Glané sur la toile (32) : « Opération "Leclerc Obscur" : Greenpeace est-il si transparent ? » (Que Choisir)
Après nous avoir gratifié d'une excellente analyse du Saladegate de Générations Futures (texte de l'article original ici) la revue Que Choisir nous a livré, le 30 octobre 2015, une analyse non moins excellente de la dernière opération médiatique de Greenpeace.
L'ironie est maniée dans les intertitres :
« Information Greenpeace : les pommes françaises sont les moins chargées d’Europe en résidus… »
« Quand l’avocat de Greenpeace démolit les rapports… de Greenpeace »
La vérité crue est aussi dévoilée :
« Précision, Greenpeace recherche seulement les traces de pesticides conventionnels, y compris sur les lots provenant de l’agriculture biologique (ce qui ne veut pas dire que les pesticides homologués en agriculture bio sont anodins pour la santé). »
Rappelons que cette sélectivité dans la dénonciation des pesticides est aussi le fait de Générations Futures, dont les liens d'intérêts avec la filière industrielle et commerciale du bio sont largement connus.
Avec ce double constat :
« Les résultats sur le petit échantillon français sont même excellents : 6 pommes sur 13 ne comportaient aucun résidu, et 3 n’en avaient qu’un seul ! Aucun pays ne fait aussi bien. [...]
« Sur la base de ces études, il est difficile d’imaginer ce que les centrales d’achat devraient exactement demander de plus à leurs fournisseurs de fruits et légumes. »
Cela pose inévitablement la question : pourquoi cette campagne ? Et contre Leclerc seulement ? L'auteur, M. Erwan Seznec, rapporte à cet égard les propos de Mme Anaïs Fourest, chargée de l’agriculture à Greenpeace. Sans insister. Mais une note en bas de page rappelle que, contrairement aux dires de la dame,
« En pratique, le leader en parts de marché en France restait Carrefour, en mai 2015, avec près de 22 % en valeur contre 20 % pour Leclerc. »
Au détour d'un paragraphe :
« Ceux qui proposent des produits bio sont les bienvenus en grande distribution, ce segment est en croissance régulière. »
Comment interpréter cela ? Serait-ce que la grande distribution se frotte les mains devant des produits beaucoup plus chers qui, à pourcentage de marge égal, produisent bien plus de profit ? Nous pensons qu'il serait bon que les organisations de consommateurs s'interrogent un peu plus sur les effets des prix élevés des fruits et légumes frais – peu incitatifs voire dissuasifs pour les revenus modestes – sur la santé publique.
Insistons : la présence de résidus de pesticides dans les aliments n'est pas – sauf exception – un problème de santé publique. La présence d'organismes ou de substances pathogènes l'est davantage (et le bilan de l'agriculture biologique n'est pas nécessairement meilleur, parfois statistiquement moins bon). Le consommation trop faible de fruits et légumes est un véritable problème de santé publique.
En tout cas, la conclusion est percutante :
« Un point en revanche est limpide : Greenpeace travestit les faits en se présentant comme un défenseur des producteurs face aux exigences des grandes surfaces. Son but, depuis le début, est de faire pression sur les producteurs. C’est faute d’y arriver que l’ONG passe par l’intermédiaire des distributeurs. L’association Générations Futures avait montré la voie fin septembre avec un rapport lui aussi sujet à caution relatif aux salades en sachet. Et si les associations écologistes parlaient aux consommateurs comme à des adultes ? »
Mais ce serait bien si Que Choisir interpellait aussi les médias.
Car ces manœuvres ainsi dénoncées ne peuvent réussir que si elles sont bêtement relayées par des médias qui, eux non plus, ne parlent pas aux consommateurs/citoyens/lecteurs/spectateurs comme à des adultes.
On peut souhaiter que cet article, mis à jour, soit publié dans la revue papier.