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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le côté obscur de l'écodéesse Vandana Shiva

7 Décembre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #Vandana Shiva

Le côté obscur de l'écodéesse Vandana Shiva

 

 

Petit détour par la COP21

 

La COP21 – la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se poursuit (jusqu'au 11 décembre 2015).

 

Les délégations des gouvernements discutent âprement, quelquefois sur des virgules, en plénière, en comités ou en petits groupes de contact.

 

Petite digression pour illustrer : lors des travaux préparatoires pour le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture, à la FAO, quelqu'un avait fait une proposition, évidemment en anglais, sur les « Droits des agriculteurs » (cela a abouti, après de très longues tractations, à l'article 9). « Farmers' Rights » avait été écrit d'une manière inhabituelle. Il s'ensuivit une discussion de plus d'une heure sur les différentes versions possibles, avec ou sans majuscules, une ou deux... jusqu'à ce qu'un participant, passablement excédé, prît la parole pour dire que ça n'avait aucun sens dans sa langue, l'arabe, qui ne connaît pas la majuscule. Les « Farmers Rights » eurent finalement droit à leurs majuscules et furent adoubés à la dignité de principe supérieur. Mais sur le seul plan typographique car le texte du traité les dilue dans un florilège de bémols.

 

Si vous voulez connaître le point de départ des négociations de la COP21, c'est ici (en anglais sur le site du Gouvernement français... les traditions se perdent). La version actuelle à l'heure où nous écrivons est ici.

 

À côté des délégations des gouvernements et des organisations intergouvernementales, il y a une nuée d'« organisations non gouvernementales ». Pour se faire une idée de la variété des acteurs, on peut consulter la liste des organisations ici, ou la liste provisoire des participants ici (modifier p01 en p02... pour accéder aux parties suivantes). Nous avons remarqué avec plaisir l'Association Française des Petits Débrouillards.

 

Quel est leur rôle ? Il en est qui sont entièrement légitimes. Il en est d'autres... Dans des négociations de ce genre, leurs représentants essentiellement arpentent les couloirs, donnent des « conseils » à des délégués gouvernementaux quand elles sont militantes, organisent des « événements » en marge des réunions officielles. Et, souvent... les participants se payent du bon temps, au mieux une petite visibilité.

 

Accessoirement, leurs membres peuvent perturber l'exposition Solutions COP21, organisée au Grand Palais et portée par le Comité 21 avec le Club France Développement durable (rassemblant plus de 100 réseaux publics et privés). Il est vrai que si des solutions sont apportées aux problèmes, en particulier par la méchante industrie, ces « ONG » se retrouvent sans fond de commerce. Notons, avec regret, que les perturbateurs étaient accompagnés par des journalistes, qui ont ainsi apporté une caution implicite au monôme ; celui-ci aurait-il été organisé si la presse s'était abstenue de le couvrir ? La mission d'information n'exclut pas le civisme ; nos médiocres médiacrates le comprendront-ils un jour ?.

 

 

Se débrouiller pour se faire inviter... et peut-être se faire mousser...

 

 

Navdanya, la petite entreprise (ou peut-être moins petite, l'opacité régnant...) de Mme Vandana Shiva – oups ! Dr Vandana Shiva –, ne fait pas vraiment partie du cercle des entités intéressées par le climat. Mais ce n'est pas vraiment un obstacle : Mme Shiva a obtenu un précieux sésame en tant que membre de la délégation de Shinji Shumeikai.

 

Selon son site, cette entité est une organisation spirituelle qui se voue à la promotion d'un état idéal de santé, de bonheur et d'harmonie pour toute l'humanité en appliquant les enseignements de son fondateur, Mokichi Okada. Celui-ci aurait reçu une révélation spéciale de Dieu en 1926. Et, en 1936, il a établi un système d'« agriculture naturelle ».

 

Shinji Shumeikai figure sur une liste de noms « des mouvements pouvant, à l'aune des critères définis, être qualifiés de sectaires » du Rapport fait au nom de la Commission d'enquête sur les sectes, remis au Président de l'Assemblée nationale en décembre 1995. Y figure aussi, incidemment – mais n'insistons pas pour cause de risques judiciaires–, une certaine Invitation à la vie intense (IVI).

 

 

...dérive sectaire ?...

 

Dérive sectaire ? Peut-être. Alliance d'opportunité avec un pourvoyeur de fonds ? Peut-être. Les deux ? Peut-être aussi.

 

Mme Shiva a participé à d'autres réunions onusiennes derrière une autre pancarte. Par exemple à la quatrième réunion du groupe de travail ad hoc non limité sur la biosécurité – dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique – qui s'est tenue à Montréal du 5 au 13 février 1998. C'était pour le compte du Third World Network, une organisation très influente sur la scène internationale. Influente... et aussi très influencée : figuraient alors au sein de cette délégation d'organisation en principe tiers-mondiste Mme Mae-Wan Ho, figure de proue du britannique et violemment technophobe The Institute of Science In Society, et M. Terje Traavik, une des figures de proue du norvégien et violemment technophobe GenØk – Centre for Biosafety. Mais soyons mesquin : Mme Shiva n'était que conseillère dans cette délégation...

 

Le Third World Network est présent à la COP21, avec six personnes annoncées. Mme Shiva est dans la représentation d'une autre organisation, sectaire. Elle y apparaît, en première place, comme « fondatrice/directrice » de Navdanya Trust, la fondation Navdanya. C'est finalement une promotion...

 

 

...en tout cas familiale

 

La représentation de Shinji Shumeikai comprend un autre personnage à remarquer : M. Kartikey Shiva. Monsieur fils.

 

Sortons de la COP21 : Monsieur fils rejoint la famille, sa mère et sa tante, de plus en plus associée comme l'illustre cette « déclaration » à l'occasion de la journée de la femme, du 8 mars 2015.

 

Ce qui distingue Mira de Vandana ? Un titre de docteur que la première peut faire valoir en toute décence, car elle est docteur en médecine (pour la deuxième, cela dépend des interlocuteurs...) ; un bindi discret.

 

 

Le langage corporel acquis...

 

La taille du bindi ? Cela peut sembler mesquin... mais le fait est que Mme Shiva s'est forgé un personnage au fil du temps... illustré aussi par le nombre et la variété des saris, ainsi que par les photos soigneusement choisies et amplement diffusées.

 

Mais c'est sa manière de s'exprimer qui devrait retenir l'attention : regardez cette façon de s'interrompre brièvement entre deux mots pour un sourire... très artificiel !

 

Puisque nous avons trouvé le lien avec Shinji Shumeikai, on peut accéder à partir de ce site à la vidéo d'une conférence de Mme Shiva devant les membres de Shumei au Meishusama's Hall le 3 avril 2011. Le tic oratoire est porté à son paroxysme. Est-ce du grand art oratoire de circonstance ? Est-ce plutôt la manifestation d'une communauté d'idées ? C'est en tout cas remarquable.

 

Quant au fond, les âneries monumentales que Mme Shiva a débitées, on peut se poser la même question. L'International Nature Farming Research Center lié au mouvement sectaire affirme-t-il que les engrais polluent le sol et diminuent sa capacité de production ? Mme Shiva dit que les engrais stérilisent le sol...

 

Petite digression : en décembre 2014, Shumei International a organisé une série d'événements, dont la deuxième conférence annuelle « Liberté semencière : semences, sol et aliments pour l'avenir », avec un Navdanya forcément représenté par la seule et unique Vandana Shiva. Qui était à côté de Mme Shiva ? M. Hans Herren, que l'on retrouve à ses côtés dans l'organisation de l'infâme « Monsanto Tribunal ».

 

 

...et le langage corporel dissimulé

 

Mme Shiva fuit les débats. Sauf, évidemment, les débats entre congénères, comme ce fut le cas, par exemple, pour la conférence de presse de lancement de l'infâme « Monsanto Tribunal ».

 

Mais il y a quelques exceptions, en particulier ce « débat » à distance sur CCTC, une chaîne de télévision chinoise (à partir de 22:30), en janvier 2015. Il s'agissait essentiellement de la question de savoir si les OGM étaient sûrs et s'il fallait un étiquetage.

 

Mme Shiva y dévoile sa capacité de hargne quand elle est contredite ; il faut le préciser : dans certains cas sur des mensonges grossiers.

 

L'entrée en matière ne lui a pas beaucoup plu : elle est présentée comme une activiste de l'environnement. Que répond-elle ?

 

« Je suis plus qu'une activiste de l'environnement. J'ai fait partie du premier panel de l'ONU qui a institutionnalisé le cadre sur la biosécurité. »

 

Nous avons déjà démonté ce bobard dans un article précédent.

 

Mais surtout, plus de sourires cajoleurs. Le discours se fait plutôt véhément. Et la présentatrice a eu le plus grand mal à contenir le flot de paroles et mettre un terme aux diatribes.

 

 

Les feux d'artifice à l'écrit

 

Il y a donc les belles phrases, abondamment reproduites sur les « réseaux sociaux » par des admirateurs béats, et souvent benêts, qui confèrent à Mme Shiva l'image d'une grande philosophe et penseuse. Il y a les mensonges éhontés, tant sur son parcours – à commencer par son prétendu PhD en physique quantique – que sur le fond. Lors du débat susmentionné, elle a ainsi osé prétendre que les OGM n'étaient pas testés aux États-Unis d'Amérique, où l'on travaillerait sur la base de l'hypothèse erronée de l'équivalence en substance: selon elle, l'OGM serait considéré a priori comme identique à la variété mère . Mme Shiva n'a pas craint de se faire corriger par les autres intervenants... Plus le mensonge est gros... air connu.

 

Mais Mme Shiva a un autre visage, fort hideux. Nous l'illustrerons par le dernier esclandre, sachant qu'il y a eu des précédents.

 

Mme Kavin Senapathy a contribué à Forbes un article, « Vandana Shiva Achieves Amazing Feat Of Appropriating Her Own Culture » (Vandana Shiva réussit l'exploit de s'approprier sa propre culture). Ce titre ne se comprend que si on entend par « appropriation culturelle » l'utilisation et l'altération des éléments d'une culture par une autre.

 

« Pour moi, une Américaine fille d'immigrants indiens, l'appropriation par Shiva de sa propre culture figure parmi les tactiques les plus choquantes dans le répertoire de l'activisme. Elle exhale un "plus indienne que toi" qui fait que de nombreux Occidentaux non-Indiens l'acceptent sans se poser de question comme la voix du David indien s'élevant contre le Goliath Biotech. Elle caractérise ses détracteurs de "sahibs anglais", détournant l'attention de la réalité que les militants anti-OGM aiment à éluder : les agriculteurs indiens bénéficient de la biotechnologie agricole. Les non-Indiens s'abstiennent vraisemblablement de douter de son autorité de peur de paraître racistes. Une tactique habile, en effet. »

 

La critique était virulente et ciblée... et par une Américaine fière de ses origines indiennes.

 

Mme Shiva a cru bon de répondre sous un titre que se voulait humoristique – « We don’t need Ketchum in our Mustard » (nous n'avons pas besoin de Ketchum, une agence de relations publiques, dans notre moutarde) – mais avec un sous-titre dégoulinant de théorie du complot : « Monsanto’s PR – attempting to control science » (les relations publiques de Monsanto tentent de contrôler la science). Mme Kavin Senapathy est une auteure free lance et conférencière défendant la rationalité dans le domaine de la santé, de la médecine, de la génomique, de l'agriculture et de l'alimentation.

 

« Nous n'avons pas besoin de Ketchum » ? N'est-ce pas la meilleure illustration du propos de Mme Senapathy ?

 

Il faut lire le délire, les attaques contre les « sahibs anglais » et états-uniens, mais pas que :

 

« Abuser de la science et détruire la science, le journalisme et la démocratie pour vendre plus de produits chimiques ou des semences Terminator brevetées, affamera le monde et empoisonnera chacun des derniers d'entre nous qui auront été assez chanceux pour se procurer un peu de nourriture. Cela pourrait bien être ce que Kevin Folta, Kavin Senapathy, Jon Entine, Mark Lynas, CS Prakash, Keith Kloor et les autres partisans de Big Chimie et Big Biotech veulent, à moins que tout cela ne fasse partie de leur "Sci Comm Satire".

 

Pour le reste, veuillez le découvrir par vous même. Si le cœur vous en dit.

 

 

Arte à l'honneur (exceptionnellement)

 

Mme Shiva est donc en France depuis quelque temps. Les apparitions télévisuelles se succèdent... La bien-pensance journalistique et médiatique pouvait difficilement renoncer à offrir une tribune à une écodéesse dont elle ignore, délibérément ou par paresse, le côté obscur (ou plutôt les côtés obscurs).

 

Le 1er décembre 2015, Arte lui a donc offert un créneau dans le magazine 28 minutes. Avec une présentation de M. Marc-Antoine de Poret dont on peut dire qu'elle fut au vitriol.

 

« ...et c'est vrai que certains vous voient un peu comme comédienne quand d'autres vous imaginent en gourou... »

 

Ce n'est que le début ! M. de Poret se réfère ainsi à une autre escroquerie : selon le site Navdanya (par exemple ici), ou son site personnel, Mme –oups ! Dr – Vandana Shiva aurait été nommée comme une des « sept femmes les plus influentes sur le globe » par le magazine Forbes (que Mme Shiva vilipende du reste...). Il relève cependant que cette année-là, point de Shiva dans la liste...

 

Dévoilons le pot au roses : il y a bien eu une liste de sept noms sur Forbes, avec Mme Shiva en septième position, mais c'est la liste de Mme Eve Ensler, l'auteur des Monologues du vagin.

 

Cela renvoie à la seule question qui vaille : quand cessera-t-on à donner du crédit à une personne qui n'en a aucun ?

 

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A
Après avoir obtenu une licence de physique en 1972, puis un master en 1974, à l'université du Panjab, à Chandigarh en Inde, Vandana Shiva poursuit ses études au Canada. Elle y obtient un master de philosophie des sciences à l’université de Guelph en 1977, puis un doctorat dans la même discipline obtenu en 1978 à l'université de Western Ontario. Elle a ensuite réorienté ses recherches dans le domaine des politiques environnementales à l'Indian Institute of Science2.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour ce copier-coller de Wikipédia, très instructif.<br /> <br /> Tout d'abord, on y apprend que son doctorat est en philosophie des sciences et non en physique comme elle le prétend souvent ou le laisse dire.<br /> <br /> D'autre part, master en 1977, doctorat en 1978, si je sais compter, l'année d'après... hum...<br /> <br /> Enfin, elle aurait "réorienté ses recherches dans le domaine des politiques environnementales à l'Indian Institute of Science". La source (Britannica) dit qu'elle a travaillé pour cet institut...