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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Greenpeace, etc. : l'honnêteté de la communication n'est pas une priorité !

30 Avril 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #amélioration des plantes, #OGM, #Union européenne

Greenpeace, etc. : l'honnêteté de la communication n'est pas une priorité !

 

 

 

 

Les outils de la démocratie utilisés contre... la démocratie

 

Pour s'opposer aux « OGM » de toute typologie, il faut évidemment rameuter tout le monde de la contestation. Cela fait aussi partie d'une stratégie à court terme : le 21 mai 2016, c'est la « Marche contre Monsanto ». Quoi de plus évident que de faire jouer l'anti-américanisme ?

 

C'est ce que viennent de faire trois « organisations » : Greenpeace, Corporate Europe Observatory, et Gene Watch UK. Deux stichting de droit néerlandais, incorporées dans un paradis fiscal pour les fondations (le siège de la deuxième est cependant à... Bruxelles... bravo l'« optimisation »), et une entité britannique dont le financement est tout ce qu'il y a d'obscur...

 

Pour ce faire, elles ont utilisé les facilités que procurent la législation européenne sur l'accès aux documents publics, démontrant ainsi combien ce système peut être dévoyé pour servir la désinformation, la propagande et la manipulation ; en d'autres termes l'opposition à la démocratie. On se trouve ici dans une situation similaire à celle qui prévaut aux États-Unis d'Amérique avec les demandes abusives de divulgation de courriels personnels de chercheurs dans le cadre des FOIA.

 

 

L'Europe enferrée sur les nouvelles techniques d'amélioration des plantes

 

Que faire des nouvelles techniques d'amélioration des plantes qui, pour le monde de l'opposition aux techniques génétiques (même anciennes...) et à notre ordre économique, produisent par principe des « nouveaux OGM » ? La Communauté européenne (dans son ensemble) s'est lancée dans une aventure extraordinaire, autrement dit une impasse : définir les techniques – ou les produits issus des techniques – qui tomberaient dans les obligations d'évaluation, d'autorisation et d'étiquetage des OGM prévues ou découlant de la Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d'organismes génétiquement modifiés dans l'environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE du Conseil ; ou qui, au contraire, tomberaient dans les exemptions (pour les textes pertinents, on peut voir ici). Bien entendu, dans le contexte politique et social actuel, toute classification en tant qu'OGM relevant des obligations signe un arrêt de mort avant terme dans de nombreux États membres (voire dans l'ensemble de l'Union européenne si le processus décisionnel est paralysé – ce qui est fort vraisemblable).

 

C'est un travail futile tant sur le plan technique que juridique ; on tente en effet de contraindre des techniques et des produits dans un cadre législatif qui n'a pas été prévu pour eux et qui est en lui-même obsolète, en plus d'être délirant. Il serait bien plus efficace de reconstruire une législation, à l'image de celle du Canada (illustration ici), qui se fonde sur la nature du caractère nouveau du produit, et non sur son mode d'obtention. Mais revoir la législation, par les temps qui courent...

 

Les travaux commencés en 2007 ont abouti à ce que la Commission européenne est censée produire une communication, une interprétation de la directive permettant de positionner les nouvelles techniques au regard des obligations légales (on trouvera un état des lieux un peu ancien ici). Démarche curieuse – et sans nul doute vouée à l'échec – puisque l'interprétation de la législation est du ressort de la Cour de Justice de l'Union européenne...

 

La Commission avait annoncé (paraît-il) son document pour le 19 novembre 2015 et sa publication finale pour la fin de l'année 2015. Mais la date a été repoussée par deux fois (voir ici et ici).

 

 

 

Oncle Sam, en sous-main...

 

Nos trois « organisations » ont trouvé une superbe explication. Comme l'écrit Greenpeace sur sa page destinée à entretenir la flamme militante et, dans toute la mesure du possible, le flux de dons :

 

« Les États-Unis font pression sur la Commission européenne pour qu’elle laisse entrer les nouveaux OGM sur le territoire européen. C’est ce que révèlent des documents de la Commission publiés aujourd’hui par Greenpeace et deux autres ONG. »

 

Ou encore :

 

« L’Oncle Sam tente, en sous-main, d’aider les entreprises de l’agrochimie à nous faire avaler que ces nouveaux OGM ne sont en réalité pas des OGM et que, par conséquent, ils échapperaient à la réglementation européenne sur les OGM. Ils pourraient ainsi s’immiscer en douce dans nos champs et nos assiettes, sans que les citoyens européens en soient informés. Une pilule qui a du mal à passer. »

 

C'est tellement « en sous-main » que GP et ses acolytes ont en main tous les documents pertinents (et ils n'affirment ni n'insinuent qu'il y a des documents cachés).

 

Et pour la pression, c'est aussi à voir.

 

 

Post hoc, propter hoc...

 

Le montage propagandiste est simple :

 

1. La Commission annonce une date de production de son document pour le 19 novembre 2015, pour publication avant la fin de 2015.

2. Des représentants du gouvernement états-unien rendent visite à des membres de la Commission en octobre 2015.

3. La date de publication est repoussée et...

 

VICTOIRE POUR LES PROPAGANDISTES :

 

« Commission fails to regulate new GMOs after intense US lobbying »

 

La Commission ne parvient pas à réglementer les nouveaux OGM après un intense lobbying états-unien. Tel est le titre d'un briefing pour la presse. Dans le communiqué de presse en français, cela donne « Or, à ce jour, la Commission n’a toujours rien publié » avant l'intertitre : « Un lobby intensif du gouvernement américain pour retarder cette publication ».

 

 

« Plus un mensonge est gros... »

 

On voit mal l'intérêt qu'auraient les États-Unis d'Amérique à faire retarder une publication, censée ne pas être à leur avantage et qui ne ferait qu'entériner une situation qui n'est pas favorable au déploiement des nouvelles technologies. Mais on n'est pas à une élucubration près.

 

 

En fait, le briefing pour la presse s'ouvre sur un autre gros double mensonge :

 

« The European Commission has shelved a legal opinion confirming that genetically modified organisms (GMOs)... »

 

« Shelve » signifie classer. Or la Commission n'a nullement annoncé qu'elle renonçait à produire ce document. Et, c'est plutôt notoire, la Commission n'a pas produit un document qui « confirme » que tous les produits issus des nouvelles techniques sont des OGM.

 

On peut continuer ainsi, longtemps, l'analyse d'un texte qui exploite toutes les ficelles de la propagande. Ainsi :

 

« Une série de documents internes de la Commission obtenus en vertu des règles sur la liberté d'information révèlent un intense lobbying des représentants US pour que l'UE méconnaissent ses règles sur les OGM qui exigent un examen de la sécurité et l'étiquetage. »

 

On peine à trouver cet « intense lobbying ».

 

 

La paille et la poutre

 

En revanche, on y trouve les preuves d'une intense désinformation, qui est elle-même la forme que prend un « intense lobbying », lequel s'exerce par la manipulation et le formatage de l'opinion publique. Les trois manipulateurs publient ainsi le document interne de la Commission établi en préparation de la rencontre du 23 octobre 2016 avec une délégation des États-Unis d'Amérique. On peut en tirer le fait que ce sont les autorités états-unienne qui avaient compris que l'avis allait être publié le 19 novembre 2016. Et le document fixe comme objectif de la rencontre :

 

« Souligner que nous avons l'intention de présenter un projet aux États membres et aux parties prenantes et de finaliser l'interprétation juridique de la Commission vers la fin de 2015, mais aucune date n'a encore été fixée et les résultats ne peuvent pas être prévus. »

 

En d'autres termes, tout le montage complotiste s'écroule.

 

Il y a une autre manière d'écrire le scénario, fondé sur d'autres faits, réels :

 

1. La Commission annonce une date de production de son document pour le 19 novembre 2015 (on sait maintenant que ce n'est pas exact), pour publication avant la fin de 2015.

2. Des représentants de Greenpeace European Unit, International Federation of Organic Agriculture Movements EU Regional Group (IFOAM EU Group), Testbiotech, EcoNexus, European Coordination Via Campesina (ECVC) rendent visite à rien moins que le Commissaire Vytenis Andriukaitis le 28 septembre 2015 (et un membre de son cabinet la veille).

3. La date de publication est repoussée à la fin de l'année et...

 

...ET DONC, VICTOIRE POUR LES ECOLOBBYISTES.

 

On peut ainsi réécrire le titre de leur article de propagande :

 

« Commission fails to regulate new GMOs after intense NGO lobbying »

 

La Commission ne parvient pas à réglementer les nouveaux OGM après un intense lobbying par des ONG.

 

 

Vous avez dit lobbying ?

 

Greenpeace European Unit a aussi rencontré – de toute évidence à sa (GP) demande – un membre du Cabinet de M. Andriukaitis le 9 décembre 2015 au sujet des OGM et du glyphosate. On peut ainsi reproduire la démonstration ci-dessus.

 

Les trois propagandistes se vantent en fait de l'efficacité de leur propre lobbying :

 

« Le fait que les documents de la Commission ne révèlent pas de détails à propos de son avis juridique n'est pas surprenant. DG SANTE était pleinement consciente des demandes faites en vertu de la liberté d'information les ONG. Comme le dit un document de la Commission : "À noter : [...] Corporate Europe Observatory (CEO) a envoyé six demandes d'accès aux documents relatifs à la question des nouvelles techniques génétiques en l'espace d'une année (fin 2014 jusqu'à aujourd'hui). (...) Tous les documents fournis ont permis à l'ONG de se faire une bonne idée des activités de la Commission dans le domaine des nouvelles techniques génétiques »[Doc 42]. »

 

Et pendant que la Commission s'adonne à la procrastination, que certains États membres font de même (quand ils ne tentent pas de mettre le progrès génétique à l'arrêt comme la France avec sa stupide interdiction de cultiver des maïs GM) et que des « ONG » dont une grande partie est largement financées par un même consortium informel de fondations agitent les peurs, des variétés produites grâce à ces nouvelles techniques commencent à être cultivées dans d'autres pays. Soyons un instant complotiste : quel est le but poursuivi par ces « ONG » et fondations ?

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