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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La rééducation a pour le moment échoué

27 Avril 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Schillipaeppa

La rééducation a pour le moment échoué

 

Schillipaeppa*

 

 

Umerziehung vorerst gescheitert Voici un article de notre amie en rationalisme Schillipaeppa sur une grosse enquête sur la « conscience de la nature » effectuée pour le compte du ministère fédéral allemand de l'environnement.

 

La jeunesse apparaît comme plus consciente des vraies réalités, plus ouverte et plus rationnelle que les personnes plus âgées. Faut-il s'en réjouir, ou faut-il au contraire constater que la tâche d'information et de vulgarisation reste immense.

 

Que penser, par exemple du fait que les deux tiers des moins de 29 ans allemands estiment que l'Homme n'a pas le droit de modifier les plantes et les animaux de manière ciblée par génie génétique ? Ou que 29 % estiment que l'emploi des engrais chimiques nuit fortement à la nature et la biodiversité ?

 

Une chose est sûre : il faut mettre un bon coup de collier.

 

 

La technologie génétique verte est rejetée par le peuple, est-il souvent affirmé dans les débats politiques. Mais si vous analysez attentivement l'opinion publique, vous constaterez qu'elle n'est pas claire, ni uniforme.

 

La dernière étude sur la conscience de la nature de 2015, par exemple, révèle une tendance intéressante : les jeunes (18 à 29 ans) sont moins sceptiques à propos du génie génétique que les personnes plus âgées. Ainsi, ils ne seraient que 36 % parmi les répondants de la tranche d'âge jusqu'à 29 ans à approuver une interdiction de l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture. Ils sont même 41 à penser que le génie génétique peut apporter une contribuer à la lutte contre la faim dans le monde.

 

Zustimmung zum Verbot

Réponse « très important » à la question : « L'utilisation d'organismes génétiquement modifiés est interdite dans l'agriculture ».

Les colonnes : ensemble ; sexe ; âge ; formation ; revenus. En vert clair : réponse fortement sur-représentée ; en vert foncé : réponse fortement sous-représentée.

 

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Pourcentages d'approbation aux questions suivantes :

Je refuse que nos animaux d'élevage soient nourris avec des aliments génétiquement modifié.

J'estime que l'Homme n'a pas le droit de modifier les plantes et les animaux de manière ciblée par génie génétique.

Je suis d'avis que le génie génétique en agriculture est un outil important pour la lutte contre la faim dans le monde.

Si le génie génétique en agriculture permet de faire baisser les prix, je trouve cela bien.

Je n'ai pas de problème à consommer des aliments génétiquement modifiés.

 

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Réponses « nuit fortement » à la nature et à la biodiversité pour :
Pesticides chimiques
Culture d'OGM
Engrais de synthèse
Culture répétée de la même espèce sur la même surface
Culture d'une seule espèce sur de grandes surfaces
Conversion de prairies en surfaces labourées
Fertilisation avec du fumier et du lisier

 

 

Le Pr Dr Andreas Graner, directeur général de l'Institut Leibniz de Génétique Végétale et de Phytotechnie (IPK) à Gatersleben, est satisfait de ce résultat :

 

« L'étude sur la conscience de la nature montre un changement significatif dans l'appréciation de la biotechnologie verte et blanche. Si les jeunes se montrent aujourd'hui moins négatifs qu'en 2009 à l'égard du génie génétique dans l'agriculture, cela pourrait être une indication d'une expertise accrue de cette population. J'interprète cette évolution comme une tendance des jeunes à examiner de plus près les messages de peur émanant des médias quant à leur vérité et comme l'indication qu'ils sont en mesure de faire la différence entre les positions idéologiques et les faits scientifiques. »

 

Les auteurs de l'étude voient les choses différemment. Dans le chapitre « Recommandations », on trouve ceci (pp. 9-10):

 

« La politique et les associations ont pour tâche de faire avancer le discours social sur le génie génétique et d'apporter une information objective. Il serait souhaitable, non seulement de mettre en avant des faits scientifiques, mais aussi de rendre transparents les aspects sociologiques et économiques. Surtout pour la jeune génération qui se montre moins sceptique sur une utilisation du génie génétique et la consommation d'aliments génétiquement modifiés, il est important de connaître les avantages et les inconvénients tant écologiques que sociaux du génie génétique, et aussi de savoir qui bénéficie de cette technologie et qui en porte le fardeau. »

 

Les faits scientifiques ne suffisant apparemment pas pour rendre les jeunes sceptiques quant au génie génétique vert, les leaders d'opinion devraient-ils se tourner dans leur argumentation principalement vers les questions environnementales et sociales ?

 

À cela il faut répondre ceci : les avantages et les inconvénients écologiques d'une technologie sont aussi, à mon sens, des faits scientifiques. Et même de ce point de vue, il y a beaucoup à dire en faveur du génie génétique vert. Le génie génétique vert peut marquer des points même sur la question de savoir qui bénéficie de la technologie. En effet, la situation n'est pas du tout celle que véhiculent les médias, à savoir que seules les grandes sociétés profitent de la mise en œuvre du génie génétique vert. Malheureusement, les gens savent encore beaucoup trop peu que l'utilisation des plantes génétiquement améliorées permet précisément à de petits agriculteurs d'améliorer leurs revenus. C'est en fait d'autant plus triste que nous avons Matin Qaim à l'Université de Goettingen, dans notre propre pays, un chercheur qui est très au courant de ce problème.

 

Mais cela devient vraiment excitant quand on lit dans l'avant-propos de l'étude (p. 4) la conclusion de la ministre de l'environnement fédérale Barbara Hendricks sur le génie génétique :

 

« 79 pour cent se prononcent contre l'utilisation des aliments pour animaux génétiquement modifiés, et 76 pour cent estiment qu'il est important que l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture soit fondamentalement interdite. L'expansion de la consommation de produits locaux tout comme de l'agriculture biologique est en revanche fortement encouragée. Ces chiffres parlent pour une attitude claire de la société et constituent une bonne base pour interdire toute utilisation du génie génétique dans la production alimentaire. »

 

 

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Réponses à « L'utilisation d'organismes génétiquement modifiés est interdite dans l'agriculture ». De haut en bas : très important ; plutôt important ; plutôt pas important ; pas du tout important ; ne sait pas.

 

Mme Hendricks a arbitrairement regroupé « très important » et « plutôt important » en « important », ce qui dénature grossièrement la question initiale. D'autre part, « interdire toute utilisation du génie génétique dans la production alimentaire » n'est pas aussi facile à mettre en œuvre qu'elle ne le pense. Parce que le génie génétique est devenu un fait de la vie courante dans la production alimentaire. On estime que 60 à 80 pour cent de tous les produits alimentaires entrent en contact avec le génie génétique au cours de leur processus de production. Les additifs, vitamines, arômes et enzymes dans nos aliments sont souvent produits avec des organismes génétiquement modifiés. Sans cette technologie, les rayons des supermarchés seraient bien vides.

 

_________________

 

* L'auteure a fait des études de philosophie, est éditrice et a atterri il y a déjà plus de dix ans à la campagne. Sur son blog, elle (d)écrit – miracle ! La traduction peut être fidèle – ce qui la préoccupe, lorsqu'elle n'est pas en train de curer l'écurie des poneys, de chercher des gants de gardien de but, de s'occuper de quantités de denrées alimentaires ou de linge, ou encore de tenter d'arracher les mauvaises herbes plus vite qu'elles ne poussent.

 

Source : https://schillipaeppa.net/2017/04/24/umerziehung-vorerst-gescheitert/

 

 

Post scriptum

 

On lira avec intérêt « Il faut réguler le marché de l'information sur Internet », une interview de M. Gérald Bronner dans Pour la Science, ainsi que l'analyse sur Forumphyto, « Réagir aux idées fausses sur Internet : "un travail de Sisyphe", mais absolument nécessaire (Gérald Bronner) »

 

 

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