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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Petite balade dans la presse : des rationalistes ont écrit...

7 Septembre 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #OGM, #Glyphosate (Roundup)

Petite balade dans la presse : des rationalistes ont écrit...

 

Glané sur la toile 94

 

 

« Adieu au glyphosate ? » de M. Jean-François Proust

 

Ce fut publié dans le Nouvel Économiste le 6 juillet 2016, donc après la décision prise par la Commission européenne – contrainte et forcée par la veulerie des États membres – de renouveler l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate pour 18 mois au maximum (jusqu'à fin 2017), en attendant le rapport de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Un rapport dont les conclusions provisoires – quasi forcément finales – sont déjà connues...

 

Titre et texte tout à fait pertinents : la sinistre farce de la démission collective des politiques devant les mensonges et les manipulations des milieux qui ont décidé d'avoir la peau du glyphosate se rejouera à nouveau l'année prochaine. Avec les mêmes mensonges, les mêmes manipulations...

 

C'est l'occasion ici d'un rattrapage : l'image est tirée de « à tous ceux qui veulent bannir le glyphosate » de M. Frédéric Thomas.

 

Ah non, pas tout à fait :

 

  • L'Autorité de protection de l'environnement de la Nouvelle-Zélande a fait réexaminer les preuves de la cancérogénicité possible du glyphosate. Cet examen a mené à la conclusion que le glyphosate n'est probablement pas [unlikely to be] cancérogène pour les humains ou génotoxique, et qu'il ne devrait pas être classé comme mutagène ou cancérogène dans le cadre de la loi sur les substances dangereuses et les nouveaux organismes. Rappelons à toutes fins utiles que « probablement pas » exprime l'impossibilité scientifique de prouver une innocuité en déployant des moyens raisonnables, et même extravagants.

 

 

« Comme d’autres comités d’experts reconnus internationalement, l’OSAV juge peu probable que le glyphosate présente un risque cancérogène pour l’homme via l’alimentation. Du point de vue sanitaire, il ne voit donc pas l’utilité de modifier les valeurs maximales en vigueur ou de prendre d’autres mesures visant à réduire l’exposition. »

 

  • Le 2 septembre 2016, la Commission de la Science, de l'Éducation et de la Culture du Conseil National suisse a décidé, par 15 voix contre 7, de ne pas donner suite à une pétition déposée notamment par Greenpeace et la Fédération Romande des Consommateurs qui demandait l’interdiction de l’usage du glyphosate dans l’agriculture ainsi que l’établissement d’un programme visant à abandonner l’utilisation de tous les pesticides chimiques de synthèse :

     

    « La majorité de la commission est d’avis qu’il n’y a pas, selon les connaissances actuelles, de raisons scientifiques qui justifient d’interdire l’usage du glyphosate en général, et en particulier dans l’agriculture. »

 

La procédure n'est pas arrivée à son terme, mais le résumé du motif du rejet est explicite.

 

  • La médecin-hygiéniste en chef par intérim du Nouveau-Brunswick a rendu public son rapport sur l'usage du glyphosate dans cette province canadienne (communiqué de presse ; résumé ; document ; article en français). Le rapport conclut que les habitants du Nouveau-Brunsvick ne sont pas exposés à un risque supérieur par rapport aux autres Canadiens et qu'aucune mesure supplémentaire de protection de la santé publique n'est justifiée. Ce qui est particulièrement intéressant ici, c'est que le rapport a reçu l'appui remarqué de M. John McLaughlin, conseiller scientifique principal de Santé Publique de la province de l'Ontario... et membre du groupe de travail qui a classé le glyphosate comme cancérogène probable.

 

« Globalement, les risques associés au glyphosate sont faibles et ceux-ci sont décrits de manière appropriée dans le rapport du Nouveau-Brunswick, tout en reconnaissant qu'il existe une préoccupation potentielle s'il n'est pas utilisé à bon escient et avec parcimonie et selon les modalités approuvées par les organismes de réglementation. »

 

Après des propos emberlificotés en avril 2015, ne serait-ce pas là le début d'une critique de l'activisme déployé par des agents du CIRC pour avoir la peau du glyphosate ?

 

Revenons donc à M. Jean-François Proust, « ingénieur agronome, ex INRA, animateur du Forum Phyto » et « Peut-on se passer du glyphosate ? »

 

 

La réponse est percutante :

 

« Oui, les agriculteurs peuvent se passer de glyphosate, comme d’ailleurs de tous les pesticides, y compris bios. Mais avec quelles conséquences ? Seul celui qui n’a jamais cultivé de jardin peut prétendre qu’il n’y a pas de "mauvaises" herbes. Depuis le néolithique, elles sont le pire ennemi de l’agriculture. Les biner manuellement est une tâche longue, ingrate et pénible. Elles reviennent toujours et, non maîtrisées, réduisent fortement le potentiel de récolte. »

 

[…]

 

Sans glyphosate, on peut donc produire, certes ! Mais en moins grandes quantités, plus cher, de moins bonne qualité, de façon plus aléatoire et avec plus d’impact sur l’environnement. [...] »

 

Il y a aussi un petit catalogue des répercussions d’une interdiction. Mais le mieux est encore de lire l'article d'origine.

 

Un article qu'il faudra ressortir quand, grâce au CIRC et à la faiblesse politique de nos gouvernants, le cirque recommencera.

 

 

« La position inconséquente de la France au sujet du Roundup » de M. Gérard Kafadaroff

 

C'est sur le Huffington Post du 18 juillet 2016.

 

Et c'est un coup de gueule contre un « vote français irresponsable » :

 

« Après plus de 40 ans d'utilisation mondiale sans problème sanitaire, contre l'avis de la Commission européenne et sa proposition initiale de prolongation de 15 ans, le gouvernement français s'est opposé au renouvellement de l'autorisation de vente du désherbant. »

 

C'est, là aussi, un réquisitoire sans complaisance :

 

« Sans réelle réflexion sur les conséquences pour les agriculteurs, ce vote français est incompréhensible et traduit le peu d'intérêt accordé par les décideurs politiques à l'agriculture française. »

 

Mais, là aussi, nous avons envie d'élargir le débat. Ce comportement indigent de nos gouvernants n'est-il pas une preuve – de plus – du fait que notre système démocratique a atteint ses limites face au pouvoir de la désinformation surmultiplié par les réseaux sociaux, les médias complaisants et le pouvoir de nuisance de minorités d'opinion qui font la bascule d'un camp politique à l'autre... en attendant qu'une extrême ne renverse la table ?

 

 

M. Kafadaroff est un adepte des questions qui interpellent le lecteur. Il en est une qui constitue un bon résumé de la situation ; de l'irresponsabilité d'une ministre dont l'horizon est à la hauteur de son nombril ; et de la démission collective d'un gouvernement qui trahit ses responsabilités envers la France pour les trente deniers électoraux que lui rapporte une complaisance envers l'idéologie verte :

 

« Comment promouvoir des techniques agronomiques agro-écologiques tout en privant les agriculteurs des outils pour les mettre en œuvre ? »

 

Nous craignons que la réponse ne soit dans la question... la promotion des techniques baptisées « agro-écologiques » procède de la même démarche d'opportunisme électoral. Et, sans prise de conscience des vraies réalités, cela ne changera pas avec le changement prévisible de gouvernement.

 

On ne peut donc que souhaiter que M. Kafadaroff récidive...

 

 

« La réglementation européenne des nouvelles biotechnologies végétales : au cœur des enjeux » de Mme Catherine Regnault-Roger

 

Ces « nouvelles biotechnologies végétales », ce sont des objets dont la désignation est encore fluctuante en français, mais qui ont déjà fait beaucoup de bruit, rapport à un rapport du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) – qui est devenu un rapport provisoire sur le site (décidément détestable) du HCB – et à des démissions qui se sont voulues fracassantes. Il s'agit donc, selon l'« Introduction générale » à la « première étape de la réflexion du HCB », des :

 

« nouvelles techniques d’obtention de plantes, dites "New Plant Breeding Techniques" (NPBT) ».

 

Selon le Comité scientifique du HCB,

 

« la liste des techniques discutée est relativement hétéroclite, et leur appellation "New Plant Breeding Techniques" peut prêter à confusion ».

 

Résumons donc par une autre voie : il s'agit de ces techniques détestées par le monde alter et anti, lequel tient absolument à ce que leurs produits soient qualifiés d'OGM. Si ce monde parvient à ses fins, les produits devront passer par les fourches caudines des diverses procédures d'autorisation ; et si les produits franchissent par miracle les obstacles, leur culture aura in fine toutes les malchances d'être interdite, pour cause de démission politique, d'opportunisme électoral et de complaisance envers l'« opinion publique », lire : les désinformateurs.

 

En fait, notre définition iconoclaste ne colle pas non plus : c'est que le front du refus veut aussi faire interdire les variétés rendues tolérantes à un herbicide (VrTH) grâce à des mutations induites, provoquées – variétés popularisées sous le vocable « OGM cachés » –, voire les variétés simplement tolérantes à un herbicide issues d'une mutation spontanée.

 

Du point de vue des procédés, l'horloge du progrès agronomique (et alimentaire) devrait donc être remontée de près d'un siècle pour la sélection par mutations induites, voire à l'aube de l'humanité agricole pour l'exploitation des mutations spontanées. Le discours doit évidemment faire le grand écart car il y a les nombreuses variétés issues de mutations, récentes et anciennes, et des mutations dont aucune personne raisonnable ne contesterait le bénéfice.

 

Notons incidemment que l'on peut lire des chiffres sur le nombre de variétés issues de mutations induites (par exemple ici, « plus de 2 500 »). Ces chiffres sont à notre sens faux car ils ne tiennent pas compte des descendants des premières variétés issues de mutations induites. Si l'on devait suivre le rétropédalage inscrit en filigrane dans les revendications de l'altermonde, il faudrait probablement soumettre la culture d'espèces entières à la folie bureaucratique, réglementaire et démagogique des procédures d'autorisation.

 

 

Mme Catherine Regnault-Roger, membre de l’Académie d’agriculture et professeur des universités émérite, écrit donc dans « La réglementation européenne des nouvelles biotechnologies végétales : au cœur des enjeux » :

 

« Le débat sociétal sur les OGM s’est déplacé vers d’autres cibles biotechnologiques pour lesquelles les enjeux réglementaires sont, plus que jamais, cruciaux pour l’avenir de l’agriculture française et européenne. »

 

Nous pouvons élargir le propos : derrière l'agriculture, il y a l'alimentation ; il faut le répéter inlassablement à une population qui perd la conscience de ce lien. D'autre part, l'Europe exporte de diverses manières – y compris d'abominables – ses « solutions ». C'est donc aussi, notamment, l'avenir de l'agriculture africaine qui est en jeu.

 

Mme Regnault-Roger fait un constat amer : la réglementation européenne sur les OGM est obsolète :

 

« Cette réglementation apparaît aujourd’hui inadaptée et disproportionnée par rapport aux risques puisque les recherches conduites au cours des deux dernières décennies démontrent que la culture de ces plantes génétiquement modifiées (PGM), dans le respect des bonnes pratiques agricoles, ne présente pas plus de toxicité et d’écotoxicité que celle des plantes conventionnelles ; mieux, qu’elle s’accompagne d’améliorations phytopharmaceutiques et de la biodiversité, ou encore de la qualité sanitaire des récoltes. »

 

Et pourtant, l'Europe – ne pas lire : « la Commission », mais les États membres et le Parlement européen ont engagé – fait engager par la Commission – un exercice d'exégèse juridique d'un texte obsolète pour déterminer si et comment il peut et doit s'appliquer aux nouvelles techniques...

 

Mais l'opportunisme et le court-termisme politiques se heurtent à l'évidente rationalité de la préconisation de Mme Regnault-Roger : fonder le système sur les caractéristiques du produit nouveau plutôt que sur le procédé d'obtention...

 

Son analyse est non seulement à lire, mais aussi à ressortir périodiquement. Peut-être se trouvera-t-il finalement quelqu'un dans les sphères de la décision politique pour faire admettre que si le ridicule ne tue pas ses auteurs, il peut compromettre l'avenir. L'avenir, peut-être pas des auteurs vu leur âge, mais de leurs enfants et petits-enfants.

 

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