Perturbateurs endocriniens : « tel est pris... » ou « ne regardez pas ce que je fais... »
Glané sur la toile 112
Quel est son vrai rôle dans Frogwatch ? (Source)
Il nous faut revenir à cette lamentable tribune d'une centaine de scientifiques (ou se prétendant tels) publiée dans le Monde le 20 novembre 2016, « Perturbateurs endocriniens : halte à la manipulation de la science », avec en chapô :
« Près de cent scientifiques dénoncent la fabrication du doute par les industriels, déjà à l’œuvre dans la lutte contre le changement climatique. »
Dans un billet précédent, nous avions dénoncé « le scandale de scientifiques se livrant à la diffamation collective ». Les accusations lancées par les signataires sont graves :
« ...Des individus – lire : des chercheurs – dans le déni de la science ou financés par des intérêts industriels déforment délibérément des preuves scientifiques afin de créer une fausse impression de controverse. »
Sur Forumphyto, M. Philippe Stoop avait proposé une autre analyse, « Perturbateurs endocriniens : où sont les marchands de doute ? », dont nous ne pouvons que recommander encore une fois la lecture.
M. Stoop s'est penché d'un peu plus près sur la qualité d'une publication – Neurobehavioral Deficits, Diseases, and Associated Costs of Exposure to Endocrine-Disrupting Chemicals in the European Union – signée par, notamment, Barbara Demeneix, Philippe Grandjean, R. Thomas Zoeller et Leonardo Trasande, quatre signataires de la tribune dénigrant les chercheurs qui ne pensent pas bien. Il avait écrit (nous avons incorporé les liens) :
« Mais, surtout, on note parmi les premiers signataires (et donc probablement rédacteurs) la présence de B. Demeneix, P. Grandjean, T. Zoeller, co-auteurs d’une très surréaliste étude sur le coût social des perturbateurs endocriniens (ainsi que leur co-signataire L. Trasande dans les signataires suivants: ce qui nous fait quand même 4 auteurs de cet article particulièrement fantaisiste, parmi les 94 signataires). Nous en avons longuement analysé l’empilement d’hypothèses hasardeuses et de calculs statistiques détournés de leur domaine de validité, dans un article précédent. Si c’est là le type d’évaluation scientifique qui doit conduire à l’avenir à des décisions réglementaires, il y a vraiment de quoi s’inquiéter ! Or B. Demeneix ne cache pas que c’est son ambition : dans une interview du magazine Pour la Science de juin 2016, elle critiquait déjà la définition des perturbateurs endocriniens retenue par la Commission Européenne, trop restrictive d’après elle (ce qui est un point de vue tout-à-fait recevable), et qui empêchait de généraliser son étude à d’autres produits ! »
La chapô dans la tribune publiée dans le Monde comporte deux mots importants : « scientifiques » et « industriels ». Ils ne sont pas mutuellement exclusifs !
La preuve ? On lira sur Forumphyto, toujours de M. Stoop : « Perturbateurs endocriniens : Un « marchand de doutes » pris sur le fait ! »
Mais nous vendrons la mèche ici, en citant abondamment :
« Ce texte était d’autant plus lamentable que certains de ses signataires ne sont guère en droit de donner des leçons en matière scientifique : on compte parmi eux Barbara Demeneix et 3 des autres auteurs d’une publication prétendant évaluer le coût social des perturbateurs endocriniens, dont nous déjà avions dénoncé il y a quelques mois la partialité et les hypothèses plus qu’audacieuses.
Depuis, un lecteur de ForumPhyto membre de l’AFIS nous a signalé une information assez piquante, qui donne encore plus de saveur à cette lettre ouverte déjà nauséabonde : Barbara Demeneix n’est pas seulement professeure au Museum d’Histoire Naturelle, seul titre qu’elle mette en avant dans sa signature : elle est également co-fondatrice et administratrice de la société Watchfrog. Comme son nom l’indique, cette société crée des grenouilles modifiées génétiquement pour détecter les polluants présents dans l’eau… et en particulier les perturbateurs endocriniens ! En conséquence, les déclarations publiques de la chercheuse B. Demeneix incitent à élargir le marché de l’entrepreneuse Barbara D. »
M. Stoop n'est pas aussi adepte des digressions que nous le sommes. Il a cité un article d'Inf'OGM, « Des OGM pour détecter les pollutions aquatiques : mythe ou réalité ? », mais sans s'intéresser de plus près à une note :
« [12] La collaboration et les liens avec le Muséum sont donc assumés, transparents, et indiqués sur leur site internet : une des co-fondatrices, le professeur Barbara Demeneix "dirige le département Régulations, Développement et Diversité Moléculaire du Muséum National d’Histoire Naturelle ainsi que le laboratoire dont est issue WatchFrog et le pdg de WatchFrog, Gregory Lemkine, était, avant 2005, en charge de la valorisation au MNHN à Paris". C’est d’ailleurs un brevet CNRS / MNHN qui a été déposé sur cette technologie : https://register.epo.org/application?lng=fr&number=EP03756011 »
Voilà une belle manière de noyer le poisson... ou le xénope pour décrire le fait que Watchfrog est une spin off du CNRS et du Museum et que certains chercheurs ont des « liens d'intérêt », comme ceux qu'un célèbre chercheur de l'Université de Caen (qui est ou fut titulaire d'un brevet) a reproché à des confrères...
Et, dans le corps du texte d'Inf'OGM :
« Et l’évolution de la réglementation, estime le pdg, va aussi servir de levier. Gregory Lemkine pense pouvoir commercialiser ses FrogBox d’ici la fin de l’année 2015, elle deviendra alors la première entreprise à commercialiser des tests biologiques « mobiles » pour les PE. Et pour Lemkine, le seul concurrent notoire reconnu est une entreprise chinoise. »
Comme l'écrit M. Stoop :
« les déclarations publiques de la chercheuse B. Demeneix incitent à élargir le marché de l’entrepreneuse Barbara D. »
Et, dans le Monde, la chercheuse B. Demeneix dénonce la fabrication du doute par l'industrielle (administratrice de Watchfrog et membre de l'équipe et membre de l'équipe – voir photo ci-dessus) B. Demeneix.
Mme Demeneix se porte-t-elle garante de ce texte ? (Source)