Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Arrêté phyto » : les agriculteur seront-ils les victimes de la démagogie ?

1 Novembre 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #Politique, #Générations futures

« Arrêté phyto » : les agriculteur seront-ils les victimes de la démagogie ?

 

Glané sur la toile 104

 

 

« Arrêté phyto : ménager l’environnement ou les environnementalistes ? »

 

Saisi par l'Association Nationale Pommes Poires (ANPP), le Conseil d'État a, le 6 juillet 2016 :

 

« enjoint au ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, au ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, et au ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie d'abroger l'arrêté du 12 septembre 2006 [relatif à la mise sur le marché et à l'utilisation des produits visés à l'article L. 253-1 du code rural] dans le délai de six mois à compter de la notification de la présente décision. »

 

Cet arrêté définit notamment les conditions d'utilisation des produits phytosanitaires. L'ANPP le contestait fondamentalement parce qu'il était inapplicable dans la pratique, tant ces conditions étaient déconnectées de la réalité. Et cela valait pour tous les modes de production, y compris le mode biologique.

 

Pour rappel, les 1500 producteurs membres de l’ANPP représentent 860 000 tonnes de pommes (une bonne moitié de la production française) et 35 000 tonnes de poires. Ils sont engagés dans une charte de production fruitière intégrée et un référentiel de bonnes pratiques arboricoles.

 

L'ANPP a eu gain de cause sur un point de procédure. Le résultat est néanmoins que les trois ministères doivent remettre l'ouvrage sur le tapis. Se pose donc à nouveau la question de savoir si la priorité doit aller vers des règles réalistes, permettant à l'agriculture de prospérer tout en répondant aux autres exigences que sont la protection de la santé et de l'environnement, ou à la complaisance démagogique et électoraliste.

 

Avec « Arrêté phyto : ménager l’environnement ou les environnementalistes ? » le site Forumphyto propose une excellente analyse.

 

 

« La réglementation sur les pesticides risque fort d’être allégée »

 

Comme Forumphyto, nous signalerons aussi « La réglementation sur les pesticides risque fort d’être allégée » de Reporterre, qui apporte d'utiles compléments.

 

Une des illustrations de Reporterre. Ces gens savent pourtant que les traitements par voie aérienne ne sont plus autorisés.

 

 

« Les associations environnementales – est-il dit en chapô – ont été écartées des discussions et craignent que le nouveau règlement soit moins protecteur que le précédent. »

 

Craindre... Leur fond de commerce, ce sont les peurs, les annonces de l'apocalypse et les revendications d'inflation réglementaire. Inutile, donc, de tenter de les rassurer et d'expliquer que ce qui protège, ce sont davantage les bonnes pratiques que les règlements ; et, dans le cas des riverains, quelques comportements citoyens de bon voisinage.

 

C'est l'occasion de rappeler ici que le site http://victimes-pesticides.fr/ annoncé avec force flonflons et qui devait démontrer une catastrophe n'a guère évolué : cela reste un catalogue essentiellement d'anecdotes, de réactions à la désinformation, de ragots et d'intolérance ; en même temps, c'est un indicateur de la vraie situation.

 

 

« Arrêté 2006 : L’utilisation des pesticides ne devrait pas se faire au détriment de la santé et de l’environnement »

 

Mais nous signalerons aussi « Arrêté 2006 : L’utilisation des pesticides ne devrait pas se faire au détriment de la santé et de l’environnement » de la petite entreprise Générations Futures. Avec notamment ce morceau d'anthologie :

 

« Dans le nouveau projet d’arrêté, la rédaction indiquait à 19 km/h et stipulait qu’en plus il fallait s’assurer que le vent soufflait à cette vitesse pendant au moins 10 minutes et à 2 mètres de haut ! Mesdames et messieurs armés vous de mètres, chronomètres et anémomètres maintenant pour savoir si l’agriculteur respecte ou non cette vitesse ! On vous laisse imaginer les difficultés pour contrôler ce point ! »

 

C'est Générations Futures (et ce gobbledygook est un copier-coller)... Son cœur de cible, ce sont les bobos écolos et surtout hypocondriaques. Son approche, c'est donc celle de l'empêcheur de cultiver... On vous laisse imaginer que si c'est difficile de vérifier le respect des règles pour le dénonciateur et plaignant potentiel, ça doit l'être tout autant pour l'agriculteur.

 

Mais de ça, Générations Futures n'en a cure. Et pourtant ! C'est aussi une association écran pour l'industrie et le commerce de l'agriculture biologique. Que ce soit également difficile de vérifier le respect des règles pour l'agriculteur biologique – souvent obligé de traiter davantage que le conventionnel parce que ses produits sont moins performants, comme le cuivre à renouveler après chaque pluie – lui échappe... Ou peut-être pas, auquel cas l'agriculteur biologique est cyniquement pris comme victime collatérale de la promotion du fond de commerce anti-pesticides.

 

 

"Générations Futures est très vigilant sur le choix de ses partenaires. Notre association n’accepte des financements que de structures qui ont une démarche éthique, écologique et socialement juste"... Biocoop, condamné pour publicité dénigrante...

 

 

 

Forumphyto a compilé une liste, avec les liens.

 

Nous n'en ferons pas d'analyse sociologique. Mais la question suivante nous paraît particulièrement intéressante en ce qu'elle illustre la problématique de la protection des plantes et, partant, une partie du contexte dans lequel doit s'inscrire le nouvel « arrêté phyto »

 

« M. Marcel Bonnot [Les Républicains – Doubs] appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la montée en puissance des maladies et ravageurs. Depuis de nombreuses années la coordination rurale se bat pour que la santé végétale soit reconnue, au même titre que la santé animale et qu'une politique européenne efficace soit mise en place pour assurer la protection et la surveillance des maladies végétales. Ce combat est d'autant plus d'actualité que de nombreuses maladies importées (sharka, xylella fastidiosa, tuta absoluta, etc.) mettent en péril les productions françaises et attaquent des revenus déjà amoindris. Il lui demande de lui indiquer les mesures que le Gouvernement entend prendre au niveau sanitaire pour que nos productions puissent envisager un avenir plus serein. »

 

Posons le problème dans le contexte, non pas des maladies émergentes, importées, mais des fléaux actuels : va-t-on étendre les « zones non traitées » au point de compromettre, par exemple, la lutte contre la cicadelle et la flavescence dorée de la vigne ?

 

Posons aussi le problème dans le contexte de la santé publique : la protection phytosanitaire est un élément important de la protection de notre propre santé. Est-on conscient, dans les milieux dans lesquels se prendront les décisions sur l'« arrêté phyto » que les mycotoxines, par exemple, sont redoutables, tout comme l'ergot du seigle, les graines de datura... ?

 

« Royal veut des alternatives aux néonicotinoïdes… et vite »

 

C'est sur la France Agricole et c'est typique d'une démagogie insupportable et – aussi – d'un mépris inacceptable de la démocratie, ainsi que de l'ordonnancement administratif.

 

Les anti-pesticides ont obtenu une interdiction à terme, sur le terriroire français, des néonicotinoïdes. Mme Ségolène Royal – soucieuse de plaire à l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) et plus généralement à une opinion publique travaillée en profondeur par les militants anti-pesticides (et par son propre comportement) – a souhaité « aller plus vite ». Le compromis laborieusement trouvé par notre Parlement, elle s'en moque Royalement...

 

Le Gouvernement et le Parlement ont aussi décidé de confier à l'ANSES la mission de gérer les autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires... Elle a « demandé à l’Anses de ne pas délivrer d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de produits à base d’imidaclopride ».

 

Nous, nous aimerions demander au Gouvernement de gouverner dans l'intérêt bien compris de la France et des Français, pas de flatter des groupes de pression et d'intérêts (ni des égo démesurés).

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article