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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

En harmonie avec la nature

15 Avril 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Willi l'Agriculteur

En harmonie avec la nature

Chez Willi l'Agriculteur*

 

 

 

 

Willi l'Agriculteur a écrit  :

 

Ce texte nous a été envoyé par Marian. Nous pensons qu'il va bien avec le Vendredi Saint. Qui est Marian, nous ne le savons pas. Sauf qu'il publie de bon textes, mûrement réfléchis, à https://fingerphilosoph.net. Le sujet « En harmonie avec la nature » est si important pour les agriculteurs et les citoyens !

 

 

Beaucoup de gens croient fermement que les Indiens ont vécu pendant des milliers d'années en harmonie avec la nature jusqu'à l'arrivée de l'homme blanc. Les ancêtres des Indiens ont immigré en Amérique il y a environ 15.000 ans par le détroit de Béring et, à partir de ce moment, ont progressivement disparu les grands mammifères, y compris le cheval sauvage, mais à l'exception du bison. Parallèlement à l'extension des populations humaines. Coincidence ? Ou était-ce peut-être lié au fait que les Indiens étaient non seulement de grands chasseurs, mais qu'ils avaient aussi réduit les forêts en cendres pour créer des prairies pour ledit bison ? La prairie, que nous connaissons par les western, n'est pas un habitat naturel, mais a été créée par la main de l'homme. Les Indiens vivaient-ils en harmonie avec le bison ? Entre bisons et hommes régnait une symbiose, qui profitait aux deux parties. Le bison et l'homme avaient tous deux quelque chose à manger. Est-ce tellement différent aujourd'hui avec le fermier et ses vaches ?

 

Ce fut un Espagnol, Hernán Cortés, qui a réintroduit le cheval 8.500 ans plus tard en Amérique. Les Indiens ont appris des Espagnols qu'ils pouvaient monter à cheval. Ah oui, ils liaient les jambes de leurs chevaux la nuit pour les empêcher de fuir. Cela, vous ne le verrez pas dans les films sur Winnetou. Si j'étais un cheval, je préférerais un pâturage clôturé. Autant pour l'amitié tant célébrée entre l'homme et l'animal.

 

 

Mouvement perpétuel ou immortalité ?

 

La nature est devenir et décadence. Naissance et mort. L'un ne va pas sans l'autre. Un être vivant sert de moyen de subsistance et de nourriture pour un autre. Dans la nature, tout se passe dans ce grand cycle de Cradle to Cradle, de berceau à berceau. Rien n'y échappe. Ce qui n'est pas directement utilisé comme nourriture se décompose et redevient poussière grâce à des milliards de bactéries du sol, un terreau dans lequel germeront à nouveau des graines. Vivre en harmonie avec la nature, c'est internaliser ce cycle. Le changement permanent n'est pas reproductible. Cela fait la dignité des plantes, des animaux et de l'homme.

 

L'histoire de l'homme a débuté lorsque des singes arboricoles ont commencé à expérimenter avec le feu. En symbiose avec le feu, sans lequel il n'aurait probablement pas survécu aux âges de glace, l'homme a développé le langage et la conscience. Il a commencé à observer le ciel et y a découvert quelque chose de surprenant : un feu qui disparaît et va renaître le lendemain. Un feu qui reste le même, même s'il meurt tous les soirs. Dans la conscience des hommes, le soleil était devenu une divinité immortelle. À ce jour encore, nous assimilons la lumière à l'immortalité. À côté du cours annuel du soleil, il y a la lumière linéaire des étoiles qui brille depuis le début et brillera jusqu'à la fin de l'univers. Depuis maintenant 13,8 milliards années. Lumière signifie éternité. La vie éternelle est toujours, pour les gens qui y croient, une vie dans la lumière. La mort est associée à l'obscurité. Qu'une nouvelle vie germe principalement dans l'obscurité – dans l'œuf, dans l'utérus, dans la terre – est tout simplement oublié dans cette conception.

 

 

La nature comme cadre romantique

 

Les gens qui aspirent à l'immortalité, ne peuvent pas faire grand chose de l'idée d'un changement permanent, parce que chaque changement est une petite mort et, parfois même, une grande quand une espèce s'éteint ou qu'une étoile se désintègre. Vivre en harmonie avec la nature prend un sens fondamentalement différent avec l'immortalité en arrière-plan. Des idées d'éternité paradisiaque se mêlent alors dans l'image, et cela d'autant plus que l'industrialisation progresse et que l'habitant des villes s'éloigne de la nature. Alors que la destruction de l'environnement progresse dans le monde entier avec la colonisation, se crée au 18e siècle, dans les salons urbains, le mythe du bon sauvage choyé dans son enfantillage innocent par une mère nature aimante. C'est le contrepoint au monde industriel et technologique qui devient progressivement la réalité de la vie pour le peuple. Les ouvrages de Margaret Mead et Jean Liedloff confirmant ce mythe par leurs recherches sont devenus des best-sellers. Mais il est tout de même étrange que Margaret Mead et Jean Liedloff ne sont jamais retournés aux Îles Samoa, en Nouvelle-Guinée ou en Amazonie, là des peuples autochtones vivent encore en paix et heureux en harmonie avec la nature.

 

Quand l'homme urbain moderne parle de la nature et de sa conservation, ce sont des livres à la Liedloff et Mead ou des images de documentaires sur la nature qu'il a à l'esprit. Peut-être pense-t-il aussi à l'une ou l'autre de ses périodes de vacances, aux sentiers pédagogiques sur la nature, à des promenades idylliques, y compris un arrêt à l'un de ces refuges de montagne rustiques. Il aime lire des récits de bergers qui se déplacent avec leurs troupeaux de moutons à travers le pays, ou des histoires de vétérinaire dans le style du Dr Herriot [Le petit monde du docteur Herriot - Chroniques d'un vétérinaire de campagne]. En arrière-plan plane tranquillement le romantisme des histoires de de jupettes de raphia et de Winnetou. La ferme moderne avec son parc de machines, l'agriculture et l'élevage intensifs n'ont pas leur place dans cette image.

 

 

La fin comme début

 

Beaucoup de gens qui ne vivent pas dans et avec la nature, mettent la mort et la souffrance dans un concept unique. Là où la vie dans la nature est transfigurée, la mort est diabolisée et devient un épouvantail. C'est la raison pour laquelle beaucoup de gens protestent contre l'élevage industriel à la ferme, mais pas contre les entassements humains dans le métro, les bureaux et les immeubles de grande hauteur où les gens ont à peine plus d'espace que les animaux dans l'étable. Beaucoup de gens recherchent même les rassemblements de masse. La protestation n'est donc dirigée que superficiellement contre le manque d'espace ou le manque de lumière. En réalité, il s'agit du fait que les animaux sont élevés comme approvisionnement alimentaire vivant. Que le but est uniquement qu'ils meurent pour nous maintenir en vie.

 

La protestation réelle est donc dirigée contre le grand cycle métabolique dans lequel nous sommes tous impliqués. Elle s'adresse à la mort, et donc à la nature en tant que telle parce que la mort fait partie de la nature. Mais on ne peut pas dire cela aussi brutalement. C'est pourquoi on dénonce l'élevage, d'une part, et appelle à renoncer à la viande, d'autre part. Mais ne doit pas comprendre cela comme un euphémisme ? Est-ce pour cela que les militants des droits des animaux admettent si rarement, quand les agriculteurs le leur affirment, que les étables sont maintenant grandes et spacieuses et que les animaux ont de meilleures conditions de vie que du temps de leurs grands-pères ? Les militants des droits des animaux ne veulent peut-être surtout pas le savoir. Doivent-ils pour cela se limiter à des films maintenant obsolètes qui font référence dans leur tristesse à la mort et donc au vrai problème [ma note : et, en France, aux images volées dans des élevages et des abattoirs] ? Il est frappant de constater que les militants des droits des animaux n'informent pas, mais créent une humeur avec beaucoup de leur matériel d'information.

 

Vivre en harmonie avec la nature signifie accepter la mort et reconnaître en elle – peut-être pas un ami – mais une nécessité et une condition fondamentale de la vie. Là où la mort n'est pas acceptée et intégrée, le grand cycle de la nature se rompt, et donc aussi le Cradle to Cradle.

 

De la nature, nous apprenons que la mort n'est pas une tombe, mais un nouveau début. La mort n'est pas synonyme de souffrance, certainement pas la mort rapide qui se produit en quelques secondes. Toute personne qui a déjà eu un accident engageant le pronostic vital sait que la nature a pris des dispositions pour de telles situations stressantes.

 

Quelle que soit notre place dans le monde, il importe pour nous tous de minimiser la souffrance, parce qu'elle n'a pas lieu d'être et parce que nous pouvons faire quelque chose. À cet égard, nous allons tous dans la même direction. Et la nature nous aide – si nous apprenons d'elle au lieu de la prendre seulement comme toile de fond romantique.

 

Marian E. Finger

 

https://fingerphilosoph.net

 

_______________

 

* Willi l'Agriculteur (Bauer Willi) exploite 40 hectares en grandes cultures (betterave sucrière, colza, céréales) en coopération opérationnelle. Il a été double-actif jusqu'à l'automne 2014. Son deuxième métier a été le suivi et le conseil aux agriculteurs pour une entreprise familiale (sucrerie). Depuis lors, il continue d'exploiter son domaine en tant que pré-retraité et a du temps pour écrire et partager son expérience.

 

Il contribue aussi bénévolement à l'association (fondation) des habitants de sa commune et à une coopérative agricole.

 

Source : http://www.bauerwilli.com/im-einklang-mit-der-natur/

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