L'autisme de « Cash Investigation » – Glané sur la toile (55)
« Cash Investigation » – quelques efforts pour faire de l'investigation, beaucoup d'efforts pour faire du cash – a mis en cause le chlorpyriphos comme un des responsables de la récentes « épidémie d'autisme ». Le chlorpyriphos ? Un insecticide autorisé en France, sous sa forme éthyl et méthyl, sur plusieurs cultures pour lutter contre différents insectes nuisibles. Mais l'objectif était aussi et surtout de « mouiller » Dow Chemical, en plus de Syngenta pour l'atrazine et Bayer pour le folpel, et d'ouvrir un nouveau front pour la mouvance anti'pesticides.
Deux sites se sont attaqués à cette baliverne.
Alerte-environnement a produit un billet court et percutant, « Autisme aux Etats-Unis : la faute aux pesticides ou au… bio ? ». Deux graphiques expliquent la démarche.
Ridicule, le lien entre bio et autisme ? « En tout cas aussi ridicule que de faire croire que le chlorpyriphos est la cause du nombre plus important d’autistes aux Etats-Unis, tout en passant sous silence toutes les autres explications. »
Forumphyto propose un article plus détaillé signé par M. Philippe Stoop, « Insecticides et autisme : le tri très sélectif de Cash Investigation ».
Lectures indispensables pour qui veut comprendre l'étendue de la cash manipulation médiatique sur, de surcroît, une chaîne de la télévision publique financée par nos deniers. Mais que fait le CSA ?
La démonstration de l'ineptie étant faite, il nous reste donc à démonter le mécanisme de la manipulation médiatique.
Mais avant cela, une petite remarque fort impertinente : si l'usage du chlorpyriphos a beaucoup diminué aux États-Unis d'Amérique, c'est en grande partie parce que le maïs est devenu Bt, donc GM. Mais en France, la bobo-attitude consiste à refuser et les produits phytosanitaires, et les OGM... Retournons aux temps bénis de la terre qui ne ment pas...
La première étape, sur « Cash Investigation », est une mise en condition très générale :
« Des molécules cancérigènes, des perturbateurs hormonaux, des résidus toxiques pour la reproduction... »
C'est la séquence : « Vous n'avez pas encore tout vu, braves gens ». Ou, comme au cirque : « Encore plus fort... »
Deuxième étape : la mauvaise nouvelle (rappelons-le : excellente pour la manipulation des esprits, et le cash). Elle est évidemment « découverte » par l'intrépide, infatigable et inébranlable équipe d'investigation (notez toutefois les conditionnels...) :
« Certains pesticides joueraient un rôle important dans le déclenchement de l'autisme. Et l'autisme serait lui-même en pleine explosion en France et dans le monde. Deux infos inquiétantes coup sur coup, ça fait beaucoup. Alors prenons les choses dans l'ordre... »
« Cash Investigation » – quelques efforts pour faire de l'investigation, beaucoup d'efforts pour faire du cash – a mis en cause le chlorpyriphos comme un des responsables de la récentes « épidémie d'autisme ». Le chlorpyriphos ? Un insecticide autorisé en France, sous sa forme éthyl et méthyl, sur plusieurs cultures pour lutter contre différents insectes nuisibles. Mais l'objectif était aussi et surtout de « mouiller » Dow Chemical, en plus de Syngenta pour l'atrazine et Bayer pour le folpel, et d'ouvrir un nouveau front pour la mouvance anti'pesticides.
Deux sites se sont attaqués à cette baliverne.
Alerte-environnement a produit un billet court et percutant, « Autisme aux Etats-Unis : la faute aux pesticides ou au… bio ? ». Deux graphiques expliquent la démarche.
Forumphyto propose un article plus détaillé signé par M. Philippe Stoop, « Insecticides et autisme : le tri très sélectif de Cash Investigation ».
Lectures indispensables pour qui veut comprendre l'étendue de la cash manipulation médiatique sur, de surcroît, une chaîne de la télévision publique financée par nos deniers. Mais que fait le CSA ?
La démonstration de l'ineptie étant faite, il nous reste donc à démonter le mécanisme de la manipulation médiatique.
Mais avant cela, une petite remarque fort impertinente : si l'usage du chlorpyriphos a beaucoup diminué aux États-Unis d'Amérique, c'est en grande partie parce que le maïs est devenu Bt, donc GM. Mais en France, la bobo-attitude consiste à refuser et les produits phytosanitaires, et les OGM... Retournons aux temps bénis de la terre qui ne ment pas...
La première étape, sur « Cash Investigation », est une mise en condition très générale :
« Des molécules cancérigènes, des perturbateurs hormonaux, des résidus toxiques pour la reproduction... »
C'est la séquence : « Vous n'avez pas encore tout vu, braves gens ». Ou, comme au cirque : « Encore plus fort... »
Deuxième étape : la mauvaise nouvelle (rappelons-le : excellente pour la manipulation des esprits, et le cash). Elle est évidemment « découverte » par l'intrépide, infatigable et inébranlable équipe d'investigation (notez toutefois les conditionnels...) :
« Certains pesticides joueraient un rôle important dans le déclenchement de l'autisme. Et l'autisme serait lui-même en pleine explosion en France et dans le monde. Deux infos inquiétantes coup sur coup, ça fait beaucoup. Alors prenons les choses dans l'ordre... »
Troisième étape : la mise en condition sous la forme d'une longue séquence sur un enfant autiste, longuement mis en scène, et son père, M. Florent Chapel, président du Collectif Autisme. Avec quelques expressions fortes du style « augmentation exponentielle » et « progression fulgurante ». Quelque trois minutes. En finale : aux États-Unis d'Amérique, un enfant sur 68 serait touché.
C'est la séquence : « Tous foutus ». Notez toutefois que le dernier chiffre concerne non pas l'autisme, mais les troubles autistiques. La nuance est de taille.
L'autisme et les troubles autistiques sont un drame pour les enfants et les adultes qui en sont atteints et pour leur entourage. Mais ils sont instrumentalisés ici de manière outrageuse au service d'une cause dont le lien avec ces affections est ténu. Selon l'INSERM, les affections en cause ont une « origine multifactorielle, largement génétique ». Mais chut ! Ça casse le propos !
Quatrième étape : une autre séquence de mise en condition, sur la mauvaise volonté (alléguée) des administrations françaises. C'est la séquence : « On nous cache tout ; on nous dit rien... ». Et aussi une diversion bienvenue :
« Bref, il n'y a rien à faire : il n'y a pas de chiffres précis sur l'autisme en France. »
Ils finissent pourtant par en trouver, les fins limiers ! « Après des mois d'enquête... » De qui se moque-t-on ? Il suffit de taper quelques mots clés dans le moteur de recherche favori... Ça aussi, ça fait partie d'un truc de conditionnement qu'on apprend dans toutes les écoles de propagande...
Cinquième étape : toujours la mise en condition. Toutefois après une concession. Alors que les statistiques n'étaient que descriptives de la situation de l'autisme et des mesures éducatives et sociales correspondantes en France – et ne disaient encore rien sur la responsabilité des produits phytosanitaires en général, et du chlorpyriphos en particulier – on admet incidemment que l'augmentation statistique est due, au moins en partie à « un meilleur diagnostic ». Puis on nous entretient longuement sur l'« environnement chimique » par le biais, si on a bien compris, d'une conférence de l'Endocrine Society tenue à Bruxelles. Une personne non identifiée à ce stade (M. Philippe Grandjean, professeur adjoint à l'Université de Harvard) explique :
« Ces problèmes sont terriblement graves pour la santé humaine. En particulier pour les générations futures. Je pense que toutes les mères de famille sont derrière nous quand nous disons qu'il faut protéger le cerveau des enfants. »
Difficile de faire pire dans la démagogie ! À la fois pour le chercheur qui énonce une banalité – certes, une vérité d'évidence qu'on ne saurait balayer d'un revers de main – et pour les manipulateurs d'opinion.
Sixième étape : on touche au but (c'est toujours M. Grandjean) :
« Nous avons identifié 12 produits chimiques. Nous sommes convaincus que ces produits ont un impact négatif sur le développement neurologique des enfants. Par exemple le plomb, le mercure, les PCB... pour ne citer que les plus célèbres. Nous avons aussi ajouté des pesticides... comme le chlorpyriphos. »
Bingo ! Le mot magique a été prononcé...
(Voix off) : « Chlorpyri quoi ? ».
Et l'argumentaire peut se dérouler... La mèche a été allumée...
Revenons tout de même à M. Philippe Stoop. Il conclue comme suit :
« Plutôt que de chercher des poux dans la tête des "usual suspects", comme un policier en manque de piste dans un mauvais polar, il vaudrait donc mieux prendre les choses dans l’ordre, et identifier la ou les causes des variations observées entre états, et sur le long terme. Pour cela, des études plus locales, comme celles de Davis, peuvent d’ailleurs être utiles, mais à condition de rechercher tous azimuts les causes possibles de l’excès d’autisme observé, et sûrement pas en ne traitant que d’un facteur dont l’effet est manifestement négligeable à l’échelle nationale. Faute d’une hiérarchisation des priorités et d’une meilleure coordination des équipes, la recherche épidémiologie perd un temps précieux sur des sujets pourtant réellement inquiétants, et risque d’accumuler longtemps des résultats disparates sur des suspects mineurs. »
Nous ne pouvons qu'acquiescer. Le même genre de problème – la dilapidation de moyens humains et financiers dans des recherches sur des « suspects mineurs » – se pose pose aussi dans d'autres domaines comme celui de la santé des abeilles et des pollinisateurs en général.
Mais on ne peut quitter ce sujet sans évoquer la prestation déplorable de notre ministre de l'agriculture. Il affichait, certes, la mine des mauvais jours et son manque d'enthousiasme. Ministre affligé d'une idéologie – ou plutôt idéologue investi d'une fonction ministérielle – il pouvait difficilement éluder son couplet favori : Écophyto et son ambition d'imposer une réduction de moitié de l'emploi des produits phytosanitaires en France. Mais fallait-il laisser entendre que : « Cette substance est dangereuse », alors qu'il ne sait manifestement rien du danger et du risque (fonction aussi de l'exposition) et que l'ANSES doit produire un rapport ces prochaines semaines ?
Selon lui,
« En fonction, ce produit verra ses usages au mieux réduits, et pour certains, complètement arrêtés. »
Ces gens de « Cash Investigation » (et d'autres médias à leur suite) ont interprété :
« Stéphane Le Foll, s'est engagé, mardi soir, au cours de l’émission "Cash Investigation" de France 2 à limiter l’usage, dès cette année, de ce pesticide jugé dangereux pour l'homme. »
M. le ministre Le Foll sait-il que, sous l'impulsion du ministre Le Foll, l'autorité sur les décisions en matière d'autorisation de produits phytosanitaires en France a été confiée à l'ANSES et n'est donc plus dans la sphère de compétence directe du ministre de l'agriculture, en l'occurrence M. Stéphane Le Foll ? L'ANSES pourra-t-elle maintenir les autorisations actuelles sans se faire lyncher ? Combien d'usages devra-t-elle interdire pour ne pas se faire étriper ?
« Cash Investigation » – quelques efforts pour faire de l'investigation, beaucoup d'efforts pour faire du cash – a mis en cause le chlorpyriphos comme un des responsables de la récentes « épidémie d'autisme ». Le chlorpyriphos ? Un insecticide autorisé en France, sous sa forme éthyl et méthyl, sur plusieurs cultures pour lutter contre différents insectes nuisibles. Mais l'objectif était aussi et surtout de « mouiller » Dow Chemical, en plus de Syngenta pour l'atrazine et Bayer pour le folpel, et d'ouvrir un nouveau front pour la mouvance anti'pesticides.
Deux sites se sont attaqués à cette baliverne.
Alerte-environnement a produit un billet court et percutant, « Autisme aux Etats-Unis : la faute aux pesticides ou au… bio ? ». Deux graphiques expliquent la démarche.
Forumphyto propose un article plus détaillé signé par M. Philippe Stoop, « Insecticides et autisme : le tri très sélectif de Cash Investigation ».
Lectures indispensables pour qui veut comprendre l'étendue de la cash manipulation médiatique sur, de surcroît, une chaîne de la télévision publique financée par nos deniers. Mais que fait le CSA ?
La démonstration de l'ineptie étant faite, il nous reste donc à démonter le mécanisme de la manipulation médiatique.
Mais avant cela, une petite remarque fort impertinente : si l'usage du chlorpyriphos a beaucoup diminué aux États-Unis d'Amérique, c'est en grande partie parce que le maïs est devenu Bt, donc GM. Mais en France, la bobo-attitude consiste à refuser et les produits phytosanitaires, et les OGM... Retournons aux temps bénis de la terre qui ne ment pas...
La première étape, sur « Cash Investigation », est une mise en condition très générale :
« Des molécules cancérigènes, des perturbateurs hormonaux, des résidus toxiques pour la reproduction... »
C'est la séquence : « Vous n'avez pas encore tout vu, braves gens ». Ou, comme au cirque : « Encore plus fort... »
Deuxième étape : la mauvaise nouvelle (rappelons-le : excellente pour la manipulation des esprits, et le cash). Elle est évidemment « découverte » par l'intrépide, infatigable et inébranlable équipe d'investigation (notez toutefois les conditionnels...) :
« Certains pesticides joueraient un rôle important dans le déclenchement de l'autisme. Et l'autisme serait lui-même en pleine explosion en France et dans le monde. Deux infos inquiétantes coup sur coup, ça fait beaucoup. Alors prenons les choses dans l'ordre... »
Troisième étape : la mise en condition sous la forme d'une longue séquence sur un enfant autiste, longuement mis en scène, et son père, M. Florent Chapel, président du Collectif Autisme. Avec quelques expressions fortes du style « augmentation exponentielle » et « progression fulgurante ». Quelque trois minutes. En finale : aux États-Unis d'Amérique, un enfant sur 68 serait touché.
C'est la séquence : « Tous foutus ». Notez toutefois que le dernier chiffre concerne non pas l'autisme, mais les troubles autistiques. La nuance est de taille.
L'autisme et les troubles autistiques sont un drame pour les enfants et les adultes qui en sont atteints et pour leur entourage. Mais ils sont instrumentalisés ici de manière outrageuse au service d'une cause dont le lien avec ces affections est ténu. Selon l'INSERM, les affections en cause ont une « origine multifactorielle, largement génétique ». Mais chut ! Ça casse le propos !
Quatrième étape : une autre séquence de mise en condition, sur la mauvaise volonté (alléguée) des administrations françaises. C'est la séquence : « On nous cache tout ; on nous dit rien... ». Et aussi une diversion bienvenue :
« Bref, il n'y a rien à faire : il n'y a pas de chiffres précis sur l'autisme en France. »
Ils finissent pourtant par en trouver, les fins limiers ! « Après des mois d'enquête... » De qui se moque-t-on ? Il suffit de taper quelques mots clés dans le moteur de recherche favori... Ça aussi, ça fait partie d'un truc de conditionnement qu'on apprend dans toutes les écoles de propagande...
Cinquième étape : toujours la mise en condition. Toutefois après une concession. Alors que les statistiques n'étaient que descriptives de la situation de l'autisme et des mesures éducatives et sociales correspondantes en France – et ne disaient encore rien sur la responsabilité des produits phytosanitaires en général, et du chlorpyriphos en particulier – on admet incidemment que l'augmentation statistique est due, au moins en partie à « un meilleur diagnostic ». Puis on nous entretient longuement sur l'« environnement chimique » par le biais, si on a bien compris, d'une conférence de l'Endocrine Society tenue à Bruxelles. Une personne non identifiée à ce stade (M. Philippe Grandjean, professeur adjoint à l'Université de Harvard) explique :
« Ces problèmes sont terriblement graves pour la santé humaine. En particulier pour les générations futures. Je pense que toutes les mères de famille sont derrière nous quand nous disons qu'il faut protéger le cerveau des enfants. »
Difficile de faire pire dans la démagogie ! À la fois pour le chercheur qui énonce une banalité – certes, une vérité d'évidence qu'on ne saurait balayer d'un revers de main – et pour les manipulateurs d'opinion.
Sixième étape : on touche au but (c'est toujours M. Grandjean) :
« Nous avons identifié 12 produits chimiques. Nous sommes convaincus que ces produits ont un impact négatif sur le développement neurologique des enfants. Par exemple le plomb, le mercure, les PCB... pour ne citer que les plus célèbres. Nous avons aussi ajouté des pesticides... comme le chlorpyriphos. »
Bingo ! Le mot magique a été prononcé...
(Voix off) : « Chlorpyri quoi ? ».
Et l'argumentaire peut se dérouler... La mèche a été allumée...
Revenons tout de même à M. Philippe Stoop. Il conclue comme suit :
« Plutôt que de chercher des poux dans la tête des "usual suspects", comme un policier en manque de piste dans un mauvais polar, il vaudrait donc mieux prendre les choses dans l’ordre, et identifier la ou les causes des variations observées entre états, et sur le long terme. Pour cela, des études plus locales, comme celles de Davis, peuvent d’ailleurs être utiles, mais à condition de rechercher tous azimuts les causes possibles de l’excès d’autisme observé, et sûrement pas en ne traitant que d’un facteur dont l’effet est manifestement négligeable à l’échelle nationale. Faute d’une hiérarchisation des priorités et d’une meilleure coordination des équipes, la recherche épidémiologie perd un temps précieux sur des sujets pourtant réellement inquiétants, et risque d’accumuler longtemps des résultats disparates sur des suspects mineurs. »
Nous ne pouvons qu'acquiescer. Le même genre de problème – la dilapidation de moyens humains et financiers dans des recherches sur des « suspects mineurs » – se pose pose aussi dans d'autres domaines comme celui de la santé des abeilles et des pollinisateurs en général.
Mais on ne peut quitter ce sujet sans évoquer la prestation déplorable de notre ministre de l'agriculture. Il affichait, certes, la mine des mauvais jours et son manque d'enthousiasme. Ministre affligé d'une idéologie – ou plutôt idéologue investi d'une fonction ministérielle – il pouvait difficilement éluder son couplet favori : Écophyto et son ambition d'imposer une réduction de moitié de l'emploi des produits phytosanitaires en France. Mais fallait-il laisser entendre que : « Cette substance est dangereuse », alors qu'il ne sait manifestement rien du danger et du risque (fonction aussi de l'exposition) et que l'ANSES doit produire un rapport ces prochaines semaines ?
Selon lui,
« En fonction, ce produit verra ses usages au mieux réduits, et pour certains, complètement arrêtés. »
Ces gens de « Cash Investigation » (et d'autres médias à leur suite) ont interprété :
« Stéphane Le Foll, s'est engagé, mardi soir, au cours de l’émission "Cash Investigation" de France 2 à limiter l’usage, dès cette année, de ce pesticide jugé dangereux pour l'homme. »
M. le ministre Le Foll sait-il que, sous l'impulsion du ministre Le Foll, l'autorité sur les décisions en matière d'autorisation de produits phytosanitaires en France a été confiée à l'ANSES et n'est donc plus dans la sphère de compétence directe du ministre de l'agriculture, en l'occurrence M. Stéphane Le Foll ? L'ANSES pourra-t-elle maintenir les autorisations actuelles sans se faire lyncher ? Combien d'usages devra-t-elle interdire pour ne pas se faire étriper ?
Troisième étape : la mise en condition sous la forme d'une longue séquence sur un enfant autiste, longuement mis en scène, et son père, M. Florent Chapel, président du Collectif Autisme. Avec quelques expressions fortes du style « augmentation exponentielle » et « progression fulgurante ». Quelque trois minutes. En finale : aux États-Unis d'Amérique, un enfant sur 68 serait touché.
C'est la séquence : « Tous foutus ». Notez toutefois que le dernier chiffre concerne non pas l'autisme, mais les troubles autistiques. La nuance est de taille.
L'autisme et les troubles autistiques sont un drame pour les enfants et les adultes qui en sont atteints et pour leur entourage. Mais ils sont instrumentalisés ici de manière outrageuse au service d'une cause dont le lien avec ces affections est ténu. Selon l'INSERM, les affections en cause ont une « origine multifactorielle, largement génétique ». Mais chut ! Ça casse le propos !
Quatrième étape : une autre séquence de mise en condition, sur la mauvaise volonté (alléguée) des administrations françaises. C'est la séquence : « On nous cache tout ; on nous dit rien... ». Et aussi une diversion bienvenue :
« Bref, il n'y a rien à faire : il n'y a pas de chiffres précis sur l'autisme en France. »
Ils finissent pourtant par en trouver, les fins limiers ! « Après des mois d'enquête... » De qui se moque-t-on ? Il suffit de taper quelques mots clés dans le moteur de recherche favori... Ça aussi, ça fait partie d'un truc de conditionnement qu'on apprend dans toutes les écoles de propagande...
L’autisme en chiffres
En France, entre 300 000 et 500 000 personnes sont atteintes d’un trouble envahissant du développement dont 60 000 personnes autistes. 8 000 enfants autistes naissent chaque année, ce qui représente 1 personne sur 150 (Données INSERM)
Les personnes avec autisme sont-elles de plus en plus nombreuses ?
Actuellement, rien ne permet d’affirmer que l’autisme ou les troubles du spectre de l’autisme sont plus fréquents qu’auparavant, bien qu’on ne puisse l’exclure. L’accroissement des chiffres de prévalence (c’est-à-dire, le chiffre exprimant la fréquence à laquelle un trouble apparaît) peut cependant être également imputé à l’évolution des critères diagnostiques au fil des temps, à un diagnostic plus précoce et plus précis. L’autisme est aujourd’hui mieux décelé chez les personnes qui ont une intelligence dans les limites de la normale.
Cinquième étape : toujours la mise en condition. Toutefois après une concession. Alors que les statistiques n'étaient que descriptives de la situation de l'autisme et des mesures éducatives et sociales correspondantes en France – et ne disaient encore rien sur la responsabilité des produits phytosanitaires en général, et du chlorpyriphos en particulier – on admet incidemment que l'augmentation statistique est due, au moins en partie à « un meilleur diagnostic ». Puis on nous entretient longuement sur l'« environnement chimique » par le biais, si on a bien compris, d'une conférence de l'Endocrine Society tenue à Bruxelles. Une personne non identifiée à ce stade (M. Philippe Grandjean, professeur adjoint à l'Université de Harvard) explique :
« Ces problèmes sont terriblement graves pour la santé humaine. En particulier pour les générations futures. Je pense que toutes les mères de famille sont derrière nous quand nous disons qu'il faut protéger le cerveau des enfants. »
Difficile de faire pire dans la démagogie ! À la fois pour le chercheur qui énonce une banalité – certes, une vérité d'évidence qu'on ne saurait balayer d'un revers de main – et pour les manipulateurs d'opinion.
Sixième étape : on touche au but (c'est toujours M. Grandjean) :
« Nous avons identifié 12 produits chimiques. Nous sommes convaincus que ces produits ont un impact négatif sur le développement neurologique des enfants. Par exemple le plomb, le mercure, les PCB... pour ne citer que les plus célèbres. Nous avons aussi ajouté des pesticides... comme le chlorpyriphos. »
Bingo ! Le mot magique a été prononcé...
(Voix off) : « Chlorpyri quoi ? ».
Et l'argumentaire peut se dérouler... La mèche a été allumée...
Revenons tout de même à M. Philippe Stoop. Il conclue comme suit :
« Plutôt que de chercher des poux dans la tête des "usual suspects", comme un policier en manque de piste dans un mauvais polar, il vaudrait donc mieux prendre les choses dans l’ordre, et identifier la ou les causes des variations observées entre états, et sur le long terme. Pour cela, des études plus locales, comme celles de Davis, peuvent d’ailleurs être utiles, mais à condition de rechercher tous azimuts les causes possibles de l’excès d’autisme observé, et sûrement pas en ne traitant que d’un facteur dont l’effet est manifestement négligeable à l’échelle nationale. Faute d’une hiérarchisation des priorités et d’une meilleure coordination des équipes, la recherche épidémiologie perd un temps précieux sur des sujets pourtant réellement inquiétants, et risque d’accumuler longtemps des résultats disparates sur des suspects mineurs. »
Nous ne pouvons qu'acquiescer. Le même genre de problème – la dilapidation de moyens humains et financiers dans des recherches sur des « suspects mineurs » – se pose pose aussi dans d'autres domaines comme celui de la santé des abeilles et des pollinisateurs en général.
Mais on ne peut quitter ce sujet sans évoquer la prestation déplorable de notre ministre de l'agriculture. Il affichait, certes, la mine des mauvais jours et son manque d'enthousiasme. Ministre affligé d'une idéologie – ou plutôt idéologue investi d'une fonction ministérielle – il pouvait difficilement éluder son couplet favori : Écophyto et son ambition d'imposer une réduction de moitié de l'emploi des produits phytosanitaires en France. Mais fallait-il laisser entendre que : « Cette substance est dangereuse », alors qu'il ne sait manifestement rien du danger et du risque (fonction aussi de l'exposition) et que l'ANSES doit produire un rapport ces prochaines semaines ?
Selon lui,
« En fonction, ce produit verra ses usages au mieux réduits, et pour certains, complètement arrêtés. »
Ces gens de « Cash Investigation » (et d'autres médias à leur suite) ont interprété :
« Stéphane Le Foll, s'est engagé, mardi soir, au cours de l’émission "Cash Investigation" de France 2 à limiter l’usage, dès cette année, de ce pesticide jugé dangereux pour l'homme. »
M. le ministre Le Foll sait-il que, sous l'impulsion du ministre Le Foll, l'autorité sur les décisions en matière d'autorisation de produits phytosanitaires en France a été confiée à l'ANSES et n'est donc plus dans la sphère de compétence directe du ministre de l'agriculture, en l'occurrence M. Stéphane Le Foll ? L'ANSES pourra-t-elle maintenir les autorisations actuelles sans se faire lyncher ? Combien d'usages devra-t-elle interdire pour ne pas se faire étriper ?