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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La « Course Zéro Pesticide » de Greenpeace : quel attrape-nigauds !

20 Février 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Greenpeace, #Pesticides, #Activisme

La « Course Zéro Pesticide » de Greenpeace : quel attrape-nigauds !

 

 

 

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Tout pour le tiroir-caisse

 

Il y a le discours :

 

« L'indépendance financière est une des valeurs fondatrices de l'organisation. C'est parce que nous refusons par principe et systématiquement toutes subventions publiques et les dons issus d'entreprises, que nous gardons une liberté de parole et d'action totale. Nous sommes donc financés à 100% par les dons de particuliers. »

 

Greenpeace France se dit financée à 100% par ses donateurs privés (notez bien : il ne s'agit pas d'« adhérents ») ? Peut-être, mais ce n'est pas le cas de toutes les structures de la multinationale. Ce n'est toutefois pas le sujet du jour.

 

Pour cultiver la générosité des « donateurs privés », l'entreprise du secteur de la protestation se doit d'être présente sur la scène médiatique avec des thèmes vendeurs, dans un savant mélange de sujets d'indignation (qui font croire aux donateurs qu'ils investissent pour une bonne cause) et de satisfaction (qui font croire que les investissements passés ont payé). Qu'importe le sujet, et son (manque de) sérieux, pourvu qu'il agisse comme la petite pièce que le mendiant fait sonner dans sa sébile.

 

Et le sujet du jour, c'est la « Course Zéro Pesticide », une prétendue compétition entre les grandes enseignes de distribution pour savoir laquelle est, en résumé, la plus « écolo ».

 

Notez bien que nous sommes à un mois d'une autre gesticulation militante, la « Semaine pour les alternatives aux pesticides ». Pour Greenpeace, c'est donc une bonne stratégie que de solliciter le gogo avant la concurrence...

 

 

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Répartition des dépenses de Greenpeace France en 2013. Un tiers seulement des fonds collectés est affecté à des campagnes en France.

 

 

La « Course Zéro Pesticide » ? Pour Greenpeace, une « Course Zéro Investissement »

 

La « Course Zéro Pesticide », pour Greenpeace, consiste essentiellement à demander aux grandes enseignes quels sont les engagements – pas nécessairement les actions – qu'elles ont pris pour réduire les pesticides. Quelques coups de téléphones ou quelques courriels... un exercice de classement au doigt mouillé (ou, pire, selon quelque intérêt occulte)... un billet sur le site... et... Money.

 

 

 

Un rapport investissement/profit imbattable !

 

Et quand une enseigne récalcitre et résiste aux amicales pressions, comme ce fut le cas pour E. Leclerc par le passé, Greenpeace se fait un très grand plaisir de s'« inviter » à l'entrée d'un magasin ou d'une centrale d'achat pour une de ces pantalonnades ridicules mais, malheureusement, médiatiquement efficaces. Greenpeace bénéficie en effet de la connivence des médias ; de la faillite voire de la complaisance de l'État ; de la paralysie des milieux économiques, quand ce n'est pas aussi de la connivence (quand Greenpeace harcèle E. Leclerc, c'est bon pour les affaires de Carrechansino...) ; et notamment du désarroi des producteurs, la cible réelle des agissements de Greenpeace. Nous avons beaucoup évoqué cette saga sur ce site.

 

 

 

 

Le grand bond en avant de Monoprix

 

Greenpeace peut même surfer de manière cynique sur la concurrence à laquelle les enseignes se livrent sur le thème du « moi, plus vert que la concurrence », maintenant qu'elles ont engagé une désescalade sur le thème des prix les plus bas.

 

Or donc, Greenpeace vient de publier son classement. Attention les yeux !

 

Troisième manche de la Course zéro pesticide : le nouveau classement.

 

 

Un engagement qui engage à peu...

 

Monoprix prend la tête « grâce à ses engagements allant vers une élimination totale des néonicotinoïdes, ces pesticides particulièrement nocifs pour les pollinisateurs ». Quels engagements ! Sauf dérogation soumise à des conditions qu'il semble impossible à remplir et allant au plus tard jusqu'au 1er juillet 2020 (qui ne vaut donc pas la peine de se décarcasser), les néonicotinoïdes seront interdits en France à compter du 1er septembre 2018.

 

Que vaut du reste ce genre d'engagement ? Monoprix vérifiera-t-il que les produits – tous les produits – qu'il mettra sur le marché ne sont pas issus de cultures traitées avec des néonics ?

 

 

...et un engagement qui engage surtout les fournisseurs

Mais ce n'est pas tout :

 

 

« L’enseigne a signé cette année un partenariat avec le label Bee Friendly, qui assure la mise en place de mesures de préservation des pollinisateurs. Deux des fournisseurs de Monoprix ont déjà obtenu ce label. Et ce n’est pas tout : Monoprix lance cette année sa nouvelle marque “Monoprix Tous Cultiv’ Acteurs”, dans laquelle l’ensemble de ses fournisseurs se sont d’ores et déjà engagés. Cette démarche vise à l’obtention du label Bee Friendly et prévoit également des mesures de protection de l’eau, des sols et de la biodiversité qui vont au-delà de la seule préservation des pollinisateurs et de leurs écosystèmes. »

 

L'enseigne fait donc du greenwashing, mais ce sont les fournisseurs qui doivent fournir l'effort. Selon sa com',

 

« Les fournisseurs signataires s’engagent volontairement dans cette démarche de progrès, sur 3 ans, parce qu’ils sont convaincus de son bien-fondé et partagent son ambition. En retour, Monoprix s’engage également pour 3 ans auprès de ses fournisseurs. »

 

Volontairement ? Il faut bien vendre... L'investissement de Monoprix est ridicule :

 

« Une conversion que le distributeur accompagne sur le plan technique en finançant du conseil d’ingénieur agronome et en organisant les échanges d’expériences entre producteurs. Une contractualisation garantit évidemment la fidélité de l’enseigne durant toute la conversion, mais sans versement d’aides ni prix d’achat "subventionnés". "Pour nos clients, le lancement de la démarche Tous cultiv’acteurs ne change pas le prix des fruits et légumes en rayon", assure Philippe Tettamanti. »

 

Cela a le mérite d'être clair : les surcoûts de production sont à la charge des producteurs...

 

 

Bee Friendly, très amical pour l'altermonde

 

Quant au « label » Bee Friendly, il s'agit d'une initiative privée de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF), de l'Unione Nazionale Associazioni Apicoltori Italiani (UNAAPI) et du Deutscher Berufs- und Erwerbsimkerbund e.V. (DBIB). Curieusement, une recherche de « Bee Friendly » sur le site de ce dernier ne donne rien... L'association prélève sans nul doute sa dîme sur l'utilisation du label Bee Friendly, exige des participations à des « à des projets de recherche/sensibilisation », et contribue au bonheur d'Écocert Environnement. Aux frais essentiellement des producteurs...

 

Le cahier des charges prévoit une « Interdiction totale d’utilisation, directe ou indirecte, d’OGM – que ce soit en productions végétales ou dans l’achat d’intrants pour l’alimentation animale notamment »... que ne ferait-on pas pour assouvir les lubies de ce supplétif de l'altermondialisme qu'est l'UNAF... Il y a également une liste de pesticides interdits. Pour faire poids, on y a inscrit des substances qui ne sont pas autorisées en France, voire en Europe comme le diazinon. Y figure aussi le spinosad... autorisé en agriculture biologique.

 

 

Plus qu'une coïncidence ?

 

Paraît-il, les premiers produits Monoprix tous cultiv'acteurs ont fait leur entrée en magasin le 8 février dernier. Curieux... pendant les frimas de l'hiver ? Cela a évidemment donné lieu à de la com' (ici pour le groupe, pour l'enseigne, pour la profession et pour l'altermonde).

 

Greenpeace suit dix jours après avec des éloges particulièrement appuyés. « Vous avez dit bizarre?... Comme c'est bizarre! »

 

 

On ne déclasse pas Carrefour...

 

L'année dernière, c'était : « Carrefour et Super U caracolent en tête ». Nous avons vu l'été dernier combien les « engagements » de Carrefour relevaient de l'esbroufe, du marketing et, à la limite, de la tromperie. C'était à l'occasion du lancement – avec notamment le concours complaisant de Télématin de France 2 – d'une filière de quelques tonnes de fraises cultivées sans « pesticides de synthèse "de la fleur à l'assiette" ».

 

 

 

 

Il y a par exemple aussi une filière, plus ancienne, de pâtes et de couscous issus de blés cultivés sans insecticides, alors que l'emploi des insecticides sur blé n'est pas généralisé...

 

On est manifestement resté dans le registre des annonces adossées à des micro-marchés. Mais, pour Greenpeace :

 

« Carrefour, quant à elle, poursuit ses efforts et maintient sa place de premier de la course. Par rapport à l’an dernier, l’enseigne cherche à étendre ses pratiques à l’ensemble des fournisseurs de chaque filière déjà engagée vers la réduction des pesticides (à savoir le kiwi du sud-ouest, le brocoli de Bretagne la tomate ancienne de Marmande et blé dur de Provence). En plus de cela, Carrefour a étendu ses expérimentations de réduction des pesticides à des productions majeures : la pomme et la pomme de terre. Dommage qu’elle ne s’engage pas plus pour l’élimination des molécules les plus nocives pour la santé et pour l’environnement, telles que les néonicotinoïdes... »

 

« Carrefour [...] poursuit ses efforts […] cherche à étendre ses pratiques [...] »... quelle complaisance de Greenpeace. Quel en a été le prix ?

 

Nous sommes tout de même intrigués de lire que Carrefour procède à des « expérimentations de réduction des pesticides à des productions majeures ». Nous ne savions pas que Carrefour était engagé dans les cultures. Et, comme par hasard, les productions majeures sont la pomme et la pomme de terre, celles que Greenpeace avait choisies comme cibles prioritaires pour sa « course zéro pesticide ».

 

 

Système U discriminé

 

Allez comprendre...

 

 

« Alors que l’an dernier les Magasins U se positionnaient en tête de la course aux côtés de Carrefour, en 2016 ils n’ont pas évolué de manière significative. En revanche, ils ont ajouté à leur liste des pesticides à bannir sept pesticides néonicotinoïdes à supprimer de la production de pommes et pommes de terre, et étendu la démarche globale de réduction des pesticides à une partie de ses fruits et légumes surgelés de la gamme U.

 

L’enseigne reste l’une de celles qui fait le plus d’efforts en matière de réduction des pesticides. »

 

Greenpeace n'est pas à une incohérence près. L'enseigne n'a pas « évolué de manière significative » mais a notamment « étendu la démarche globale de réduction des pesticides [...] ». Rester « l’une de celles qui fait le plus d’efforts en matière de réduction des pesticides » ne lui vaut que la deuxième place après des ex aequo...

 

Que le match soit truqué ressort aussi du fait que Système U s'est lancé dans une vaste opération de marketing surfant sur les peurs alimentaires – réelles ou « fabriquées » – des consommateurs, laquelle opération comporte un volet pesticides.

 

Nous ne pouvons que recommander à cet égard la lecture – édifiante – des analyses de Forumphyto et de l'AFBV.

 

 

Prix d'encouragement à E. Leclerc

 

Il fallait bien ça pour récompenser M. Michel-Édouard Leclerc qui a finalement consenti en décembre dernier à « causer » avec Greenpeace et annoncer des volontés de réduire les pesticides dans les produits de la marque. Donc :

 

« C’est une vraie révolution : après deux ans de campagne durant lesquels les dirigeants de E.Leclerc sont restés muets à notre égard, l’enseigne, anciennement dernière de la course, déclare désormais vouloir supprimer 50 % des pesticides de ses fruits et légumes (frais et produits transformés) d’ici 2020. Le grand défi sera maintenant de traduire ces engagements de façon concrète. Elle a lancé en parallèle un vaste audit des pratiques de ses fournisseurs qu’elle s’est également engagée à soutenir pour réussir ce virage à 180 degrés. »

 

Les déclarations – avec des objectifs imprécis et lointains – suffisent à Greenpeace... Ce qui importe pour Greenpeace, pour remplir le tiroir-caisse, ce ne sont pas les résultats concrets, effectifs, mais l'illusion : le généreux donateur doit croire... pour cela un « engagement » d'E. Leclerc suffit.

 

Selon les données colligées par l'EFSA, plus de la moitié des échantillons recueillis en 2014 et analysés ne contenaient pas résidus quantifiables, mais E. Leclerc supprimera «  50 % des pesticides de ses fruits et légumes »... oh, pas tout de suite... C'est si difficile de supprimer des choses qui n'existent pas.

 

 

Casino lanterne rouge ?

Passons sur le cas d'Intermarché, dont « les engagements sont là mais les faits restent à venir » et d'Auchan, qui n'a, semble-t-il, pas répondu aux amicales inquisitions de Greenpeace avec suffisamment d'empressement et de zèle.

 

Auchan et Casino se morfondent donc à la dernière place. Pourtant, pour Casino :

 

« On note tout de même une petite évolution depuis l’an dernier avec le développement de son “engagement Agriplus”qui vise à éliminer tous les résidus de pesticides dans les produits finaux. »

 

Voilà donc un engagement qui en vaut bien d'autres... Mais c'est que, pour le Torquemada greenpeacien :

 

« Sauf que l’impact reste incertain puisque cela n’est pas représentatif de ce qu’il se passe réellement dans les champs. En effet, les pesticides utilisés lors de la production ne se retrouve pas nécessairement dans le produit final. »

 

Sauf que... Casino fait état, pour certains de ses légumes surgelés, de « précautions strictes prises par nos agriculteurs partenaires » incluant notamment un « plan de protection des cultures incluant des pratiques alternatives plus respectueuses du milieu naturel comme – selon les cultures – le piégeage des nuisibles, le désherbage mécanique ».

 

Sauf aussi que :

 

« L’absence de résidus de pesticides quantifiés au terme de la récolte et avant la commercialisation est contrôlée par un laboratoire indépendant accrédité selon une méthode officielle QueEChERS : NF/ EN15662 (limite de quantification des molécules : 0,01 mg/kg). La liste des molécules est disponible sur demande. »

 

Il faut bien lire l'annonce pour s'apercevoir que cela s'applique aux carottes en rondelles, aux trios de poivron, aux courgettes en rondelles, aux brocolis et aux oignons émincés. C'est là une limitation qui ne ressort pas d'une infographie.

 

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Décidément, on ne sort pas du marécage des annonces des annonces qui alimentent l'hypocondrie et les peurs alimentaires françaises, laissent entendre que les enseignes s'investissent dans la réduction des pesticides mais portent en définitive sur des micr-marchés.

 

Quant au classement des enseignes par Greenpeace, c'est manifestement un attrape-nigauds.

 

 

Les médias, hélas...

 

Attrape-nigauds, oui... mais avec le concours de certains médias... toujours la même histoire.

 

Nous attribuerons la palme de la stupidité aux journaux qui ont prétendu informer sur les enseignes où l'on trouve les pommes les moins « chargées » en pesticides.

 

Et un prix spécial au Bien Public dijonnais qui propose une série de photos ineptes. C'est agrémenté d'un commentaire désopilant :

 

« Greenpeace, qui ne manque pas d’idées pour faire connaître ses positions écologiques et humanitaires... »

 

« ...humanitaires... » ? Alors que Greenpeace est régulièrement accusé de crime contre l'Humanité ?

 

 

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R
Ouest France a complaisamment sorti un article sur Super U et ses efforts écolos.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Auriez-vous un lien ?<br />