Dernière « étude » anti-OGM : la toxicité médiatique du Monde mise à nouveau en évidence
Glané sur la toile 113
Une lecture incontournable sur une nouvelle manipulation alterscientifique et médiatique : « Évaluations des OGM : y a-t-il un journaliste dans l’avion ? » sur La théière cosmique.
Une nouvelle équipe s'est constituée : Robin Mesnage, Sarah Z. Agapito-Tenfen, Vinicius Vilperte, George Renney, Malcolm Ward, Gilles-Eric Séralini, Rubens O. Nodari et Michael N. Antoniou. Trois noms ne sont pas inconnus de ceux qui s'intéressent au monde alterscientifique de l'anti-OGMisme.
Elle vient de produire « An integrated multi-omics analysis of the NK603 Roundup-tolerant GM maize reveals metabolism disturbances caused by the transformation process » (une analyse multi-omique intégrée d'un maïs NK603 tolérant au Roundup révèle des perturbations métaboliques dues au processus de transformation). C'est publié dans Scientific Reports, un journal du groupe Nature qui est à celui-ci ce que le Canada Dry est au whisky. La précision est nécessaire car le lien utilise l'adresse « Nature » et est susceptible d'induire en erreur.
Scientific Reports publie des articles qui « doivent être scientifiquement valides et techniquement solides du point de vue de la méthodologie et de l'analyse ». Le jugement a-t-il été judicieux en l'occurrence ? On peut en douter au vu des réactions que l'article a suscité sur le site lui-même et ailleurs.
Les problèmes commencent avec le titre ! En effet, si les auteurs ont trouvé des différences, ils n'ont nullement démontré qu'il s'agissait de « perturbations » et encore moins qu'elles étaient dues au processus de transformation.
Levons un coin du voile : les auteurs ont fait cultiver deux hybrides de maïs, 'DKC 2675' et 'DKC 2678' – qu'ils affirment être isogéniques (identiques sauf pour la présence de la tolérance au glyphosate) – et ont procédé à un examen approfondi de la composition de leurs grains, avec les instruments les plus modernes. Ils trouvent – évidemment – des différences. Elles sont présentées dans le résumé comme des « altérations » du côté de l'hybride transgénique. Et les auteurs de conclure : « Nos résultats de profilage moléculaire montre que le NK603 et son contrôle isogénique ne sont pas équivalents en substance. »
Il y a de bonnes raisons de croire que les deux hybrides ne sont pas isogéniques ; que les différences peuvent être aléatoires, dues à des différences dans les conditions de culture (la discussion sur le site de Scientific Reports porte notamment sur une possible contamination différenciée par des maladies fongiques), ou encore aux « séquelles » des rétro-croisements si on devait réellement avoir affaire à des hybrides issus de lignées isogéniques.
En l'absence de données brutes et de comparaisons avec les valeurs généralement constatées sur le maïs, il n'est pas non plus possible de vérifier à partir de l'article si leurs résultats s'inscrivent dans les limites de la variation rencontrée chez le maïs.
Cela commence aussi très mal avec le titre : « L’évaluation de la toxicité des OGM remise en cause » et la photo.
On peut être bref, même en admettant que les auteurs (Mesnage et al.) aient démontré qu'il n'y a pas équivalence en substance – au sens, erroné, où ils l'entendent, à savoir identité parfaite des compositions sauf pour les différences induites par le transgène – on est encore loin d'une remise en cause de l'évaluation des OGM.
Pourquoi, du reste, avoir inséré le mot « toxicité », si ce n'est pour attirer le chaland et entretenir la peur des OGM ?
On ne peut que recommander cette saine lecture. C'est un démontage en règle.
La conclusion ultime de M. Matt McOtelett est :
« Si nous ne bougeons pas, rien ne bougera. »
Nous ne pouvons qu'acquiescer.
1. Cette œuvre impérissable a été financée par la Sustainable Food Alliance (USA).
2. Les auteurs déclarent une absence de conflits d'intérêts.
3. À jour, le CRIIGEN n'a rien publié sur cet article. Curieux...
4. Les auteurs écrivent (nous respectons le charabia) :
« Au total, 180 millions d'hectares de plantes GM sont actuellement cultivées dans le monde sur environ 1,5 milliards d'hectares constituant approximativement 10 % des terres arables mondiales. Approximativement 80 % des plantes GM ont été modifiées pour tolérer l'application, et donc accumuler, de résidus d'herbicides à base de glyphosate sans mourir afin de faciliter la gestion des mauvaises herbes. »
Et plus loin :
« Notre étude a révélé des différences importantes de profil métabolomique entre le NK603 qui a été pulvérisé ou non avec du Roundup pendant la culture [...]. Cela a été surprenant parce que l'application unique de cet herbicide avait eu lieu avant le développement des épis de maïs. De plus, nous n'avons pas détecté de résidus de glyphosate ou d'AMPA dans les échantillons de grains de maïs de l'essai. »
Des plantes modifiées pour accumuler des résidus qui n'accumulent pas de résidus... cette « étude » n'aura pas été inutile.