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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Et revoici Rivasi (bis) : les tampons, elle s'en tamponne, ce qui compte, c'est « haro sur la Commission » !

30 Avril 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Santé publique, #Politique, #Union européenne

Et revoici Rivasi (bis) : les tampons, elle s'en tamponne, ce qui compte, c'est « haro sur la Commission » !

 

 

Résultat de recherche d'images pour "tampons rivasi"En démagogie tout est bon à exploiter...

 

Nous avons vu avant-hier la lamentable saga des projections-débats de Vaxxed..., la tentative d'instrumentalisation du Parlement Européen à Bruxelles en soutien des anti-vaccins ; l'information erronée ou mensongère – à choix –, sur l'événement de Paris ; et l'interpellation des candidats à la présidentielle sur un projet prétendument de santé publique, en fait furieusement anticapitaliste et anti-vaccins.

 

Aujourd'hui, nous voyons qu'à la suite d'un « documentaire » sur les tampons hygiéniques diffusé sur France 5 le mardi 25 avril 2017, elle accuse dans le Monde la Commission Européenne d'être « complice des industriels ».

 

Nous nous interrogeons sur le sens politique d'une telle démarche en pleine campagne électorale qui décidera de notre avenir dans ou en dehors de l'Europe et, plus généralement, sur la rationalité des propos tenus et positions prises.

 

 

Résultat de recherche d'images pour "rivasi vaccins"

 

 

Et revoici Rivasi

 

Le Monde a fait comme nombre de médias : exploiter le créneau médiatique ouvert par le « documentaire » de France 5, « Tampon – notre ennemi intime » (ici sur Youtube), diffusé le mardi 25 avril 2017. Il a produit un article plutôt équilibré et informatif, « Les tampons hygiéniques sont-ils dangereux pour la santé ? ». Et il a donné carte blanche à Mme Rivasi. Cela a donné un autre article : « Etiquetage sur les tampons : "La Commission européenne est complice des industriels" ».

 

Pour Mme Rivasi, la Commission fait preuve de laxisme ; l'ECHA ne fait pas son travail ; pire :

 

« ...la Commission se contente d’un code de bonne conduite élaboré par les fabricants eux-mêmes ! Complice des industriels, et dans la logique de [son président Jean-Claude] Juncker, selon laquelle il faut arrêter de réglementer, elle ferme les yeux sur l’impact sur la santé des consommateurs. »

 

Si vous avez un goût pour l'analyse politique – ou peut-être la psychanalyse – vous pouvez vous interroger sur un positionnement qui considère qu'un code de bonne conduite, ici élaboré par les fabricants, n'est pas suffisant et que l'autorité politique et administrative doit tout diriger à la schlague.

 

Mais il y a peut-être plus important. Vous avez bien lu : la Commission est accusée de négliger – voire sacrifier – la santé des consommateurs.

 

La Commission fait aussi preuve d'un « manque total de respect » quand elle lui répond (à Mme Rivasi) que la Commission :

 

« a pris note de la communication des autorités françaises du 4 mars 2016 indiquant que des études récentes n’ont révélé aucun risque pour les utilisatrices et confirme qu’elle n’envisage actuellement pas de mesures réglementaires au sujet des tampons ».

 

Notons à ce stade un commentaire sous l'article du Monde :

 

« Haro sur la commission avec des accusations salissantes et non documentées : Business as usual chez cette députée européenne : et pourquoi n'a-t-elle pas actionné le Parlement européen qui a les moyens et le pouvoir d'agir? Est-elle seule à Strasbourg? Bien sûr,c'est plus facile de trouver le bouc émissaire habituel :"la commission européenne". Tiens et au passage,il y a un Parlement français et Mme Touraine ministre de la santé: Alors ils ne sont pas concernés par cette question? »

 

On notera incidemment qu'une question a été posée au Sénat, et on ne sache pas que M. Jean-Noël Guerini est venu pleurnicher qu'on lui a manqué de respect...

 

Libération n'a pas été en reste avec « Tampons, des règles opaques ». Avec toujours ces accusations débiles et stériles de Mme Rivasi. Ainsi, à l'ECHA, « le manque de transparence est total ». Ou encore : « la Commission préfère laisser l’encadrement du secteur entre les mains des industriels eux-mêmes », comme si elle ne savait pas que la Commission n'est pas toute-puissante et qu'elle peut être saisie par le Conseil (les États membres) ou le Parlement (donc elle...).

 

Commentaire d'une lectrice :

 

« Salauds d'industriels et de pouvoirs publics !!!! Ah! lepen doit se frotter les mains! Vous participez à semer la peur au quotidien. Lepen n'a pas besoin de programme dans le traitement de l'information catastrophe vous travaillez pour elle "chers" médias! »

 

 

L'extraordinaire sens politique de Mme Rivasi...

 

Résultat de recherche d'images pour "rivasi vaccins wakefield"

Quelle blague !

 

 

C'est donc en pleine période électorale – celle qui arbitre entre une France dans le monde et dans l'Union Européenne et une France claquemurée dans ses frontières – que Mme Rivasi ose sur le Monde une accusation de complicité – rien que ça ! – de la Commission avec des « industriels » évidemment avides de profits, même au péril de la santé de leurs clientes.

 

Le même jour, sur Libération, dans « Un mur de fédérés face à Le Pen », Mme Rivasi osait :

 

« Transformons le second tour de la présidentielle en référendum contre la Haine. »

 

« ...contre la Haine » ? Pas la haine de la Commission et, en dernière analyse, de l'Europe. Encore une fois, ce sont des propos qui doivent réjouir l'adversaire de M. Emmanuel Macron, un Macron pour lequel elle appelle à voter dans une phrase, pour le dézinguer dans le reste du texte... autre illustration de l'extraordinaire sens politique...

 

 

...et l'extraordinaire toupet de Mme Rivasi...

 

Mais revenons à cette Commission qui aurait fait preuve d'un « manque total de respect » et à la santé publique. La Commission avait répondu à une question de Mme Karima Delli, M. Pascal Durand et Mme Michèle Rivasi (tous trois Verts/ALE).

 

La réponse – complète – était la suivante :

 

Couverture du n°513 de 60 Millions de consommateurs « La Commission invite l'Honorable Parlementaire à prendre connaissance de sa réponse à la question écrite E-013116/2015 concernant l'information en matière de santé adressée aux utilisatrices de tampons. Le syndrome du choc toxique (SCT) est un problème médical rare mais grave, provoqué par une infection bactérienne liée (entre autres) à l'utilisation de tampons. L'étude mentionnée [de l'Institut National de la Consommation – 60 Millions de Consommateurs] n'établit pas de lien avéré entre la présence de certains composants dans les tampons et l'apparition d'un SCT. La Commission a pris note de la communication des autorités françaises du 4 mars 2016 indiquant que des études récentes n'ont révélé aucun risque pour les utilisatrices et confirme qu'elle n'envisage actuellement pas de mesures réglementaires au sujet des tampons.

 

Les restrictions applicables à la fabrication, à la mise sur le marché ou à l'utilisation de substances chimiques sont harmonisées par le règlement REACH qui, par exemple, interdit l'utilisation de certains produits chimiques dangereux (composés du dioctylétain — DOT) dans les produits d'hygiène féminine. D'autres restrictions au titre du règlement REACH peuvent être envisagées si la présence de produits chimiques dangereux dans les tampons présente un risque avéré pour les utilisatrices. »

 

Pour bien comprendre, voici la question :

 

« Objet: Transparence et étiquetage sur la composition des produits hygiéniques dont les tampons

 

Les produits hygiéniques tels que les tampons n'étant pas couverts par une législation spécifique, ils relèvent de la directive 2001/95/CE relative à la sécurité générale des produits, qui n'oblige pas les producteurs à révéler les composants ou ingrédients du produit.

 

À la suite de plusieurs cas de syndromes du choc toxique liés à l'utilisation de tampons et de la publication d'une étude de l'Institut national de la consommation de France révélant la présence de substances toxiques dans ces produits de première nécessité, il est nécessaire et urgent d'assurer l'information complète du consommateur.

 

Pourtant, en décembre 2015, la Commission indiquait ne pas considérer de nouvelles mesures réglementaires sur ce sujet. Depuis, des centaines de milliers d'Européens ont exprimé leur demande de transparence et d'étiquetage sur la composition des produits hygiéniques dont les tampons.

 

1. La Commission a-t-elle l'intention de revoir sa position et de faire des propositions réglementaires au Parlement européen et/ou aux États européens?

 

2. Le cas échéant, lesquelles? »

 

Alors oui, la Commission a fait preuve d'un « manque total de respect » envers la triplette et, surtout, Mme Rivasi. Car elle a osé mettre Mme Rivasi face à ses propres contradictions démagogiques en lui faisant remarquer qu'il n'y avait pas de lien entre la composition des tampons et la survenue de syndromes du choc toxique.

 

Pour rappel, l'« étude de l'Institut national de la consommation » – si on peut appeler cela une étude –, nous l'avons traitée ici et ici.

 

Notons aussi que la question écrite (du 29 février 2016) a suivi sans grand délai la publication du numéro correspondant de 60 Millions de Consommateurs – une illustration d'une ligne politique qui relève de la prédation opportuniste ; et elle se réfère à une « pétition », un de ces trucs qui font vivre une véritable industrie – une illustration de l'Âge Facebook de la politique.

 

 

...ou serait-ce un dysfonctionnement cognitif ?

 

Revenons au Monde et citons à nouveau, mais dans son contexte, la réponse de la Commission volontairement tronquée – et, partant, truquée – par Mme Rivasi :

 

« Leur réponse ? Un manque total de respect. La Commission "a pris note de la communication des autorités françaises du 4 mars 2016 indiquant que des études récentes n’ont révélé aucun risque pour les utilisatrices et confirme qu’elle n’envisage actuellement pas de mesures réglementaires au sujet des tampons". Sur quelle base proclament-ils qu’il n’y a pas de produits toxiques, quelles sont ces études auxquelles ils font référence ? [...] »

 

Où est, dans la partie de réponse citée – ou dans la réponse tout entière – l'affirmation d'une absence de produits toxiques ?

 

On peut poursuivre :

 

« […] Je vais leur écrire à nouveau. Il faut savoir qu’il est difficile pour les médecins d’identifier les cas de syndrome du choc toxique dus à l’utilisation des tampons : ils manquent d’information. [...] »

 

Où est le lien entre les deux éléments de texte cités et, dans le deuxième, entre la difficulté alléguée pour les médecins d'identifier les cas de SCT et leur manque allégué d'information (implicitement : sur la composition des tampons, du reste hors de cause) ?

 

Poursuivons encore :

 

« Pour le scandale de la pilule Diane 35 par exemple, il a fallu plusieurs morts pour qu’ils se rendent compte de la corrélation entre le produit et les thromboses veineuses. »

 

Encore une contre-vérité !

 

Décidément, avec Mme Rivasi, on sera toujours surpris...

 

Mais cela pose un problème plus important : quand les partis politiques prendront-ils la mesure de ce problème et proposeront-ils des gens compétents et crédibles pour nous représenter et défendre nos intérêts – nationaux et européens – au Parlement Européen ?

 

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