Gott im Himmel! Bier in meinem Glyphosat... Hic ! C'est l'inverse
L'Europe – en principe la Commission européenne, en pratique après concertation avec les États membres – doit décider prochainement de la réhomologation du glyphosate, la matière active herbicide la plus utilisée dans le monde (texte de la proposition ici et ici).
Tout ce que le monde européen compte d'activistes anti-pesticides est évidemment sur le pied de guerre pour tenter d'empêcher une nouvelle autorisation qui serait accordée pour 15 ans. Ainsi, en France, c'est le service public audiovisuel qui – par conviction de ses dirigeants ou instrumentalisation (ou peut-être business plan) – nous a infligé, le jeudi 18 février 2016, un Envoyé spécial infâme dans lequel un enfant atteint d'une malformation congénitale a été instrumentalisé contre le glyphosate sur la base de simples supputations de ses parents.
Le jeudi 25 février 2016, le Bundestag allemand devait voter sur une demande des Verts tendant à faire adopter par l'assemblée une prise de position invitant le gouvernement fédéral à bloquer une « réhomologation prématurée du glyphosate ». Il s'agissait évidemment d'un combat d'arrière-garde ; l'interdiction du glyphosate étant hors de portée, les Verts se sont contentés d'une proposition de manœuvre dilatoire. Elle a été défaite par 117 voix pour (essentiellement les Verts et die Linke), 446 voix contre et 3 abstentions.
Mais nous nous égarons... Ce jour-là, par un invraisemblable hasard du calendrier (hi ! Hi ! Hi!), sont parus les résultats d'une analyse par le Umweltinstitut de Munich (institut de l'environnement, une association et non une institution officielle) de 14 bières quant à la présence de glyphosate. Heureux hasard : suffisamment tôt pour, peut-être, déstabiliser des parlementaires... suffisamment tard pour, en principe, empêcher la diffusion efficace de réponses cohérentes.
Ils ont bien évidemment trouvé des... traces.
Pourquoi « bien évidemment » ? Parce que les méthodes d'analyses sont devenues tellement sensibles qu'on trouve maintenant tout dans n'importe quoi. La sensibilité annoncée de la méthode était de 0,075 µg/l – à la louche : l'équivalent d'un morceau de sucre dans 26 piscines olympiques de 3.000 mètres cubes ; ou une dose de pastis dans 89 piscines.
Quel pastis ! Le résultat est « erschreckend », terrifiant, selon l'Institut : les 14 bières contenaient du glyphosate à des doses allant de 0,46 µg/l à 29,74 µg/l. Doses que l'on s'est bien sûr empressé de comparer à la norme de qualité pour l'eau potable, 0,1 µg/l.
Le Bundesinstitut für Riskobewertung (institut fédéral de l'évaluation des risques) a été prompt à réagir, même en anglais. Traduit en français sur l'excellent site d'Albert Amgar. Selon le Bfr :
« En dehors de cela, même le taux le plus élevé publié par les médias (30 microgrammes par litre) est si faible que la dose estimée pour un adulte (60 kg de poids corporel) serait plus de 1000 fois inférieure au taux estimé actuellement qui peut être ingéré quotidiennement pendant une durée de vie (DJA, dose journalière admissible) ou pendant une journée (dose de référence aiguë ou ARfD, acute reference dose) sans risque appréciable pour la santé. Afin d’ingérer des quantités de glyphosate qui posent un risque pour la santé, un adulte devrait boire environ 1000 litres de bière pendant une journée. Selon l’état actuel des connaissances, le taux de glyphosate de 30 microgrammes par litre de bière ne constitue pas un risque pour la santé. »
M. Amgar écrit aussi, à juste titre :
« A noter également que le BfR n’hésite pas à apporter sa réponse aux ‘études’ publiées dans la presse, contrairement à l’Anses… »
Touché, cœur de cible ! Où est la réponse de l'ANSES à la gesticulation de 60 millions sur les protections féminines ? Ou sur le mensonge des 97 % de Cash Investigation ?
Vous ne le savez peut-être pas, mais Kevin Folta a repris du service. Récemment attaqué deux décimètres en-dessous de la ceinture par un lobby du bio caché derrière une association écran, qui s'est servi de la législation états-unienne sur l'accès aux documents officiels (en France, « on » muselle les rationalistes par des actions en diffamation...), il n'a pas réussi à se tenir longtemps à l'écart. Et c'est heureux.
M. Folta livre une autre comparaison, en prenant l'exemple d'une bière à 5 % d'alcool (voir ci-dessus) :
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30 µg/l (ppb) d'un « cancérogène probable » (selon le CIRC, fortement contesté et avec des arguments sérieux) = tremblez braves gens !
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50.000.000 µg/l (ppb) d'un « cancérogène certain » = « une autre SVP ».
Tiens, j'en reprendrais bien une autre... avec une Bratwurst, autre cancérogène certain.