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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Comment le sulfate de cuivre, un pesticide « bio », se compare-t-il à un pesticide de synthèse comme le glyphosate?

17 Mai 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Agriculture biologique, #Andrew Porterfield

Comment le sulfate de cuivre, un pesticide « bio », se compare-t-il à un pesticide de synthèse comme le glyphosate?

 

Andrew Porterfield*

 

 

L'agriculture biologique utilise des pesticides, tout comme l'agriculture conventionnelle. La seule différence est que les pesticides utilisés en agriculture biologique doivent provenir de sources « naturelles ». Un exemple en est le sulfate de cuivre, qui est utilisé dans les climats tempérés en tant que fongicide. De nombreux militants anti-OGM dénoncent les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle, comme le glyphosate et le 2,4-D, comme dangereux pour les personnes, les animaux et l'environnement. Par exemple, l'organisation anti-OGM, The Environmental Working Group, dit ceci au sujet du 2,4-D :

 

« Les chercheurs ont lié le 2,4-D à l'hypothyroïdie, la suppression de la fonction immunitaire, la maladie de Parkinson, le cancer et d'autres troubles graves. Les travailleurs de l'agriculture pourraient inhaler le 2,4-D et l'absorber par la peau lors des pulvérisations. Le produit chimique pourrait dériver des champs traités vers les quartiers avoisinants. Les gens pourraient l'entraîner dans leurs maisons. Les nuisances peuvent aller au-delà des agriculteurs qui vivent à proximité des zones traitées. »

 

Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), le bras de recherche sur le cancer de l'OMS, a déclaré le glyphosate, un pesticide de synthèse populaire, « probablement cancérogène pour l'homme ». Une décision qui est souvent utilisée par les militants du bio pour faire valoir que l'utilisation du glyphosate (et des cultures transgéniques résistantes au glyphosate) devrait être interdite.

 

De nombreuses organisations militantes tentent de faire un lien entre agriculture biologique et agriculture sans pesticides, et entre agriculture conventionnelle (utilisant des OGM ou non) et utilisation intensive de pesticides. Le résultat en est que de nombreux consommateurs ont des perceptions erronées sur les produits biologiques et conventionnels. La Soil Association du Royaume-Uni a publié les résultats d'un sondage qui a montré que 95 pour cent des consommateurs ont déclaré qu'ils achètent des produits biologiques parce qu'ils croient qu'ils évitent ainsi tous les pesticides.

 

 

 

 

Bien qu'aucun pesticide ne soit tout à fait anodin, les produits biologiques ne sont pas nécessairement moins dangereux que leurs homologues conventionnels. Ils ne sont pas non plus sans pesticides. Le sulfate de cuivre est l'un des nombreux pesticides approuvés au titre du USDA National Organic Program et nombre d'études montrent qu'il présente une toxicité importante pour les humains et l'environnement. Par exemple, il est toxique pour les abeilles quand il est utilisé comme fongicide et une étude a montré une toxicité extrême pour les abeilles en milieu tropical (elle a été réalisée au Brésil), où le sulfate de cuivre est utilisé comme un engrais foliaire (pour fournir des micro-éléments nutritifs de la famille des métaux lourds). Par ailleurs, certains établissements viticoles en France, aux États-Unis et ailleurs ont renoncé à la production biologique en raison de l'accumulation du cuivre dans le sol.

 

 

Que fait le sulfate de cuivre ?

 

 

Le sulfate de cuivre se compose d'un atome de cuivre lié à un atome de soufre et quatre atomes d'oxygène (le soufre et les quatre oxygènes formant la partie « sulfate »). Il est homologué aux États-Unis depuis 1956. Le sulfate de cuivre fonctionne parce que l'atome de cuivre se lie aux protéines, en en modifiant la structure. Cela peut perturber les membranes des cellules, ce qui provoque la mort des cellules. Le sulfate de cuivre est efficace pour tuer ainsi les champignons, les algues et même les escargots.

 

Il peut être utilisé comme fongicide en agriculture tant conventionnelle que biologique. Il est largement utilisé en biologique. Selon le National Center for Food and Agricultural Policy (Centre national pour la politique alimentaire et agricole), le cuivre, l'un des deux premiers fongicides bio (l'autre étant le soufre), a été utilisé à la dose de 4,5 kg/ha en 1971. En revanche, les fongicides de synthèse utilisés sur des cultures conventionnelles ne nécessitaient qu'une dose de 1,8 kg/ha.

 

Il est également utilisé dans des applications non agricoles, par exemple pour éliminer les algues dans les piscines, et même pour limiter les populations d'algues dans les lacs. Et, comme dans le cas de beaucoup d'autres pesticides, certains champignons et algues ont développé une résistance au cuivre, un phénomène connu depuis près de 60 ans.

 

Le sulfate de cuivre présente également des risques sanitaires pour les humains et les animaux car son action n'est pas spécifique aux champignons. Il a été associé à des irritations de la peau et des yeux ; son ingestion en grande quantité peut provoquer des nausées, des vomissements et des lésions tissulaires. Il n'a pas été associé au cancer, mais les effets d'une exposition à long terme ne sont pas connus.

 

Sa fabrication a également lieu en usine. Il y a plusieurs brevets américains sur la fabrication du sulfate de cuivre, qui se fait habituellement par combinaison d'autres formes de cuivre (dans ce cas, le carbonate de cuivre) avec de l'acide sulfurique et de l'eau dans un réacteur commercial, suivie d'une centrifugation pour obtenir le produit final. Le plus grand fabricant de sulfate de cuivre est une société dénommée Old Bridge Chemicals, basée dans le New Jersey.

 

Alors qu'on a porté beaucoup d'attention sur le glyphosate, le 2,4-D et d'autres produits chimiques conventionnels (qui sont également utilisés sur les cultures génétiquement modifiées), il est important de comprendre aussi ce qui est utilisé dans les champs de l'agriculture biologique. Beaucoup de critiques à l'encontre des pesticides de synthèse peuvent également être appliquées au sulfate de cuivre, mais cela ne signifie pas que nous devrions abandonner tous les pesticides, bio et de synthèse. Les agriculteurs utilisent ces agents bénéfiques de protection des cultures d'une manière qui est sans danger à la fois pour eux-mêmes et pour les consommateurs ; ces produits fournissent également d'importants avantages économiques aux deux groupes d'agriculteurs.

 

________________

 

* Andrew Porterfield est un auteur, éditeur et consultant en communication pour des institutions universitaires, des entreprises et des organismes sans but lucratif du domaine des sciences de la vie. Il est basé à Camarillo, Californie. On peut le suivre sur Twitter @AMPorterfield.

 

Source : https://www.geneticliteracyproject.org/2016/05/09/popular-organic-pesticide-copper-sulfate-compare-synthetic-ones-like-glyphosate/

 


Femmes au sulfatage de la vigne, à Vignonet en 1916, avec un prisonnier en renfort. © PHOTO ARCHIVES PRIVÉES

 

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F
"Les agriculteurs utilisent ces agents bénéfiques de protection des cultures d'une manière qui est sans danger à la fois pour eux-mêmes et pour les consommateurs."<br /> Allons allons, allez dire ça aux centaines d'agriculteurs et de riverains qui ont subi un empoisonnement très grave. Beau sabotage de la crédibilité d'un article autrement correctement documenté.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire (si, si...)<br /> <br /> Et si vous commenciez par m'apporter les preuves des "centaines d'agriculteurs et de riverains qui ont subi un empoisonnement très grave" ?<br /> <br /> Il se trouve que le sulfate de cuivre est loin d'être anodin.