Marre du « climatoscepticisme » alibi
Carte simplifiée des climats mondiaux.
Le « changement climatique » n'est pas vraiment notre tasse de thé, notamment sur ce site, même si c'est un sujet qui nous intéresse, voire passionne.
L'agriculture – et la production alimentaire – est en effet tributaire du « climat ». Pourquoi des guillemets ? Parce que nous mélangeons allègrement, dans le langage courant, la notion de climat au sens strict – les données atmosphériques de température, pression atmosphérique, précipitations, ensoleillement, humidité, vitesse du vent relatives à des régions plus ou moins grandes et à des périodes longues – et le « temps », qui relève de la météorologie sur une durée excédant l'instant, la journée, la semaine... L'agriculture dépend des deux. Il y a des évolutions à terme long – peu médiatisées – qui illustrent la dépendance du climat au sens propre (par exemple l'avancement des dates de récolte), et des années particulières et des épisodes météorologiques qui devraient nous rappeler aux réalités (par exemple l'année 2016).
Le « changement climatique », dans sa variante « réchauffement » et surtout « réchauffement d'origine anthropique », est présenté par ses adeptes comme un fait scientifique alors qu'il relève en grande partie de l'hypothèse.
Ça y est, ayant écrit cela, nous passerons pour un « climatosceptique »... Pas touche au dogme ! Notre crime ? Ne pas épouser inconditionnellement la thèse.
Pourtant, pour l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), le climat s'apprécie sur une durée d'au minimum 30 ans. Nous avons pu mesurer l'évolution des dernières décennies et même des derniers siècles ; nous pouvons aussi apprécier les évolutions passées sur des siècles et des millénaires grâce à des sources historiques – le remarquable Histoire du climat depuis l'an mil d'Emmanuel Le Roy Ladurie nous offre une remarquable analyse pour la France– et des données indirectes. Mais nous ne sommes pas en mesure de prévoir l'évolution à venir. Les corrélations entre gaz à effet de serre et températures ne changent rien au fait que n'avons pas de certitude. Les contorsions du GIEC et de ceux qui exploitent ses travaux – activistes, médias, politiciens, milieux économiques susceptibles de bénéficier des mesures de décarbonation de l'activité économique – ne changent rien au fait que, s'agissant du futur, les prévisions impliquent en partie un exercice de doigt mouillé.
Et un tel exercice ne saurait sous-tendre un « fait scientifique ».
« Le lien entre les activités humaines et l’accroissement des températures constaté depuis 1950 est extrêmement probable. Le niveau de certitude a augmenté : il était jugé très probable lors du rapport [du GIEC] de 2007 et seulement probable dans le 3ème rapport en 2001. »
est-il dit sur ce site, avec un petit croquis qui nous apprend que « extrêmement probable », c'est 95 % (ce lien entre « 95 %) et « extrêmement probable » heurte du reste la conception des incertitudes dans de nombreux domaines).
(Source)
On peut donc, en rationaliste, faire preuve de scepticisme face aux outrances quant à la nature de nos connaissances sur l'évolution passée – et future – du climat et ses liens avec les activités humaines, sans pour autant contester par principe ces connaissances. Mais c'est une nuance qui échappe aux adeptes de la religion, de la divine révélation climatique. Il y a une sorte de mccarthysme climatique : quiconque n'adhère pas aveuglément au(x) dogme(s) est un communiste... oups... « climatosceptique ».
Le fanatisme climatoreligieux présente aussi une autre caractéristique remarquable, quoique partagée par d'autres fanatismes, par exemple anti-OGM et anti-pesticides : la Vérité est assiégée, menacée !
M. Stéphane Foucart vient ainsi de produire « La blogosphère, incubateur du climatoscepticisme ». Il y écrit :
« Bien que fondé sur un assemblage de contre-vérités, de données tronquées ou sorties de leur contexte, voire de mensonges assumés, le climatoscepticisme s’est imposé depuis plusieurs années, en France, dans le débat public, tendant à faire douter des causes essentiellement humaines du changement climatique en cours – un fait scientifique étayé par la théorie de l’effet de serre et par une somme écrasante d’observations. La blogosphère a joué un rôle déterminant dans la propagation de cet argumentaire à la presse et à l’édition. »
Vraiment ? « ... le climatoscepticisme s’est imposé depuis plusieurs années, en France, dans le débat public... » ? Il suffit de regarder autour de soi pour constater que le climatodogmatisme fait consensus, au sens où les positions minoritaires – pas nécessairement contraires mais nuancées – sont quasiment invisibles.
Il suffit de regarder le Monde. De quand date le dernier article « climatosceptique » ? Un article qui décrit de manière neutre et objective des thèses allant à l'encontre des thèses dominantes ? Pas ce « Climat : une académie sous influence » de MM. Stéphane Foucart et David Larousserie, du 30 octobre 2015, dans lequel l'avis de l'Académie des Sciences – manifestement pas assez alarmiste au goût de certains – est éreinté, grâce essentiellement à des ragots, sans que son contenu soit jamais décrit...
« La blogosphère a joué un rôle déterminant... » ? Ne serait-ce pas que la presse – le Monde en est un bon exemple – n'a laissé qu'un mince créneau aux voix critiques et que c'est donc par défaut que celles-ci se sont rabattues sur la blogosphère ?
(1) Poursuivre les travaux de recherche sur le climat, améliorer les éléments des simulations et réduire les incertitudes
(2) Améliorer l’efficacité énergétique pour réduire les émissions
(3) Explorer les possibilités nouvelles issues du numérique pour optimiser l’utilisation de l’énergie et notamment de l’énergie électrique
(4) Développer les moyens scientifiques et techniques du remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables
(5) Avancer dans la conception de méthodes et de procédés de fabrication de carburants de synthèse pour remplacer les carburants fossiles actuels
(6) Poursuivre l’utilisation et le développement de l’énergie nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
(7) Engager de façon décisive un effort de recherche, développement, innovation et industrialisation dans le domaine de l’énergie
(Source)
De quoi justifier, pour les auteurs du Monde un chapô accusateur :
« Avant la COP21, l’Académie des sciences a souhaité produire un avis sur le réchauffement climatique. Sa rédaction mouvementée témoigne de la perméabilité de cette institution aux thèses climatosceptiques. Enquête sur une exception française. »
On ne peut qu'être lassé par ce procédé peu reluisant qui cherche à faire valider une thèse [Ajout du 27 février 2017 : le réchauffement climatique anthropique] – pas un fait scientifique qui, lui, serait réfutable – dans l'esprit du public en la présentant comme assiégée par des esprits maléfiques.
Anomalie de la température moyenne annuelle de l'air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne du globe (données du Climatic Research Unit, University of East Anglia. Le zéro correspond à la moyenne de l'indicateur sur la période 1961-1990, soit 14,0 °C).
Dans une œuvre précédente, « Aux racines (vertes) de la "post-vérité" », M. Foucart en arrive même à mettre le « climatoscepticisme » aux racines de la post-vérité :
« Il n’est en réalité pas déraisonnable de penser que le relativisme qui a pris possession des consciences puise, en partie au moins, aux sources des polémiques récentes sur des sujets d’environnement, et sur le climat en particulier. »
Et là, c'est la tournée des grands ducs. Ainsi :
« Souvenez-vous : c’était il y a moins de dix ans. Quelques scientifiques climatosceptiques – tous étrangers aux sciences du climat – lançaient une virulente campagne contre leurs pairs travaillant sur la question. Le réchauffement anthropique, le sujet pourtant le plus minutieusement étudié de l’histoire des sciences, était selon eux une chimère, construite de toutes pièces par une clique pseudo-scientifique malfaisante, adoptant des méthodes mafieuses pour asseoir l’idée d’une influence humaine problématique sur le climat. »
Anomalie de la température moyenne annuelle de l'air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne en France (l'indicateur est constitué de la moyenne des températures de 30 stations météorologiques. Le zéro correspond à la moyenne de l'indicateur sur la période 1961-1990, soit 11,8 °C).
Autre avalanche de procédés détestables... dénigrement en série.
Ces gens qui ont « osé » sont des « complotistes », des « conjurés climatosceptiques », des « croisés climatosceptiques ». Leurs méthodes (alléguées) n'ont pas non plus été épargnées : des « livres [...] farcis de calculs erronés, de courbes frauduleuses, parfois dessinées à main levée… », la prédiction d'un « refroidissement imminent », le recours à « des études qui [...] n’existaient pas, avaient été réfutées, disaient l’inverse ». En bref,
« Mentir était devenu un instrument rhétorique comme un autre. »
C'est là, un des fondements de la post-vérité. Et il s'applique aussi à un des propos de cet article, à l'insu du plein gré de son auteur :
« Bruxelles veut laisser sur le marché la majorité des perturbateurs endocriniens et s’appuie pour cela sur des arguments piétinant le consensus scientifique. »
Mais revenons au climat.
Dans « Réponse à l'écologisme » (collectif, L'Harmattan), M. Jean-François Proust écrit :
« Le drame est que cette religion fait passer comme secondaires des problèmes autrement importants pour le bien-être de l'humanité : accès à l'eau potable et à l'électricité, assainissements, foyers fermés pour éviter la pollution intérieure, vaccination, lutte contre le paludisme,... (sans parler des droits de l'homme, des droits des femmes, des guerres... sans doute plus compliqués politiquement à régler). Tous ces points peuvent être travaillés pour des coûts bien moindres et avec une efficacité certaine, importante et mesurable. »
S'agissant de l'agriculture, il est à notre sens remarquable que de nombreuses questions ne sont plus examinées – totalement ou partiellement – qu'à travers le prisme d'un changement climatique vu sous le seul angle de l'augmentation des températures (moyennes – l'obsession du + 2 °C) et de la sécheresse. En réalité, cependant, l'évolution du « temps qu'il fait » pose des problèmes bien plus complexes et diversifiés.
Mais que font nos gouvernants, même pour des questions simples ? Par exemple, ils abdiquent devant les opposants aux retenues collinaires et autres barrages, comme Sivens, quand ils ne les soutiennent pas insidieusement voire ouvertement... comme nombre de médias...