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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Perturbateurs endocriniens : le naufrage militant de Mme Barbara Demeneix

4 Février 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #Perturbateurs endocriniens

Perturbateurs endocriniens : le naufrage militant de Mme Barbara Demeneix

 

 

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Pour la réalité aux USA: " Quelles multinationales financent Greenpeace ". En France ? Mystère

 

 

Dans « Perturbateurs endocriniens : le scandale de scientifiques se livrant à la diffamation collective », nous avions dénoncé une tribune – d'une remarquable indigence intellectuelle et éthique – d'une centaine de scientifiques (ou se prétendant tels) ayant accusé leurs collègues ne pensant pas comme eux d'être, en bref, des mercenaires à la solde de l'industrie. La tribune, « Perturbateurs endocriniens : halte à la manipulation de la science », avait été publiée dans le Monde le 20 novembre 2016 (c'est la date que porte l'article sur Internet).

 

La première signature était de M. Andreas Kortenkamp, et nous avons vu qu'il ne pouvait guère se prévaloir d'une virginité en termes de conflits d'intérêts. La deuxième était de Mme Barbara Demeneix, dont on avait constaté, avec Forumphyto, que « les déclarations publiques de la chercheuse B. Demeneix incitent à élargir le marché de l’entrepreneuse Barbara D. »

 

Cette lamentable manœuvre tendant à influencer la politique communautaire sur la gestion des perturbateurs endocriniens a pris un nouveau pli avec « En 10 ans le QI moyen de la France a chuté de près de 4 points, et voici ce qui est en cause » publié sur Atlantico le 1er février 2017.

 

Droit au but, à la conclusion de l'interview de Mme Demeneix (c'est nous qui graissons) :

 

« Nous avons démontré que la proximité avec des zones utilisant des pesticides entraine un risque plus élevé de développer des troubles neurologiques à la naissance. – A l'échelle européenne, la législation interdisant les pesticides a encore été repoussée. Et cela malgré la forte volonté de Ségolène Royale en France, de la Suède, du Danemark. Pour convaincre les politiques au niveau européen, il faudrait s'engager auprès d’associations telles que WWF, Greenpeace, et écouter les scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps. »

 

 

 

 

Nous y voilà ! Après une carrière qui – pour nous qui ne sommes pas spécialistes de la question – paraît très honorable, Mme Demeneix s'est embarquée dans une lamentable aventure et tentative d'influencer un processus réglementaire ; et dans la promotion des adhésions à des organisations dites « non gouvernementales ».

 

Le paragraphe précité figurait déjà, tel quel, avec ses fautes d'orthographe, dans « Pourquoi la baisse de 4 points du QI moyen des Français entre 1999 et 2009 devrait nous faire changer d’urgence nos habitudes de consommation » du 25 juin 2016... Le militantisme est affirmé !

 

On pourrait s'arrêter là. Mais c'est que le point de départ de l'interview est aussi – disons – cocasse. C'est certes le journal, Atlantico, qui écrit :

 

« De nombreuses études montrent un recul général du quotient intellectuel moyen. En France, la population a perdu en moyenne près de quatre points de QI entre 1999 et 2009. Un phénomène inquiétant qui à pour cause de nombreux facteurs, notamment les perturbateurs endocriniens présents dans les pesticides. »

 

Toujours cette obsession des « pesticides »... Rappelons que ceux avec lesquels nous sommes le plus fréquemment en contact sont... domestiques. Mais en fait de « nombreuses études », il nous semble que le point de départ est « A negative Flynn Effect in France, 1999 to 2008–9 » de Dutton et Lynn.

 

Passé inaperçu lors de sa publication, l'article a fait une paire de piges dans les médias, notamment le Monde... de M. Stéphane Foucart. Le début de son propre article est fort pertinent :

 

« En 2015, Edward Dutton (université d’Oulu, Finlande) et Richard Lynn (université d’Ulster, Royaume-Uni) publiaient, dans la revue Intelligence, une étude, passée inaperçue, mais dont les journaux auraient, peut-être, pu faire quelques manchettes. L’affaire est en effet d’une importance cardinale : les deux chercheurs documentaient, pour la première fois, une chute du quotient intellectuel (QI) moyen en France. Selon leurs estimations, ce dernier aurait perdu près de quatre points entre 1999 et 2009. A l’échelle d’une population, c’est énorme.

 

Ce genre de travaux essuie généralement un haussement d’épaules ou un revers de main. D’autant plus qu’en l’occurrence les auteurs ont fondé leurs calculs sur un petit échantillon de quatre-vingts personnes. Mais, à bien y regarder, l’étude des deux chercheurs britanniques mérite au contraire toute notre attention. »

 

« ... quatre-vingts personnes... » – en fait 79, âgées de 30 à 63 ans ? Poubelle (normalement)...

 

Mais non ! M. Foucart lui a trouvé une vertu exprimée dans son titre, « Le cerveau assiégé par les perturbateurs endocriniens » et résumée dans le chapô :

 

« Les perturbateurs endocriniens n’ont pas seulement des incidences sur les maladies hormonales "classiques". Ils ont aussi un impact sur nos cerveaux et notre quotient intellectuel. »

 

C'est d'autant plus intéressant que Dutton et Lynn, qui s'étaient aventurés à conjecturer des explications, n'avaient pas mentionné les perturbateurs endocriniens. Ils avaient en revanche évoqué, pour les écarter ou les minimiser, au moyen de quelques contorsions : la baisse de la qualité de la nourriture ; la baisse de qualité de l’éducation et du goût pour la lecture ; les familles les plus nombreuses qui ne seraient pas les plus favorables au développement de l’intelligence ; et l'immigration massive... on est dans le glauque...).

 

En fait, ce lien allégué avec les perturbateurs endocriniens est le thème central de « Le Cerveau endommagé: Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé », un fort volumineux ouvrage de Mme Demeneix paru en mai 2016.

 

Mme Demeneix a ouvert un blog pour, essentiellement, recenser les activités médiatiques à l'appui de son livre et de sa thèse.

 

Elle vient donc de franchir un pas de plus en appelant, à nouveau, à « s'engager auprès d’associations telles que WWF, Greenpeace ».

 

Allez ! On se quitte ! Non sans avoir mentionné qu'en juillet 2016, la chaîne LCI a présenté un « débat » avec Mmes Stéphane Horel, Michèle Rivasi, Barbara Demeneix et M. Jean-Charles Bocquet. Extraordinaire : trois contre un ! Le titre sur Youtube est du reste explicite : « Trois Femmes et un Lobby des Pesticides ».

 

 

P.S. : On peut lire (ou relire) avec intérêt « Pesticides-QI = Euros : les calculs acrobatiques du CNRS » sur les acrobaties statistiques et économiques de « Neurobehavioral deficits, diseases, and associated costs of exposure to endocrine-disrupting chemicals in the European Union » de Martine Bellanger, Barbara Demeneix, Philippe Grandjean, R. Thomas Zoeller et Leonardo Trasande.

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K
Pour mettre au clair la sicence, pourquoi n'accepez vous pas de servir de cobaye huamain plutot que de forcer des millions de personne a l'etre. Tout cela parce que vous avez de toute petites couilles, et pour cause !
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S
Merci pour le compliment… ça m'en touche l'une sans faire bouger l'autre...<br /> <br /> Il se trouve que nous sommes -- vous et moi -- des "cobayes humains" pour les perturbateurs endocriniens tant ceux que nous créons que ceux, naturels, que nous subissons ou que nous choisissons, consciemment ou inconsciemment, de subir.<br /> <br /> A voir l'allongement formidable de l'espérance de vie, il me semble qu'il est préférable d'être un "cobaye humain" aujourd'hui qu'une victime de bien des malheurs et contrariétés il y a un demi-siècle.
C
Bonjour,<br /> J'étais justement en train de chercher si Madame Barbara Demeneix avait des conflits d'intérêts. Je vous laisse ça :<br /> https://theconversation.com/les-perturbateurs-endocriniens-une-menace-pour-notre-intelligence-74216<br /> <br /> Le documentaire dont il est question, "Demain, tous crétins ?" est déjà visible en totalité sur le site d'ARTE.<br /> <br /> Et, comme vous ne semblez être passionnés par Michèle R. (comme moi), je vous la laisse en cadeau :<br /> https://www.youtube.com/watch?v=sNzCH0mmqZc<br /> <br /> Bonne continuation......
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Mme Demeneix a contribué à la création d'une start-up, Watchfrog, dont elle est, il me semble actionnaire. Mais je ne pense pas que cela influe sur son positionnement. Mon hypothèse : dérapage militant et narcissique.<br /> <br /> Quant à Mme Rivasi, égale à elle-même. Mais le débat a été plutôt bien mené.<br />
P
@Bugul Noz<br /> Et tirer des conclusions générales à partir d'une étude sur 79 personnes ?
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B
La critique de Stoop ne me semble guère convaincante. Il considère comme non significatives deux études sur cohortes publiées dans des revues sérieuses. Je ne veux pas dénié à tout à chacun le droit de challenger les articles scientifiques mais de là à les exécuter en quelques lignes... Admettons pour la première étude (Engel et al., 2011), qui pointe bien ce qui semble être des effets ethniques (ou à des modes d'exposition aux OP) mais la suivante (Bouchard et al, 2011), qui donne une baisse de QI de 5,6, ne se voit reprocher que des résultats "surprenants" et quelques biais supposés (au conditionnel). Hum... On est loin d'un séralinade.
S
L'article en fin de billet a été démoli par Philippe Stoop. Et je n'y ai pas vu une affirmation de la perte de 4 points de QI à cause des perturbateurs endocriniens.
B
C'est prendre pour argent comptant l'affirmation de ce billet selon lequel Demeneix ne se base que sur cette étude. <br /> <br /> Si la question vous intéresse vous pourriez utilement consulter l'article référencé en fin de billet (Bellanger et al, 2015, Demeinex est deuxième auteur). Cela vous donnerait une meilleure idée de ce sur quoi elle se base, plutôt que de vous contenter d'une interview dans Atlantico ou de ce billet de blog.<br /> <br /> Mais c'est juste une suggestion, vous faites ce que vous voulez :)
P
@Bugul Noz<br /> <br /> Il n'y a rien de choquant à ce qu'un scientifique s'engage sur un sujet qui lui tient à cœur. Le moins qu'on puisse attendre, c'est qu'il (ou elle) respecte la méthode scientifique et fasse preuve d'un minimum de déontologie.
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B
Dans ce billet, qu'est-ce qui est censé soutenir un manque de "respect de la méthode scientifique" ? Concernant la déontologie, je ne vois que le second paragraphe (et encore, c'est plus un problème de morale que de déontologie).
B
Qu'y a-t-il de choquant à ce qu'une scientifique s'engage sur un sujet qui lui tient à cœur ? Pour quelles raison faudrait-il lui reprocher de chercher à "influencer" un processus réglementaire, a fortiori sur un sujet sur lequel elle est compétente ?
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> « Par exemple : "instrumentaliser son cursus scientifique pour faire la promotion l'activisme" Pouah pouah beurk etc. mais... http://seppi.over-blog.com/2016/07/110-prix-nobel-et-moi-emoi.html » ?<br /> <br /> Je ne pense pas que les Prix Nobel ont fait la promotion de l'activisme.<br />
B
A l'exception de la campagne de dénigrement basée sur l'insinuation selon laquelle les "opposants" sont simplement corrompus (et qui est profondément dégueulasse) je ne suis pas d'accord avec vos accusation.<br /> <br /> Je ne suis d'ailleurs pas le seul puisque vous n'êtes pas d'accord non plus.<br /> <br /> Par exemple : "instrumentaliser son cursus scientifique pour faire la promotion l'activisme" Pouah pouah beurk etc. mais... http://seppi.over-blog.com/2016/07/110-prix-nobel-et-moi-emoi.html
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour vos commentaires.<br /> <br /> « Qu'y a-t-il de choquant à ce qu'une scientifique s'engage sur un sujet qui lui tient à cœur ?<br /> <br /> Il me semble que j'ai été suffisamment clair dans la série de billets sur ce sujet. Ce qui est choquant, c'est de participer à une série d'activités au mépris de la déontologie, voire de la simple bienséance.<br /> <br /> La déontologie, c'est, selon La Charte Nationale de Déontologie des Métiers de la Recherche :<br /> <br /> « La liberté d'expression et d'opinion s'applique dans le cadre légal de la fonction publique, avec une obligation de réserve, de confidentialité, de neutralité et de transparence des liens d'intérêt. Le chercheur exprimera à chaque occasion à quel titre, personnel ou institutionnel, il intervient et distinguera ce qui appartient au domaine de son expertise scientifique et ce qui est fondé sur des convictions personnelles.<br /> <br /> Les activités, c'est :<br /> <br /> .  participer à une opération de dénigrement des scientifiques ne pensant pas comme elle ;<br /> .  dénigrer lesdits scientifiques sur la base de conflits d'intérêts allégués alors qu'on est soi-même affligé de conflits d'intérêts, réels et indiscutables ;<br /> .  instrumentaliser son cursus scientifique pour faire la promotion l'activisme et, plus particulièrement de deux organisations.<br /> <br /> On peut poursuivre, mais ce sera plus long à étayer. Argumenter sur la base de Dutton et Lynn, franchement... S'il n'y avait que les 79 personnes... Pour le duo, oser l'hypothèse de l'immigration de personnes manifestement considérées comme étant d'intelligence inférieure alors que cette hypothèse aurait pu être testée très simplement en faisant passer des tests à des autochtones et des allochtones... Pour Mme Demeneix, accepter les travaux du duo comme base de discussion et de réponse à une interview ?...<br /> <br /> Pouah ! Beurkh ! Pfui !