Message d'un agriculteur aux Échos et autres médias pompeurs de désinformation du New York Times
Dans un précédent billet, « Les Échos et les OGM aux USA : scandaleux ! », nous avions vertement critiqué un article des Échos, « Les agriculteurs américains reviennent du "tout-OGM" », inspiré notamment d'un article du New York Times au mépris du torrent de critiques que celui-ci avait suscité. Ce n'était pas de l'information, mais de la désinformation.
Un agriculteur états-unien, M. Terry Wanzek, a répondu sous le titre : « Message au New York Times : les agriculteurs choisissent de semer des OGM parce qu'ils y trouvent avantage »*.
Je ne dis pas aux journalistes du New York Times comment ils doivent écrire leurs articles. Peut-être qu'ils devraient envisager de ne pas me dire comment gérer ma ferme.
C'était ma première pensée après avoir lu un long article dans l'édition du 29 octobre du New York Times, intitulé: « Doubts About the Promised Bounty of Genetically Modified Crops » (doutes au sujet des promesses d'abondance issues des plantes génétiquement modifiées).
Les gens du New York Times peuvent avoir leurs doutes, mais j'ai pour eux un message du monde réel de l'agriculture : les plantes génétiquement modifiées offrent des avantages. Depuis 20 ans, je cultive du maïs et du soja GM – cela représente plus de la moitié de ma vie d'adulte en tant qu'agriculteur – et je suis toujours impressionné par cette technologie.
Je ne suis pas le seul dans ce cas. Les agriculteurs du monde entier choisissent de semer des plantes GM parce qu'elles livrent ce qu'on en dit. Peu importe si nous gérons de grandes exploitations aux États-Unis ou au Brésil, ou si nous sommes des petits producteurs de coton au Burkina Faso ou en Inde : partout où les plantes GM sont disponibles, les agriculteurs les choisissent de manière écrasante. Plus de 90% des hectares de maïs et de soja des États-Unis sont des cultures GM.
Nous ne les choisissons pas parce qu'elles sont à la mode. Nous ne les choisissons pas parce que les sociétés de semences nous les imposent. Et nous ne les choisissons certainement pas parce qu'elles sont bon marché. C'est un choix volontaire et une décision entrepreneuriale pertinente lorsque les agriculteurs choisissent les cultures GM.
Le New York Times semble penser que nous les choisissons parce que nous sommes stupides. Il affirme que nous méconnaissons un « problème fondamental » et que nous avons tort de croire que les plantes GM augmentent les rendements ou réduisent l'utilisation de pesticides.
Je suppose qu'il est possible que le New York Times ait raison – et que des millions d'agriculteurs dans le monde, qui travaillent pour produire des denrées aussi différentes que le soja, la betterave à sucre et les papayes, se trompent tous. Peut-être qu'une poignée de journalistes de Manhattan en sait plus que nous.
Mais j'en doute.
Le New York Times cite son propre « examen approfondi » des données. Je préfère me fonder sur mon expérience personnelle.
Comme tant d'agriculteurs, nous faisons toujours des essais sur notre ferme. Chaque année, nous essayons de nouvelles variétés et pratiques sur un nombre limité d'hectares pour voir ce qui marche, en essayant de minimiser nos dépenses et de maximiser nos rendements tout en protégeant les ressources nécessaires à la culture. Nous avons fait cela la première année où nous avons essayé des plantes GM, les testant sur un petit nombre d'hectares pour commencer. Au départ, les plantes génétiquement modifiées devaient nous prouver leur valeur. C'est notre propre « examen approfondi » à nous, effectué campagne après campagne dans une quête pour toujours faire mieux.
Permettez-moi donc de vous donner un exemple de l'année écoulée, lorsque nous avons semé environ 1.200 hectares de maïs. Nous avons choisi de cultiver surtout du maïs GM parce que nous avons eu un vrai succès avec lui. Mais nous avons également voulu savoir comment le dernier maïs GM se comparait aux variétés non génétiquement modifiées les plus récentes ; alors, nous avons réservé environ 100 hectares pour du maïs non GM.
Mon instinct me disait que le maïs GM surpasserait le maïs non GM. Mais vous ne ne pouvez jamais le savoir avant d'avoir essayé, et je tiens à garder l'esprit ouvert. Je ne veux jamais m'incruster dans la routine. En outre, si le maïs non GM devait se montrer capable de rivaliser avec le maïs GM, j'aimerais le savoir – parce que je pourrais économiser beaucoup d'argent sur les semences.
Lorsque le temps de la récolte est arrivé, le résultat a été clair. Les hectares de maïs génétiquement modifié ont produit en moyenne plus de 95 quintaux. Les hectares de maïs non GM étaient loin derrière, avec environ 63 quintaux.
Le scientifique en moi doit reconnaître qu'il faut faire preuve de prudence. Il est possible, par exemple, que nous ayons choisi une piètre variété de maïs non GM et qu'une autre variété aurait mieux fait. Peut-être avons-nous retenu une variété qui n'était pas adaptée au sol ou au climat de notre ferme.
Pourtant, je ne le pense pas. Nous avons expérimenté sur notre ferme depuis près de quatre décennies – et nous avons acquis la certitude que les plantes génétiquement modifiées sont bénéfiques pour nous et pour les consommateurs. Elles n'ont pas seulement augmenté nos rendements et réduit notre dépendance envers les produits traditionnels de protection des cultures, mais elles ont également été bénéfiques pour l'environnement. Grâce aux plantes génétiquement modifiées, nous avons pu réduire le travail du sol et éliminer un certain nombre de passages annuels sur nos champs, ce qui a permis d'économiser du carburant et de réduire l'usure des machines. Le fait de ne pas avoir à utiliser nos tracteurs autant que nous le faisions auparavant signifie aussi que nous émettons moins de gaz à effet de serre et que nous laissons une plus petite empreinte carbone.
Ceci est mon histoire. Je soupçonne que des millions d'autres agriculteurs ont leur propre version. S'ils ne l'avaient pas, ils ne se tourneraient pas vers les plantes GM comme ils le font.
La prochaine fois que le New York Times écrira sur l'agriculture, il devrait faire mieux et s'assurer que les nouvelles imprimées incluent les points de vue des gens qui produisent les récoltes : les agriculteurs de notre pays !
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* Terry Wanzek est un agriculteur de quatrième génération du Dakota du Nord. Dans le cadre d'un partenariat familial il cultive du blé de printemps, du maïs, du soja, de l'orge, des haricots secs pour la bouche et du tournesol. Terry a été élu Sénateur d'état du Dakota du Nord, et apporte son leadership au comité de l'agriculture et assume la fonction de Président Pro Tempore du Sénat. Terry est membre bénévole du conseil d'administration du Global Farmer Network et continue d'œuvrer pour l'Association Nationale des Producteurs de Blé et la NoDak Mutual Insurance. Il est titulaire d'un diplôme en administration des affaires et en comptabilité du Jamestown College et a complété le Texas A & M Executive Program for Agricultural Producers.