« Pseudo-alerte sur les tampons et les protections féminines » : « Et qui va payer ce délire … »
Les citations du titre, nous les empruntons à l'excellent blog d'Albert Amgar.
Il a suivi le « dossier » – vide sur le fond, pas sur l'impact médiatique – des tampons et protections féminines prétendument contaminés par des choses abominables comme les pesticides ou les dioxines. « Prétendument » car 60 millions de consommateurs n'a donné aucune indication chiffrée et n'a pu faire état que de « traces » ; lire : le genre de bruit de fond que l'on s'attend maintenant à trouver avec n'importe quelle combinaison produit testé – substance recherchée.
Nous vous en avions entretenus avec un billet du 29 février 2016, « En danger de mort... de rire ! – À propos de l'"Alerte sur les tampons" de 60 millions ». Nous avions persiflé sur une célèbre ministre prompte à s'emparer de tout sujet qui lui permet de paraître... Non, elle ne s'est pas manifestée.
Mais elle a de la concurrence. Quelle peut être l'ambition d'une Secrétaire d’État chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire, auprès du Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique (c'est là le titre officiel complet de cet important maroquin) ?
Au fait, vous connaissez ? Il s'agit de Mme Martine Pinville, nommée à ce poste le 17 juin 2015.
Servir les intérêts supérieurs de la Nation ? Empressons nous d'ajouter : dans un gouvernement pléthorique constitué sur des bases politiciennes, ce qui n'est pas du tout nouveau ? Peut-être !
Exister et se profiler, surtout dans un gouvernement pléthorique... ? Sûrement !
On apprend donc par un communiqué de presse que Mme Pinville :
« a réuni ce jour [4 mars 2016] au ministère de l’Économie, les fabricants et distributeurs de produits de protection féminine, afin de répondre aux attentes et aux préoccupations des consommatrices sur la composition et la sécurité de ces produits. »
La gesticulation de 60 millions de consommateurs équivaut-elle « aux attentes et aux préoccupations des consommatrices » ? Le fait que des « interrogations légitimes [...] » aient été « relayées par la presse et les réseaux sociaux » est-il un motif suffisant pour une intervention gouvernementale ? Les interrogations sont certes légitimes, mais la réponse a été donnée par 60 millions, à condition de l'extraire de sa gangue de sensationnalisme mercantile.
Selon le mot célèbre du Général de Gaulle (il y a bientôt 50 ans), « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ». Aujourd'hui, elle se fait sur les réseaux dits « sociaux », parfois mis en branle par des médias peu regardants sur leur rôle social. La réponse du gouvernement aurait pu être d'éducation et d'apaisement. C'est au contraire une sorte de leçon de maître d'école primaire... aux gens de la profession. Certes, il y a :
« Elle a rappelé à cette occasion que les récentes études n’ont toutefois pas révélé de situation de danger pour les consommateurs. »
Mais :
« Elle a demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de conduire une campagne de contrôle en laboratoire de l’ensemble des produits mis sur le marché pour s’en assurer. »
Et aussi :
« Martine PINVILLE a également pris acte du souhait de la profession de progresser dans la connaissance scientifique de substances telles que les résidus de pesticide et dioxines, tant sur le plan des méthodes de détection et de mesure dans les produits d’hygiène féminine, que sur leur impact pour la santé des consommatrices. La saisine prochaine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) permettra de répondre à ce besoin. »
La profession mérite un grand coup de chapeau ! Soumise à des manœuvres peu ragoûtantes, elle se défausse sur les instances du service public ! Donc sur le contribuable.
Mais ce n'est pas tout... le besoin d'exister et de se profiler...
« Martine PINVILLE a enfin indiqué qu’elle saisirait très prochainement la Commission européenne pour qu’une réflexion sur les règles de sécurité applicables à ces produits puisse être engagée en Europe, et que les campagnes de contrôle puissent être coordonnées. »
Mais Mme Pinville a manqué d'imagination. Enfin, il n'est pas trop tard... Car il faut aussi saisir l'OMS, le CIRC (très bonne adresse au vu des derniers classements de pesticides et de la viande), l'OCDE (producteur de normes), la FAO pour les conditions de culture du coton destiné aux protections féminines, etc.
Il va de soi que la Commission européenne saisira l'EFSA. Il se trouvera des membres du Parlement européen pour proposer des résolutions et faire de la surenchère. Ne parlons pas des ONG et prétendues ONG (largement financées par les contribuables grâce aux subventions et réductions d'impôts) qui ajouteront leur grain de sel.
Du reste, il faut d'urgence analyser les mouchoirs et les serviettes en papier. La protection de notre santé contre les « contaminations » par l'intermédiaire de nos muqueuses buccales et nasales le vaut bien. Idem pour le papier-toilette et le papier essuie-tout ; le bois des crayons dont on suce le bout quand on ne sait pas comment terminer un billet...
Notre ami Albert Amgar conclut très sobrement :
« Et qui va payer ce délire… »