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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Générations Futures : toujours plus loin dans la démesure

26 Avril 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #Générations futures, #Activisme, #critique de l'information

Générations Futures : toujours plus loin dans la démesure

 

 

 

Plus c'est gros...

 

Décidément, rien ne les arrête. Générations Futures, l'entité incorporée sous forme d'association loi 1901 et spécialisée dans la gesticulation contre les pesticides et la promotion des produits bio (l'industrie du bio le lui rend bien) vient d'ouvrir un nouveau site, http://victimes-pesticides.fr/, annoncé par la maison mère par : « Découvrez la carte de France inédite de victimes des pesticides ainsi que la Coordination nationale ».

 

GF lance donc une « coordination nationale d’organisations locales (collectifs ou associations) de soutien aux victimes des pesticides » et propose pour commencer une carte interactive de « témoignages » de « victimes » :

 

« Nous avons recueilli près de 200 témoignages validés (par leurs auteurs ) de professionnels (épingles bleues sur la carte) et de riverains (épingles orange sur la carte) victimes des pesticides. Nous avons aussi indiqué sur la carte près de 200 signalements (points noirs sur la carte) dont les témoignages sont en cours de validation, soit pour le moment près de 400 personnes recensées sur la carte en ligne ! En outre, d’autres témoignages (au moins 150) attendent d’être traités et saisis, sans compter les appels journaliers en cette période de reprise des épandages. »

 

On est ravi de savoir que les « témoignages » ont été validés par leurs auteurs...

 

Manifestement, dans son désir de monter une opération qui relève d'une certaine manière de la « rumeur d'Orléans », voire des infâmes Protocoles, la petite entreprise n'a fait aucun effort de vérification. Être « victime » d'un produit – ici « les pesticides » (mais cela pourrait être les produits utilisés par les coiffeurs, une profession classée cancérigène probable par le CIRC, ou encore les produits d'entretien domestiques) – suppose au minimum qu'il y ait une affection sérieuse (et pas un trouble passager) et l'existence d'un lien avéré, ou au minimum rendu vraisemblable, entre la cause et l'effet allégué.

 

 

 

Du grand n'importe quoi...

 

On trouve tout et n'importe quoi sur cette carte. Surtout n'importe quoi.

 

Tel « témoin » se plaint essentiellement de vivre à moins de 10 mètres d’un verger de pommiers. Un autre : « Je vis au milieu des vignes et je vous confirme que l’air n’est pas respirable les jours de traitement. » Ils doivent être des milliers, les Français habitant au milieu des vignes...

 

Un autre encore met en titre : « Nous avons aussi constaté chez notre chien un gonflement des yeux à chaque pulvérisation » ; en ajoutant dans le texte : « ...et chez notre jument des fausses couches ». Il y a aussi : « Mon chien a une cataracte, des épuisements et maladies urinaires. »

 

Voici, pour l'exemple, un dernier « témoignage » de « victime » qui donne lieu à une épingle sur la carte :

 

« Depuis l’époque où je vous ai contacté, j’ai vendu ma maison et j’ai acheté une autre propriété où je vis sans ces problèmes.

 

« Je confirme mon témoignage initial et passant régulièrement près de ma maison précédente, je constate que mon témoignage est toujours d’actualité. »

 

 

On l'aura compris, cette opération est fondée sur une extraordinaire indigence intellectuelle et éthique. En partie des « témoins », mais essentiellement des organisateurs de cette infâme opération de com'.

 

 

Les médias, hélas...

 

Mais leur manque de scrupules n'a d'égal que celui des – nombreux – médias qui ont relayé l'« information » sans la moindre vérification ni le moindre recul. L'Obs en fournit un exemple éclairant. FranceTVInfo fait dans le Roger Gicquel de sinistre mémoire avec « Pesticides : les Français ont peur pour leur santé ».

 

Ils ne sont pas les seuls à faire dans la démesure. Il y a certes GF et son fond de commerce ; et, hélas, il y a la confrérie des amis, inconditionnels, de GF dans la médiasphère. C'est triste !

 

 

 

...mais quelques lueurs d'espoir – et de désespoir

 

Sciences&Avenir est cependant allé un peu plus loin :

 

« Une question demeure : comment la véracité et l'exactitude de ces témoignages seront-elles vérifiées ? Contactée par Sciences et Avenir, Générations Futures reconnaît que c'est là un vrai souci, mais ajoute qu'un certain nombre de filtres permettent de faire un tri relativement efficace. "Bien sûr, il pourra y avoir des personnes mal intentionnées qui pourraient faire de faux témoignages. Mais pour ceux qui figurent d'ores et déjà sur la carte, il s'agit de témoignages récoltés de longue date, recueillis à partir d'un très long questionnaire, assez complexe pour dissuader les personnes mal intentionnées", nous explique Nadine Lauvergeat. »

 

Un « certain nombre de filtres » ? Vraiment ?

 

On peut croire un contributeur qui écrit :

 

« Nous vivons à moins de 10 m des zones pulvérisées environ 2 fois par an où l’on cultive du maïs, de l’orge ou du blé. Nous avons parfois des maux de tête. »

 

Mais qu'en est-il de celui-ci ?

 

« J’habite à moins de 10 m d’une zone de grandes cultures (blé, maïs). Les passages du pulvérisateur se font plusieurs fois par semaine en fonction de la saison. Après ces épandages, je suis souvent victime de nausées, maux de tête, fatigue répétée. »

 

Manifestement, la connaissance des itinéraires techniques agricoles et le simple bon sens ne font pas partie des filtres de GF.

 

Que faut-il en conclure ? Il y a ce que l'on fait et, quand on est prié de s'expliquer, ce que l'on dit...

 

Les Dernières Nouvelles d'Alsace administrent une autre preuve de cet incroyable cynisme. Ils se sont penchés sur la difficulté d'établir le lien de cause à effet :

 

« "C'est toute la difficulté avec les pesticides", explique Nadine, de Générations futures. "Beaucoup de gens s'interrogent, mais dans la plupart des cas, les effets ont commencé quand ils se sont installés dans une zone traitée, par exemple. Ils nous ont transmis leurs témoignages, leurs observations. Mais quand on parle des pesticides, on parle de nombreux produits différents. On est pas dans le cas de l'amiante, par exemple, où on a un cancer type après une exposition à un produit unique."

 

Belles paroles ! À lire les « témoignages », on se demande si cette difficulté fait partie des filtres.

 

Tel témoin, vivant à côté d'un « champs d'oliviers » signale avoir eu :

 

« une baisse d’acuité auditive pendant quatre mois car le produit a dû être en contact avec mes tympans et a créé une inflammation de celui-ci. »

 

Ses oreilles, et les siennes seules, auraient été plus sensibles que ses narines... Cela nous est un peu difficile de l'évoquer, car nous ne faisons pas nos choux gras du malheur des autres, mais sa fille a fait une fausse couche un mois après le traitement des oliviers. Et voici le monument de conditionnement, adossé à une inculture médicale :

 

« Traumatisée, elle a refusé de faire des analyses, donc le lien certain n’a pas été établi, mais ma fille est en très bonne santé et il n’y a pas d’antécédents de fausse couche dans la famille et les pesticides sont bien faits pour détruire les cellules fragiles. »

 

La bonne foi (de la majorité) des contributeurs n'est pas en cause ici. Beaucoup décrivent des problèmes réels, mais ces problèmes en font-ils des « victimes » ? Oui, des victimes d'une extraordinaire instrumentalisation de leur bonne foi.

 

 

 

Tel autre – un des rares « professionnels » – écrit :

 

« J’ai passé des journées entières exposées à l’atrazine, le lindane, le tout sans protection.

 

« J’ai aujourd’hui des sinusites et bronchites à répétition. »

 

Comment ne pas rester bouche bée devant le fait que GF ait inclus ces déclarations ?

 

Et que dire de celle-ci ?

 

« Je fais partie du collectif StopTAFTA 57, je pense que si cet accord passe tout le travail fait n’aura servi à rien.

 

« Il est évident que le problème des pesticides est particulièrement inquiétant; j’ai assisté, dernièrement, à une conférence du professeur BELPOMME. Pour lui, nous sommes en présence d’une pandémie de cancers due aux pesticides. »

 

 

Agriculteurs et municipalités, agissez !

 

Cette lecture particulièrement pénible met cependant en évidence des problèmes de voisinage et de dialogue. Il y a des contributions qui semblent indiquer que les problèmes peuvent se résoudre avec un minimum d'efforts, y compris de la part des municipalités. La profession agricole ferait bien de se pencher sur ces cas.

 

Quand y aura-t-il une véritable campagne contre la désinformation ?

 

 

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