Le jour J approche pour loi sur la biosécurité de l'Ouganda
Cela pourrait ouvrir la voie à des cultures GM
Isaac Ongu*
Un groupe mixte d'agriculteurs et de législateurs nationaux ougandais fait un lobbying agressif auprès du Parlement sortant afin qu'il adopte rapidement le projet de loi sur la biosécurité et la biotechnologie de 2012 avant la fin de la législature, ce mois-ci. Il est généralement admis qu'il faut une loi sur la biosécurité pour fournir un cadre réglementaire pour plusieurs projets de recherche en biotechnologie qui se déroulent actuellement en milieu confiné dans le pays.
Il y a plusieurs caractères que les scientifiques ougandais ont utilisés au cours des années passées grâce au génie génétique et qui pourraient contribuer à améliorer les variétés locales de plantes fournissant des aliments de base comme le bananier, le manioc, la patate douce et le maïs :
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résistance au ver de la capsule du cotonnier
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tolérance à des herbicides
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résistance au virus de la striure brune du manioc
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résistance au flétrissement bactérien du bananier
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résistance au Black Sigatoka du bananier
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enrichissement en provitamine A
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résistance au virus de la patate douce
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résistance au mildiou de la pomme de terre
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tolérance à la faible teneur en azote du sol et tolérance à la sécheresse
Jeunes dirigeants, étudiants et agriculteurs venus appeler à l'adoption de la loi sur la biosécurité
Des étudiants de l'Université de Makerere ont menacé d'abandonner les cours de biotechnologie, affirmant que ce serait une perte de temps si le gouvernement ne prévoyait pas d'utiliser leur expertise. De nombreux agriculteurs ougandais sont d'accord avec les scientifiques sur le fait que la biotechnologie est essentielle leurs efforts pour répondre à la plupart de leurs besoins agricoles persistants, comme la réponse à la sécheresse, aux ravageurs et aux maladies. Ils disent que les tergiversations des législateurs dans l'adoption du projet de loi les ont privés des chances d'accéder à des technologies modernes mises au point par les centres, répartis dans tout le pays, de l'Organisation nationale de recherche agricole (National Agricultural Research Organisation – NARO). Ils ont promis leur soutien à la science, et affirment que ce sont les scientifiques qui leur ont toujours fourni des solutions. Les jeunes leaders représentant le parti au pouvoir et d'autres partis sont venus en solidarité.
« La production de manioc dans la région a diminué en raison des maladies. Cela a affecté les agriculteurs sur le plan économique parce que les recettes provenant des récoltes ont diminué », a déclaré Dominic Ettellu, un agriculteur de la région de Teso, dans l'est de l'Ouganda et Président du Uganda National Biotechnology Farmers’ Forum à East African Business Week. « La seule manière d'aider les agriculteurs est de leur permettre d'adopter les technologies que nos scientifiques locaux ont mises au point pour soutenir les agriculteurs et répondre aux défis de la mosaïque du manioc. Mais cela ne peut pas se faire tant que le Parlement n'a pas donné son aval à l'application de la biotechnologie dans le pays. »
Les militants anti OGM, réveillés, en appellent à la presse
Les groupes anti-OGM menés par les entités ougandaises de Participatory Ecological Land Use Management (Pelum), The Eastern and Southern Africa Small Scale Farmers’ Forum (ESAFF) et The South and Eastern African Trade Information and Negotiations Institute (SEATING) ont convoqué une conférence de presse dans une tentative de détourner l'attention du message des étudiants et des agriculteurs. Les ONG sont habituées à présenter leurs positions aux journalistes sans quasiment aucune connaissance du dossier. Cette fois-ci, ils ont eu en face d'eux des professionnels des médias qui connaissent bien les éléments de la controverse et sont clairement sceptiques devant la croyance des ONG qu'elles sont les « sauveurs de nos aliments indigènes ».
Les activistes avancent généralement des thèmes familiers ; ils citent par exemple ce qu'ils trouvent par Google sur l'étude rétractée de Séralini sur les OGM et le glyphosate, et montrent des images trouvées en ligne de rats avec des tumeurs grotesques. Ils affirment souvent aussi que les graines génétiquement modifiées ne germent pas, que les OGM causent une perte de plantes indigènes, et profèrent d'autres déclarations fausses. Dans ce cas, les militants, dans leur style habituel, ont accusé le ministre qui est en charge de la législation d'avoir été « de connivence avec Monsanto pour faire adopter le projet de loi sur la biosécurité ». Leurs critiques ont été approuvées par une foule de groupes protestataires, y compris, Action Aid Uganda (AAIU), Caritas Uganda, Join Energy and Environment Projects (JEEP), Community Integrated Development Initiatives (CIDI), Agency for Integrated Rural Development (AFIRD), Caritas Kampala et Food Rights Alliance (FRA).
Le projet de loi sur la biosécurité et la biotechnologie de 2012 a été déposé devant le Parlement il y a environ trois ans. L'Uganda Biosafety and Biotechnology Consortium a dit à East African Business Week que si le projet de loi n'est pas adopté, le marché ougandais sera inondé de produits GM en provenance de Tanzanie et du Kenya.
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* Isaac Ongu est un agriculteur. Il écrit sur la science et promeut les actions politiques fondées sur la science pour relever les défis agricoles dans les pays en développement. Suivez Isaac sur twitter @onguisaac.
Mon commentaire
Les techniques qui permettent de modifier l'ADN des plantes sont particulièrement importantes pour les pays d'Afrique.
La biofortification (l'enrichissement en provitamine A est citée ci-dessus) est une cause de santé publique. L'opposition obstinée est un crime contre l'Humanité.
La banane biofortifiée pourrait apporter six fois plus de provitamine A que la banane « conventionnelle », la base de l'alimentation de nombreux Ougandais (les activistes, bien payés par nos organisations à la charité mal placée, exclus). Selon ce site, 52 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de déficience en vitamine A et de retard de croissance. L'anémie résultant de la déficience en fer compte pour 40 % des décès dans cette classe d'âge, et 30 % des décès des femmes enceintes.
L'activisme s'était aussi déchaîné aux États-Unis d'Amérique contre un petit essai d'alimentation avec des bananes biofortifiées.
Les plantes à multiplication végétative sont confrontées à de très gros problèmes de virus, de bactéries et d'autres ravageurs. Elles sont difficiles à améliorer génétiquement. Dans le cas du manioc, les gens sont attachés à leurs variétés traditionnelles pour des raisons culinaires. Le bananier ne produit pas de graines... les croisements suivis de sélection sont quasiment impossibles... et l'Ouganda est confronté à de graves problèmes. En quoi consiste la transformation du bananier pour lui conférer une résistance au flétrissement bactérien dû à Xanthomonas campestris ? À lui conférer deux gènes du piment (poivron).
Symptomes du flétrissement bactérien dû à Xanthomonas campestris pv. musacearum (Xcm) sur le fruit
La sécheresse ? Récurrente dans cette région de l'Afrique.
Il y a un répertoire des ONG ougandaise.
The Eastern and Southern Africa Small Scale Farmers’ Forum (ESAFF) de transparence financière. Il reçoit des fonds, notamment, d'Oxfam et Bread for the World... et de l'Union européenne : la modeste somme de 1.811.164 € sur 42 mois.
The South and Eastern African Trade Information and Negotiations Institute (SEATING) indique dans le répertoire que ses financements sont internationaux. Ce qui semble être une liste de donateurs (des « partenaires internationaux » figure ici. Les entrées de 2014 se montent à quelque 490.000 US$.
Participatory Ecological Land Use Management (Pelum), c'est la boutille à l'encre.
Action Aid Uganda (AAIU) avait touché en 2014 un total de 6,2 millions de dollars.
Les gens qui dirigent ces organisations n'ont pas besoin d'aliments enrichis en vitamine A...