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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les évaluations fondées sur le seul danger, ça suffit !

31 Octobre 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #circ, #Santé publique

Les évaluations fondées sur le seul danger, ça suffit !

 

 

 

À propos de « Classification schemes for carcinogenicity based on hazard-identification have become outmoded and serve neither science nor society » (les systèmes de classement de la cancérogénicité fondés sur l'identification du danger sont devenus obsolètes et ne servent ni la science, ni la société).

 

 

 

Imaginez que vous évaluiez l'électricité sur la base des principes appliqués par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) : vous recherchez des éléments de preuve de danger ; vous trouvez des cas d'électrocution par des installations à très haute tension (par exemple des gamins qui ont grimpé sur des wagons, sous des caténaires) ou par des installations domestiques mal isolées ou manipulées avec imprudence (par exemple les pieds dans l'eau du bain)... Vous concluez : l'électricité est un danger certain.

 

Votre analyse se termine là. Peut-être allez-vous préciser dans votre communication que votre travail n'est que la première étape de l'évaluation ; qu'il appartient à d'autres institutions internationales et nationales de procéder à des évaluations des risques, de formuler des décisions sur des mesures de prévention, de prévoir des programmes efficaces de contrôle de l'électrocution et de faire des choix parmi les diverses options relatives à la santé publique.

 

Mais peut-être n'allez-vous pas mettre votre classement en perspective... Ou pire... vous allez contribuer, passivement ou même activement, à l'exploitation de votre classement par des milieux opposés à l'électricité.

 

Dans un monde moderne doté d'extraordinaires moyens de communication, où la désinformation et la manipulation ne connaissent aucune limite technique, vous êtes devenus non seulement obsolètes, mais aussi dangereux pour la société.

 

Vous l'êtes en fait, même si vous faites un gros effort d'explication.

 

C'est, d'une certaine manière, ce qu'on écrit dix personnalités venant d'horizons différents – Alan Boobis, Samuel Cohen, Vicki Dellarco, John E. Doe, Penelope A. Fenner-Crisp, Angelo Moretto, Timothy P. Pastoor, Rita Schoeny, Jennifer Seed, Douglas C. Wolf – dans un article d'opinion scientifique, « Classification schemes for carcinogenicity based on hazard-identification have become outmoded and serve neither science nor society » (les systèmes de classement de la cancérogénicité fondés sur l'identification du danger sont devenus obsolètes et ne servent ni la science, ni la société).

 

Il va de soi que cette opinion est transposables à d'autres domaines où règne une confusion entre danger et risque.

 

 

Le résumé de l'article

 

« Les systèmes de classement de la cancérogénicité fondés uniquement sur l'identification des dangers tels que le processus des monographies du CIRC et le système des Nations Unies adopté dans l'UE sont devenues obsolètes. Ils reposent sur un concept développé dans les années 1970, selon lequel les substances chimiques peuvent être divisées en deux catégories : les cancérogènes et les non-cancérogènes. Une telle catégorisation met dans la même rubrique des substances chimiques et des agents ayant des potentiels et des modes d'action très différents. C'est ainsi que manger de la viande transformée peut tomber dans la même catégorie que le gaz moutarde. Les approches fondées sur la caractérisation des dangers et des risques présentent une image globale et équilibrée des dangers, des réponses à la dose et de l'exposition, et permettent de prendre des décisions de gestion des risques en toute connaissance de cause. Parce qu'un cadre décisionnel fondé sur le risque tient pleinement compte du danger dans le cadre de la dose, du potentiel et de l'exposition, on évite les inconvénients indésirables d'une approche fondée sur le seul danger, par exemple, les peurs sanitaires, les coûts économiques inutiles, la perte de produits bénéfiques, l'adoption de stratégies induisant de plus grands coûts de santé, et le détournement de fonds publics vers une recherche inutile. Une initiative en vue d'un accord sur une méthodologie normalisée, internationalement acceptable, pour l'évaluation des cancérogènes est maintenant nécessaire. L'approche devrait intégrer les principes et concepts des cadres internationaux existants, fondés sur le consensus, y compris le cadre du mode d'action OMS-IPCS.

 

 

Le communiqué de presse

 

Des universitaires, d'anciens régulateurs et d'autres scientifiques contestent les systèmes de classification de l'agence de l'OMS pour le cancer, qualifiés d'obsolètes

 

Une équipe d'experts scientifiques multidisciplinaires dit que les évaluations du CIRC et de l'ONU fondées sur le seul danger ne servent ni la science, ni la société

 

 

Dix éminents experts en toxicologie, oncologie, pharmacologie, biologie, endocrinologie, génétique et disciplines connexes qui ont travaillé dans les milieux universitaires, la recherche gouvernementale et commerciale de produits, le développement et la réglementation ont publié leur point de vue dans le journal officiel de l'International Society for Regulatory Toxicology and Pharmacology et ont déclaré que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et le Système général harmonisé de classification et d'étiquetage des produits chimiques des Nations Unies (United Nations Global Harmonized System for Classification and Labeling – SGH) utilisent des systèmes obsolètes fondés sur le danger pour évaluer les risques de cancer et communiquer avec le public. Les auteurs notent que la mise en œuvre de ces approches et les systèmes de classification peuvent conduire à des préoccupations du public infondées et à des politiques publiques qui réagissent à ces préoccupations; c'est par exemple le cas du classement inapproprié de la consommation de viande rouge dans la même catégorie que l'exposition au gaz moutarde.

 

« Ce processus fondé sur la seule identification du danger range des produits chimiques ayant des potentiels et des modes d'action très différents dans la même catégorie », a déclaré le professeur Alan Boobis, PhD, Imperial College de Londres, Département de Médecine. « Les conséquences en sont des alertes sanitaires inutiles et un détournement inutile des fonds publics. »

 

Le commentaire recommande de mettre à jour les approches d'évaluation de ces organisations et d'autres organisations internationales gouvernementales de manière à utiliser les méthodes internationalement reconnues déjà mises en œuvre par de nombreux organismes gouvernementaux de réglementation pour l'évaluation des risques de cancer à l'aide des cadres existants, fondés sur le consensus, y compris ceux du Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques de l'Organisation Mondiale de la Santé (IPCS).

 

« Les progrès de la science de l'évaluation des risques et de la gestion des risques chimiques ne sont pas reflétés dans l'approche dépassée du CIRC, uniquement fondée sur l'évaluation des dangers », a déclaré Rita Schoeney, PhD, ancienne conseillère scientifique principale de l'Agence de Protection de l'Environment des États-Unis d'Amérique. « L'US EPA et d'autres instances de réglementation appliquent les approches les plus complètes et les plus modernes à leurs évaluations à l'appui des décisions sur la gestion des risques. Cela garantit que les substances chimiques potentiellement toxiques pour les humains sont identifiées et que les expositions sont réduites au minimum avant que des effets néfastes sur la santé soient observés dans les populations. »

 

Les auteurs notent que l'utilisation des systèmes obsolètes d'identification du seul danger ont également de graves conséquences pour la société.

 

« Les peurs relatives à la santé déclenchées par les rapports récemment publiés par le CIRC ont incité des gouvernements et des organismes publics à commanditer des rapports supplémentaires coûteux et, dans certains cas, à promulguer des restrictions ou des interdictions pour des produits qui ont des avantages importants pour le public », a déclaré Timothy Pastoor, PhD, ancien chercheur principal de l'industrie. « En faisant la promotion de cette approche uniquement fondée sur le danger et en la défendant, la société perd des outils importants et les remplace souvent – sans fondement scientifique solide – par des alternatives moins efficaces, parfois plus toxiques. »

 

Les auteurs concluent que la recherche fondée sur le seul danger joue un rôle dans l'évaluation des risques, mais ne suffit pas pour guider les décisions de gestion des risques appropriées. Les auteurs pronent l'adoption de stratégies modernes qui combinent la caractérisation des dangers et des risques pour éviter des conséquences non intentionnelles sous la forme de crises sanitaires fabriquées, entraînant des coûts et des détournements de fonds publics inutiles.

 

SOURCE: Regulatory Toxicology and Pharmacology

http://dx.doi.org/10.1016/j.yrtph.2016.10.014

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