont répandu des mensonges sur les dangers supposés pour la santé humaine et l'environnement. GM Watch, the Ecologist et le Center for Research on Globalization ont tous critiqué un documentaire de la BBC, Panorama, qui a souligné le succès du brinjal Bt. Après une enquête menée en réponse aux critiques, la BBC a déclaré qu'elles étaient sans fondement.

 

Greenpeace prétend que le brinjal Bt est potentiellement dangereux pour l'environnement et pour la santé humaine. Un article sur le site du Third World Network suggère que le brinjal Bt constitue « un énorme danger pour la santé humaine ». Beyond GM a affirmé que le brinjal Bt a été un échec au Bangladesh. Aucune de ces allégations n'est toutefois étayée par des preuves scientifiques.

 

La sécurité des cultures GM a été affirmée par un large éventail d'organisations scientifiques, y compris l'Académie Nationale des Sciences des États-Unis, la Société Royale de Médecine britannique, le Conseil Consultatif des Académies des Sciences Européennes, Santé Canada et l'Union des Académies Allemandes de la Science et des Humanités. Une lettre signée par plus de 2.000 scientifiques a été publiée dans la revue Science en 2016** pour mettre en garde contre les craintes créées par « une opinion minoritaire contre les produits GM, face à une quantité écrasante de preuves scientifiques crédibles de leur sécurité ».

 

Avec le succès du brinjal Bt et des essais sur le terrain du Riz Doré, du cotonnier Bt et d'une pomme de terre GM résistante à une maladie, le Bangladesh est sur le point de devenir un grand producteur de cultures génétiquement modifiées résistantes aux maladies et aux parasites et fortifiées sur le plan de la nutrition.

 

______________

 

* Steven E. Cerier est un économiste international et un contributeur fréquent à Genetic Literacy Project.

 

** La lettre signée par des scientifiques et des non-scientifiques est ici :

 

http://cas.nonprofitsoapbox.com/aspbsupportstatement

 

Une autre lettre est parue dans Science en 2016 :

 

https://www.researchgate.net/profile/Luis_Herrera-Estrella/publication/295082539_Plant_scientists_GM_technology_is_safe/links/56ccebc508ae85c8233bc41c.pdf

 

 

Source : https://www.geneticliteracyproject.org/2017/05/03/desperately-poor-bangladesh-emerged-world-innovator-pest-resistant-nutritionally-fortified-gm-crops/

 

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J
Avec les promoteurs des OGM comme avec ceux de l'agriculture dite "chimique" , tout va toujours mieux . Il faut arrêter de refuser les critiques et regarder la réalité en face au lieu de foncer et faire croire aux miracles . Ce type d'agriculture n'est pas durable , elle pollue , intoxique , gaspille les ressources naturelles , participe gravement au réchauffement climatique . A chaque nouveau problème , on nous propose toujours des solutions au lieu de chercher à comprendre pourquoi il y a des problèmes . Ce qui aveugle , c'est que tout cela génère des richesses pour certains et ces personnes ou ces entreprises veulent que cela continue . Dans les pays du sud , les OGM sont confrontés à de réels échecs . La culture du coton Bt en Afrique a fait perdre de l'argent à leur agriculteurs . Le riz doré est un miroir aux alouettes qui ne correspond pas aux contraintes agronomiques multiples des pays ou l'on pratique cette culture . Avec ce délire technologique , il se trouvera un jour des chercheurs pour travailler sur un riz qui contiendra toutes les vitamines que l'on trouve habituellement dans divers aliments . Les pauvres pourront alors ne nourrir pour pas cher . S'ils peuvent se payer la semence bien sûr...
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Que puis-je répondre ?<br /> <br /> Juste un exemple : « Dans les pays du sud , les OGM sont confrontés à de réels échecs » ? C'est pour cela que les agriculteurs en achètent, les cultivent et en redemandent. C'est pour cela qu'il y a eu un énorme trafic de contrebande de semences de soja GM (les « semences Maradona ») dans le passé entre l'Argentine et le Brésil. C'est pour cela qu'il y a un trafic de contrebande de semences de cotonnier GM entre l'Inde et le Pakistan.<br /> <br /> Le cas du Burkina Faso est particulier.<br /> <br /> Vous écrivez aussi :<br /> <br /> «  Avec ce délire technologique , il se trouvera un jour des chercheurs pour travailler sur un riz qui contiendra toutes les vitamines que l'on trouve habituellement dans divers aliments . Les pauvres pourront alors ne nourrir pour pas cher . S'ils peuvent se payer la semence bien sûr... »<br /> <br /> Bien sûr qu'ils pourront se payer la semence si cela se faisait. Car ce sera un projet humanitaire, tout comme le Riz Doré, mis à la disposition des agriculteurs libre de droits. Moi, je ne trouve pas choquant l'idée que des pauvres pourront se nourrir pour pas cher.