Réunion des ministres de l’agriculture de l'OCDE, Stéphane Le Foll et l'agro-écologie
Les 7 et 8 avril 2016 s'est tenue une réunion du Comité de l'Agriculture de l'OCDE au niveau des ministres. Le thème : « Des politiques meilleures pour un système alimentaire mondial productif, durable et résilient ».
Petit rappel : après la Deuxième Guerre Mondiale, la reconstruction de l'Europe occidentale a bénéficié du soutien massif (également intéressé) des États-Unis d'Amérique dans le cadre du plan Marshall, signé par 16 pays à Paris le 20 septembre 1947. La coordination de ce plan a été assurée par l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE), fondée le 16 avril 1948. Celle-ci contribua également à la libéralisation des échanges et permit le renforcement de la coordination économique entre les pays membres.
L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a succédé à l’OECE le 30 septembre 1961. Elle compte aujourd'hui 34 membres, des pays développés mais également trois pays qu'on peut qualifier d'émergents : le Chili, le Mexique et la Turquie. Des discussions formelles ont été ouvertes en vue de leur adhésion avec la Colombie et la Lettonie. Le Costa Rica et la Lituanie ont été invités à ouvrir des discussions. Les activités liées au processus d'adhésion de la Fédération de Russie à l'OCDE sont gelées pour le moment.
En mai 2007, le Conseil, lors d'une réunion au niveau des Ministres, a invité le Secrétariat à renforcer la coopération de l'OCDE avec l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Inde, l'Indonésie et la République populaire de Chine par le biais de programmes « d'engagement renforcé ». Ce sont là des « partenaires clés ».
Notons encore que, dans le domaine de l'agriculture, les vicissitudes des processus décisionnels internationaux et les concours de circonstances ont fait qu'un partie de la réglementation et de la gestion internationales des variétés et des semences est revenue à l'OCDE. Ce sont les « Systèmes des semences de l'OCDE ». Ce sont 58 États – donc y compris des non-membres de l'OCDE qui participent à ces systèmes.
La réunion ministérielle a été ouverte à d'autres États. La liste complète est comme suit :
Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Colombie, Corée, Costa Rica, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Indonésie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Viet Nam.
Les ministres ont adopté une déclaration finale dont on trouvera le texte ici. C'est, comme d'usage pour ce genre, fort verbeux et au final plutôt indigeste. Par exemple, les ministres déclarent :
« 3. [Nous] Sommes fermement convaincus que le système agricole et alimentaire peut apporter une très grande contribution aux solutions mondiales dans tous ces domaines. Nous notons également que, si les politiques agricoles et alimentaires ont commencé à changer, les cadres d’action internes et internationaux ne sont pas suffisamment alignés sur les besoins qui se profilent. Nous notons de même qu’il est de plus en plus urgent de recourir à des approches intégrées qui renforceront la capacité des agriculteurs et du secteur alimentaire à améliorer leur productivité, à accroître leur compétitivité et leur rentabilité, à renforcer leur résilience, à accéder aux marchés dans leur pays et à l’étranger, à gérer les ressources naturelles de façon plus durable, à concourir à la sécurité alimentaire mondiale, à faire face à une volatilité extrême des marchés, et à éviter les distorsions des échanges, le tout simultanément. »
Parmi les objectifs, les « Principes d’une approche intégrée de l’agriculture et de l’alimentation », il y a :
« faire de l’innovation une priorité pour parvenir à une croissance durable de la productivité, moyennant notamment le changement organisationnel, la coopération intersectorielle, l’augmentation des investissements publics et privés dans la recherche-développement, l’adoption et le transfert de technologies, l’enseignement et la formation, et les services de conseil.
encourager les systèmes de production qui utilisent de façon durable l’eau les terres, les forêts, l’énergie, les sols et la biodiversité disponibles, et qui améliorent la santé des animaux, des végétaux et des humains. »
M. Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, a évidemment beaucoup communiqué sur cet événement, dont il était le co-président, avec M. Tom Vilsack, Ministre de l'Agriculture des États-Unis d'Amérique. Les deux ont produit un résumé des travaux ici.
Mais qu'en a retenu M. Le Foll dans son communiqué de presse final, « Réunion OCDE des ministres de l’agriculture co-présidée par Stéphane LE FOLL et Tom VILSACK : une feuille de route pour l’agriculture adoptée par plus de 50 pays et organisations internationales » ?
« S’appuyant sur le projet agro-écologique qu’il a mis en place en France, Stéphane LE FOLL a souligné l’importance de combiner la performance économique et environnementale des exploitations à la mise en place de stratégies collectives, tant à l’échelle locale qu’internationale, pour relever les défis du secteur agricole. En effet la sécurité alimentaire mondiale, la gestion durable des ressources dans un contexte de changement climatique, et surtout l’amélioration de la résilience des exploitations face aux aléas sont pour demain des questions prioritaires à traiter.
Dans la continuité de la COP 21 qui s’est également tenue à Paris, Stéphane LE FOLL a réaffirmé que l’agriculture pouvait et devait être une solution pour lutter contre le changement climatique, comme en témoigne l’initiative française "4 pour 1000" sur le stockage du carbone dans les sols, qui rassemble à ce jour une centaine de pays et organisations internationales.
Enfin, alors que les premières orientations sur la prochaine politique agricole commune de l’Union européenne seront débattues fin mai lors du conseil informel des ministres de l’agriculture à Amsterdam, Stéphane LE FOLL a notamment insisté sur la nécessité de s’orienter vers une agriculture plus résistante aux chocs climatiques, sanitaires et économiques, au travers d’une politique de gestion des risques plus complète et la recherche d’une plus grande autonomie des exploitations. »
Ni le mot « agro-écologie », ni le mot « écologie » ne figurent dans la déclaration finale des ministres...