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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Perturbateurs endocriniens : inquiétants... les désinformateurs !

15 Décembre 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Perturbateurs endocriniens, #critique de l'information

Perturbateurs endocriniens : inquiétants... les désinformateurs !

 

Une étude sur l'imprégnation des femmes enceintes par les « polluants organiques », présentée par Santé publique France, l'agence qui en est l'auteur de manière neutre, sinon positive, devient dans la presse une étude sur les « perturbateurs endocriniens » avec des résultats « inquiétants ».

 

 

Une étude sur les « polluants organiques »...

 

Santé publique France – la nouvelle agence de santé publique née de la fusion de l'InVS, de l'Inpes et de l'Eprus – a publié le 7 décembre 2016 « Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011 – Volet périnatal du programme national de biosurveillance mis en œuvre au sein de la cohorte Elfe. Tome 1 : polluants organiques ».

 

Les auteurs de ce monumental travail sont Clémentine Dereumeaux, Laurence Guldner, Abdessattar Saoudi, Marie Pecheux, Perrine de Crouy-Chanel, Bénédicte Bérat, Vérène Wagner, Sarah Goria. Nous rendrons aussi hommage à tous les autres contributeurs, sans pouvoir les citer ici.

 

 

...présentée de manière neutre, sinon positive...

 

Dans sa rubrique « Actualités », l'agence présente le travail de manière neutre :

 

« L’exposition pendant la grossesse à ces polluants pourrait avoir des répercussions sur la santé de l’enfant et de la mère. C’est pourquoi, Santé publique France a mené une étude auprès de 4 145 femmes enceintes ayant accouché en 2011 en France continentale (hors Corse) et incluses dans la cohorte Elfe. Cette étude permet d’apporter des indicateurs pour aider les pouvoirs publics à limiter l’exposition des femmes enceintes à ces substances, à mesurer dans le temps l’efficacité des mesures mises en place et à bien comprendre les modes d’imprégnation.

 

Pour la première fois en France, cette étude permet de décrire l’imprégnation des femmes enceintes françaises par certains polluants de l’environnement, notamment les polluants organiques, mesurés à partir de prélèvements recueillis au moment de l’accouchement (sang de cordon, urines, cheveux, sérum). Elle permet également d’étudier les variations des niveaux d’imprégnation en comparant les résultats à ceux d’études antérieures menées en France et à l’étranger, et de rechercher les déterminants (tabac, alimentation, produits cosmétiques et d’hygiène) qui ont conduit à certains niveaux d’imprégnation. »

 

Le communiqué de presse est aussi, fondamentalement, rassurant. C'est malheureusement en termes comparatifs alors qu'il aurait fallu décrire la situation en termes absolus :

 

« ...Le premier tome de cette étude, publié aujourd’hui, fournit pour la première fois des résultats fiables à l’échelon national : si la présence d’une ou plusieurs de ces substances est décelée chez la quasi-totalité des femmes enceintes de l’étude, les niveaux de concentration constatés sont globalement inférieurs à ceux observés dans les études antérieures françaises et étrangères.

 

[…]

 

[…] Ces substances peuvent être des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes avérés ou suspectés. Mais leur présence dans l’organisme de la mère n’implique pas nécessairement d’effet néfaste pour sa santé ou celle de l’enfant à naître.

 

La présence de polluants organiques décelée chez la quasi-totalité des femmes enceintes de l’étude, mais à des niveaux globalement moindres que dans les études antérieures françaises et étrangères

Ce premier volet montre que l’un ou plusieurs des polluants étudiés sont présents chez la quasi-totalité des femmes enceintes incluses dans l’étude. Cependant, les concentrations mesurées sont globalement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises et étrangères.

 

L’alimentation, principale source d’exposition

Les résultats du volet périnatal du programme national de biosurveillance confirment les sources d’exposition connues aux polluants mesurés : consommations alimentaires, consommation de tabac, utilisation de produits d’hygiène et cosmétiques, utilisation domestique de pesticides, etc. Si l’alimentation représente la source principale d’exposition, d’autres sources sont donc également relevées, notamment dans l’air intérieur et extérieur. »

 

 

Quels polluants (rapport, page 26 – 27 sur la toile) ?

 

« De plus, en raison de contraintes de nature logistique (volume et quantité de matrices disponibles) et budgétaire, les polluants classés moins prioritaires (éthers de glycol, dérivés organoétains, parabènes, mycotoxines) n’ont pas pu être dosés. Les polluants organiques étudiés dans le cadre du volet périnatal concernait à la fois des polluants organiques mesurés dans des échantillons urinaires (BPA, phtalates, pesticides) et des polluants organiques persistants mesurés dans le sérum (dioxines, furanes, PCB, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés). »

 

 

...est reprise dans la presse sous le seul angle des perturbateurs endocriniens

 

Surprise, surprise : le Monde n'a rien écrit sur cette étude. Peut-être n'était-elle pas assez anxiogène, cette étude, donc pas dans la ligne éditoriale...

 

Pour autant que nous puissions en juger, les autres médias se sont fondés sur une dépêche de l'AFP. Une AFP dont nous avons déjà relevé à bien des reprises les libertés qu'elle prend avec l'objectivité qui sied à une agence de presse dans les domaines qui nous intéressent sur ce site. La preuve de ce qu'il faut bien appeler une « information militante » nous est encore donnée à l'occasion de la publication de ce rapport.

 

Nous utiliserons ici l'article de Sciences et Avenir, « Perturbateurs endocriniens : des traces chez presque toutes les femmes enceintes ». Notons déjà la dérive, qui n'est pas propre à S et A : le rapport porte sur les polluants organiques, les articles de presse, sur les perturbateurs endocriniens.

 

Plutôt que de s'en remettre au communiqué de presse, l'agence utilise une déclaration anonyme :

 

« L'étude, publiée mercredi 7 décembre 2016 par Santé publique France, a mesuré la présence de divers polluants organiques dans les urines de plus de 4.000 Françaises ayant accouché en 2011. Résultat : "le bisphénol A, les phtalates, les pyréthrinoïdes (famille d'insecticides), les dioxines, les furanes, les PCB, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés" sont détectés "chez près de la totalité des femmes enceintes", explique l'agence française de santé publique, mandatée par le ministère de la Santé pour cette enquête. Par exemple, le bisphénol A était présent chez plus de 70 % des participantes, les phtalates chez 99,6 % d'entre elles, les dioxines, furanes et PCB ont été détectés dans... 100 % des cas ! »

 

Déclaration qui relève de la banale lapalissade. Car en multipliant les dosages, on augmente ses chances de couvrir l'ensemble de la population étudiée ; des chances qui relèvent quasiment de la certitude vu que certaines substances sont devenues ubiquitaires – la preuve... « les dioxines, furanes et PCB ont été détectés dans... 100 % des cas ! »

 

Mais il y a aussi l'éternel problème du « détectés » sans indication des doses et de leur rapport avec celles qui sont sources d'inquiétude. Cela permet donc de susciter des angoisses chez certains lecteurs, alors que, pour l'essentiel, le rapport est rassurant.

 

L'inquiétude est du reste immédiatement suscitée avec les mots magiques :

 

« Or toutes les substances détectées sont des perturbateurs endocriniens - des molécules qui interfèrent avec le système hormonal - et pour certaines, des cancérigènes avérés ou suspectés, précise l'agence. Les femmes enceintes constituent une population particulièrement sensible car l'exposition pendant la grossesse à ces polluants est soupçonnée de favoriser naissances prématurées et malformations congénitales, ainsi que des anomalies dans le développement et la santé future de l'enfant, ajoute l'organisme public. »

 

Qui est la personne physique désignée par « l'agence » ou « l'organisme public » ? Mais peut-être n'y a-t-il pas de personne physique ayant tenu ces propos. Dans le plus communiqué de presse, le plus approchant est ceci (c'est nous qui graissons) :

 

« Ces substances peuvent être des perturbateurs endocriniens2 ou des cancérigènes avérés ou suspectés. Mais leur présence dans l’organisme de la mère n’implique pas nécessairement d’effet néfaste pour sa santé ou celle de l’enfant à naître. »

 

L'art du journalisme consiste aussi à enfiler les propos contradictoires. La parole est ainsi donnée à Mme Clémence Fillol, responsable de l'unité biosurveillance à la direction santé environnement de Santé Publique France :

 

« On peut dire que les femmes ont été exposées, mais ça ne veut pas forcément dire qu'il y aura des effets sur la santé ».

 

L'art du journalisme... ? Balayer le sujet en laissant le balancier aller d'un côté à l'autre. D'un côté..., de l'autre côté... L'art du journalisme militant : arrêter le balancier là où on veut amener le lecteur.

 

C'est donc au tour de M. Rémy Slama, signataire en troisième position de ce minable manifeste diffamatoire, « Perturbateurs endocriniens : halte à la manipulation de la science » dont nous avons parlé ici, ici et ici :

 

« "Il y a tellement de substances présentes, pour lesquelles, pour beaucoup, il est probable qu'il y a un effet, que ça ne serait pas prudent de considérer que ce n'est pas préoccupant pour la santé humaine", observe pour sa part Rémy Slama, directeur de recherche à l'Inserm, qui prédit un "fardeau sanitaire non négligeable" à l'avenir. »

 

Promis à un bel avenir médiatique, M. Slama...

 

On embraye donc sur les effets « à des doses très faibles » – dont on admet qu'ils sont difficiles à prouver... mais cela sert le propos anxiogène car l'inconnu... c'est terrible... Et, en plus, il y a l'« effet cocktail ».

 

L'art du journalisme militant... ? C'est aussi l'art de ne pas oublier les compagnons de route, les copains :

 

« "On peut toujours considérer que pris séparément, il n'y a pas de risque pour la santé, mais pour Générations Futures cette réponse n'est absolument pas satisfaisante", a commenté une porte-parole de cette association qui dénonce les dangers des pesticides. Elle réclame une "évaluation stricte et poussée de l'effet cocktail" et de l'impact d'une exposition "tout au long de la vie" ou à des moments clés comme pendant la grossesse. »

 

Il y a aussi, hélas, l'art de la politique politicienne, de la gesticulation médiatique :

 

« Réagissant à cette étude, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réaffirmé sa détermination à "limiter l'exposition à ces substances, en particulier pour les populations les plus vulnérables". »

 

L'art du journalisme... ?

 

« Mais pour Sandrine Gras, porte-parole de l'association de consommateurs Générations Cobayes, "on ne peut pas dissocier l'environnement et la santé, il est contradictoire d'un côté d'autoriser la diffusion" de produits comme les pesticides et "de l'autre de dire qu'on va limiter l'exposition de la population". »

 

Générations Cobayes ? Vous connaissez ? Crédibilité ? À l'heure de l'Internet, des réseaux dits sociaux et des copinages cybernétiques, ce n'est plus une considération pertinente. Du reste, où est la contradiction entre l'autorisation de la diffusion d'un produit et la limitation de l'exposition de la population à ce produit ?

 

 

Les pesticides, parlons-en...

 

 

Mais la succursale de la petite entreprise Générations Futures, financée par le lobby de l'industrie du bio, nous ramène au thème principal de ce blog.

 

L'étude n'a évidemment pas porté sur tous les pesticides. Et par « pesticides » il faut aussi entendre ces produits à usage domestique, voire corporel...

 

Voici les conclusions résumées du rapport (pages 11 et 12 :

 

« Dans le volet périnatal, l’imprégnation par certains herbicides (l’atrazine et le glyphosate), insecticides et antiparasitaires (propoxur, pesticides organophosphorés, chlorophénols et pyréthrinoïdes) a été mesurée par dosage urinaire chez près de 1 077 femmes enceintes.

 

Ces pesticides ont été rarement mesurés à un niveau de concentration quantifiable, à l’exception des pyréthrinoïdes qui étaient quantifiés chez près de 100 % des femmes enceintes.

 

Les résultats montrent que :

 

  • la concentration moyenne est égale 1,18 µg/L (1,65 µg/g créatinine) pour la somme des pyréthrinoïdes ;

  • une mère sur deux présente un niveau quantifiable pour au moins un métabolite de pesticides organophosphorés ;

  • environ une mère sur cinq présente un niveau quantifiable de propoxur ou de son métabolite, le 2-isopropoxyphénol (2-IPP) ;

  • près d’une mère sur dix présente un niveau quantifiable pour au moins un biomarqueur de chlorophénols ;

  • moins de 1 % des femmes enceintes présente un niveau quantifiable d’herbicides (atrazine et ses métabolites, le glyphosate et son métabolite).

     

 

Une source de Propoxur aux USA. Le propoxur n'est pas autorisé en agriculture en France 

 

 

Aucune mère ne dépasse le seuil sanitaire de 40 µg/L défini pour le pentachlorophénol (PCP), audessus duquel, selon les connaissances actuelles, il existe un risque d’effets sur la santé. Pour les autres pesticides étudiés, il n’existe pas à l’heure actuelle de seuil sanitaire permettant d’interpréter, en termes d’effets sanitaires, les niveaux biologiques mesurés dans l’organisme.

 

Les concentrations urinaires de pesticides mesurées dans le volet périnatal sont généralement inférieures à celles mesurées dans les études antérieures menées en France et à l’étranger. La comparaison des niveaux moyens d’imprégnation est cependant limitée, compte tenu des faibles pourcentages de quantification des pesticides dans les urines (y compris dans les précédentes études) et du fait de différences méthodologiques entre les études (recueil des urines, population d’étude, etc.). Néanmoins, les faibles niveaux observés pour l’atrazine et ses métabolites sont cohérents avec la diminution de l’exposition à l’atrazine suite à son interdiction en 2003. De même, les faibles niveaux d’imprégnation par les dialkylphosphates pourraient s’expliquer par la récente réduction des usages des pesticides organophosphorés, progressivement substitués par les pyréthrinoïdes. Les résultats du volet périnatal montrent que comparativement aux États-Unis, il existe une sur-imprégnation des femmes enceintes par les pyréthrinoïdes en France. Une surimprégnation de la population générale française avait également été mise en évidence en 2007, dans l’étude ENNS.

 

Les résultats du volet périnatal montrent que l’imprégnation des femmes enceintes par les pyréthrinoïdes (seule famille de pesticides fréquemment retrouvée) augmente avec les usages domestiques de pesticides (insecticides, anti-poux et anti-puces), la consommation de tabac et d’alcool. La recherche des déterminants suggère également que la présence de certaines cultures agricoles à proximité du lieu de résidence est associée à une augmentation des niveaux d’imprégnation. En l’absence de mesures de concentration en pesticides dans l’air (intérieur ou extérieur) et dans les poussières au domicile, il n’est cependant pas possible de porter un jugement sur la relation de causalité entre la présence de cultures agricoles et l’imprégnation par les pyréthrinoïdes. Ce résultat nécessite donc d’être confirmé par des études complémentaires. »

 

(Source)

...et un petit mot sur le bisphénol A...

Le bisphénol A, quasiment incontournable pour les médias... puisqu'il a été fortement médiatisé... est « présent chez plus de 70 % des participantes » selon l'AFP/Sciences et Avenir. « ...présent », mais encore ?

 

Le rapport se réfère à deux valeurs certes – controversées pour le BPA (on peut aussi écrire : « forcément »...) – proposées en Allemagne par la Commission Nationale de Biosurveillance :

 

  • HBM-1 (Human biomonitoring value) représente la concentration biologique en biomarqueur en dessous de laquelle (selon les connaissances actuelles), il n’y a aucun risque d’effets défavorables documentés sur la santé.

     

  • HBM-II représente la concentration biologique en biomarqueur au-dessus de laquelle (selon les connaissances actuelles) il existe un risque accru d’effets défavorables documentés sur la santé chez les individus sensibles de la population générale et, par conséquent, un besoin aigu de mesures de réduction d’exposition et le recours à des soins ou conseils sanitaires. La valeur HBM-II doit donc être considérée comme un niveau d’intervention ou d’action.

 

Donc, pour le bisphénol A, selon le résumé du rapport :

 

« Dans le volet périnatal, l’imprégnation par le BPA a été mesurée par dosage urinaire chez 1 764 femmes enceintes.

 

Le BPA total a été quantifié (concentration supérieure à la limite de quantification) chez plus de 70 % des femmes, confirmant ainsi l’omniprésence de cette substance dans l’environnement.

 

La moyenne géométrique des niveaux d’imprégnation des femmes enceintes par le BPA total est égale à 0,69 µg/L (0,87 µg/g créatinine). Aucune des femmes ne dépasse la valeur seuil HBM-I de 200 µg/L, définie par la Commission allemande de biosurveillance.

 

[...] »

 

Ajoutons que le 95e percentile se situe à 5,28 µg/L (lire : 5 % des femmes avaient une concentration en BPA libre dans l'urine supérieure à 5,28 µg/L).

 

Ces chiffres devraient être gardés à l'esprit quand on considère les polémiques sur le bisphénol A (et les perturbateurs endocriniens en général) : le niveau d'imprégnation, c'est en moyenne 0,34 % et pour les 95% de femmes de l'échantillon, moins de 2,6 % de la concentration urinaire maximale pour laquelle il n’y a aucun risque d’effets défavorables documentés sur la santé.

 

Combien de perturbateurs endocriniens libérés par la cigarette ?

« Les fumées de tabac peuvent constituer une source d’exposition au BPA puisque celui-ci entre dans la composition des filtres de cigarettes (jusqu’à 25 % en masse) [26]. Plusieurs études ont mis en évidence l’existence d’une association entre la consommation de tabac, objectivée par la concentration urinaire de cotinine, et l’imprégnation par le BPA [6;27;28]. Néanmoins, ce lien n’est pas observé de façon systématique... »

Rapport, page 57

 

 

...et pourtant... LCI

C'est peut-être bien LCI qui décroche le pompon avec « Femmes enceintes exposées aux perturbateurs endocriniens : comment s’en prémunir ? » Le chapô commence par un inquiétant « INQUIÉTANT ».

 

Inquiétant en effet de voir qu'une journaliste puisse ainsi donner des conseils d'hygiène de vie, certes en se référant à une mystérieuse Association Alerte Médecins qui doit être « Alerte des Médecins sur les Pesticides » – laquelle soutient les délinquants « faucheurs volontaires ». Et parmi les conseils, devinez...

 

« Privilégier les aliments frais et bio pour limiter l’exposition aux pesticides. »

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