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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

PAF... et pan ! Dans le pif du téléspectateur !

16 Octobre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Pesticides, #Agriculture biologique

PAF... et pan ! Dans le pif du téléspectateur !

 

Mais il y a « Qualité et prix : faut-il consommer local ? » sur Capital de M6

 

LCP, la chaîne où parlent des menteurs

 

Notre confrère Alerte-Environnement s'est offusqué [1] – à juste titre – de la dernière livraison de « Ça vous regarde » de LCP sur l’alimentation, avec comme thème « Manger nuit gravement à la santé ? » [2].  Avec un point d'interrogation purement cosmétique. Quarante et quelques minutes à sens unique.

 

Pour « prendre de la hauteur sur l'actualité » (défense de rire !), les producteurs ont invité deux députés (M. Thierry Benoit, député UDI d’Ille-et-Vilaine, et André Chassaigne, député Front de gauche du Puy-de-Dôme et président du groupe à l’Assemblée nationale ; et deux « expertes » , Mme Marie-Monique Robin, qu'on ne présente plus (d'ailleurs elle a l'art de faire sa propre publicité à chaque intervention), et Mme Géraldine Meignan, journaliste à l’Expansion et auteure de « Les Réseaux de la Malbouffe ». Pour certains journalistes, les experts sont... des journalistes, de préférence militants et de la bonne obédience.

 

Des intervenants (trois sur quatre) experts – avec l'aimable concours du présentateur, M. Arnaud Ardoin [3] – dans l'art de l'habile surenchère... à en avoir la nausée. Ça tombe bien, la nausée... ça ne donne pas envie de manger... et donc de nuire gravement à sa santé...

 

La présentation de l'émission sur la toile [2] est un chef-d'œuvre de faux-cul. On commence par la description apocalyptique :

 

« Trop de sucres, trop de gras, trop de sel : notre alimentation trop riche est aujourd’hui responsable de l’épidémie d’obésité que connaissent nos sociétés occidentales. Une maladie visible et un coupable facilement identifié. Mais notre alimentation pourrait aussi être à l’origine d’autres maladies graves. Les cancers, les maladies neurologiques et les troubles de la reproduction ont fortement augmenté. »

 

Et puis, après un petit intermède, on joue la partition de l'honnête producteur, qui pose des questions, sans a priori ni parti pris :

 

« Notre alimentation est-elle responsable d’une augmentation des cancers et des maladies neurologiques ? Faut-il changer nos habitudes alimentaires ? Faut-il avoir peur de ce que l’on mange ? Faut-il éviter les produits industriels ? »

 

L'intermède c'est :

 

« Depuis plus de trente ans, l’industrie agroalimentaire contrôle les aliments que nous consommons. Elle est accusée d’empoisonner les consommateurs... »

 

M. Ardoin doit faire partie de ces gens dont le frigo et les placards – et même l'assiette – sont remplis par « l'industrie agroalimentaire », ce qui est la meilleure garantie pour celle-ci de contrôler ce qu'il mange... et bien sûr de l'empoisonner. N'a-t-il pas déjà mauvaise mine ?

 

Nous, c'est autre chose que nous avons de mauvaise...

 

M. Ardoin s'est ainsi permis de « s'amus[er] » à comparer – avec deux tableaux plein écran – les chiffres de l'agroalimentaire (8,5 milliards d'euros de solde commercial) à un coût qu'il a illustré par celui... des maladies cardio-vasculaires (28 milliards d'euros), certes en mettant oralement un bémol par une référence à d'autres causes que la « malbouffe » comme le tabac et à la pollution.

 

Nous, ça ne nous a pas amusé. Nous avons trouvé ça parfaitement malhonnête et  nauséabond. Cela relève du mensonge.

 

 

Et M. Chassaigne d'abonder dans la démagogie en soulignant qu'il faudrait incorporer le coût des « externalités » dans le prix des produits alimentaires. A-t-il réfléchi aux conséquences ?

 

Dans le concert de haine envers l'agriculture qui nous nourrit et l'industrie agroalimentaire, il s'est tout de même trouvé un orateur pour souligner qu'il y avait trois millions et demi de Français qui bénéficiaient de l'aide alimentaire. « Le bio, oui... à condition que ce soit à un prix acceptable », a-t-il dit. Mais ce n'était pas M. Chassaigne. La défense des gens qui tirent le diable par la queue n'est manifestement plus une priorité pour la gauche de la gauche quand elle peut verser dans l'anticapitalisme.

 

 

France 2 : « Bio, que se cache-t-il derrière l'étiquette ? »

 

C'était dans le journal de 20 heures du 9 octobre 2015 [4]. Sur internet, on annonce fièrement : « Une équipe de France 2 répond à toutes vos questions sur le bio »... en moins de quatre minutes ! Cela suit de près les « Graines de rebelles » du 3 octobre 2015 [5] ce « reportage » grotesque sur les tomates qui poussent sans eau [6].

 

La présentation sur Internet est plutôt équilibrée. On nous signale que les produits sont en moyenne 30 % plus chers (c'est à notre sens bien plus en fruits et légumes frais hors circuits courts, ce qui pose un problème de santé publique) et que le marché représente moins de 3 % de l'alimentation. Mais on nous assène toujours que que le bio, c'est sans pesticide et aussi sans OGM (la production conventionnelle l'est aussi). On nous dit même qu'« il existe du mauvais bio »...

 

Nous avons un peu moins aimé le reportage. Que voulez-vous, nous sommes chatouilleux. Le prix plus élevé est annoncé oralement, mais les « qualités » du bio sont aussi énoncées sur une ardoise. Puis le reportage se tourne vers l'origine (française, communautaire ou non communautaire) du produit. On – un acteur de la grande distribution bio – nous explique que c'est marqué sous le logo européen de l'AB. C'est certes plus facile à trouver sur ces produits que sur les autres, mais est-ce réellement un avantage important ? Si c'était une introduction pour la question suivante, celle de l'origine locale ou non, ce fut un peu long. Celle-ci a été traitée avec justesse avec pour exemple des pizzas.

 

 

Le bio est-il meilleur au goût ? Réponse nuancée là aussi, mais qui a vraisemblablement raté l'essentiel : le téléspectateur aura-t-il compris que le producteur a expliqué une différence liée à la variété cultivée et à un mode de production (« prendre son temps ») qui n'est pas l'apanage d'une filière ?

 

Pour l'aspect environnemental, il y a bien mieux. C'est plutôt manichéen. Le reportage indique certes que le bio est « autorisé à utiliser certains produits dits naturels », mais le couplet sur les terres avec ou sans vers de terre selon qu'on utilise ou non des pesticides...

 

Alors, meilleur pour la santé ? On fait appel à un « spécialiste » -- le rédacteur en chef de 60 Millions... – qui a un jugement... sans appel. Il ressert le laïus mille fois répété des produits qui seraient « plus intéressants nutritionnellement ».

 

Au final, on se demande s'il était vraiment judicieux de consacrer quatre minutes du temps normalement dévolu aux informations à un reportage qui finit sur une récitation de bréviaire. Mais, une séquence qui ne fait pas dans le panégyrique du bio,dans un PAF qui ressemble souvent à une morne plaine, on aurait tort de sombrer dans l'abattement.

 

 

France 2 : « Les pesticides utilisés autour des écoles sont-ils à l'origine de maladies graves ? »

 

C'était le 14 octobre 2015, au journal de 20 heures [6].

 

Un reportage sur essentiellement Preignac, en Gironde, comme on les déteste [7]. Commentaire déclamatoire avec trémolos, micro-trottoir comme si l'expertise se trouvait dans la rue ; instrumentalisation d'un jeune qui fut victime d'une leucémie ; montage et commentaire qui sèment le doute sur l'efficacité du filet brise-vent qu'a fait installer le maire d'Arcins ; travestissement (sans nul doute par bêtise et parti-pris) des conclusions du rapport de l'ARS – non, constater qu'il y a eu 3 cancers d'enfants à Preignac contre 0,5 attendus ne signifie pas qu'il y six fois plus de cancers à Preignac qu'ailleurs en France –, interviews dans différents services de gens qui n'ont pas compétence pour parler sur le dossier, suggérant une inertie des pouvoirs publics.

 

 Source : http://geektionnerd.net/micro-trottoir/

 

 

C'était suivi de « Gironde : la présence des écoles à proximité des vignes pose questions » [8]. Là, c'est M. Nicolas Chateauneuf qui pérore, notamment sur le cas de Villeneuve-de-Blaye. Manifestement, la rédaction du journal semble ignorer – ou fait semblant – que la France est un grand pays viticole, avec des vignes qui jouxtent un peu partout les habitations et les lieux publics tels que les écoles ; et que s'il devait y avoir un problème grave – tel que six fois plus de cancers pédiatriques dans les régions viticoles qu'ailleurs en France – ça se saurait.

 

Peut-on aussi leur suggérer que s'ils jouent aux petits chevaux avec leurs enfants ou petits enfants et qu'ils tirent trois six d'affilée (0,5 attendus), ce n'est pas parce que le dé est pipé ? La comparaison peut choquer, compte tenu du drame douloureux vécu par les enfants et leurs parents, mais comment faire autrement pour inculquer un peu de bon sens aux faiseurs d'opinion ?

 

 

M6 : « Qualité et prix : faut-il consommer local ? » sur Capital

 

C'était le 4 octobre 2015. Un Capital très bien fait sur l'alimentation qui était non seulement informatif, mais aussi (quasiment) exempt de ces détestables dérives que nous avons dénoncées ci-dessus. C'est à voir ou à revoir ici [9] ou encore, sans l'agaçante publicité, ici [10].

 

Au menu : les nouveaux circuits de commercialisation ; les artistes (oui, osons le mot) des cuisines de cantines ; les labels régionaux ; « Œufs bio : l'envers de la coquille ».

 

Nous reprenons ce dernier titre tel quel pour montrer que les producteurs de l'émission n'ont pas succombé à la bobo-attitude.

 

 

__________________

 

[1] http://alerte-environnement.fr/2015/10/14/ca-vous-regarde-ou-ca-vous-affole/#more-15443

 

[2] http://www.lcp.fr/emissions/ca-vous-regarde-le-debat/vod/174492-manger-nuit-gravement-a-la-sante

 

[3] Encore un qui a une fiche sur Wikipedia en forme de panégyrique.

 

[4] http://www.francetvinfo.fr/france/bio-que-se-cache-t-il-derriere-l-etiquette_1120663.html

 

[5] http://seppi.over-blog.com/2015/10/graines-de-rebelles-sur-une-france-2-franchement-pas-belle.html

 

[6] http://seppi.over-blog.com/2015/09/glane-sur-la-toile-20-faire-pousser-des-legumes-sans-eau-c-est-possible.html

 

[7] Voir aussi :

http://seppi.over-blog.com/2015/10/pour-proteger-nos-enfants-soyons-rationnels.html

 

[8] http://www.lcp.fr/emissions/ca-vous-regarde-le-debat/vod/174492-manger-nuit-gravement-a-la-sante

 

[9] http://www.6play.fr/m6/capital#/m6/capital/11516240-qualite-et-prix-faut-il-consommer-local

http://www.m6.fr/emission-capital/04-10-2015-qualite_et_prix_faut_il_consommer_local-2147566849.html

 

[10] https://www.youtube.com/watch?v=_iy6GvYk8vg

 

 

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A
On peut aussi ajouter la propagande sur France culture le 10 octobre dernier où la "journaliste" a offert plus de 50 minutes d'antenne à un soit disant "expert" (sic)<br /> http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-blues-des-experts-les-ogm-2015-10-10
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour l'info... la liste "to do" déborde !
G
Bonjour, je vous conseille aussi l'émission "Comment ça va bien" sur la 2, en particulier les rubriques de Monsieur Erwann Menthéour !
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