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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La technologie est l'avenir alimentaire de l'Afrique

26 Mai 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique, #OGM

La technologie est l'avenir alimentaire de l'Afrique

 

Ruramiso Mashumba*

 

 

 

L'agriculteur africain moyen est un homme de 60 ans qui est devenu agriculteur parce que ses parents l'ont été.

 

Je suis une femme qui, dans la vingtaine, a choisi de devenir agricultrice. Personne ne m'y a obligée. Aujourd'hui, en tant que femme au début de la trentaine, je ne ressemble certainement pas à la plupart des autres agriculteurs qui sont les gardiens de la terre au Zimbabwe.

 

Pour moi, servir d'ambassadrice pour le changement et l'autonomisation des femmes est un défi passionnant. C'est aussi une cause urgente, surtout si les agriculteurs peuvent avoir accès aux technologies avancées dont nous aurons besoin si nous voulons vivre, et encore plus nourrir les gens d'Afrique et au-delà.

 

Très tôt, j'ai toujours voulu faire une grande différence. Mais je ne savais pas vraiment comment. J'ai reconnu l'importance de l'alimentation : en Afrique, avec ses graves problèmes de malnutrition, ce n'était pas difficile à voir. J'ai également aimé étudier l'agriculture à l'école, même si, au début, j'avais pensé que je m'orienterais vers un autre domaine.

 

Ensuite, j'ai eu la chance d'aller au collège au Royaume-Uni, où j'ai étudié la comptabilité, la finance – et la gestion des entreprises agricoles.

 

 

Ruramiso Mashumba (Zimbabwe) s'exprime au cours de la table ronde de 2016 de Global Farmer. L'événement a été organisé par le Réseau Mondial des Agriculteurs (Global Farmer Network) et a eu lieu à Des Moines, dans l'Iowa, pendant la semaine du 10 octobre, conjointement avec le World Food Prize Symposium.

 

 

 

À mon retour au Zimbabwe, en 2012, je me suis lancée dans l'agriculture. Tout d'abord, j'ai cultivé des légumes pour le marché local. L'année suivante, j'ai obtenu le droit de produire des pois gourmands pour l'exportation vers l'Europe. À mesure que mon réseau professionnel s'est étoffé, je me suis lancée dans différentes cultures – maïs, gommier et riz brun entier – ainsi que dans l'élevage. En 2016, j'ai lancé une marque de grains santé, Mnandi.

 

Ma ferme a fait un grand pas en avant il y a deux ans lorsque nous avons acquis un tracteur. Les agriculteurs d'Europe et des États-Unis travaillent avec des tracteurs depuis des générations, mais ils demeurent une nouveauté dans de nombreuses régions d'Afrique, où l'agriculture est principalement un travail manuel, l'objectif de la production étant une simple subsistance.

 

Pour nous, le tracteur a représenté un saut technologique. Nous sommes devenus plus productifs, en mesure de prendre soin de plus de cultures en moins de temps.

 

Si cet exemple simple illustre à quel point l'Afrique doit progresser avant de rattraper les agriculteurs dans les pays pleinement développés, il démontre également ce qu'on peut atteindre simplement en ayant accès aux outils agricoles dont les agriculteurs d'autres pays pensent qu'ils ne peuvent pas s'en passer.

 

L'enjeu est grand. Les agriculteurs africains peinent à nourrir notre continent en période d'abondance – et, en 2016, le Zimbabwe a subi une grave sécheresse. Comme tous les agriculteurs le savent, le risque est constant et nous devons toujours être prêts pour le pire.

 

Dans ma ferme, nous nous sommes tournés vers des cultures résistantes à la sécheresse, comme le sorgho et le mil. Avec les technologies avancées nous pourrions cependant faire beaucoup plus : l'accès aux semences d'OGM, que les agriculteurs de tant d'endroits prennent pour acquis, nous permettrait de produire davantage, même en période de stress lié à la sécheresse.

 

Pourtant, les politiques gouvernementales nous retiennent. Trop de gens, y compris les décideurs, craignent les OGM. Ils n'en comprennent pas les avantages, ni la science qui prouve qu'ils sont sûrs. Nous pourrions tous bénéficier de plus d'informations sur la façon dont les OGM peuvent contribuer à réduire la faim et sortir les familles de la pauvreté. Le gouvernement pourrait soutenir ces efforts en permettant le débat afin que les agriculteurs puissent choisir les meilleurs outils pour eux.

 

Cependant, la technologie, ce n'est pas simplement aider les agriculteurs. Elle peut aider les gens ordinaires à mener une vie meilleure.

 

 

 

 

Trop d'Africains souffrent de malnutrition en raison de régimes déséquilibrés riches en glucides, avec peut-être quelques légumes-feuilles. Le triste résultat en est une série de carences en vitamine A, acide folique, zinc et autres nutriments. Ces dernières années, ces problèmes ont empiré.

 

L'éducation fait partie de la solution. Les gens doivent apprendre à manger plus sainement.

 

La technologie peut également aider, notamment par la science de la biofortification. Nous pourrions nous assurer que nos cultures de base comprennent les éléments nutritifs essentiels. L'amélioration des plantes conventionnelle ne peut nous y mener. Pour résoudre le problème de manière exhaustive, nous devons produire les meilleures graines au monde et les semer dans des fermes comme la mienne.

 

La révolution de l'Afrique en matière de technologie agricole peut commencer par des tracteurs, mais elle doit aussi englober la génétique. Nous savons déjà faire beaucoup de choses, et nous en apprenons plus tous les jours.

 

Au Zimbabwe, cependant, nous n'avons plus accès à presque rien. Il en va de même pour une grande partie du reste de l'Afrique.

 

La technologie est notre avenir – ou, du moins, elle devrait être notre avenir si nous avons la sagesse de la choisir. C'est un bon moyen de commencer à faire une grande différence.

 

_____________

 

Ruramiso Mashumba * Ruramiso Mashumba produit des pois gourmands, du maïs, du riz brun entier, du sorgho, du mil et des gommiers dans l'est du Zimbabwe. Elle est la présidente nationale des jeunes du Syndicat des Agriculteurs du Zimbabwe et est membre du Réseau Mondial des Agriculteurs (Global Farmer Network).

 

Source : http://globalfarmernetwork.org/2017/02/technology-africas-food-secure-future/

 

 

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