Muesli dans les pesticides : premières victimes !
Sur le plan médiatique, l'infâme « rapport » « Enquête EXPPERT 7 : des pesticides perturbateurs endocriniens dans des mueslis » aura été un feu de paille. À de rares exceptions près – dont le Monde – les médias ont repris sans recul et sans esprit critique les éléments de langage du plan com' de Générations Futures, aussi à de très rares exceptions près – dont le Figaro.
Il y a les articles... et il y a les commentaires. L'Obs s'est particulièrement distingué dans l'obscénité. Non content de produire un article des plus anxiogènes – et faisant implicitement l'article de manière putassière pour le « bio » – avec « Attention au muesli non bio bourré de pesticides ! », il a laissé passer le commentaire suivant :
« A tous les faibles d'esprit qui n'ont pas encore compris, répétons : "bio", ça veut dire SANS pesticides, et tout ce qui n'est pas "bio" en est a contrario bourré. Il suffit d'observer ce que nos crétins d'agriculteurs déversent sur un champ de blé pour comprendre... En plus, ça leur coûte une fortune et après, ils viennent pleurer qu'ils n'ont pas d'argent... »
Mais impossible de faire passer une réponse pour faire savoir que ce commentateur est nourri par « nos crétins d'agriculteurs » ou que l'Obs a aussi des abonnés chez les « crétins d'agriculteurs ».
Dans ce Sodome et Gomorrhe médiatique, tout de même un Loth : le Point et son « Raoult - Des pesticides dans les mueslis ? Mais arrêtons le délire ! ».
Dans cette morne plaine médiatique, notre ami la Théière Cosmique et son « Le Muesli du matin n’est PAS bourré de pesticides » a été cité abondamment par Arrêt sur Images (derrière un péage). Et aussi, par une simple référence, par Ouest France ; mais, amis journalistes, est-il conforme à la déontologie journalistique de mettre toute une tartine sur la gesticulation militante et trois petites phrases seulement sur une « étude contestée », alors que le démontage de M. McOtelett est impitoyable ?
Les médias sont passés à autre chose. Ils n'ont bien sûr pas eu le temps de rectifier le tir, notamment d'interroger les producteurs de muesli mis en cause, ou des spécialistes de la toxicologie. On aurait toutefois tort de croire que l'opération de la petite entreprise incorporée sous forme d'association et largement financée par l'industrie du bio a été un échec. Le « rapport » est destiné à rester sur la toile, à être périodiquement ressorti des cartons pour peser sur l'opinion publique et les décisions politiques.
Et il a déjà eu son impact politique.
Au Sénat, M. Joël Labbé, du Groupe écologiste, a interpellé Mme Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé. Générations Futures... Groupe écologiste... normal, le patron de fait de la première est membre du conseil fédéral d'EELV. Et un « rapport » publié le 11 octobre 2016 peut déjà donner lieu à une question le 13... toutes les vérifications ayant sans nul doute été faites quant à sa pertinence. Enfin, la vérification était parfaitement superfétatoire, les journaux en ayant parlé dans le sens que l'on sait.
Voici ce qu'a donné l'échange (en vidéo ici) :
M. Joël Labbé . - Ma question s'adresse à Mme la ministre de la santé. Chaque semaine nous apporte son lot d'alertes : citant une étude de l'association Génération future, un grand quotidien titrait avant-hier « Un bol de pesticides pour votre petit-déjeuner ». Dans tous les échantillons de Muesli - non bio - un produit particulièrement prisé dans les familles, très consommé par les adolescents comme les femmes enceintes, cette étude a détecté des résidus de pesticides avec une concentration de 0,177 mg par kilo : c'est 354 fois la concentration admise par la réglementation pour l'eau potable ! Or ces pesticides sont des perturbateurs endocriniens.
Pourquoi tant de pesticides sont-ils autorisés dans le Muesli ? Parce que pour les produits alimentaires, aucune limite globale n'est fixée aux résidus, contrairement à la réglementation pour l'eau potable. Résultat, on ne tient nul compte des effets des cocktails de pesticides sur la santé.
Or la Commission européenne a proposé une définition des perturbateurs endocriniens que notre Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) trouve insuffisante. Madame la ministre, quelle sera la position de la France à Bruxelles, pour obtenir une définition plus respectueuse de la santé ? (Applaudissements sur les bancs écologistes)
Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé . - L'étude que vous mentionnez suscite des inquiétudes. Vous savez que j'ai agi, dans les lois de santé, pour limiter l'exposition de nos concitoyens aux perturbateurs endocriniens - nous avons, en particulier, interdit le bisphénol A dans les contenants alimentaires et les jouets. Je partage votre avis : la définition que la commission européenne propose pour les perturbateurs endocriniens, trop restrictive, n'est pas satisfaisante. Je l'ai dit à Bruxelles puis, il y a quelques jours au commissaire européen à la santé que j'ai reçu à Paris, en faisant notamment valoir l'analyse de l'Anses : c'est donc la position officielle de la France.
Quant aux pesticides, avec Stéphane Le Foll et Ségolène Royal (Exclamations à droite), nous avons décidé de saisir l'Anses pour qu'elle propose une limite globale dans l'alimentation comme il en existe pour l'eau potable. (Applaudissements sur les bancs socialistes et écologistes).
Avec Mme Touraine, nous aurons été privés du mouvement de menton que nous aurait administré M. Le Foll. Mais, tout de même ! Cette précipitation est significative d'un extraordinaire manque de colonne vertébrale dans la gestion des affaires publiques.
C'est la désinformation qui gouverne !
Générations Futures a trouvé – affirme avoir trouvé, sauf erreur dans un échantillon unique et sans nul doute selon une méthodologie laissant à désirer – 0,177 milligrammes de résidus de pesticides dans un kilogramme de muesli. La belle affaire !
De nombreux aliments contiennent des isoflavones, dont la daidzéine et la génistéine, connus pour être des perturbateurs endocriniens. Selon des données de l'USDA, il y a 44,5 milligrammes de daidzéine et 60,6 milligrammes de génistéine dans un kilogramme de lait de soja. Oublions les chiffres précis : combinés, ces deux perturbateurs endocriniens représentent quelque 600 fois les résidus du muesli le plus « contaminé ».
Vite... il faut demander à l'ANSES...
Et si on disait: "ten reasons to ban soy milk" ? Que dirait l'Anses ?