Glané en kiosque (6) : « Bricoleurs d'ADN... » sur Science&Vie
Cela fait quelque temps que l'altermonde s'agite face aux nouvelles techniques de génétique appliquée, l'« édition génétique ». Objectif affiché : les faire tomber sous l'empire de la réglementation européenne sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) ; objectif caché : en empêcher le déploiement en Europe car, comme on le sait, cette réglementation – élaborée à une époque où régnait en maître une incroyable pétoche – est appliquée de telle manière que les autorisations de mise en culture ne sont délivrées qu'au compte-gouttes, et encore, à l'occasion de quelque relâchement politique.
Mais de quoi parle-t-on au juste ?
Une technique, CRISPR-Cas9, a acquis une certaine célébrité en un temps record. Le magazine Science l'a sacrée comme « découverte scientifique de l'année 2015 ». Rien de vraiment neuf dans les possibilités d'action sur le matériel génétique. Mais, selon les Échos « ...CRISPR-Cas9 représente la même avancée que l’avènement du traitement de texte par rapport à nos bonnes vieilles machines à écrire d’antan, avec leurs malcommodes rubans correcteurs. »
Science&Vie y consacre un grand dossier dans son numéro de janvier 2016 (attention : abonné à la revue, j'ai déjà reçu le numéro de février qui risque bien de supplanter bientôt le précédent dans les kiosques).
Comme de coutume, la revue – créée en avril... 1913 – excelle dans la vulgarisation.
On regrettera néanmoins, un peu, un peu beaucoup, l'enthousiasme pour les « promesses » de CRISPR-Cas9. La première est : « Optimiser les gènes pour doper les individus ». On a envie de répondre ; « Mouais ! » Et c'est précisément celle qui pose les plus grands problèmes en matière d'éthique. Quant à « ressusciter des animaux disparus »... faut pas rêver...
Mais peut-on vraiment reprocher cet excès d'optimisme à cette revue pour grand public qui détonne dans un monde médiatique qui s'adonne avec délectation à la sinistrose ?
Avec « CRISPR-Cas9 : une révolution qui fait peur... » la revue n'élude du reste pas le côté « inquiétudes ».
On le trouve aussi dans le texte « optimiste ». Par exemple dans la « promesse » 6, « Produire des OGM mais sans ADN étranger ». On y cite M. Christophe Noisette : « Nous n'avons aucune preuve de l'innocuité des produits issus de cette technique »... Instiller le doute et la peur est la technique de choix des précautionnistes, dont certains ont fait un fond de commerce de la peur de l'inventivité et de l'ingéniosité humaines... enfin avec des exceptions...
« Nous n'avons aucune preuve... »
« ...L'oncle Vania, le vieux réac impénitent, qui déboule régulièrement des arbres pour enjoindre à Edouard, son frère trop inventif, d'y remonter avec la famille avant quelque désastre (sans toutefois refuser, à l'occasion, une côte de phacochère délicieusement grillée sur ce feu qu'il condamne)... »
Roy Lewis, « Pourquoi j'ai mangé mon père », préface.