Le maïs GM qui résiste à l'aflatoxine cancérigène montre comment la biotechnologie sauve des vies
Steve Savage*
Avez-vous entendu parler de l'aflatoxine ? C'est un facteur de risque de cancer majeur dans les pays en développement. L'aflatoxine est une substance chimique naturelle produite par un champignon. Elle est très toxique et c'est un agent cancérogène très puissant dans les études sur les animaux. Nous qui vivons dans le monde développé avons de la chance car un certain nombre de mesures de précaution éloignent l'aflatoxine de nos denrées alimentaires et des aliments pour animaux. Malheureusement, dans le monde en développement, les gens ne sont pas aussi bien protégés. Dans ces régions, les aliments contaminés par l'aflatoxine sont responsables de nombreux empoisonnements et de taux élevés de cancer. Des chercheurs de l'Arizona ont récemment publié un article sur une avancée de la biotechnologie qui pourrait améliorer considérablement cette situation.
Les aflatoxines sont des substances chimiques produites par des champignons qui infectent les cultures vivrières (Aspergillus flavus, Aspergillus parasiticus). Les plus grands risques pour le monde en développement concernent le maïs et l'arachide (les cacahuètes), des cultures de base, de subsistance dans certaines régions d'Afrique et d'Asie. Lorsque les cultures sont attaquées par des insectes ou qu'elles subissent un stress dû à la sécheresse, elles sont plus sensibles à l'infection par ces champignons. Les infections peuvent continuer à se développer après la récolte, en particulier quand les conditions de stockage ne sont pas idéales.
Dans un article publié dans le prestigieux journal Science Advances, cinq chercheurs d'institutions publiques de l'Arizona ont décrit comment ils ont génétiquement modifié le maïs pour empêcher sa contamination par l'aflatoxine. J'ai parlé avec Monica Schmidt de l'Université de l'Arizona au sujet de cet article. L'équipe de Schmidt a modifié le maïs pour qu'il produise trois petites molécules d'ARN conçues pour se lier spécifiquement à des parties d'un ARN particulier produit par le champignon. Ces petits ARN fabriqués dans les cellules du grain peuvent migrer du maïs au champignon envahisseur. Arrivés à destination, ils déclenchent un mécanisme dans les cellules du champignon qui bloque la production d'une enzyme clé dont Aspergillus a besoin pour produire des aflatoxines. Parce que cette approche implique trois fragments distincts d'ARN ciblant, il est extrêmement improbable que le champignon puisse muter de manière à contourner ce blocage. Les plantes de maïs modifiées de cette façon sont efficacement protégées contre la contamination par l'aflatoxine. Ce type de maïs pourrait fournir aux consommateurs du monde en développement un approvisionnement alimentaire beaucoup plus sûr.
Ce travail a été financé par la Fondation Gates, qui soutient également des travaux visant à développer des maïs résistant aux dommages causés par des insectes et la sécheresse. En combinaison avec la protection contre l'aflatoxine, cela constitue une solution intégrée idéale pour cette culture critique. C'est aussi une preuve de concept pour une approche similaire sur l'arachide. L'intention est de mettre cette technologie à disposition gratuitement en vue de son introduction dans les variétés locales les mieux adaptées aux régions concernées.
Qu'en est-il du monde développé ? Il serait vraiment judicieux d'ajouter cette technologie à la boîte à outils diversifiée que nous utilisons déjà pour prévenir la présence d'aflatoxine dans notre maïs et nos arachides. Il y a d'autres plantes cultivées qui pourraient bénéficier d'une stratégie de protection similaire contre l'aflatoxine – notamment les arbres producteurs de fruits secs comme les amandes, les pistaches, les noix et les noix de pécan. L'aflatoxine peut également être un problème dans la graine de cotonnier qui est utilisée pour l'alimentation animale. La même stratégie de biotechnologie pourrait bien fonctionner avec d'autres toxines fongiques qui peuvent poser problème dans d'autres espèces.
Les consommateurs peuvent tirer de grands avantages pour la santé du développement de cette technologie. C'est certainement une approche à poursuivre et à encourager.
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* Une version de cet article a paru sur Forbes sous le titre « New Biotech Crops Could Dramatically Reduce Cancer Risk In Developing Countries » (de nouvelles plantes GM pourraient réduire considérablement le risque de cancer dans les pays en développement) et a été republiée sur Genetic Literacy Project avec la permission de l'auteur et de l'éditeur original.
Steve Savage est un scientifique agricole (phytopathologie) qui a travaillé pour la Colorado State University, DuPont (développement de fongicides), Mycogen (développement de solutions de biocontrôle), et a exercé ces 13 dernières années l'activité de consultant indépendant. Son site est Applied Mythology. Vous pouvez le suivre sur Twitter @grapedoc.