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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Qu'importe leur taille : de petites ONG prétendent représenter le peuple

27 Août 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #Risk-monger

Qu'importe leur taille : de petites ONG prétendent représenter le peuple

 

Risk-monger*

 

 

 

 

Il y a un bâtiment à Bruxelles niché dans les ruelles près du Parlement européen et connu sous le nom de Mundo-B. Un petit bâtiment offrant des bureaux modulables à des douzaines d'organisations de l'activisme environnemental comme les Amis de la Terre Europe, Corporate Europe Observatory, Food and Water Watch Europe,... Elles se partagent le personnel, les budgets, les idées et les campagnes. Avec tant de militants de même obédience se fécondant mutuellement de leur malice, sans exposition à ceux qui pensent différemment, il n'est pas surprenant de constater que le biais activiste peut être cimenté architecturalement. En outre, Mundo-B illustre la stratégie activiste bruxelloise d'organisations minuscules essayant de multiplier leurs réseaux pour donner l'impression qu'elles sont une voix forte, certes auto-proclamée, du peuple.

 

Les ONG ont réussi au cours de la dernière décennie à présenter des petits groupes comme des éléments de grands réseaux, prétendant parler au nom du « peuple », alors qu'en réalité ce ne sont que quelques réactionnaires dans une pièce avec un ordinateur portable et un web-designer, ne devant rendre des comptes à personne et animés par un zèle affectif auto-centré. Leurs membres (généralement de riches fondations avec des membres du conseil d'administration bien disposés) sont rarement consultés, mais plutôt démarchés une fois l'an pendant la saison de la chasse aux fonds. Ces ONG se présentent aux décideurs en tant que représentants de la société civile (le « nous », ils l'opposent au « ils » censé représenter le mal– voir n'importe quel rapport de Greenpeace pour des exemples), exigent un droit de participer au processus politique égal à celui d'autres parties prenantes. Et lorsqu'elles obtiennent leur place à la table, elles discréditent avec arrogance les institutions, les organisations et les entreprises qui sont beaucoup plus représentatives de la population générale.

 

 

Qui est ce « peuple » ?

 

En réalité, la grande majorité de ceux qui sont affectés par les décisions politiques ne font pas partie de ce «peuple » que les ONG prétendent représenter. Des centaines de millions d'Européens ou d'Américains travaillant dans les entreprises, les usines, les banques, les magasins, les fermes, les universités... tentent de joindre les deux bouts, de payer leur loyer, de s'offrir un bon repas ou des vacances tout en mettant leurs enfants à l'école. La seule étiquette qu'ils lisent dans un supermarché, c'est celle du prix ; la première page qu'ils lisent dans un journal est celle des sports ; les principales images qu'ils partagent sur Facebook sont ornées de chats drôles, pas de Monsanto (dont beaucoup pensent que c'est un complexe touristique mexicain).

 

Ces « vrais » gens n'ont pas le temps de suivre les débats environnementaux ou les campagnes émotionnelles de chimiophobie et estiment qu'il ne leur appartient pas de s'impliquer. S'ils votent, c'est en lien avec l'emploi et les questions économiques (et non pas le glyphosate, les produits chimiques ou les édulcorants artificiels). Ils peuvent facilement être déstabilisés, et on peut donc leur faire peur, sur ce qu'il faut manger ou sur la question de savoir s'ils doivent ou non vacciner leurs enfants, mais la plupart d'entre eux n'ont pas le temps de se pencher sur ces sujets et continuent à faire confiance à leur médecin, aux scientifiques et aux enseignes de supermarché.

 

Si on leur présentait honnêtement et patiemment les positions des ONG (avec les éventuelles pertes d'emplois, l'augmentation des prix, la perte de qualité de vie et de l'accès aux marchés), leur réaction serait directe et raisonnable : pas question ! Un jour, lors d'un séjour à l'hôpital en Belgique, j'ai expliqué à une infirmière pourquoi les ONG voulaient remplacer les poches de sang en PVC par du verre – elle a été abasourdie par la stupidité de leurs arguments. Il semble que personne à Greenpeace n'ait jamais consulté une infirmière sur ce que ce serait de travailler avec des flacons de sang en verre. Mais, là encore, pourquoi les ONG dialogueraient-elles avec les « gens » ? Ce ne serait pas dans leur intérêt.

 

Je me demande parfois pourquoi de grandes marques de distribution se plient si rapidement à l'Armée de la Food-Babe, lorsque, à plein effectif, elle ne représente que 0,3% de la population des États-Unis et est en déclin.

 

 

Des zélotes privilégiés pétant dans la soie

 

Ces centaines d'activistes savent que les centaines de millions ne participent pas aux débats et qu'ils peuvent donc être simplement défalqués du « peuple » que les ONG prétendent représenter. Leurs gens sont les zélateurs privilégiés qui pètent dans la soie et qui, passionnés par quelque attaque révolutionnaire sur le système, feront sans relâche l'assaut des régulateurs, des marques et des points de vente avec leurs supports de campagne ou d'action. Ce sont des cinéastes et des documentaristes à la ramasse qui produisent des spectacles pour leurs tribus et diffusent leurs merdes en ligne pour confirmer les biais d'une petite minorité de militants en colère.

 

Malgré la com' sur le scandale Tribeca, personne n'est vraiment allé voir Vaxxed [le film devait sortir en avant-première lors du Festival du Film de Tribeca, mais a été retiré du programme]

 

 

Par exemple, le film « Vaxxed » qui a attaqué l'industrie du vaccin a fait beaucoup de bruit et a fait croire aux gens que ces débiles qui s'opposent à la vaccination ont une influence (en utilisant des des victimes célèbres pour répandre leur fiel), mais pas grand monde (moins de 2000 personnes) a effectivement payé pour voir leur propagande. « Vaxxed » a rapporté 165.000 $ US dans la première moitié de 2016. Si on compare cela au Monde de Dory, un film sur la façon dont les parents aiment les enfants ayant des besoins particuliers, qui a rapporté 136 millions de dollars aux États-Unis sur le seul week-end de lancement, nous pouvons commencer à voir le peu de soutien dont bénéficient ces militants auprès du « peuple ».

 

Ainsi, alors que tous ceux qui revendiquent le titre non protégé de « journaliste » se sentent obligés de faire un « documentaire » sur Monsanto, les perturbateurs endocriniens ou les grandes banques, si personne ne regarde vraiment leur œuvre de propagande activiste, représentent-ils vraiment l'intérêt public (ou au contraire juste un petit intérêt personnel) ? Ils diraient, en tant que membres autoproclamés de l'élite intellectuelle (bien que délicieusement anti-science et dépourvus de toute spécialisation), que le peuple (ou, comme ils l'appellent, le « Sheeple », contraction de sheep, les moutons et people) n'en savent pas plus et ne devraient pas se mêler de ces débats . Qui se soucie de ce que pensent les 99% !

 

Voici quelques exemples de ces zélateurs aux égos surdimensionnés et pétant dans la soie :

 

 

Testbiotech

 

Testbiotech s'appelle Institut pour l'Évaluation Indépendante de l'Impact de la Biotechnologie et prétend fournir des conseils scientifiques indépendants sur toutes les choses de la biotechnologie (y compris maintenant les NBTs, les nouvelles techniques d'amélioration des plantes). C'est la voix allemande du mouvement anti-OGM. Cela a l'air impressionnant ! En effet, quand il y a une question sur les OGM en Allemagne ou à Bruxelles, Testbiotech est là avec une déclaration, une pétition, son paraphe sur une lettre signée par une douzaine d'autres ONG « représentatives » ou est impliqué dans une marche ou une attaque contre les décideurs.

 

Mais qui est en réalité derrière cette « voix du peuple » ? Cette représentation très active de l'intérêt public ? Cette force du bien qui combat les forces du mal de l'industrie ? Est-ce que quelqu'un sait vraiment ?

 

Leur site Web fait état de cinq personnes travaillant pour l'organisation, mais un simple coup d'œil à leur page du Registre de Transparence Européen montre que Testbiotech se limite en fait à deux personnes, chacune travaillant à 50% pour l'ONG (il y a six mois, c'était 2 x 20 %) – en d'autres termes, une personne en équivalent temps plein (ETP) ! [Mon addition : l'association compte 10 adhérents « personnes physiques » acquittant chacune une cotisation annuelle de 50 €.] On peine à trouver là une réflexion retentissante de la voix démocratique du peuple allemand. En réalité, Testbiotech est un microphone pour Christoph Then, et si vous lisez leur dernier rapport annuel, il n'y en a quasiment que pour lui ! Leur budget total était l'an dernier de 200.500 €, mais quand on regarde le nombre d'affaires juridiques qu'ils ont lancées contre des entreprises de biotechnologie et des gouvernements, il doit manquer un zéro sur leurs dépenses de lobbying déclarées, moins de 50.000 €.

 

Une grande et toute-puissante ONG... ou tout simplement un homme derrière un rideau ?

 

 

Comment ce « Grand et Tout-puissant Oz » a-t-il pu acquérir une telle influence, jusqu'à priver les agriculteurs et les consommateurs allemands des avantages des technologies agricoles ? Testbiotech est essentiellement un vase vide utilisé par des mercenaires environnementaux, des universitaires grincheux et les politiciens de Die Grünen de tous les recoins, qui remplissent cet « Institut pour l'Évaluation Indépendante de l'Impact de la Biotechnologie » de leur rhétorique sans fondement. Les individus n'ont qu'une seule voix, mais s'ils ont une apparence à consonance officielle, un « Institut », eh bien, cela devient une voix collective, plus forte (peu importe que l'« Institut » soit en réalité une coquille vide).

 

Un exemple est Angelika Hilbeck, cette merveilleusement furtive et ostensiblement membre de l'Institut fédéral suisse de technologie ; elle est apparemment partout où il y a une campagne anti-OGM. Elle a été chef de projet pour Testbiotech, son institut a financé ou soutenu différentes études avec l'ONG, y compris des projets dont Hilbeck était l'auteur principal. Elle préside le Réseau Européen des Scientifiques pour la Responsabilité Sociale et Environnementale (ENSSER), financé par ces mêmes fondations qui financent Testbiotech. En effet, Hilbeck a été associée à Séralini, son organisation de recherche, le Criigen [elle est membre de son conseil scientifique], et son nom est même apparu dans des discussions confidentielles sur les stratégies de campagne au Royaume-Uni et, aux États-Unis, de lobbying de l'industrie du bio contre l'agriculture conventionnelle. Cette seule personne semble représenter un grand nombre de personnes, en utilisant Testbiotech comme base de la campagne.

 

 

US Right to Know (USRTK)

 

Nous avons le droit de savoir qui est réellement derrière l'organisation US Right to Know. Essentiellement, c'est une seule personne, Gary Ruskin, qui passe ses journées à pirater les comptes Facebook des blogueurs et à écrire des demandes de transmission de documents en vertu des lois sur l'accès à l'information, allant à la chasse aux scientifiques liés à l'industrie agro-alimentaire (enfin, la partie qui ne le paie pas). Apparemment, Stacy Malkan est une fondatrice de l'USRTK, mais elle travaille à temps plein à la promotion des cosmétiques sûrs ; Carey Gillam travaille également pour l'USRTK, mais elle préfère se prétendre journaliste. J'aurais aussi honte d'une telle affiliation si j'étais à sa place, mais voici le truc : elle est une lobbyiste payée par l'USRTK et elle va à droite et à gauche en disant qu'elle est une journaliste (et comme par hasard tous ses articles portent sur les questions qui intéressent l'USRTK) ; comme je l'ai mentionné précédemment, cela est trompeur et manque d'intégrité, et cela vient avec un tombereau d'hypocrisie d'une organisation qui sous-titre : « à la poursuite de la vérité et de la transparence ». Mais avec une seule personne à temps plein, l'US Right to Know fait beaucoup de bruit et parvient à distraire les institutions traditionnelles de sujets plus graves. Lorsque vous vous opposez aux institutions et aux structures de la société, détourner l'attention est considéré comme un succès.

 

 

Le site Web de Carey énumère ses articles, mais pas son employeur... Hum !

 

 

Et pour qui travaillent-ils ? La petite opération de sous-sol de Ruskin est presque entièrement financée par le lobby de l'industrie alimentaire bio, en particulier, l'Organic Consumer Association. Ce que fait l'industrie du bio, c'est distribuer des contributions provenant de plus de 3000 entreprises et détaillants de produits alimentaires bio à de vils loups solitaires comme Ruskin pour qu'ils attaquent l'agriculture conventionnelle avec des mensonges et des insinuations, détruisent la confiance du public dans la chaîne alimentaire (à un moment où la nourriture n'a jamais été aussi sûre aux États-Unis) et incitent ainsi plus de clients à réclamer nerveusement des aliments avec l'étiquette bio, beaucoup plus chère. C'est la campagne de marketing la plus contraire à l'éthique jamais conçue, et ces tactiques volontairement alarmistes devraient être illégales. Avec un personnage comme Ruskin, on ne peut qu'invectiver le lobby de l'industrie alimentaire bio pour qu'elle adopte (et suive) une sorte de code de conduite éthique. J'ai demandé... ils ne le feront pas !

 

 

Corporate Europe Observatory

 

Le Corporate Europe Observatory (CEO) est un exemple d'organisation qui s'est externalisée dans un réseau. Sans exception, tous ceux qui travaillent pour l'organisation sont CEO à temps partiel et en même temps impliqués dans d'autres activités militantes (répandre la haine !). Ils emploient 15 personnes, mais elles ne représentent que cinq ETP (équivalents temps plein) : six sont employés à 50% par le CEO et 9 travaillent seulement à 25% pour l'ONG. Ils ont commencé avec un budget de 69.000 euros pour 5 employés en 2004 et l'ont augmenté à près d'1 million d'euros (mais ne payent qu'environ un tiers de cette somme en salaires).

 

Offre du CEO de payer des journalistes indépendants pour de la « recherche »

 

 

Étant donné qu'ils paient peanuts pour les frais de bureau à Mundo-B, et que de toute façon toutes les dépenses liées à des événements sont couverts par les eurodéputés verts (qui ne voient pas cela comme un conflit d'intérêts), nous ne pouvons que conclure qu'environ un demi-million d'euros va chaque année à l'achat de journalistes indépendants (ou devrions-nous appeler cela les « frais de réseau » ?) – voir l'image. Il est amusant de penser qu'une organisation si obsédée par le désir d'imposer aux lobbyistes un comportement correct engage ainsi tant de gens qui ne peuvent jamais réellement dire qui ils représentent quand ils prennent le téléphone. Il est scandaleux qu'une organisation aussi obsédée par la transparence puisse dépenser autant d'argent provenant de fondations manquant vraiment de transparence pour une forme de prostitution.

 

Le CEO appartient à un réseau d'une dizaine d'autres organisations, de sorte que si l'une entreprend une campagne anti-industrie, il saute pieds joints dans la mêlée ! L'une d'elle est ALTER-EU, qui fonctionne depuis le même bureau Mundo-B que le CEO et les Amis de la Terre Europe. Elle est composée de 200 organisations qui s'opposent au lobbying de l'industrie, et mène une campagne pour une éthique renforcée dans le lobbying (bien que, comme la plupart des ONG, elle n'ait pas de code de conduite éthique propre). Elle emploie 13 personnes (aucune à plus de 25%, et cinq du CEO) avec 75 000 € en dons de deux principaux bailleurs de fonds du CEO (quelque chose que d'autres appelleraient blanchiment d'argent, mais pour les ONG, c'est une pratique courante que de se prétendre pauvre) plus 24.000 € des Amis de la Terre Europe (en fait, du contribuable européen). Cette vitrine se consacre à la dénonciation des vitrines de l'industrie. Sérieusement, vous ne pouvez pas imaginer une telle hypocrisie !

 

Ce n'est pas que je prétende que des organisations comme le CEO, l'USRTK et Testbiotech sont des escrocs – elles sont tout simplement minuscules et insignifiantes. Mais elles prétendent être plus et représenter plus que ce qu'elles sont et font en réalité. Les décideurs politiques et les médias doivent être conscients du fait qu'elles sont la voix de quelques-uns, de privilégiés, et certainement pas du peuple ! En d'autres termes, elles devraient être ignorées.

 

Ces anarchistes pseudo-révolutionnaires savent que le système peut être miné par quelques personnes déterminées avec des réseaux placés dans les bons endroits. Lénine est arrivé à la gare de Finlande avec quelques compagnons dévoués ; Hitler a construit une base de puissance avec moins d'un quart des votes de la population allemande ; Olivier Hoodwink complote pour démanteler les structures du capitalisme occidental avec six manifestants anti-industrie à ses côtés !

 

 

Réseaux de réseaux (le « peuple » n'est pas indispensable)

 

Une bonne indication de la réalité de ces petits Minus et Cortex cyniques, c'est quand une page de réseaux sociaux militante a plus de partages ou de retweets que de « j'aime » ou de favoris. Quand un message de campagne est diffusé sur Facebook ou Twitter, les réseaux militants s'en emparent, et même sans lire le message ou examiner sa valeur, par principe, le diffusent avec zèle auprès de leurs followers (qui pour beaucoup ont leurs propre petite organisation militante). Nous savons que ces ONG ne sont pas très bonnes en maths, même élémentaires (c'est illustré par leur capacité à ignorer les données), mais elles semblent exceller dans la multiplication. La règle est que ce sont les réseaux qui comptent, pas les gens. Peu importe que ces réseaux se composent des mêmes militants travaillant chacun à 25% pour l'autre ; si vous les comptez de façon exponentielle, ils donnent l'impression de s'additionner.

 

28 partages pour un message du CEO, une organisation en réseau, mais seulement 20 « j'aime » (et aucun commentaire) : les réseaux sont entrés dans la danse.

 

 

Les réseaux sociaux permettent à cette multiplication des pains de devenir une réalité. Bien que les outils de mesure des réseaux sociaux soient variés (selon le site, l'appareil, le contenu et l'heure de la journée), on peut appliquer de manière utile une règle des 10% comme base de référence (10% des contributions vues « sont aimées », et 10% d'aimés sont partagés). Les campagnes des ONG sur les réseaux sociaux ne suivent pas cette règle. Par exemple, Corporate Europe Observatory, qui reçoit plus de 200.000 € par an de la Fondation Adessium, destinés à l'origine à l'accroissement de sa présence sur les réseaux sociaux, va plutôt dans le sens opposé, les messages sur la page Facebook de CEO obtenant fréquemment plus de partages que de « j'aime ». En d'autres termes, sa présence sur le Web est orchestrée et non authentique (construite sur les réseaux de réseaux plutôt que sur les personnes qui s'intéressent à lui). Il est facile de créer un personnage Facebook (il suffit de demander au Risk-monger), ou même dix, mais il faut juste cette touche supplémentaire d'un manque d'intégrité pour abuser de cette pratique et créer ainsi de fausses perceptions de soutien.

 

Ce qui se passe est une simple extension de la stratégie d'optimisation des moteurs de recherche d'il y a 15 ans – trouver des moyens de tromper les algorithmes de Google pour donner à votre site plus d'attention. Mais l'objectif n'est plus d'essayer de placer un site en tête de liste d'une requête de recherche, mais de placer une idéologie à la première place d'un débat politique. Il y a des ramifications éthiques importantes lorsque les conséquences incluent la promotion de l'ignorance scientifique, la création inutile de risques pour les populations vulnérables et la destruction de la confiance dans les institutions. J'ai l'impression que les dons dépendent d'événements perçus comme des victoires, mais il devrait y avoir de l'intégrité quelque part dans ces organisations. Je ne la vois pas.

 

 

Du menu fretin déguisé en baleines

 

Les réseaux sociaux permettent aux petites entreprises de faire un bruit maximal à un coût dérisoire en exploitant la structure virale des réseaux en ligne. Lorsque des vairons se prétendent baleines et s'agitent frénétiquement dans l'arène politique, il n'est pas surprenant que des responsables gouvernementaux désemparés tremblent quand la « voix du peuple » tombe sur eux, par exemple sous une des formes suivantes :

 

  • Une force de pétitionnaires de « louez AVAAZ pour une campagne  » (celle sur les abeilles, par exemple, a incité la Commission européenne à agir avant de réfléchir sur les risques de l'application du principe de précaution aux néonicotinoïdes lorsque AVAAZ a présenté quelques millions de signatures issues de son réseau d'antis) ;

 

  • Une campagne sur les réseaux sociaux qui peut créer une déferlante et une tempête twitter artificielle via Thunderclap, un site où des activistes passent une semaine à écrire des gazouillis qui seront ultérieurement mis en ligne (pour donner la tendance sur Twitter et l'impression d'une grande indignation publique) ;

 

  • Un activiste scientifique obsessionnel qui peut à lui seul mener une campagne visant à faire interdire l'herbicide du siècle avec à son entière disposition une armée de twittos ayant leur intérêt personnel.

 

Il existe de nombreuses astuces permettant à ces vairons de tromper les décideurs désemparés et les médias. C'est de la perception fabriquée, ce que j'ai appelé « banalisation », une manipulation de communication dépourvue de vérité et d'intégrité ... mais jusqu'à présent, cela a fonctionné. Bravo aux handicapés de l'éthique !

 

SumOfUs est un autre « groupe d'action citoyenne » qui abuse de la perception d'un « mouvement » en utilisant les avantages de l'amplification artificielle – de l'« amplifiction » – par les réseaux sociaux. Il n'est pas surprenant que leur personnel présente un déséquilibre en faveur des concepteurs de logiciels et des spécialistes du web (plus d'un tiers de leurs ETP). Ils sont même allés jusqu'à ouvrir leur plate-forme (et réseau) à des étrangers qui souhaitent mener leurs propres campagnes via le site SumOfUs. Je ne peux pas vous dire combien de fois le Risk-monger a été tenté d'utiliser cette plate-forme pour lancer une campagne de rupture (comme une pétition pour exiger que Greenpeace adopte un code de conduite éthique).

 

Les clictivistes qui signent ces pétitions en ligne n'ont en général pas la moindre idée des détails de la campagne qu'ils soutiennent (sauver les abeilles, inverser le vote sur le Brexit, mettre fin à l'accès à l'énergie bon marché... tout ce qui renverse la table doit être bon). Cela offre aux millénaristes la chance de cliquer, de se donner l'absolution et de revenir à Tinder ou Pokemon Go avec aussi peu de dérangement que possible. Les décideurs doivent encore se rendre compte de l'absurdité et de la vacuité de ces exercices cyniques.

 

 

Le sophisme du faux équilibre des médias

 

Alors que nous avons des centaines de militants qui veulent faire interdire les pesticides, des centaines de millions de personnes veulent une alimentation sûre, pas chère et attrayante ; alors que nous avons quelques petites ONG qui veulent faire interdire les substances chimiques de synthèse, la majorité des personnes veulent profiter des avantages de ces substances dans leurs téléphones portables, leurs voitures et leurs panneaux solaires ; alors que quelques gourous de l'internet et des stars de cinéma dégoisent sur les menaces de Big Pharma, des milliards de personnes prennent des médicaments tous les jours pour améliorer leur qualité de vie. Comment est-ce possible que ces fanatiques autoproclamés puissent obtenir une telle attention et être en mesure de dicter la politique publique contre la volonté et les intérêts de la grande majorité (tout en exaspérant la communauté scientifique) ?

 

Les médias sont toujours bloqués dans un besoin d'équilibrer les points de vue opposés (une dialectique hégélienne développée à l'époque où les gens pensaient avant d'agir). Si un côté avance une chose, un journaliste bien formé cherche à faire apparaître les points de vue opposés comme objectifs de sorte que le lecteur puisse porter un jugement éclairé. Cela amplifie l'attention accordée à ceux dont on ferait mieux d'ignorer les idéologies. Par exemple, lorsque les dirigeants européens ont commencé à assumer leur responsabilité dans les récentes vagues de réfugiés provoquées par leur ingérence ratée dans les affaires de la Syrie et de l'Irak, les médias traditionnels ont trouvé une douzaine d'euro-rustres à interviewer pour injecter leur islamophobie dans une crise humanitaire.

 

Cette simplification d'une question complexe en pôles d'intérêts, pour le bien de l'équilibre, se prétend objectif – mais c'est tout le contraire ! C'est pire pour des questions telles que les technologies agricoles, les produits chimiques, les vaccins et l'accès à l'énergie, pour lesquelles ces zélotes puritains ont utilisé cette obligation journalistique de l'équilibre pour susciter la peur du public et détruire la confiance dans nos institutions. Pire encore, en offrant régulièrement une vitrine aux experts opposés, cette manipulation militante (avec les Séralini, Goulson, Portier...) a érodé le respect du public pour les avis scientifiques. Un journaliste devrait écrire sur ce sujet !

 

Les médias devraient se renseigner. Malheureusement, beaucoup de ceux qui se prévalent du titre de journaliste aujourd'hui (ce n'est pas difficile, il suffit de mettre à jour le « À propos de » de votre compte Twitter) ont découvert que l'activisme vend. Du Guardian au Monde, ce que ces petits révolutionnaires font passer pour des « informations » aujourd'hui ferait se retourner dans leurs tombes les icônes du journalisme du 20e siècle. Les militants qui se disent journalistes indépendants semblent à l'aise avec le caractère très relatif de leur vertu. Je réitère mon appel pour la création d'un registre de transparence pour les journalistes.

 

 

Le risque-Monger est une petite merde !

 

Tant que les gens n'auront pas appris que les activistes sur les réseaux sociaux ne sont que des façades (façades avec rien en propre derrière, exponentiellement multipliées pour soutenir des idéologues aux thèses étriquées), ceux-ci s'attireront plus d'attention qu'ils ne méritent. Les réseaux sociaux sont encore dans la phase d'apprentissage ; nous devons prendre les blogs, gazouillis et partages moins sérieusement, plus pour leur valeur de divertissement que comme un outil d'apprentissage. Les histoires que racontent mes amis et relations peuvent ne pas être vraies (l'anecdote n'est pas une preuve). Nous devons dénoncer avec plus de force les charlatans qui n'ont aucun scrupule éthique à monter des réseaux de personnes fictives en ligne pour amplifier leurs campagnes. Chaque gourou des réseaux sociaux vendant un livre, un régime alimentaire, des compléments de nutrition ou encaissant des frais de renvoi vers un autre site exploite la confiance comme un outil de déviation – pour miner la confiance, apporter une pseudo-solution, attirer l'attention et faire de l'argent.

 

Le Risk-monger est un bon exemple. Ce blogueur reçoit parfois beaucoup plus d'attention qu'il ne mérite de son propre aveu, quand il est assis dans son sous-sol crasseux, pianotant sur son clavier poussiéreux tout en sirotant son troisième Merlot. En effet, ce charlatan bien imbibé ne devrait certainement pas être pris au sérieux. S'il peut soulever tant de poussière à lui seul sans budget, alors tout abruti mal intentionné et opportuniste peut le faire aussi (et c'est ce qui lui fait peur). Lorsque les réseaux sociaux seront arrivés à maturité, et que les débats politiques retrouveront un caractère plus raisonnable, il n'y aura plus aucun rôle pour cette petite merde !

 

Je suis sûr qu'un certain professeur Zaruk sera extraordinairement heureux ce jour-là !

 

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* David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur la page Facebook de Risk-Monger  : www.facebook.com/riskmonger.

 

Source : https://risk-monger.com/2016/08/21/size-doesnt-matter-how-little-ngos-pretend-to-represent-the-people/

 

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B
Merci pour les infos!!!! C'est vraiment très intéressant... De plus, cela va m'aider aussi dans mes œuvres... Bravo pour votre blog :-)
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